Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bienvenu.e

  • : Les Lilas Ecologie : Blog des militants et élus Europe Ecologie Les Verts des Lilas et du Pré Saint-Gervais
  • : Culture, information, réflexion de l'écologie politique par les militants et les élus Europe Ecologie Les Verts des Lilas, du Pré Saint-Gervais, d'Est Ensemble
  • Contact

Recherche

Nous contacter ...

S'abonner à la Lettre d'information ...

C'est dans la colonne de droite tout en bas...

10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 09:01

Le mardi 20 novembre à 19H30 au café Le Talus aux Lilas, le groupe local EELV Les Lilas-Le Pré Saint-Gervais organise une réunion publique sur la dégradation des océans, avec Valérie De Brenne, chargée de projet à l’association Bloom. Cf https://www.bloomassociation.org/. Campagne en cours à signer : Aidez les pêcheurs artisants... Stop à la pêche électrique !. Lire aussi La pêche industrielle exploite plus de la moitié de la surface des océans et Les mystérieux canyons sous-marins, trésors en péril.

Illustration de la BD Prends 5 minutes et signe copain sur le chalutage en eau profonde © Penelope Bagieu

Illustration de la BD Prends 5 minutes et signe copain sur le chalutage en eau profonde © Penelope Bagieu

Sur notre planète où la mer et les océans occupe environ ¾ de la surface, et même plus compte tenu de la profondeur, la vie est le plus à même de se développer. Hors la surpêche, les méthodes de pêche comme le chalutage en profondeur au-delà de 200m, détruisent les fonds marins en ratissant les coraux et en vidant indistinctement toutes les espèces de poisson. Ce type de pêche est 300 fois plus destructeur que n’importe quelle activité humaine (http://www.penelope-jolicoeur.com/2013/11/prends-cinq-minutes-et-signe-copain-.html. Grâce à l’action de Bloom, créée en 2004, le seuil de 800m a été retenu pour l’interdiction de la pêche en eau profonde par l’Union Européenne à partir du 12 janvier 2017.

Après le chalutage profond, la pêche électrique

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

L’océan comme les artisans pêcheurs sont les premières victimes de la pêche électrique qui désertifie la mer, la France bien qu’opposée à cette pêche n’a rien fait pour assurer l’interdiction de la pêche électrique, utilisée surtout par les Néerlandais. Des subventions scandaleuses allouées à la pêche électrique de 21,5 millions d'euros d'argent public ont permis de développer cette méthode de pêche destructrice.

La mer est également polluée par l’activité humaine, par les cours d’eau qui amènent des substances toxiques provenant de l’activité industrielle (hydrocarbures, métaux lourds) et agricole (engrais, nitrates) par l’atmosphère, le vent, la pluie.

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

Tout le monde a entendu parler de l’existence du 7ème continent : « notre production de déchets (de plastique essentiellement) est telle qu’il existe dans le pacifique nord une zone plus grande que la France où les déchets tournent en spirale à l’infini » (Greenpeace).

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

Que faire face à l’ampleur de ce désastre, des solutions existent-t-elles ?

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

Que consommer et comment consommer pour ne pas peser plus sur cet écosystème fragilisé ?

  • Rendez-vous avec Valérie de Brenne et Bloom mardi 20 novembre à 19H30 au café Le Talus aux Lilas.

----------------------------------

Subventions illégales à la pêche électrique et mauvaise administration des institutions : BLOOM durcit le ton et saisit la Médiatrice européenne (Communiqué de presse du 6 novembre 2018)

Alors que les négociations européennes s’orientent vers une reconduction illégitime de la pêche électrique en Europe, au détriment des pêcheurs artisans, BLOOM durcit le ton et dénonce la complicité des Etats membres ainsi que de la Commission européenne avec une poignée de lobbies industriels puissants. D’une part, BLOOM saisit aujourd’hui la Médiatrice européenne, Emily O’Reilly, chargée d’arbitrer les cas de mauvaise administration des institutions européennes, de transparence et d’éthique, pour qu’elle constate les graves manquements administratifs de la Commission européenne dans le dossier de la pêche électrique. D’autre part, après un bras de fer avec le gouvernement néerlandais, BLOOM a eu raison du mur d’opacité opposé par les Pays-Bas et leurs lobbies industriels à nos demandes de transparence à propos des subventions publiques accordées à la pêche électrique. Le fichier de subventions publiques que nous avons obtenu nous permet de révéler aujourd’hui l’étendue du mensonge des lobbies et l’illégalité des aides publiques accordées aux navires industriels, contre l’intérêt général et en rupture avec le cadre réglementaire.

Mauvaise administration de la Commission européenne

Cela fait plus d’un an que BLOOM a porté plainte contre les Pays-Bas en révélant l’illégalité des licences de pêche électrique accordées aux navires néerlandais pour pratiquer cette méthode de pêche destructrice et interdite en Europe jusqu’en 2006. Selon les termes définis par la procédure de plainte citoyenne, la Commission européenne disposait d’un an pour répondre à la requêté déposée par BLOOM le 2 octobre 2017. Depuis cette date, le statut illégal des dérogations néerlandaises et les nombreux dysfonctionnements des institutions européennes ont été confirmés par un ancien juriste de la Commission européenne. Malgré cela, la Commission a failli à répondre à notre plainte et, ce faisant, nuit gravement au bon déroulement des négociations européennes sur l’avenir de la pêche électrique.

« La Commission est responsable d’un gigantesque désordre européen » assénait Mathieu Colléter, responsable des relations science & politique chez BLOOM. « Elle a délibérément autorisé une méthode de pêche qui était interdite en Europe, en agissant contre les recommandations explicites des scientifiques. Cette décision scandaleuse mène aujourd’hui à la faillite des petits pêcheurs côtiers autour de la Mer du Nord. »

Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM renchérissait : « Le fait de ne pas avoir répondu à notre plainte est symptomatique du pouvoir arbitraire de la Commission européenne. Juge et partie, elle peut s’exempter de rendre des comptes. Les négociations européennes s’orientent vers une reconduction de la pêche électrique ce qui condamne les pêcheurs artisans à disparaître. La situation est trop grave pour rester passifs. Les institutions doivent cesser de servir de mangeoire à lobbies. Cette conduite calamiteuse des affaires publiques pousse les gens au désespoir et dans les bras des populistes anti-Europe. Nous comptons sur l’intervention rapide de la Médiatrice européenne pour mettre de l’ordre dans ce dossier désastreux de la pêche électrique. »

En refusant d’instruire la plainte de BLOOM, la Commission masque aux citoyens européens une information capitale dans le cadre des négociations actuelles sur l’interdiction de la pêche électrique en Europe.

Les implications financières scandaleuses du dossier « pêche électrique »

BLOOM révèle aujourd’hui l’ampleur du scandale financier lié au développement de cette méthode de pêche destructrice et longtemps interdite.

Les Règlements européens prévoient que les aides publiques allouées au secteur de la pêche fassent l’objet d’une publication transparente rigoureuse. Malgré la clarté du cadre réglementaire, l’État néerlandais n’a pendant longtemps pas accédé à nos demandes de transparence et a échoué à publier ces données, notamment pour la période cruciale de 2007 à 2014 correspondant au moment où les chalutiers conventionnels des Pays-Bas se sont convertis à l’électricité. BLOOM a fini par avoir raison de la détermination du gouvernement néerlandais à dissimuler les aides allouées à son secteur industriel de la pêche. Après une plainte déposée auprès de la Commission européenne en avril 2018, une saisine de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et un courrier adressé au Premier ministre néerlandais Mark Rutte, l’État néerlandais a obtempéré et mis en ligne, en juin 2018, le fichier des subventions publiques allouées au secteur de la pêche aux Pays-Bas.

BLOOM a minutieusement analysé ces données qui permettent de révéler aujourd’hui les dysfonctionnements systémiques des institutions et des États membres et les impacts négatifs concrets de leurs rapports incestueux avec les lobbies industriels. Contrairement aux affirmations péremptoires des lobbies VisNed et Nederlandse Vissersbond, la pêche électrique n’a pas été « à peine subventionnée » : le développement de la pêche électrique a bel et bien été massivement subventionné par les contribuables européens. En effet, une estimation conservatrice permet d’affirmer qu’au moins 21,5 millions d’euros de subventions publiques ont été alloués au soutien, à la légitimation et au développement de la pêche électrique aux Pays-Bas depuis 2007, par le biais des deux instruments financiers européens d’aide au secteur de la pêche : 14,3 millions d’euros au titre du Fonds européen pour la pêche (entre 2008 et 2016) et 6,5 millions d’euros au titre du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) depuis 2017. Ces subventions sont scandaleuses et même illégales à plusieurs titres :

  • Les subventions accordées au titre de la « recherche » (qui n’a jamais eu lieu, cf. « Pour aller plus loin ») ont toujours transité sans aucune transparence par des représentants d’intérêts privés comme VisNed et Nederlandse Vissersbond. Interrogés sur l’utilisation de ces fonds, les chercheurs néerlandais ont refusé de fournir le moindre élément ;
  • Plus d’un demi-million d’euros a été alloué au processus de certification des flottes chalutières néerlandaises par le très controversé label privé MSC. Le segment électrique — qui compte aujourd’hui pour quasiment 100% des captures de ces flottes — a raté cette certification en 2016 pour 3%. Ces montants sont par ailleurs bien supérieurs aux coûts engendrés par une telle certification (entre 12 000 et 100 000 euros par pêcherie) ;
  • Toutes ces subventions ont été accordées en contravention des règlements européens : les subventions publiques ne peuvent pas servir à augmenter l’efficacité de pêche, ce que la pêche électrique fait clairement. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que la vaste majorité des chalutiers électriques sont illégaux. Toute subvention leur étant accordée l’est donc également.

Par ailleurs, BLOOM révèle aujourd’hui que des subventions publiques, à hauteur de 2,7 millions d’euros, ont servi à développer une méthode de pêche explicitement interdite par la réglementation européenne : le chalut électrique à panneaux (voir « Pour aller plus loin » ci-dessous). « La réglementation actuelle ne prévoit aucune dérogation pour ce type d’engin et son subventionnement est donc illégal » réagissait Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM. « Avec une assurance qui en dit long sur la certitude de son impunité, le lobby de la pêche électrique a ouvertement reconnu prendre de l’avance sur le cadre réglementaire en développant de nouvelles pêcheries électriques ! »

Mathieu Colléter alerte l’opinion publique et les décideurs : « Sans sursaut des institutions lors du prochain Trilogue, c’est la porte ouverte assurée à une conversion massive à l’électricité de la flotte industrielle européenne au mépris du principe de précaution, de la ressource, des écosystèmes marins, et des pêcheurs artisans« . BLOOM a indiqué l’existence de ce nouvel élément à l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) pour étayer sa saisine de juin 2018.

