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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 09:31

Des chercheurs canadiens ont analysé les données de 6,5 millions d’habitants de l’Ontario sur une période de onze ans. Par Paul Benkimoun le 5 janvier 2017 pour Le Monde.

Vivre près des axes routiers accroît le risque de démence

Le fait de vivre à moins de 50 m d’une voie de circulation importante augmenterait de 7 % le risque de développer une démence. Le risque serait accru de 4 % pour un rayon de 50 à 100 m. C’est l’une des principales conclusions d’une étude menée par une équipe nord-américaine dont le premier auteur est le docteur Hong Chen (Public Health Ontario, Canada). Selon cette enquête qui a pris en compte les données d’une population de plus de 6 millions de résidents de l’Ontario sur une période de onze ans, entre 7 % et 11 % des cas de démence pourraient être attribués à un domicile situé à moins de 50 m d’un axe routier majeur. L’étude est publiée jeudi 5 janvier sur le site de la revue The Lancet.

Les chercheurs ont également trouvé une association entre la survenue d’une démence et une exposition à long terme à deux polluants liés au trafic routier bien connus, le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines (dont une bonne partie émane des gaz d’échappement, notamment ceux des moteurs diesel). Cependant, ces deux facteurs ne sauraient expliquer à eux seuls l’élévation du risque, selon le docteur Hong Chen et ses collègues.

Les chercheurs canadiens et américains auteurs de cette étude sont partis des préoccupations croissantes sur les possibilités que « les expositions associées au trafic routier telles que la pollution de l’air et le bruit contribuent aux maladies neurodégénératives ». Des recherches ont montré que les polluants atmosphériques et les gaz d’échappement des moteurs diesel induisent un stress oxydatif et une neuro-inflammation des cellules du cerveau constituant la première défense immunitaire active du système nerveux central.

250 000 cas de démence répertoriés

Quelques études épidémiologiques ont également trouvé un lien entre la pollution atmosphérique et sonore et le déclin cognitif, ainsi que l’augmentation de l’incidence des maladies d’Alzheimer et de Parkinson. L’exposition au trafic routier pourrait ainsi jouer un rôle dans plusieurs processus neurodégénératifs, soulignent les chercheurs canadiens et américains. D’autant que le trafic routier expose à de nombreux facteurs toxiques pouvant avoir des répercussions sanitaires : particules fines et ultrafines, dioxyde d’azote, hydrocarbures aromatiques polycycliques, métaux lourds, composés organiques volatils (tel le benzène)…

Dans son analyse, l’équipe nord-américaine s’est focalisée sur trois pathologies neurodégénératives : démence, maladie de Parkinson et sclérose en plaques. Hong Chen, Ray Copes (Public Health Ontario, Canada) et leurs collègues ont rassemblé les données de deux populations résidant dans la province canadienne de l’Ontario au 1er avril 2001 et indemnes des trois maladies : l’ensemble des personnes âgées de 20 à 50 ans (pour la partie concernant la sclérose en plaques, puisque c’est la tranche d’âge où cette maladie débute et se développe), soit 4,4 millions d’individus, et l’ensemble des adultes de 55 à 85 ans, soit 2,2 millions de personnes (pour les démences et la maladie de Parkinson).

La proximité du domicile avec un axe routier important a été déterminée pour chaque individu par le code postal de son lieu de résidence cinq ans avant le 1er avril 2001, date du début de la période étudiée, donc en 1996. Un indicateur relativement précis puisque, « dans l’Ontario, le code postal recouvre un périmètre qui peut être limité à trois pâtés de maisons, explique au Monde Hong Chen. Cela reste cependant un indicateur imparfait. Il ne renseigne pas sur les expositions sur le lieu de travail et les trajets domicile-travail. Néanmoins, il conduit plutôt à sous-estimer l’impact de la pollution qu’à la surestimer ». La moitié de la population étudiée vivait à moins de 200 m d’un axe routier.