BLOOM appelle à un sursaut des institutions européennes

BLOOM exhorte le Parlement, le Conseil et la Commission européenne à se ressaisir et à ne pas perdre de vue leur mission de protection de l’ensemble des citoyens européens. Les contribuables refusent que les richesses publiques soient utilisées pour détruire les meilleures pratiques de pêche, les emplois et les écosystèmes marins. Il est urgent que les trois institutions européennes rétablissent l’interdiction totale de la pêche électrique, comme ce fut le cas jusqu’en 2006. En janvier 2018, le Parlement européen s’est prononcé avec une forte majorité en faveur d’une interdiction totale de la pêche électrique. Il serait aujourd’hui difficilement compréhensible, face à l’accumulation des éléments à charge, de continuer à autoriser la destruction des écosystèmes marins et des économies côtières par le biais de la pêche électrique. Au bord du gouffre, les pêcheurs artisans du sud de la Mer du Nord ont manifesté en Belgique et en France le samedi 3 novembre pour témoigner de leur désarroi et de leur colère face au cynisme destructeur des institutions politiques, tant en France qu’à Bruxelles.

Les manœuvres politiciennes pour obtenir l’autorisation de la pêche électrique sont, elles, bien présentes et contaminent aujourd’hui le Parlement. Les représentants de plusieurs partis européens œuvrent en effet en sous-main pour permettre l’utilisation et le développement de cette méthode de pêche. Ces petits arrangements, loin des idéaux démocratiques européens, risquent d’arriver à leur fin. « Alors que l’Union européenne fait aujourd’hui face à une crise majeure, les institutions politiques doivent agir de manière transparente et démocratique dans ce dossier. Il serait incroyable que nos écosystèmes marins et les pêcheurs artisans soient sacrifiés sur l’autel du profit de quelques pêcheurs néerlandais. La pêche électrique est tout sauf innovante, elle est aujourd’hui un danger pour notre démocratie européenne  » conclut Mathieu Colléter.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 15:14

Nous dépendons tous de la forêt pour subvenir à nos besoins. La France importe et consomme des produits qui peuvent contribuer à la déforestation à l’autre bout du monde : c’est la « déforestation importée ». Consommons autrement pour protéger les forêts de notre planète ! Déforestation importée : arrêtons de scier la branche ! Un rapport de WWF  du 8 novembre 2018. Lire aussi L’huile de palme, omniprésente ou interdite ?, La disparition des surfaces boisées mondiales a bondi de 51 % en 2016 et Déforestation : les forêts émettent plus de CO2 qu’elles n’en absorbent.

Ensemble, stoppons la déforestation !

Au cours des cinq dernières années, la France a potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d’hectares, soit environ deux fois la superficie de la Bretagne, à travers ses importations de 7 matières premières (soja, cacao, bœuf & cuir, huile de palme, caoutchouc naturel, bois et pâte à papier). Cela signifie qu’en 50 ans, nous avons potentiellement déforesté une surface équivalente à la superficie de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde. Voici le constat alarmant d’une nouvelle étude publiée aujourd’hui par le WWF France, qui dresse pour la première fois un état des lieux du risque de déforestation associé aux importations françaises. 

Quand nos emplettes déciment les forêts

Ensemble, stoppons la déforestation !

Beaucoup de produits que nous achetons régulièrement contribuent à la déforestation. Ainsi, la viande, les œufs et les produits laitiers que nous mangeons chaque jour sont dérivés d’animaux nourris au soja. Soja dont la culture ne cesse de s’étendre, empiétant sur les forêts naturelles d’Amérique du Sud. Idem pour le chocolat fabriqué à base de cacao cultivé en Afrique de l’Ouest au détriment des forêts. Idem encore pour le diesel qui contient de l’huile de palme, dont les plantations se substituent aux forêts tropicales du Sud-Est…

Près de 7,6 millions d’hectares de forêts ont disparu chaque année entre 2010 et 2015. Et avec eux, des services écosystémiques essentiels. Car la forêt nous approvisionne en eau, en nourriture, en médicaments. L’exploitation de ses ressources naturelles procure des revenus à de nombreuses personnes. Mais elle remplit aussi des fonctions écologiques indispensables d’épuration de l’air, de l’eau et des sols, de stockage de carbone, de rempart face à l’érosion etc.

Consommons moins et mieux

5,1 millions d’hectares : c’est la surface potentiellement déforestée pour produire ce que la France importe chaque année.

Comment réduire notre empreinte sur les forêts du monde ? En privilégiant les modes de production qui ne génèrent pas de déforestation. En bref, consommons moins et mieux !
Et pour commencer, concentrons nos efforts sur les matières premières les plus « fautives », celles dont la production est généralement associée à la déforestation. En tête, le soja, l’huile de palme, le cacao et le caoutchouc naturel

Ensemble, stoppons la déforestation !

Soja

  • La viande, les œufs et les produits laitiers sont dérivés d'animaux qui ont été nourris au soja. Une matière première cultivée au détriment des forêts d'Amérique du Sud.

  • La France importe 4,8 millions de tonnes de soja par an.

A notre échelle, nous pouvons :

  • Diversifier notre alimentation en protéines, en consommant et en apprenant à cuisiner des protéines végétales ;

  • Réduire notre consommation de produits issus des animaux (viande, oeufs, produits laitiers)

  • Choisir des produits certifiés.

Ensemble, stoppons la déforestation !

Huile de palme

  • Le diesel que nous mettons dans nos véhicules contient une part d’huile de palme dont la culture se fait au détriment des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est.

  • La France importe 970 000 tonnes d'huile de palme par an.

A notre échelle, nous pouvons :

  • Réduire notre consommation de produits transformés contenant potentiellement de l’huile de palme ;

  • Eviter le choix du diesel, qui pollue et roule partiellement à l’huile de palme ;

  • Privilégier des produits à base d’huile de palme certifiée RSPO.

Ensemble, stoppons la déforestation !

Cacao

  • Les tablettes de chocolat que nous avons plaisir à consommer au goûter contiennent du cacao qui a détruit des forêts en Afrique de l’Ouest.

  • La France importe 460 000 tonnes de cacao par an.

A notre échelle nous pouvons :

  • Consommer moins de produits chocolatés transformés, qui contiennent généralement du chocolat de moins bonne qualité ;

  • Privilégier du chocolat certifié d’un point de vue environnemental et social (labelisé Rainforest Alliance, UTZ, Fairtrade ou Agriculture biologique).

Ensemble, stoppons la déforestation !

Caoutchouc naturel

  • Le caoutchouc naturel présent dans les pneus de nos voitures est lui aussi issu de la déforestation en Indonésie et Malaisie.

  • La France importe 410 000 tonnes de caoutchouc par an.

A notre échelle, nous pouvons :

Encourager les constructeurs automobiles à être plus transparent sur leur chaîne d'approvisionnement

Ensemble, stoppons la déforestation !

Pâte à papier

  • La pâte à papier que nous utilisons au quotidien (papier hygiénique, papeterie, etc.) a souvent été cultivée au Brésil sur des terres confisquées aux populations autochtones.

  • La France importe 8,2 millions de tonnes de pâte à papier par an.

A notre échelle, nous pouvons :

  • Privilégier l'achat de produits papetiers (papier toilette ou papeterie) en papier recyclé ou certifiés FSC, qui permet de soutenir la gestion responsable des forêts ;

  • Éviter d'imprimer si c'est inutile ;

  • Trier le papier pour qu'il soit recyclé.

Ensemble, stoppons la déforestation !

Bœuf et cuir

  • Pour produire le cuir de nos chaussures dérivé de bovins, de nombreuses forêts brésiliennes ont été converties en pâturages.

  • La France importe 360 000 tonnes de bœuf et cuir par an.

A notre échelle, nous pouvons :

  • Manger moins de bœuf et privilégier une viande élevée en France ou en Europe et certifiée Agriculture biologique ;

  • Limiter nos achats de paires de chaussures en cuir et privilégier celles dont le cuir n'a pas contribué à la déforestation ou en cuir certifié Agriculture biologique ;

  • Réduire nos achats de vêtements et chaussures, notamment en cuir ;

  • Participer à l’économie circulaire : choisissons des articles de seconde main !

Ensemble, stoppons la déforestation !

Bois

  • Les terrasses ou clôtures en bois dont nous nous servons pour aménager nos logements peuvent contribuer à détruire les forêts boréales de Russie.

  • La France importe 7,3 millions de tonnes de bois par an.

A notre échelle, nous pouvons : 

  • Recycler les objets bois et meubles en fin de vie ;

  • Réduire l’utilisation de produits à usage unique et difficilement recyclables ou réutilisables en bois (tel les cures-dents ou les baguettes en bois) ;

  • Acheter des produits bois recyclés ou certifiés FSC.

Une conséquence de la déforestation : une plantation d'Eucalyptus détruire à Bahia au Brésil.

Une conséquence de la déforestation : une plantation d'Eucalyptus détruire à Bahia au Brésil.

La déforestation est également l’une des principales causes de disparition des espèces, en détruisant et en fragmentant les espaces qui abritent la biodiversité, notamment en Amérique du Sud, où nous avons perdu 89% des populations de vertébrés sauvages depuis 1970, comme l’a récemment révélé le Rapport Planète Vivante 2018 du WWF. 

Alors que la France est signataire de plusieurs déclarations internationales visant à mettre fin à la déforestation des chaînes d’approvisionnement agricoles et forestières, il est indispensable que le gouvernement et l’ensemble des acteurs français agissent concrètement pour réduire l’empreinte déforestation importée de la France.

L'adoption de la SNDI

Si le WWF France salue la volonté du gouvernement d’adopter une Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), qui devrait être rendue publique prochainement, il appelle notamment :  

  • Les pouvoirs publics à :

    • Décliner de façon opérationnelle cette stratégie en définissant un plan d’actions avec des objectifs quantifiables et vérifiables et des moyens financiers;

    • Supprimer dans le projet de loi de finances 2019 l’avantage fiscal dont bénéficient les agrocarburants ayant un fort impact sur l’environnement; 

    • Mettre en œuvre l’action 57 du plan biodiversité visant à une politique “zéro déforestation dans les marchés publics” en 2022; 

    • Soutenir la création d’un label “zéro déforestation”.

  • Les entreprises à : 

    • Prendre et tenir des engagements d’approvisionnement “zéro déforestation” sur l’ensemble de leur chaîne de valeur ;

    • Agir en urgence puisqu’une grande partie des grandes entreprises a déjà pris des engagements zéro déforestation à l’horizon de la fin 2020 pour lesquels il reste à peine 500 jours.

  • Les investisseurs publics et privés à : 

    • Investir dans la réhabilitation de terres dégradées pour l’agriculture ou la foresterie; 

    • Se doter de politiques d’investissements qui excluent la déforestation et à mesurer leur exposition au risque déforestation.

Les consommateurs, à consommer autrement (moins de viande par ex.) et à privilégier les produits certifiés (Bio, FSC, etc.).

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2018 1 05 /11 /novembre /2018 16:16

Depuis 50 ans, une forêt spontanée poussée sur d’anciennes carrières est devenue un lieu écologique remarquable à cheval sur quatre villes de Seine-Saint-Denis. Mais l’avenir de la forêt de la Corniche des forts est menacé par un projet de « base de loisirs » portée par la région Île-de-France. Les opposants s’organisent pour ralentir l’avancée des pelleteuses et ouvrir le dialogue avec la présidente de la région Île-de-France, porteuse du projet. D’après Julie Lefebvre, Sylvain Piron et Sarah Hadrane pour Reporterre les 5 octobre & novembre 2018. Julie Lefebvre et Sylvain Piron appartiennent au collectif les Amis de la forêt de la Corniche des forts. Ce collectif regroupe depuis 2012 des citoyens et des représentants des associations de plusieurs villes de Seine-Saint-Denis qui avaient répondu à l’appel de Fabrice Nicolino pour sauver cette forêt et y créer un observatoire populaire de la biodiversité. Lire aussi La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes et Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre.

Comme chaque dimanche, plus de deux cents personnes étaient rassemblées le 14 octobre 2018.

Comme chaque dimanche, plus de deux cents personnes étaient rassemblées le 14 octobre 2018.

À l’ombre de la tour de Romainville (Seine-Saint-Denis), à deux kilomètres au nord-est de Paris, une forêt sauvage et poétique s’est constituée sur d’anciennes carrières de gypse. Sur 27 hectares, à l’abri des regards, la nature s’est reconstituée. Les clématites et les houblons qui s’accrochent aux sycomores et aux merisiers forment une jungle au relief escarpé. Ce refuge de la biodiversité ordinaire (insectes, papillons, chauve-souris, oiseaux, renards, etc.) qui abrite aussi quelques espèces remarquables (conocéphales gracieux, agripaumes cardiaques, éperviers) est sans équivalent dans une Seine-Saint-Denis qui ne cesse de se densifier et d’encercler toujours plus près, cette forêt en devenir.

Depuis vingt ans, la région Île-de-France projette de faire de ce bois la pièce centrale d’une « base de loisirs » entre les forts de Noisy-le-Sec et de Romainville. Dans les années 2000, la région envisageait une destruction totale de la forêt et prévoyait d’y accueillir plus d’un million de visiteurs par an. Au fil des années et des études, l’espace « à combler et à aménager » s’est réduit à 8 hectares, ce qui représente encore un tiers de la forêt. Les élus de tous bords ne semblent pas encore avoir pris la mesure de l’érosion de la biodiversité ni de l’urgence du réchauffement climatique. Ils semblent surtout impatients de pouvoir inaugurer une « plaine de loisirs » ou une « prairie » avant les prochaines élections et n’ont pas pris la peine de consulter les citoyens des villes. Et les promoteurs annoncent déjà un « parc » à l’emplacement de la forêt sur leurs plaquettes commerciales !

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale
À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Les « aménagements » proposés et les « usages » ludiques sont d’une grande banalité, sans rapport avec la nature forestière du site

Pour les Amis de la forêt de la Corniche des forts, qui s’opposent depuis des années à ces aménagements inutiles, il faut au contraire protéger et mettre en valeur le paysage et la biodiversité de ce bois méconnu et de ces carrières. Au lieu d’être dépensé pour combler les galeries et défricher plus d’un millier d’arbres, le budget de 14 millions serait plus utilement affecté à l’entretien des parcs de ce coteau et pour faciliter l’accès des riverains à ces espaces verts. Réduit dans son extension sans être repensé sur le fond, le projet paysager est obsolète et va à l’encontre de ce qui se fait ailleurs. Les galeries seraient comblées par l’injection de 100.000 tonnes de sable et de « lait » de ciment, puis recouvertes de géogrilles qui imperméabiliseront le sol. Les prairies créées de manière artificielle augmenteraient la température l’été, alors que la forêt offre aujourd’hui une source de fraîcheur incomparable.

Un extrait de la plaquette d’information distribuée par la région Île-de-France
Un extrait de la plaquette d’information distribuée par la région Île-de-France

Un extrait de la plaquette d’information distribuée par la région Île-de-France

Dans la dernière version du projet, dévoilée en 2018, les « aménagements » proposés et les « usages » ludiques sont d’une grande banalité, sans rapport avec la nature forestière du site. Le patrimoine minier a été curieusement oublié, alors que des maisons de carriers, un tunnel maçonné et des fours à plâtre témoignent encore de l’histoire du lieu. Les agrès « sportifs » pourraient pourtant trouver place dans le parc limitrophe de la Sapinière, mais celui-là a le tort d’être géré par le département, et non par la région. La nature est ici prisonnière des frontières administratives et d’une vision utilitariste à court terme. En guise de justification écologique, le projet prétend lutter contre une plante invasive, la Renouée du Japon, qui ne constitue pourtant pas une menace d’envergure. La nécessité de combler les galeries n’a jamais fait l’objet d’enquête contradictoire. Les impacts sur le sol ou sur le cycle de l’eau, tout comme les coûts écologiques et économiques globaux de ce projet n’ont pas été sérieusement pris en compte.

Résistances au béton

En lisière de la forêt de la Corniche des forts, les forces de l’ordre patrouillent. Ils interdisent l’accès à ce site remarquable aux opposants au projet d’aménagement porté par la région Île-de-France. Le motif : ils veulent que les ouvriers puissent reprendre le déboisement et le terrassement commencés le 8 octobre. « Sept personnes sont convoquées au tribunal administratif de Montreuil le 7 novembre pour avoir été contrôlées dans l’enceinte de la forêt le 22 octobre. On ne sait pas pourquoi seulement ceux-là. L’un d’eux est un photoreporter, avec carte de presse », raconte Sylvain Piron, militant au sein du collectif les Amis de la Corniche des forts.

Des citoyens se relaient pour défendre ce site remarquable contre les bulldozers du projet d’aménagement.

Des citoyens se relaient pour défendre ce site remarquable contre les bulldozers du projet d’aménagement.

Patrick Karam, vice-président du conseil régional chargé de la jeunesse, des sports, des loisirs, de la citoyenneté et de la vie associative supervise également le dossier d’aménagement de la forêt. Il affirme que la mobilisation des opposants a porté préjudice à l’avancée des travaux, qui se sont arrêtés durant 2 semaines. « Les ouvriers étaient terrorisés, on les a mis en sécurité parce qu’on ne peut pas travailler dans ces conditions », dit-il, justifiant la présence policière. Sur place, les militants discutent pourtant avec les forces de l’ordre. « Notre mobilisation pour préserver la forêt est non violente et joyeuse, afin d’empêcher tout débordement qui mettrait les citoyens en danger. Nous discutons avec les ouvriers, avec les policiers », explique Sylvain Piron.

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

« Ça nous intéresse d’ouvrir la forêt aux citoyens, mais pas d’en faire une base de loisirs » 

L’intérêt de la région Île-de-France pour l’aménagement des 28 hectares escarpés de cette forêt remarquable a commencé en 1994, quand le site a été choisi pour accueillir la base de loisirs que les élus imaginaient pour cette partie de la Seine-Saint-Denis. L’aménagement souhaité a connu plusieurs avatars. Celui de 2016, baptisé Ilex 2, est le dernier en date. Il est porté par la Région présidée par Valérie Pécresse (LR). D’après un courrier à ses administrés, la maire de Romainville, Corinne Valls, présente ainsi Ilex 2 : « 4,5 hectares vont former une zone consacrée aux loisirs et à l’observation de la nature. 2,4 hectares de zones d’écopâturage, fermés au public, mais entourés d’un chemin d’observation pour permettre le développement de nouvelles espèces végétales et limiter l’expansion d’espèces invasives comme la renouée du Japon. Cette zone redeviendra à terme boisée de façon naturelle. 1,1 hectare pour une zone d’activités ludiques créée dans un second temps. Les 20 hectares restants seront complètement fermés au public et sanctuarisés, permettant ainsi au bois, aujourd’hui à un stade de développement jeune, de devenir mature. De plus après les travaux, un hectare sera reboisé. » Pour l’élu régional Patrick Karam, l’accusation de porter atteinte à la forêt n’est pas justifiée : « Aujourd’hui, nous avons sauvé la forêt en ne reprenant pas le projet de l’ancienne majorité. C’était pour nous insupportable de détruire cette forêt-là », dit-il, en faisant référence au projet Ilex 1, qui, en 2001, prévoyait la destruction totale de la forêt et le comblement des carrières.

Une autre voie pour permettre au public de profiter du génie des lieux

Sylvain Piron n’a pas la même lecture : « La Région et Valérie Pécresse prétendent apporter un projet plus écologique que le précédent, mais c’est faux, parce qu’ils oublient le projet intermédiaire de 2012. »

Le projet alternatif d'EELV dans sa version de 2014

Le militant ajoute : « Au bord de cette forêt, il y a un parc départemental, une grande prairie en pente avec des jeux d’enfants, qui sont maintenant désaffectés. Et ensuite, on veut détruire une forêt pour y mettre des jeux ? »

D’autres pistes sont pourtant envisageables. Des étudiants en architecture ont travaillé sur cette forêt, la considérant comme un véritable trésor. Ils ont dessiné des passerelles, des liaisons sur les pourtours, des postes d’observation pour inventer une nouvelle façon d’être avec la nature, montrant une autre voie pour permettre au public de profiter du génie des lieux. De nombreuses voix s’élèvent depuis des mois, une pétition a réuni près 5.000 signatures, en vain. Le projet poursuit sa route. Est-ce le sort de ce département que de n’avoir jamais de politique environnementale et urbaine digne de ce nom ?