Entre 2001 et 2012, un peu moins de 250 000 cas de démence, près de 32 000 cas de maladie de Parkinson et un peu plus de 9 000 individus atteints de sclérose en plaques ont été dénombrés dans la population étudiée, selon les bases de données administratives de la province. « La principale conclusion de notre étude est que nous avons trouvé une relation entre le trafic routier et la survenue d’une démence, mais pas avec la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques, ce qui laisse penser qu’il se passe quelque chose de différent dans le cas des démences, indique Ray Copes. De plus, il existe un gradient dans l’effet : plus quelqu’un vit à proximité des routes principales, plus il présente un risque élevé de démence. Nous avons ainsi trouvé une spécificité pour la démence et un phénomène évoquant une relation entre une dose croissante et un effet observé plus marqué. »

L’augmentation du risque pour les personnes les plus exposées car vivant dans un rayon de 50 m autour d’un grand axe routier apparaît faible (+ 7 %), « mais si cela n’est pas beaucoup à l’échelle individuelle, la population exposée est importante (20 % de la population étudiée vit dans la zone la plus à risque et les démences affectent déjà une population importante (plus de 10 % des 75-84 ans). Des millions de personnes sont concernées par ce phénomène », souligne Ray Copes.

Limites

« La difficulté est que le fait de vivre à proximité de grands axes routiers est associé à énormément de caractéristiques sociales, professionnelles, nutritionnelles, éducatives, etc. Au sein de ces facteurs, qu’est-ce qui crée un complexe éventuellement causal ? », s’interroge le professeur William Dab (épidémiologiste, Conservatoire national des arts et métiers, Paris).

Les auteurs ont démontré une association entre une exposition au dioxyde d’azote et aux particules fines et la survenue d’une démence. Si l’on ne tient pas compte de l’influence de ces deux polluants, l’impact de la proximité du domicile sur le risque de démence est diminué, « ce qui suggère que l’effet de l’exposition au trafic des véhicules agit, au moins en partie, par le biais de ce mécanisme », écrivent-ils.

Ils reconnaissent certaines limites à leur travail : « Nous n’avions pas accès à toutes les données sur les habitudes et comportement de cette population, sur le tabagisme, la prise de médicaments… Aucune étude épidémiologique n’est parfaite. Néanmoins, nos résultats demeuraient inchangés en tenant compte des autres facteurs de risque pour la démence. Notre étude nous paraît donc assez convaincante », plaide Hong Chen.

« L’association est robuste, mais il est prématuré de tirer une conclusion définitive. Cette étude soulève une hypothèse. Il convient maintenant de la tester », estime le professeur Dab.

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 15:30

Un excellent travail de décryptage des Collectifs contre les huiles et gaz de schiste et de couche que nous relayons, comme la Synthèse de leurs remarques, en lien dans Une nouvelle proposition de loi pour réformer le code minier !

Pourquoi cette campagne ?

Depuis quelques années, on assiste à une volonté de relancer en France l’activité extractive pour les substances minérales ou de la maintenir pour l’exploitation des hydrocarbures (1). Elle nous est présentée comme un des axes de la nouvelle politique industrielle voulue par le gouvernement.

Les puissantes mobilisations citoyennes de 2011 opposées à l’extraction des hydrocarbures de schiste avaient mis en lumière l’obsolescence d’un code minier peu préoccupé par les enjeux environnementaux et les exigences démocratiques.

Face à ce mouvement de protestation, le gouvernement s’était engagé à vouloir réformer ce droit minier, pour encadrer davantage les activités minières afin de mieux prendre en compte leur impact écologique et accroître la transparence auprès des citoyens. Plusieurs projets de réforme avaient été annoncés puis repoussés, sans être suivis d’effet. Pendant ce temps-là, l’État continuait à accorder des permis d’exploration et des autorisations de forages à des sociétés sans se soucier de l’avis des populations.

Devant le silence et les tergiversations gouvernementales, les parlementaires du groupe socialiste de l’Assemblée Nationale ont finalement déposé, fin novembre, une proposition de loi (N° 4251) (2) visant à relancer cette réforme du code minier, en fin de mandature. Ils avaient déjà présenté, fin septembre, une première mouture (N°4043) qu’ils avaient retirée précipitamment en raison de son caractère très libéral dénoncé par les collectifs citoyens et la société civile (3) (4).

Cette deuxième version compte huit articles contre 32 pour sa version antérieure. Certaines dispositions immédiatement perceptibles comme inacceptables ont disparu. Toutefois, cette proposition de loi ne répond pas aux problèmes soulevés par le renouveau du secteur minier.

En inscrivant pour la première fois dans le code minier le principe d’une politique nationale des ressources et des usages miniers, « pour servir l’intérêt économique des territoires et de la nation », cette réforme reste attachée à un droit minier fondé exclusivement sur une logique reposant sur les contraintes et intérêts économiques.

La valorisation des ressources telle qu’elle est abordée par cette réforme n’est jamais questionnée à l’aune de nos modes de production et de consommation. La nécessité de réduire le prélèvement des ressources pour tenir compte de leur caractère limité et la production exponentielle de déchets que leur extraction génère, accompagnée de pollutions diverses, ne sont pas suffisamment prises en considération. Cette politique reste attachée à un modèle industriel et énergétique rétrograde.

Sous une image de verdissement et de prétendues garanties environnementales non contraignantes, cette proposition de loi oublie en même temps de soumettre les projets miniers aux orientations de la loi sur la transition énergétique (5) (6) et aux engagements internationaux de lutte contre le dérèglement climatique (7) traduisant, de fait, le manque d’ambition de régulation par l’État. Il est tout aussi clair que les populations, malgré les semblants de consultation, n’ont pas la place qui leur revient dans les prises de décision alors qu’elles sont les premières concernées par les impacts négatifs générés par l’activité extractive.

Quoiqu’en disent les industriels, il faut rappeler qu’il est techniquement et industriellement impossible que les mines soient un jour « propres ». Par nature, il n’y pas de mine « durable », selon Ingénieurs sans frontières (8). Elles laisseront toujours des séquelles environnementales ou sanitaires, là où on extrait massivement des ressources naturelles. Il ne faut pas oublier que les secteurs minier et pétrolier exercent et exerceront toujours plus de pression sur les ressources afin de pérenniser leur survie économique au prix d’une course toujours plus effrénée vers l’exploitation de gisements plus pauvres ou plus difficiles d’accès.

Cette proposition de loi n’apporte pas les réponses aux demandes de la société civile, c’est pourquoi il est urgent de se mobiliser.

Les 17 et 18 janvier 2017, la Commission du développement durable de l’Assemblée Nationale examinera cette proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l’environnement.

Elle sera ensuite discutée en séance publique, en première lecture, à l’Assemblée Nationale et soumise au vote des député(e)s après débat.

Avant cette date, interpellez votre député(e) en lui envoyant les cartes de cette campagne pour qu’il amende la proposition de loi qui sera examinée par la Commission du développement durable.

1) « Rapport creuser et forer, pour quoi faire ? Réalités et fausses vérités du renouveau extractif en France » Les Amis de la Terre http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/rapport_extractivisme_web.pdf

(2) La proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l’environnement

N°4251 http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/propositions/pion4251.pdf

(3) « Un futur code minier qui fait mieux que TAFTA » https://blogs.mediapart.fr/claude-taton/blog/141116/un-futur-code-minier-qui-fait-mieux-que-tafta

(4) « Les lobbies miniers veulent un code juridique qui les arrange » https://reporterre.net/Les-lobbies-miniers-veulent-un-code-juridique-qui-les-arrange

(5) «La loi relative à la transition énergétique et pour la croissance verte» https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&categorieLien=id

(6) Les grand axes de cette loi http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-enjeux,39744.html