De nombreux élu.e.s EELV, Génération.s, France Insoumise lors du rassemblement le 27 octobre 2018.

De nombreux élu.e.s EELV, Génération.s, France Insoumise lors du rassemblement le 27 octobre 2018.

« Pas de réponse de Valérie Pécresse » 

Autour de la forêt, la mobilisation des opposants ne faiblit pas. Ils se réunissent tous les jours à 7h30 et sont déjà des centaines à s’engager, en privilégiant deux modes d’action distincts. Il y a ceux qui souhaitent bloquer le chantier immédiatement en s’attachant aux arbres ou en montant des barricades. Et ceux qui tentent d’ouvrir un dialogue par des démarches juridiques. Ces deux pratiques restent complémentaires, selon Pierre Serne, conseiller régional (Alternative écologiste et sociale) : « J’ai tendance à dire que, si on veut donner du temps aux avocats pour arracher un référé, il faut aussi ralentir le chantier au maximum par des actions de désobéissance civile, pour avoir encore des choses à sauver. »

En compagnie d’une quarantaine d’élus locaux et nationaux de différents partis, Annie Lahmer, conseillère régionale EELV, a signé l’appel au dialogue lancé par la députée Sabine Rubin le 23 octobre. Les signataires demandent à Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Île-de-France, d’établir un moratoire pour réexaminer le dossier. « Je veux bien entendre le discours des uns et des autres, mais qu’on les entende ! » a expliqué Sabine Rubin, qui aimerait mettre tout le monde d’accord.

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 10:22

Organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) du mardi 30 octobre jusqu’au 1er novembre, elle met en avant le combat contre « le plus grand risque environnemental pour la santé ». Le 30 octobre d’après l'OMS, atmo-grandest.eu et Le Monde. Lire aussi 100 000 euros d'astreinte journalière demandés à l'Etat face à l’inaction sur la pollution de l’air, Pollution de l’air : le match du siècle et Médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir face à la pollution de l’air.

Getty Images

Getty Images

La première conférence mondiale dédiée à la pollution de l’air et à la santé se tient du 28 octobre au 1er novembre 2018 à Genève (Suisse), au siège de l’OMS, autour des priorités suivantes :

> Améliorer la qualité de l’air ;
> Combattre le changement climatique ; 
> Sauver des vies.

La santé mondiale et la planète en danger

Dans son communiqué de presse du 2 mai 2018 (lire La pollution de l’air tue 7 millions de personnes dans le monde chaque année), l'OMS faisait ce constat sanitaire très alarmant : neuf personnes sur dix respirent un air pollué dans le monde, trop chargé en particules fines (PM 2,5, de diamètre inférieur à 2,5 µm) et sont exposés à des concentrations qui dépassent les recommandations sanitaires (10 µg/m³ par an). Cette surexposition chronique entraîne 6,5 millions de morts prématurées chaque année. C’est aussi l’un des facteurs principaux de mortalité non contagieux les plus importants au monde, davantage que les morts cumulés du sida (1,1 million), de la tuberculose (1,4 million), du diabète (1,6 million) et des accidents de la route (1,3 million). Enfin, la pollution atmosphérique contribue au changement climatique via les gaz à effet de serre. Cette conférence entend donc aborder ces problématiques en tenant compte des aspects AIR, CLIMAT, ENERGIE et SANTE.

Des pistes de réflexion

Cette conférence sera l’occasion pour les leaders mondiaux de s’engager à agir contre cette grave menace pour la santé, qui écourte les vies de près de 7 millions de personnes chaque année. Il faut agir, notamment de la façon suivante:     

  • Le secteur de la santé doit prendre des mesures pour informer, éduquer, fournir des ressources aux professionnels de la santé, et s’engager dans l’élaboration de politiques intersectorielles.
  • Des politiques doivent être mises en œuvre pour réduire la pollution de l’air: tous les pays doivent s’efforcer de respecter les recommandations mondiales de l’OMS en matière de qualité de l’air pour améliorer la santé et la sécurité des enfants. Pour y parvenir, les gouvernements doivent adopter des mesures telles que la réduction de la dépendance excessive à l’égard des combustibles fossiles dans le bouquet énergétique mondial, en investissant pour améliorer l’efficacité énergétique et en facilitant l’adoption des énergies renouvelables. Une meilleure gestion des déchets peut réduire le volume des déchets brûlés dans les communautés et par conséquent réduire la pollution de l’air au sein de celles-ci. L’usage exclusif de techniques et de combustibles non polluants pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage dans les habitations peut considérablement améliorer la qualité de l’air au sein des foyers et dans les communautés qu’ils forment.
  • Des mesures doivent être prises pour réduire au minimum l’exposition des enfants à la pollution de l’air: les écoles et les crèches doivent être situées loin des principales sources de pollution de l’air telles que les routes à fort trafic, les usines ou les centrales énergétiques.

A la différence du changement climatique, aucune convention des Nations unies n’encadre la pollution de l’air. La conférence ne débouchera pas sur une déclaration finale. « A chaque fois, il faut négocier des textes qui finissent par se retrouver vidés de leur substance, prévient Maria Neira, rompue aux négociations internationales. Nous avons préféré opter pour des engagements volontaires des Etats et des villes afin de créer une sorte d’émulation. » Pas dupe des effets d’annonce, la responsable de l’OMS précise que des groupes de suivi seront mis en place pour vérifier que les engagements seront bien tenus.

 

La première conférence mondiale sur la pollution de l'air s'est ouverte à Genève

Plus de 90% des enfants dans le monde respirent chaque jour un air pollué

Un communiqué de presse de l’OMS le 29 octobre 2018.

Chaque jour, près de 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde (soit 1,8 milliard d’enfants) respirent un air si pollué que leur santé et leur développement sont gravement mis en danger. Nombreux sont ceux qui vont en mourir: l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2016, 600 000 enfants sont décédés d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dues à la pollution de l’air.

Un nouveau rapport de l’OMS sur la pollution de l’air et la santé de l’enfant (Prescribing clean air) se penche sur le lourd tribut que la pollution de l’air ambiant (extérieur) et de l’air à l’intérieur des habitations fait peser sur la santé des enfants dans le monde, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ce rapport paraît à la veille de la première conférence mondiale jamais organisée par l’OMS sur la pollution de l’air et la santé. 

Il révèle que quand les femmes enceintes sont exposées à un air pollué, elles risquent davantage d’accoucher prématurément, et de donner naissance à des nouveau-nés de faible poids. La pollution de l’air a aussi des répercussions sur le développement neurologique et les capacités cognitives, et peut provoquer de l’asthme et certains cancers de l’enfant. Les enfants qui ont été exposés à des niveaux élevés de pollution de l’air peuvent courir un risque élevé de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires plus tard au cours de leur vie.

«La pollution de l’air empoisonne des millions d’enfants et détruit leur vie», déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. «C’est inexcusable. Chaque enfant doit être en mesure de respirer un air non pollué de façon à pouvoir grandir et s’épanouir pleinement».

L’une des raisons pour lesquelles les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets de la pollution de l’air tient au fait qu’ils respirent plus rapidement que les adultes et absorbent ainsi davantage de polluants. Ils vivent aussi à une moindre distance du sol, où certains polluants atteignent des concentrations record – à un moment où leur cerveau et leur corps sont en plein développement.

Les nouveau-nés et les jeunes enfants sont aussi plus sensibles à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations où les techniques et les combustibles utilisés régulièrement pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage sont polluants.

«La pollution de l’air freine le développement cérébral de l’enfant, et a une incidence sur sa santé de bien des façons, plus nombreuses que nous le pensons. Mais il existe de nombreux moyens simples de réduire les émissions de polluants dangereux», déclare le Dr Maria Neira, Directrice du Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé à l’OMS.

«L’OMS soutient la mise en œuvre de mesures de politique générale favorisant la santé comme l’accélération du passage à des techniques et combustibles de cuisson et de chauffage non polluants, la promotion de l’utilisation de moyens de transport plus propres, des logements et de l’urbanisme écoénergétiques. Nous contribuons à poser les premiers jalons pour la production d’une électricité à faibles émissions, des technologies industrielles plus sûres et plus propres et une meilleure gestion des déchets au niveau local», a-t-elle ajouté.

Principales conclusions: 

  • La pollution de l’air affecte le développement neurologique, conduisant à des résultats plus faibles aux tests cognitifs, et a des conséquences négatives sur le développement mental et moteur.

  • La pollution de l’air endommage les fonctions pulmonaires des enfants, même à des taux d’exposition faibles.

  • À l’échelle mondiale, 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde sont exposés à des niveaux de particules fines dans l’air ambiant (PM2,5) supérieurs aux niveaux préconisés par les lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air, parmi lesquels 630 millions d’enfants de moins de cinq ans, et 1,8 milliard d’enfants de moins de 15 ans.

  • Dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier, 98% des enfants de moins de cinq ans sont exposés à des niveaux de particules fines dans l’air ambiant (PM2,5) supérieurs aux niveaux préconisés par les lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air. Par comparaison, dans les pays à revenu élevé, 52% des enfants sont exposés à des niveaux supérieurs aux niveaux recommandés par l’OMS.

  • Plus de 40% de la population mondiale – dont 1 milliard d’enfants de moins de 15 ans – est exposée à des niveaux élevés de pollution de l’air à l’intérieur des habitations, essentiellement dus aux techniques et combustibles polluants utilisés pour cuisiner.

  • Environ 600 000 décès chez des enfants de moins de 15 ans ont été attribués aux effets conjoints de la pollution de l’air ambiant et de l’air à l’intérieur des habitations en 2016.

  • Cumulées, la pollution de l’air intérieur due à la cuisson des aliments et la pollution de l’air ambiant (extérieur) causent plus de 50% des infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez les enfants de moins de cinq ans dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

  • La pollution de l’air est l’une des principales menaces pour la santé de l’enfant, responsable de près d’un décès sur 10 chez les enfants de moins de cinq ans.