(7) L’accord de Paris http://unfccc.int/files/meetings/paris_nov_2015/application/pdf/paris_agreement_french_.pdf et décryptage de cet accord http://www.cop21.gouv.fr/decryptage-de-laccord/

(8) Relance minière en France : quand la mine accouche d’une souris

http:// www.isf-systext.fr/node/237

Nos objections

• Cette réforme ne prévoit pas d’intégrer les contraintes conséquentes à l’application des engagements de l’accord de Paris (COP 21) et à la loi sur la transition énergétique. Si elles devaient y être inscrites, l’État ne pourrait pas s’en prévaloir pour refuser un permis d’exploration ou d’exploitation à un industriel (Article 4 du PPL - Art.L.115-5).

• Elle n’est pas suffisamment contraignante quant aux exigences environnementales. La proposition de loi envisage la possibilité et non l’obligation de refuser la délivrance d’un titre minier s’il existe un doute sérieux sur la capacité d’extraire sans porter atteinte à l’environnement (Art 2 du PPL - Art.L.113-6). La notion de doute sérieux n’est pas définie dans le texte tout en sachant qu’aucune activité extractive n’est «propre» et que cette disposition n’a aucun caractère prescriptif, étant laissée à la libre appréciation de l’autorité.

• Cette réforme ne permet aucune concertation préalable ni consultation réelle des populations, en amont de tout projet minier, leur permettant de débattre de son opportunité, de ses objectifs, des enjeux socio-économiques qui s’y attachent ainsi que de ses impacts sur l’environnement et l’aménagement du territoire. Elle ne prévoit pas pour les populations un droit de «saisine citoyenne» leur permettant de mettre en œuvre cette participation en amont et d’instaurer la nécessité d’obtenir leur consentement libre et préalable avant tout octroi de permis minier d’exploration ou d’exploitation.

• La reprise de l’activité minière favorisée par cette réforme du code minier se ferait au détriment d’une véritable politique de recyclage et de lutte contre l’obsolescence de nos équipements électriques et électroniques. Cette filière du recyclage représenterait un gisement important d’emplois. La politique des ressources inscrite dans le code minier n’inclut pas de valoriser toutes les matières premières présentes dans nos déchets ni de favoriser une politique ambitieuse de recyclage afin de réduire notre consommation de métaux.

• Aujourd’hui, de nombreux anciens sites miniers restent toujours contaminés avec des populations qui subissent encore leurs impacts sanitaires et environnementaux. La réforme du code minier ne prévoit pas de définir le fait générateur du dommage minier et ne prend en considération uniquement que les dommages immobiliers. Quid des dommages à l’environnement et aux personnes sur le plan sanitaire ?

Pour en savoir plus consultez le document présentant une synthèse des objections formulées par les opposants aux gaz de couche et aux pétrole et gaz de schiste relatives à cette proposition de loi : https://nonaugazdeschistelyon.files.wordpress.com/2016/12/cm_fiches_dec2016_ok2.pdf

Nos demandes

• Adopter une disposition prescrivant que la politique des ressources inscrite dans le code minier a obligatoirement pour premiers objectifs de valoriser toutes les matières premières présentes dans nos déchets et de favoriser une politique ambitieuse de recyclage afin de réduire notre consommation de métaux. [art.L.115.2]

• Adopter des dispositions instaurant un droit de «saisine citoyenne» permettant une concertation des populations dès le dépôt d’une demande de titre minier afin d’obtenir leur consentement libre préalablement à tout octroi de permis d’exploration ou d’exploitation.

• Adopter une disposition permettant d’identifier les populations concernées au-delà des simples limites administratives des communes sur le territoire desquelles seront installés les forages. Les bassins versants, les vents dominants et les nappes phréatiques ne sont pas limités par les pointillés communaux.

• Faire inscrire, dans le code minier [art. L156.6], que la réparation de tout dommage minier soit élargie à tous les préjudices directs ou indirects résultant de l’activité minière présente ou passée.

• Ajouter à l’article L.art115.2 une disposition stipulant que, dans le code minier, la politique des ressources inclut obligatoirement :

- les orientations présentes et futures de la loi sur la transition énergétique

- les engagements internationaux de lutte contre le dérèglement climatique en mettant fin à toute délivrance ou prolongation de permis d’hydrocarbures.

• Adopter une disposition prescriptive garantissant que la protection de l’état écologique, chimique ou quantitatif des eaux, de l’air et des sols, de la santé humaine, que le maintien de la biodiversité, (espèces et habitats) et les mesures prises pour lutter contre le dérèglement climatique soient opposables à la délivrance de tout titre et autorisation miniers.

Une carte pour votre député(e)

Vous les trouverez sur http://colfertois.canalblog.com/archives/2017/01/03/34760494.html

Interpellez vos député(e)s pour qu’ils amendent la proposition de loi qui sera examinée par la Commission du développement durable les 17 et 18 janvier 2017

Signez et faites signer les cartes-pétitions et envoyez-les à votre député(e) avant le 10 janvier

Diffusez-les autour de vous réseaux, ami(e)s, associations, médias de votre département

Pour une recherche de vos député(e) par département, consultez

http://www2.assemblee-nationale.fr/recherche-localisee/formulaire/

Des questions ?
Adressez-vous à Claude Taton
clata@orange.fr ou à Isabelle Levy isabelle.levy@orange.fr

Les Collectifs contre les huiles et gaz de schiste et de couche

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 14:30

Suite aux puissantes mobilisations citoyennes opposées à l'exploration des hydrocarbures de schiste en 2011, le gouvernement s'était engagé à vouloir réformer le code minier. Plusieurs projets de réforme avaient été annoncés puis repoussés. Devant les tergiversations gouvernementales, les parlementaires du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale ont finalement déposé une proposition de loi. Par Claude Talon et Isabelle Levy sur le Le blog de Claude Taton.

Lire aussi la campagne des Collectifs contre les huiles et gaz de schiste et de couche sur La sale mine du futur code minier.

Depuis quelques années, on assiste à une volonté de relancer en France l'activité extractive pour les substances minérales ou de la maintenir pour l'exploitation des hydrocarbures (1). Elle nous est présentée comme un des axes de la nouvelle politique industrielle voulue par le gouvernement. Les puissantes mobilisations citoyennes de 2011 opposées à l'extraction des hydrocarbures de schiste avaient mises en lumière l’obsolescence d'un code minier peu préoccupé par les enjeux environnementaux et les exigences démocratiques.

Face à ce mouvement de protestation, le gouvernement s'était engagé à vouloir réformer ce droit minier, pour encadrer davantage les activités minières afin de mieux prendre en compte leur impact écologique et accroître la transparence auprès des citoyens. Plusieurs projets de réforme avaient été annoncés puis repoussés, sans être suivis d'effet. Pendant ce temps-là, l’État continuait à accorder des permis d’exploration minière ou d'hydrocarbures ainsi que des autorisations de forages à des sociétés sans se soucier de l'avis des populations.

Devant les tergiversations gouvernementales, les parlementaires du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale ont finalement déposé, fin novembre, une proposition de loi (N° 4251) (2) visant à relancer cette réforme du code minier, en fin de mandature. Ils avaient déjà présenté, fin septembre, une première mouture (N°4043) qu'ils avaient retirés précipitamment en raison de son caractère très libéral dénoncé par les collectifs citoyens et la société civile (3) (4).

Cette deuxième version compte huit articles contre 32 pour sa version antérieure. Certaines dispositions immédiatement perceptibles comme inacceptables ont disparu. Toutefois, cette proposition de loi n'apporte pas les réponses aux demandes de la société civile.  A cet effet, des citoyens opposés aux gaz de couche et aux pétroles et gaz de schiste ont rédigé un document présentant une synthèse non exhaustive de leurs objections relatives à cette proposition de loi en y abordant également des points qui ne sont pas évoqués par celle-ci.