La première conférence mondiale sur la pollution de l'air s'est ouverte à Genève

La pollution de l’air est responsable de 422 000 décès prématurés en Europe

« La pollution atmosphérique est un tueur invisible », alerte l’Agence européenne de l’environnement dans son rapport 2018 sur la qualité de l’air.

L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publie lundi 29 octobre son rapport 2018 sur la qualité de l’air en Europe. Comme le précédent, il n’est pas vraiment rassurant. « La pollution atmosphérique reste trop élevée dans l’ensemble de l’Europe », conclut l’AEE. Et les Européens continuent de le payer avec leur santé.

Selon les dernières données collectées par l’Agence, les concentrations de particules fines (PM2,5, de diamètre inférieur à 2,5 micromètres) ont été responsables d’environ 422 000 décès prématurés (avant l’âge de l’espérance de vie) dans l’ensemble des 41 pays européens en 2015, dont 391 000 dans les 28 Etats membres de l’UE. Soit une légère baisse par rapport à 2014 où le bilan macabre atteignait 399 000 à l’échelle de l’UE. C’est l’Allemagne qui paie le plus lourd tribut (62 300) devant la Pologne (60 600), l’Italie (44 500) et la France (35 800).

« La pollution atmosphérique est un tueur invisible et nous devons intensifier nos efforts pour agir sur ses causes, commente Hans Bruyninckx, le directeur exécutif de l’AEE. M. Bruyninckx appelle l’Europe à « redoubler d’effort » pour notamment « réduire les émissions causées par le transport », rappelant qu’elles sont « généralement plus nocives que celles provenant d’autres sources, car elles se produisent au niveau du sol et le plus souvent en ville, à proximité de la population ».

Dépassements persistants

Le rapport de l’AEE est établi à partir des données collectées par plus de 2 500 stations de surveillance de la qualité de l’air réparties à travers l’Europe. L’analyse des résultats pour l’ensemble de l’année 2016 révèle que « malgré de lentes améliorations, la pollution atmosphérique dépasse toujours les limites établies par l’Union européenne [UE] et les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé [OMS] », les seuils fixés par l’UE étant souvent moins exigeants que ceux prônés par l’OMS.

Ainsi, pour les PM2,5, le pourcentage de la population urbaine de l’UE exposée à des concentrations supérieures aux limites européennes (20 µg/m3 en moyenne annuelle) était de 6 % en 2016 contre 7 % l’année précédente. Mais cette proportion grimpe à 74 % si on se réfère aux normes de l’OMS, deux fois plus protectrices.

La valeur limite annuelle continue aussi à être « largement dépassée dans l’ensemble de l’Europe » pour le dioxyde d’azote (NO2), gaz principalement émis par les moteurs diesel, note le rapport. Un constat qui vaut aussi pour la France. Le ministère de la transition écologique et solidaire a publié vendredi 26 octobre son bilan national de la qualité de l’air pour 2017. S’il insiste, comme le rapport de l’AEE, sur la tendance globale à l’amélioration depuis 2000, l’année 2017 reste marquée par des dépassements des normes européennes. Ils concernent douze agglomérations dont Paris, Lyon et Marseille pour le NO2 et 27 agglomérations pour l’ozone. Des dépassements persistants qui valent à la France d’être renvoyée devant la Cour de justice de l’Union européenne.

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 10:35

Un communiqué de Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux Europe Ecologie les Verts. Lire aussi Notre forêt publique est malade de sa course à la rentabilité. et « Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure.

Les forêts françaises ne sont pas à vendre !

Les quatre « Marches pour la forêt » à l’initiative des personnels forestiers de l’Office national des forêts et soutenues par le monde associatif et environnemental sont arrivées le 24 octobre à Cérilly en forêt de Tronçais dans l’Allier, symbole des forêts de chêne prestigieuses héritées de Colbert.

Le but de cette marche était d’alerter l’opinion sur la disparition pure et simple du service public des forêts qu’est l’ONF, en voie de privatisation, et avec un plan de 1 500 suppressions de postes en perspective, et contre l’industrialisation de la forêt et ses conséquences néfastes pour ces espaces naturels indispensables et leur gestion.

Retrouvez ici le Manifeste de Tronçais : Pour la forêt, notre bien commun.

Europe Écologie – Les Verts soutient le mouvement des forestiers et la demande d’une meilleure gestion des forêts publiques. Yannick Jadot et David Cormand se sont déplacés pour apporter le soutien des écologistes aux agents de l’ONF.

Retrouvez dans le JDD la tribune de David Cormand : « La forêt qu’on défigure ».

Alors que le climat s’emballe et que la biodiversité s’effondre, nous partageons l’idée qu’une autre gestion de la forêt est possible et nécessaire : une gestion plus écologique, essentielle pour la préservation du rôle central de la forêt dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Il est urgent de faire converger les énergies déployées, localement ou nationalement, pour défendre la forêt et les services considérables qu’elle rend à toutes et tous, indépendamment de la production de bois : elles stockent naturellement le dioxyde de carbone, permettent la rétention et la filtration de l’eau, sont un berceau pour la biodiversité végétale et animale. Les forêts naturelles représentent une valeur pour la collectivité bien supérieure à celle de la production de bois.

Les évolutions ces dernières années dans la gestion de l’ONF, avec une baisse de la dotation de l’État et un recours accru au personnel contractuel allaient dans le mauvais sens. La politique actuelle et le plan national Forêt-Bois continuent dans la même direction.

Retrouvez les propositions d’Europe Écologie – Les Verts : « Une politique forestière écologique… c’est urgent ! ».

Pour les écologistes, de nombreuses initiatives sont nécessaires pour orienter la politique forestière vers une gestion qualitative et préservant le long terme.

L’ONF doit pouvoir exercer ses missions régaliennes, sans dépendre du cours du bois ou du volume des ventes. C’est à l’État de financer la surveillance des forêts publiques, les missions de police, la gestion durable, la péréquation entre forêts pauvres et riches, la recherche, l’accueil et l’éducation.

Alors que 30% des forêts publiques ne sont pas ou peu exploitables, l’effort de production s’exerce sur des forêts « à flux tendu » : il faut desserrer l’étau productif autour des forêts pour cesser d’affaiblir les écosystèmes.

La politique de développement du bois-énergie doit être encadrée à la fois dans la prospective (véritable connaissance de la ressource, efficacité, bilan carbone global) et dans l’exécution (chartes régionales, traçabilité, certification, politique de subventionnement).

Il faut mettre en place des certifications plus exigeantes, permettant d’engager des sylvicultures plus résilientes et bénéficiant à la biodiversité.

Parce qu’il n’y a pas d’avenir sans forêts, les écologistes continuent à se mobiliser pour la protection des forêts françaises et du service public de la forêt.

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 09:02

La marche pour la forêt des agents ONF est arrivée à Cérilly dans l'Allier mercredi 24 octobre 2018. Soumises aux lois du marché, les chênaies, frênaies et autres sapinières publiques sont menacées de surexploitation. Face au risque de les voir transformées en « usines à bois », au détriment des écosystèmes, les forestiers refusent de se résigner. Lire https://marche-pour-la-foret.webnode.fr/pourquoi-cette-marche/. D'après Alexandra Chaignon le 25 octobre 2018 pour l’Humanité. Lire aussi Les agents de l’ONF marchent pour la forêt et « Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure.

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Comment se portent les forêts françaises ? « Bien », estimait en mars dernier, devant les sénateurs, le directeur général de l’Office national des forêts (ONF), en charge de la gestion. Selon Christian Dubreuil, elles seraient même « sous-exploitées ». Il semble qu’il soit le seul à y croire. De l’avis des agents forestiers de l’établissement public, ce « bien commun » est aujourd’hui en danger.

Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent en effet pour dénoncer « l’industrialisation » des forêts publiques, gérées par l’ONF, établissement sous tutelle conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie. « Protection, biodiversité et accueil du public sont sacrifiés sur l’autel de la rentabilité de court terme. Les forêts sont de plus en plus considérées comme de vulgaires usines à bois à mettre au service de l’industrie », relève ainsi une large intersyndicale, qui, mi-septembre, engageait une longue marche pour dénoncer cette marchandisation. Partis de Mulhouse, passés par Valence ou encore Perpignan, les forestiers convergent aujourd’hui dans l’Allier. Leur route prend fin en forêt de Tronçais, l’une des plus belles futaies de chênes en France, plantée au XVIIe siècle. Un rassemblement est prévu pour les accueillir, auquel plusieurs élus ont déjà annoncé leur participation – Cécile Cukierman, entre autres, ainsi qu’André Chassaigne, respectivement sénatrice de la Loire et député du Puy-de-Dôme, PCF tous les deux.

Pour être spectaculaire, l’initiative des forestiers de l’ONF ne tombe pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une lutte opposant depuis des années les agents à leur direction, sur fond de réforme contestée. La racine du problème n’est pas neuve. Elle tient au paradoxe du service public forestier français. Depuis sa création, en 1964, l’ONF tire l’essentiel de ses revenus de la vente de bois. L’établissement récolte ainsi 40 % des bois vendus en France, alors qu’il ne gère qu’un quart des forêts du pays. Sauf que le cours du bois n’a cessé de chuter depuis cinquante ans. Du coup, malgré une accélération des coupes au fil des ans et le versement d’une aide compensatoire de l’État (140 à 180 millions d’euros par an), l’ONF ne parvient plus à équilibrer son budget et accuse aujourd’hui une dette de 320 millions d’euros. « Ce mode de financement est bancal. Il accentue la pression pour toujours couper plus de bois, explique Philippe Berger, secrétaire national du Snupfen Solidaires. Le dernier contrat d’objectifs et de performance (COP) pluriannuel signé avec l’État pour la période 2016-2020 prévoit ainsi de prélever 1 million de m3 de bois supplémentaires par rapport à 2014. »

« Un système à bout de souffle »

« La vente de bois ne couvre plus les coûts, essentiellement de personnels, qui permettent d’assurer une multitude de fonctions. Le système est à bout de souffle », résume Hervé Le Bouler, responsable du réseau forêt au sein de France Nature Environnement (FNE), association qui soutient les syndicats.