Les 17 et 18 janvier 2017, la Commission du développement durable de l'Assemblée Nationale examinera cette proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l'environnement. Ensuite, elle sera débattue, en séance publique ( en première lecture), à l'Assemblée Nationale pour y être soumise au vote des députés.

Consulter le document (pdf, 153.1 kB) !

(1) Rapport des Amis de la Terre - Décembre 2016  "Creuser et forer, pour quoi faire ? Réalités et fausses vérités du renouveau extractif en France" http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/rapport_extractivisme_web.pdf

(2) La proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l'environnement N° 4251 http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/propositions/pion4251.pdf

(3) « Un futur code minier qui fait mieux que TAFTA »https://blogs.mediapart.fr/claude-taton/blog/141116/un-futur-code-minier-qui-fait-mieux-que-tafta

(4) « Les lobbies miniers veulent un code juridique qui les arrange » https://reporterre.net/Les-lobbies-miniers-veulent-un-code-juridique-qui-les-arrange

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 09:28

Une étude dresse une carte mondiale identifiant les zones dont la biodiversité est menacée par la production de biens et de services d’exportation. Par Audrey Garric le 5 janvier 2017 pour Le Monde.

Au Brésil, une partie des menaces qui pèsent sur le singe-araignée (Ateles paniscus) sont directement attribuables à l’exploitation forestière et à la production agricole entraînées par la consommation de biens aux États-Unis. KITTY TERWOLBECK/FLICKR

Au Brésil, une partie des menaces qui pèsent sur le singe-araignée (Ateles paniscus) sont directement attribuables à l’exploitation forestière et à la production agricole entraînées par la consommation de biens aux États-Unis. KITTY TERWOLBECK/FLICKR

C’est un fait connu : la déforestation, la surpêche ou le braconnage entraînent une érosion spectaculaire de la biodiversité partout sur la planète. Et l’un des principaux moteurs de cette surexploitation des ressources naturelles réside dans la production de biens et de services destinés à l’exportation. Une étude publiée mercredi 4 janvier dans la revue Nature Ecology & Evolution, permet d’identifier précisément quels consommateurs, dans un pays, menacent quelles espèces dans un autre. Elle dresse un atlas mondial indiquant, par nuances de couleurs, les zones de biodiversité les plus affectées par le commerce international.

« Nous pouvons ainsi pointer les routes économiques internationales ayant le plus grand impact sur la faune sauvage, afin d’améliorer les politiques de conservation, expliquent les auteurs, Daniel Moran (université norvégienne de science et de technologie) et Keiichiro Kanemoto (université Shinshu, Japon). Notre objectif est que les entreprises et les consommateurs utilisent cette carte pour sauvegarder la biodiversité. » Car il y a urgence : selon le WWF, plus de la moitié des populations de vertébrés ont disparu dans le monde par rapport à 1970 et, à ce rythme, les deux tiers d’entre elles pourraient suivre d’ici à 2020.

Les deux scientifiques poursuivent un travail entrepris depuis plus de sept ans. En 2012, ils avaient déjà publié dans Nature, sous la direction de Manfred Lenzen, spécialiste de développement durable à l’université de Sydney, une cartographie des pressions exercées sur les écosystèmes par les chaînes d’approvisionnement en marchandises et en produits alimentaires. En excluant les espèces invasives, ils concluaient que 30 % des menaces qui pèsent sur les espèces dans le monde sont liées au commerce international – une proportion qui peut atteindre 60 % dans certains pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou le Sri Lanka.

Impact sur l’Asie du Sud-Est

La consommation – principalement par les pays développés – de café importé, de thé, de sucre, de textiles, de poisson et d’autres articles manufacturés affecte ainsi la biodiversité des pays producteurs – majoritairement en développement – à des milliers de kilomètres de là. En 2012, les scientifiques avaient par exemple calculé que les biens importés par l’Allemagne menaçaient 600 espèces différentes dans le monde, notamment en Russie, au Soudan et à Madagascar.

Les pressions exercées sur la biodiversité mondiale par l’UNION EUROPEENNE. Le violet foncé montre les espèces terrestres les plus affectées et le vert celles maritimes. KEIICHIRO KANEMOTO

Les pressions exercées sur la biodiversité mondiale par l’UNION EUROPEENNE. Le violet foncé montre les espèces terrestres les plus affectées et le vert celles maritimes. KEIICHIRO KANEMOTO

L’étude publiée mercredi va plus loin, en détaillant les menaces qui pèsent sur la biodiversité à la fois terrestre et côtière, et ce à une échelle régionale et non plus seulement nationale. Pour réaliser leur carte, les auteurs ont recensé les zones de répartition de 6 803 espèces animales vulnérables ou en danger, inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature. Les périls qui entraînent leur disparition – 166 au total, tels que l’exploitation forestière, l’agriculture ou les transports – ont été reliés à des secteurs de production économique. Puis les biens et services concernés, issus de 15 000 industries dans le monde, ont été associés aux consommateurs finaux dans 187 pays. En découle un pourcentage de risque pour une espèce dans un pays en raison de la consommation de biens dans un autre.

Au Brésil, par exemple, la survie du singe-araignée commun (Ateles paniscus) est compromise par l’exploitation forestière et la production agricole entraînées par la consommation de biens aux États-Unis. La demande croissante, par les Américains, d’huile d’olive en provenance d’Espagne pourrait bien faire disparaître le lynx ibérique, dont l’habitat est directement affecté par la construction d’un barrage hydroélectrique nécessaire à l’irrigation des cultures. Le bois de Malaisie, largement commercialisé en Europe et en Chine, a lui un peu plus privé d’habitat l’éléphant, l’aigle criard et l’ours malais.

Les pressions exercées sur la biodiversité mondiale par les ÉTATS-UNIS. Le violet foncé montre les espèces terrestres les plus affectées et le vert celles maritimes. Keiichiro Kanemoto.

Les pressions exercées sur la biodiversité mondiale par les ÉTATS-UNIS. Le violet foncé montre les espèces terrestres les plus affectées et le vert celles maritimes. Keiichiro Kanemoto.

Globalement, l’Asie du Sud-Est est la région la plus affectée en ce qui concerne la biodiversité marine. Les consommateurs américains et européens y sont responsables de nombreux fléaux pour la faune – en premier lieu la pêche, l’aquaculture et la pollution. L’Europe exerce également de fortes pressions dans l’océan Indien, sur les îles de La Réunion, de Maurice et des Seychelles. Sur les terres émergées, les États-Unis affectent la biodiversité de l’Europe du Sud, des côtes du Mexique, du sud du Canada, du Brésil (Amazonie et plateau brésilien), de l’Espagne ou du Portugal, tandis que les Vingt-Huit menacent celle du Maroc, de l’Éthiopie, de Madagascar ou de la Turquie, essentiellement pour des produits agricoles.

Étiquetage des produits

« Notre carte peut aider les entreprises à faire un choix judicieux de leurs intrants et à atténuer leurs impacts sur la biodiversité. Nous espérons que les entreprises compareront nos cartes et leurs lieux d’achat et reconsidéreront leurs chaînes d’approvisionnement », explique Keiichiro Kanemoto. Les auteurs appellent à un étiquetage des produits en fonction des risques qu’ils entraînent pour la biodiversité. « Les consommateurs pourraient ainsi choisir des produits respectueux de la biodiversité dans leur vie quotidienne », poursuit le scientifique nippon.