« Nous posons le même diagnostic, assure François Bonnet, directeur général adjoint de l’ONF. Le modèle économique créé par Edgard Pisani (ministre de l’Agriculture en 1964 – NDLR) ne tient plus et, dans le cadre actuel, l’équilibre est difficile à trouver. Dans les années 1970, le chiffre d’affaires des ventes de bois des forêts domaniales était de 476 millions d’euros. Aujourd’hui, il a été divisé par deux. » La convergence des points de vue s’arrête là. Car la direction réfute toute « industrialisation », chiffres à l’appui : « La moyenne des volumes exploités est de 5,7 millions de m3 sur la période allant de 1966 à 2017 », rétorque ainsi François Bonnet, tout en se réfugiant derrière la réglementation. « Les coupes sont gérées dans le strict respect du Code forestier », explique-t-il, oubliant de préciser qu’en 2017 le COP venait seulement de se mettre en place…

Si l’activité s’est focalisée de plus en plus sur les activités rentables, c’est aux dépens des autres missions de service public forestier. « On se retrouve à remplir des objectifs de coupe commerciale du bois, en contradiction avec la gestion à long terme que nécessite la forêt. Accaparé par les tâches les plus rentables, on est contraint d’en délaisser d’autres, décisives, comme l’entretien, l’accueil du public et la surveillance », précise Philippe Berger.

« La baisse des effectifs amène à faire des choix », justifie sans scrupule la direction de l’ONF. De fait, depuis 2002, près d’un quart des effectifs, soit 3 000 emplois, ont été supprimés, comme l’a reconnu, en mars, le directeur de l’ONF devant le Sénat. « Nous étions 16 000 en 1986. Aujourd’hui, on est 8 500. On est à l’os », insiste le syndicaliste. « 226 suppressions sont prévues en 2019. Et 1 600 postes en moins d’ici à 2020, évalue quant à lui Gilles Quentin, de la CGT forêt. En outre, lorsqu’il remplace, l’établissement embauche des salariés de droit privé et non plus des fonctionnaires. Quand ces derniers seront minoritaires, le statut de l’établissement changera. » Cette « substitution progressive », telle que l’a qualifiée Christian Dubreuil devant le Sénat, débouchera-t-elle sur la privatisation de l’établissement, comme le redoutent les syndicats ? « La solution ne peut être une fuite en avant », réplique François Bonnet, renvoyant la balle aux ministères de tutelle.

« Cette marche, c’est le résultat d’une longue exaspération. Confronté à une dégradation de ses conditions de travail et à des réorganisations incessantes, le personnel souffre d’une perte de sens », analyse Gilles Quentin, évoquant « une période noire qui a abouti à un grand nombre de suicides ». Sans parler du climat social délétère, dénoncé par l’intersyndicale et qui a poussé, en septembre 2017, cinq syndicats à démissionner des instances représentatives du personnel. « Le dialogue est rompu avec cette direction, qui va jusqu’à mettre les syndicats au tribunal », assène le militant CGT. Le directeur de l’ONF, lui, ne semble pas voir où est le problème. Interrogé sur ce point par les sénateurs, Christian Dubreuil jugeait que « la conflictualité est consubstantielle à l’ONF, depuis sa création : il en est ainsi des milieux “rugueux”, où le conflit est de tradition ».

Les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière

Enfin, à l’exigence de rentabilité à tout prix s’ajoutent les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière. « Ce qui se met en place dans la sylviculture, c’est ce qu’a connu l’agriculture il y a cinquante ans avec le productivisme », observe Hervé Le Bouler. La demande des industriels sur des volumes de plus en plus importants de bois standardisé, homogène, plus facile à travailler, conduit à des peuplements composés d’une seule essence, ce qui est risqué d’un point de vue sanitaire car cela rend les cultures plus vulnérables face aux maladies. Sans compter que ce type de pratique ne favorise pas la biodiversité. « Pour vendre plus, on s’adapte aux demandes des industriels qui n’ont pas su évoluer avec la diversité de la forêt française (130 essences environ), et qui demandent aujourd’hui que ce soit elle qui s’adapte à leurs besoins. Alors que cela devrait être l’inverse ! Du coup, on brûle du chêne non pas parce qu’il n’est pas rentable, mais parce qu’on a perdu le savoir-faire ! » « On assiste à une fuite en avant de surproduction de bois qui va au-delà de la capacité de la forêt à se renouveler », prévient lui aussi Philippe Berger.

Pour toutes ces raisons, les forestiers entendent bien se battre. Mais la lutte s’annonce acharnée. D’autant que, début octobre, la direction de l’ONF, réunie en séminaire, a annoncé, selon la CGT, que « le retour des comptes à l’équilibre devenait l’objectif unique, quelles qu’en soient les conséquences ». Et qu’à cet effet, le volet commercial devait « prendre le pas sur les autres aspects ».

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 11:41

Depuis 2016, la pollution à la paraffine industrielle sur le littoral est fréquente. Issue du transport maritime, son impact sur l’environnement et l’économie des communes touchées inquiète. D'après Sylvie Burnouf le 24 octobre 2018 pour Le Monde. Lire aussi La pollution chimique gagne les abysses et Accord pour diminuer la pollution du fret maritime.

Rejets de paraffine sur le littoral

Rejets de paraffine sur le littoral

Plus discrète que les marées noires, moins fétide que les algues en décomposition, la pollution à la paraffine industrielle passerait presque inaperçue, si elle ne recouvrait parfois par tonnes les plages du littoral. Apportée par la marée sous forme de boulettes blanches, jaunes, grises ou rosâtres, elle s’éparpille sur le sable ou ponctue les rochers, tels des petits paquets de pâte à modeler. Peu de doutes subsistent quant à sa provenance : transportée par navire à une température assez élevée pour être liquide, cette substance est rejetée en mer par les équipages lors du nettoyage des cuves, et se fige rapidement au contact de l’eau froide.

La pratique n’est pas illégale – pour peu que certaines conditions, notamment de volume et de distance par rapport aux côtes, soient respectées – mais la question des impacts est posée, tant du point de vue écologique ou sanitaire qu’économique. La limitation du rejet des paraffines industrielles en mer est d’ailleurs à l’ordre du jour de la 73e session du Comité de la protection du milieu marin (MEPC) de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui se déroule du 22 au 26 octobre. Une disposition bannissant le rejet d’eaux de lavage en mer pour les navires transportant ce type de substances devrait y être adoptée, mais elle ne concerne que certaines zones d’Europe.

Le phénomène ne connaît pas de frontières. En France, au cours des dernières vacances d’été, deux alertes sont parvenues au Centre de documentation, de recherche et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), implanté à Brest, pour des boulettes flottantes ou échouées en Méditerranée et dans le Calvados.

« Une pression de plus sur le milieu naturel »

Sur la Côte d’Opale (Hauts-de-France), le phénomène est presque devenu banal : ces deux dernières années, six arrivages de taille ont été dénombrés. « En juillet de l’année dernière, on s’est carrément retrouvés avec 30 tonnes sur le littoral », se souvient Jonathan Hénichart, président de l’association Sea-Mer, basée à Wimereux (Pas-de-Calais). Ce sont alors plus de 60 km de plages qui sont souillés.

La paraffine produit aussi ces étranges boulettes jaunes boulettes jaunes découvertes sur la plage du Ster à Penmarc'h (Finistère)

La paraffine produit aussi ces étranges boulettes jaunes boulettes jaunes découvertes sur la plage du Ster à Penmarc'h (Finistère)

Le hic, souligne M. Hénichart, c’est que « la paraffine n’est pas ramassée assez vite ». Elle s’effrite, se fragmente, se disperse au gré des vents et des marées et se mélange au sable. « C’est une pression de plus sur le milieu naturel », déplore le militant.

Chaque année, ce sont plusieurs millions de tonnes de paraffine qui sont produites à l’échelle mondiale. La principale utilisation de ce dérivé du pétrole est la fabrication de bougies, mais il est aussi utilisé comme agent d’enrobage, isolant électrique, ou encore comme excipient dans les cosmétiques et les médicaments.

Analyses coûteuses et chronophages

Si les paraffines hautement raffinées sont généralement considérées comme non toxiques, bon nombre de cires industrielles ne présentent pas un tel niveau de pureté et peuvent renfermer des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Les niveaux en HAP de certaines paraffines sont suffisants pour irriter la peau et les yeux, et beaucoup de ces composés sont en outre classés cancérogènes probables pour l’homme. Des solvants utilisés pour le nettoyage des cuves des navires peuvent également se mélanger à la paraffine rejetée en mer.

Selon une analyse menée en 2012 sur de la paraffine échouée sur le littoral allemand, le taux en HAP y dépassait largement les niveaux de sécurité en matière d’exposition pour les enfants. Mais de telles analyses, coûteuses et chronophages, sont loin d’être systématiques. Lorsque les agents du Cedre ou du Laboratoire d’analyse, de surveillance et d’expertise de la marine (Lasem) reçoivent des échantillons pour analyse, c’est souvent essentiellement pour en identifier la nature et la discerner de certaines huiles végétales comme l’huile de palme, dont les reliquats peuvent aussi être rejetés en mer. Mais « on ne recherche pas les contaminants potentiels », confirme Camille Lacroix, chercheuse au Cedre. Selon le coordinateur scientifique et technique du Cedre, Loïc Kerambrun, les risques pour l’homme restent faibles, dès lors que l’on évite le contact prolongé avec ces substances et que l’on n’en ingère pas.

De la paraffine dans l’estomac des oiseaux

Qu’en est-il des risques pour les écosystèmes ? Car même si des efforts sont faits pour éliminer cette pollution, il est compliqué, dans les faits, de parvenir à nettoyer de façon exhaustive les zones souillées. Faute d’études poussées sur le sujet, difficile d’appréhender l’impact réel de la persistance de cette pollution dans l’environnement. Mais des observations ont montré que des animaux ingurgitent les boulettes. Au détour de recherches sur l’ingestion de déchets plastiques par les oiseaux marins, l’équipe du biologiste Jan van Franeker (université de Wageningue, Pays-Bas) a par exemple constaté la présence de paraffine dans l’estomac de fulmars boréaux, en mer du Nord. Environ 20 % des oiseaux autopsiés étaient concernés. Ces morceaux pourraient avoir altéré l’alimentation correcte ou même obstrué les voies digestives des animaux.

Les poissons, les organismes filtreurs ou encore les détritivores, qui se nourrissent dans les laisses de mer, sont aussi susceptibles d’être affectés, déplore Sea-Mer Asso. Avec, pour effet, la contamination de toute la chaîne alimentaire, par bioaccumulation.

L’argument économique en faveur d’un changement de la réglementation sur le rejet de paraffine industrielle en mer est de poids. En cas d’échouage massif, c’est la double peine pour les communes : non seulement elles pâtissent d’une mauvaise image touristique, mais elles doivent, de surcroît, financer le coût du nettoyage. Car il n’est techniquement pas possible, à partir de la simple analyse des boulettes, de déterminer « si le rejet a été licite ou non (…) et quel navire a pu procéder au relâchement de ces substances », affirme le Lasem. De ce fait, « une action répressive est (…) quasi impossible. »

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 09:45

Fort de son expérience à Romorantin, en Loir-et-Cher, où il a travaillé au réaménagement d'un quartier en zone inondable, l'architecte Eric Daniel-Lacombe préconise plusieurs principes d'action pour la vallée de l'Aude. Une tribune publiée le 25 octobre, qui décrit un réaménagement dont on pourrait s'inspirer ailleurs en France.

Les inondations catastrophiques dans l'Aude, qui ont fait quatorze morts et plus de soixante-dix blessés le 15  octobre, obligent à réfléchir aux mesures de prudence à envisager pour l'avenir. Il faut se préparer à de nouvelles inondations en organisant les secours, l'aide aux populations et l'anticipation des dommages. Ceux-cise déclinent en trois temps : le surgissement du drame, qui frappe les esprits ; l'attente du retrait des eaux ; la lente reconstruction de la vie et des infrastructures.

A la fascination qu'exerce le premier temps succède l'oubli dans lequel sont plongés le deuxième et le troisième temps. La destruction des infrastructures de transport d'énergie, des routes et des ponts ainsi que celle des systèmes d'assainissement ont des effets dévastateurs sur des populations fragilisées, sur leur santé et leur économie. Face à l'angoisse collective, il semble d'abord évident qu'il faudrait élever des digues de protection, interdire les nouvelles constructions et exiger que l'Etat s'en charge. Ainsi, par un coup de baguette magique, tous les risques seraient supprimés.

Régulations naturelles

Il y a certes des digues qui sont utiles, et des mesures d'interdiction de construire raisonnables. Mais, dans beaucoup de cas, les digues endorment la vigilance des habitants et créent des événements terribles quand elles cèdent. Quant aux mesures d'interdiction, elles sont faciles à prendre, mais quelquefois difficiles à faire respecter, contribuant ainsi à l'affaiblissement du respect pour l'intérêt général et à la multiplication des incivilités. Déclarer zone inondable des villages anciens rend les maisons invendables et oblige les habitants à y rester, en leur interdisant de construire des protections, au risque de leur faire perdre toute confiance dans les pouvoirs publics. Cela ne semble pas raisonnable. Nous devons les aider, pas les punir.

Il faut tenir compte de la diversité -considérable des situations géographiques et météorologiques, mettre à profit et renforcer les régulations naturelles. Cela ne se fera pas sans le soutien des populations. Or, cela est difficile, car les catastrophes suscitent le désarroi. Les montagnards savent vivre avec la neige. Leurs habitudes de vie inscrivent leurs comportements dans l'ordre des régulations naturelles. Cela supprime le désarroi et diminue les risques. Il faudrait concevoir des habitats qui conduisent les habitants à se forger un nouveau rapport aux phénomènes naturels, afin de se préparer à des transformations du climat, dont nous n'avons peut-être encore aucune idée.

Il est possible d'aider les habitants à inventer de nouvelles manières de vivre avec le risque d'inondation, comme l'a fait Jeanny Lorgeoux, le maire de Romorantin (Loir-et-Cher). Près du centre-ville, au bord de la Sauldre, nous avons conçu ensemble - entre 2006 et 2010 - tout un quartier en zone inondable constructible à risque moyen. L'accroissement du rôle des régulations naturelles a permis de créer un habitat protégé des crues très au-delà des cotes d'alerte présentes, autour d'un parc public qui constitue un lit temporaire de la Sauldre lors d'inondation. Les habitants peuvent donc développer une nouvelle attention pour la montée des eaux. Et dans les longues périodes entre les crues (qui ne sont pas toutes cause d'inondation), ils peuvent profiter d'un jardin public respectant la vie naturelle des ruisseaux et marais, mettant sous leurs yeux les nouvelles dynamiques de la nature.

Lors de la crue de juin 2016, le quartier a été totalement inondé, mais sans aucune destruction matérielle. En effet, tout le sol a été conçu pour ralentir l'inondation, guider son entrée, son stockage partiel et sa sortie du terrain sans turbulences, et réguler la décrue. Une nouvelle culture du rapport au climat et à la nature s'amorce. Une telle création d'habitat neuf démontre l'existence de principes de régulation permettant de diminuer les risques en engageant une transformation des mentalités. Ils devraient conduire dans les villages hauts, à mi-pente, ou en bas de la vallée de l'Aude, à des expérimentations différentes de réhabilitation et de construction neuve, et surtout d'organisation de la protection des populations (et des animaux) lors des catastrophes.

Nouvel habitat-paysage

Je propose plusieurs principes d'action. A court terme, il pourra s'agir, pour chacun des villages, de diagnostiquer la dynamique potentielle de l'inondation (de la crue éclair à l'inondation lente) et de fournir un service gratuit d'alerte météo ; de protéger les infrastructures d'alimentation en énergie, eau et communication, ainsi que les infrastructures d'évacuation des déchets et les accumulations de polluants (industrie, élevage, station d'épuration), sources de risque en aval. On pourra également mettre à disposition des habitants un programme d'aide à l'adaptation des logements dans les zones à risque élevé, afin d'assurer des conditions de vie et/ou d'évacuation décentes en période d'inondation, et créer, près des secteurs concernés, des lieux d'accueil et de soin pour les personnes contraintes de quitter leur domicile, et lancer des exercices annuels d'évacuation complète.

A moyen terme, on tentera de ralentir la dynamique des inondations en fonction du contexte géographique et hydrologique (bassins de rétention, zones d'épandage, perméabilisation des sols en plaine, conservation des eaux de ruissellement de tout nouvel aménagement). Mais, à long terme, il s'agira de transformer les villages en un nouvel habitat-paysage assurant la transparence hydraulique - possibilités d'un ouvrage à ne pas faire obstacle aux mouvements des eaux - des rez-de-chaussée vite inondés, le développement vertical des maisons avec un séjour aussi haut que possible, et la démolition progressive des maisons très vulnérables. Et de développer des passerelles légères de communication à partir des étages des maisons vers une zone d'accueil, ainsi qu'un espace de rencontres régulières et d'information sur les coûts et bénéfices des nouveaux régimes climatiques, notamment à l'intention des plus jeunes.

Les politiques d'adaptation au changement climatique ne se feront qu'avec le soutien d'une majorité de la population. La volonté de cette dernière sera d'autant plus grande qu'elle trouvera un bénéfice dans la pratique des nouveaux lieux transformés, tant en dehors des périodes d'inondation que dans ces moments de solidarité renouvelée.

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2018 5 26 /10 /octobre /2018 09:02

La présence de résidus de pesticides dans l’alimentation conventionnelle pourrait expliquer la baisse de 25 % du risque chez les grands consommateurs de bio. D’après Stéphane Foucart et Pascale Santi pour Le Monde le 23 octobre 2018. Lire aussi Nourrir la planète avec une agriculture 100% biologique en 2050, c’est possible, L’alimentation bio est bénéfique pour la santé et Ces parents qui mijotent une cantine publique.

Manger régulièrement bio diminue de 25% les risques de cancer

Pour les agences réglementaires, les résidus de pesticides dans l’alimentation ne présentent aucun risque pour la santé. Mais un corpus scientifique récent, sur les effets des mélanges de molécules et des expositions chroniques à faibles doses, suggère que les risques posés par les traces de produits phytosanitaires sont, au contraire, bien réels pour le consommateur.

Une étude épidémiologique française, publiée lundi 22 octobre dans la revue JAMA Internal Medicine, est ainsi la première à pointer de tels risques dans la population générale, s’agissant du cancer.

Elle indique que les plus gros consommateurs d’alimentation issue de l’agriculture biologique ont un risque de cancer réduit de 25 %, par rapport à ceux qui en consomment le moins. « Pour expliquer ces résultats, l’hypothèse de la présence de résidus de pesticides synthétiques bien plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle comparés aux aliments bio est la plus probable », indique Emmanuelle Kesse-Guyot, chercheuse (Institut national de la recherche agronomique, INRA) dans l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm, INRA, université Paris-XIII) et coauteure de ces travaux.

De fait, les types de cancer dont les risques sont les plus réduits chez les consommateurs d’aliments labellisés « AB » sont également associés aux expositions des agriculteurs aux pesticides.

Démonstration inédite

Conduits par Julia Baudry et Emmanuelle Kesse-Guyot, les auteurs ont exploité les données d’une grande cohorte, dite NutriNet, de près de 70 000 volontaires suivis entre 2009 et 2016. Ils ont divisé en quatre groupes les individus, en les classant des plus gros consommateurs de bio (environ plus de 50 % de leur alimentation), à ceux qui n’en consomment que de manière occasionnelle, ou jamais.

Durant les sept années de suivi, 1 340 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés ; les auteurs ont ensuite observé la répartition de ces maladies dans les différents groupes.

Au total, en tenant compte de toutes les localisations cancéreuses, la baisse du risque est de 25 % pour le groupe le plus consommateur de bio par rapport au groupe le moins consommateur. Mais les réductions de risque vont jusqu’à 34 % pour les cancers du sein post-ménopause, 76 % pour les lymphomes (un type de cancer du sang).

« L’une des grandes forces de ces conclusions est qu’elles sont largement cohérentes avec les résultats des études menées sur les expositions professionnelles aux pesticides, explique l’épidémiologiste Philip Landrigan (Boston College, Etats-Unis), qui n’a pas participé à l’étude. Cela renforce grandement la plausibilité d’un lien entre l’effet mis en évidence et la présence de résidus de pesticides dans l’alimentation. » Les lymphomes, notamment, font partie des cancers surreprésentés chez les agriculteurs exposés aux pesticides.