D’autant que, selon l’étude, les zones à protéger sont moins vastes qu’attendu : 5 % des aires marines les plus affectées par la consommation américaine concentrent par exemple 60 % des habitats des espèces menacées. L’étude peut ainsi permettre de « cibler les zones prioritaires ». Aujourd’hui, 90 % des 6 milliards de dollars (5,7 milliards d’euros) mobilisés annuellement pour protéger les espèces en danger sont dépensés dans les pays riches. Or « ce sont rarement dans ces pays que se trouvent les points chauds », relève M. Kanemoto.

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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 12:18

La « pause » observée entre 1998 et 2012 était liée à l’introduction d’une nouvelle technique de mesure. N’en déplaise aux climatosceptiques. Par Stéphane Foucart le 6 janvier 2016 pour Le Monde.

Un iceberg dans la péninsule Antarctique. EITAN ABRAMOVICH / AFP

Un iceberg dans la péninsule Antarctique. EITAN ABRAMOVICH / AFP

Sans l’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison blanche et l’installation d’une administration américaine dominée par les climatosceptiques, l’information n’aurait pas sans doute pas été autant commentée. Dans l’édition du mercredi 4 janvier de la revue Science Advances, des chercheurs américains conduits par Zeke Hausfather (université de Californie, à Berkeley) montrent, réanalyse de l’ensemble des données à l’appui, que le réchauffement ne s’est nullement arrêté en 1998 – contrairement à une légende entretenue par les réseaux climatosceptiques.

Le fait n’est pas nouveau : en juin 2015, dans la revue Science, des chercheurs de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) avaient déjà montré que cette fameuse « pause du réchauffement », entre 1998 et 2012, était surtout le fait d’un biais de mesure, plutôt que d’un ralentissement substantiel de la cadence du changement climatique en cours. Mais remettre en cause l’argument de la « pause » systématiquement mis en avant par les dénégateurs du réchauffement anthropique n’a pas été du goût de tous. De fait, certains parlementaires républicains accusent, depuis, les chercheurs de la NOAA de fraude scientifique et de manipulation de données.

C’est ce qui fait tout le sel des résultats publiés par M. Hausfather et ses coauteurs : ils montrent que non seulement le réchauffement n’a pas cessé en 1998, mais aussi que les chercheurs de la NOAA n’ont commis aucune distorsion des données scientifiques. Ils ont simplement corrigé un biais instrumental – une opération de routine qui a pris, du fait de la polarisation idéologique et politique autour du climat, une ampleur médiatique démesurée.

Les données des bouées Argo

Pour comprendre, il faut savoir que la température moyenne de la Terre est calculée à partir de millions de points de mesure sur les terres émergées, mais aussi des températures des eaux de surface des océans. Celles-ci étaient principalement relevées par des bateaux, après simple prélèvement d’eau de mer. Mais, au tournant du siècle, sous l’impulsion de l’Unesco et de l’Organisation météorologique mondiale, une flottille de bouées dérivantes – dites « Argo » – a commencé à être déployée pour mesurer directement et en temps réel la température de l’Océan. Des milliers de telles bouées quadrillent aujourd’hui les mers du globe et fournissent la grande majorité des données utilisées par les chercheurs.

L’introduction d’une nouvelle technique de mesure a donc créé un biais instrumental systématique. En effet, puiser l’eau avant d’en prendre la température « réchauffait » très légèrement les mesures. La montée en puissance des bouées Argo a donc artificiellement « refroidi » la température moyenne terrestre… Les chercheurs de la NOAA ont identifié ce biais et corrigé leurs données. Légèrement, mais suffisamment pour que le « hiatus », la fameuse « pause du réchauffement » soit beaucoup moins évidente.

Zeke Hausfather et ses collègues ont entrepris de réévaluer la température des océans en se fondant uniquement sur les données des engins flottants ou dérivants, et en comparant le résultat avec des données obtenues par satellite. Dans tous les cas, les courbes de réchauffement qu’ils obtiennent sont presque parfaitement concordantes avec celles publiées en juin 2015 par les chercheurs de la NOAA. « Nos résultats signifient essentiellement qu’