« C’est, à ma connaissance, la première fois que l’on met en évidence et à partir d’une enquête prospective [c’est-à-dire en suivant dans le temps un ensemble d’individus], un lien entre alimentation bio et risque de cancer, ajoute M. Landrigan. Les grandes forces de l’étude sont la taille de la cohorte et la durée du suivi. Il s’agit clairement d’une étude importante et ce résultat mérite beaucoup de considération. »

Possibles biais

L’une des difficultés de l’exercice est de corriger l’analyse de nombreux biais possibles. En particulier, des travaux antérieurs montrent que les consommateurs d’aliments bio ont en moyenne une alimentation plus saine, pratiquent plus régulièrement de l’exercice physique ou encore appartiennent à des catégories sociales plus élevées que la moyenne. Autant de facteurs qui influent sur le risque de contracter diverses maladies – dont le cancer.

Les auteurs ont donc corrigé leur analyse grâce au relevé d’un grand nombre de caractéristiques des individus de la cohorte : indice de masse corporelle, niveau d’activité physique, catégorie socioprofessionnelle, qualité du régime alimentaire, statut tabagique, etc. « La prise en compte de ces nombreux facteurs de risque est à mettre au crédit des auteurs, estime l’épidémiologiste Rémy Slama (Inserm, université Grenoble-Alpes), qui n’a pas participé à ces travaux. Au total, il est peu plausible que des facteurs liés au style de vie, autres que la consommation d’aliments bio, soient en cause dans l’effet observé. »

M. Landrigan met cependant en avant un biais de recrutement possible. « Ainsi que les auteurs le notent, la cohorte repose sur des volontaires. Or, ces derniers ont généralement un niveau d’éducation plus élevé que la moyenne et un style de vie plus sain, dit le chercheur américain. Cela peut jouer sur les résultats. »

Emmanuelle Kesse-Guyot n’en disconvient pas, mais estime que cet effet de recrutement « aura plutôt tendance à sous-estimer l’effet observé que le contraire ». De fait, même les plus faibles consommateurs de bio de la cohorte ont sans doute un risque de cancer moindre qu’une grande part de la population réelle…

« Un édifice de preuves déjà important »

« Cette étude s’attaque à une question compliquée, et il est toujours préférable d’avoir confirmation de l’effet mis en évidence par d’autres études, dit Rémy Slama. Mais il faut aussi avoir à l’esprit que ce nouveau travail s’ajoute à un édifice de preuves déjà important et qu’il reste dans la chaîne alimentaire des résidus de pesticides de synthèse classés “cancérogènes probables”, actuellement autorisés ou interdits, mais rémanents dans les sols et l’environnement. »

A elle seule, une étude épidémiologique ne peut apporter la preuve définitive d’une causalité et, précise Mme Kesse-Guyot, « d’autres études doivent être menées pour préciser le lien de cause à effet ». Mais, en cas de confirmation, conclut la chercheuse, « des mesures de santé publique devraient être mises en place ». En attendant, juge Emmanuel Ricard, délégué à la prévention à la Ligue contre le cancer, « l’attitude de bon sens est de limiter son exposition aux pesticides et autres substances de synthèse ».

D’autant plus que la cohorte NutriNet a déjà montré, en février, que les aliments ultratransformés étaient également un facteur de risque pour le cancer. En 2017, elle a aussi mis en évidence un risque diminué de 30 % d’être touché par un syndrome métabolique chez les plus gros consommateurs de bio, par rapport aux consommateurs occasionnels.

Etablir la preuve définitive de la responsabilité des résidus de pesticides est, là encore, complexe. Mais une étude sur l’animal, publiée en juin dans la revue Environmental Health Perspectives par des chercheurs de l’INRA et de l’Inserm, a montré que des rongeurs exposés à un cocktail de six pesticides courants, fréquemment rencontrés dans les fruits et légumes et à des niveaux théoriquement sans risques, présentaient les mêmes troubles métaboliques : forte prise de poids, glycémie élevée et accumulation de masse grasse.

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 09:05

Nous mangeons, et donc déféquons, du plastique. C’est la conclusion majeure d’une étude au protocole simple et pourtant inédit, présentée mardi 23 octobre au congrès de gastroentérologie à Vienne. La présence généralisée de micro-plastiques dans les selles humaines montre la contamination de la chaîne alimentaire. Mais il est à ce stade difficile de savoir si ce sont les emballages ou la pollution des océans qui est en cause. D’après Sciences et Avenir, Le Monde et AFP le 24 octobre 2018. Lire aussi Bruxelles veut interdire le plastique jetable, Les océans pollués par des particules invisibles de plastique et La pollution chimique gagne les abysses. et .

Déchets plastiques (Celinebj / Wikimedia Commons / CC by-sa)

Déchets plastiques (Celinebj / Wikimedia Commons / CC by-sa)

Soucieux de ne pas ingérer des micro plastiques ? Ils sont bel et bien présents dans la chaîne alimentaire humaine... jusque dans nos selles ! C'est ce que montre une étude, qui a identifié - entre autre - des particules de polypropylène (PP) et de polyethylène-terephtalate (PET) dans les selles de 8 volontaires, résidant en Europe, en Russie et au Japon. Les résultats de cette étude pilote, réalisée par l'université médicale de Vienne (Autriche) et l'Agence autrichienne pour l'environnement, ont été présentés lors d'un congrès de gastroentérologie à Vienne (Autriche) comme une première mondiale.

Jusqu'à neuf types de plastiques différents dans les selles

Pendant une semaine, cinq femmes et trois hommes âgés de 33 à 65 ans, vivant en Finlande, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Italie, en Pologne, en Russie, au Japon et en Autriche, ont noté ce qu'ils mangeaient, tandis que des analyses étaient pratiquées sur leurs excréments.

Tous les échantillons analysés se sont révélés positifs : au minimum, 10 grammes de fèces contiennent dix-huit microparticules de plastique, le maximum étant de 172, et la médiane située à vingt… Plus surprenant, presque tous les types de plastiques recherchés ont été retrouvés. Du polypropylène (PP) et du polytéréphtalate d’éthylène (PET, présent dans les bouteilles), ont été identifiés dans tous les échantillons, les autres matières les plus fréquemment retrouvées étant le polystyrène (PS, barquettes), le polyéthylène (PE, sacs en plastique) et le polyoxyméthylène (POM). Chaque échantillon contenait en moyenne 20 microparticules de plastique par 10 grammes de fèces d'Homo sapiens sapiens... « Nous avons pu détecter neuf plastiques différents », indique Bettina Liebmann, chercheuse à l'Agence autrichienne de l'environnement. La taille des échantillons de plastique trouvés dans leurs selles varie de 50 à 500 micromètres, soit l'épaisseur d'un cheveu ou plus.

Pas de lien clair entre l'alimentation et la présence de micro-plastiques

Les scientifiques supposent que ces microparticules ont été ingérés via des produits de la mer que les volontaires ont mangés, mais aussi l'eau des bouteilles en plastique qu'ils ont bue et la nourriture emballée dans du plastique. 6 personnes sur 8 ont affirmé consommer souvent du poisson, aucune personne ne s'est déclarée végétarienne. Toutefois, les chercheurs n'ont à ce stade pas encore établi de lien de causalité clair (au sens statistique) entre alimentation et présence de micro plastiques dans les selles, peut-être en raison de la faible taille de l'échantillon (seulement 8 personnes). "Nous n'avons pas été capables d'établir un lien fiable entre les comportements alimentaires et l'exposition aux micro-plastiques", indique Philipp Schwabl, chercheur à l'Université médicale de Vienne, qui a mené l'étude.

Le caractère généralisé de la contamination de l’environnement par le plastique est difficile à percevoir ; les voies d’exposition à ces contaminants peuvent être surprenantes. Une étude allemande de 2013 a montré ainsi que, sur dix-neuf échantillons de miels produits en Allemagne, en France, en Espagne ou au Mexique, tous contenaient des microplastiques. En 2014, l’association 60 millions de consommateurs a reproduit l’étude sur douze miels produits en France : ils étaient tous contaminés.

La question des effets sanitaires de cette contamination de leur alimentation sur les humains est loin d’être tranchée. Lors d'études précédentes sur des animaux, les concentrations en micro-plastiques les plus fortes étaient trouvées dans l'estomac et les intestins, mais de petites quantités étaient détectées dans le sang, le foie et la lymphe. Il est possible que les micro-plastiques aient des effets négatifs sur le tube digestif mais "des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer les dangers potentiels des micro-plastiques pour les humains", fait savoir Philipp Schwabl. Pour Stéphanie Wright, chercheuse au King's College à Londres, la véritable question est de savoir si les plastiques s'accumulent dans le corps.

La pollution des océans en cause ?

La production plastique a explosé au cours de la dernière décennie et se monte actuellement à 348 millions de tonnes par an. Environ 2 à 5% se retrouverait dans les océans, au point qu'on parle aujourd'hui de "7e continent" pour qualifier les amas de plastiques flottant dans les océans. On estime que d'ici 2025, la quantité de plastique contenue dans les océans pourrait atteindre les 455 millions de tonnes. D'abord colonisés par des micro-organismes, ces déchets sont ensuite consommés par le plancton, premier maillon de la chaîne alimentaire marine.

Partager cet article
Repost0

Archives

L'écologie aux Lilas et au Pré ...

Les maires et élus écologistes ne se résignent pas à laisser l’avenir s’assombrir de jour en jour

Pour une restauration scolaire de qualité, durable, équitable, accessible aux Lilas

Les zadistes de Gonesse ont-ils raison de s’opposer à une gare en plein champ ?

Une nouvelle ZAD près de chez vous

Pour le projet CARMA contre la reprise des travaux de la gare "Triangle de Gonesse"

Les Lilas écologie - en campagne pour gagner

Les Lilas Ecologie en campagne

Le gouvernement abandonne Europacity, pas l’artificialisation des terres agricoles

Il faut stopper EuropaCity - marche citoyenne de Gonesse à Matignon 4 et 5 octobre

Aux Lilas, les citoyens s’unissent pour produire de l’électricité verte

Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas

Toxic Tour de Pantin à Romainville dimanche 16 juin 2019

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Pollution de l’air dans les écoles et crèches franciliennes

Volonté politique de créer une régie publique de l’eau à Est Ensemble, mythe ou réalité ?

À la base … un revenu ?

Balade naturaliste Parcs de la Corniche des Forts et abords de la forêt de Romainville le 9 mars 2019 à 11h

La forêt de Romainville, un enjeu écologique et politique

La Forêt passe à l'attaque !

Plâtre et béton sur la Corniche

Agir ensemble pour les Coquelicots le 7 décembre

Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas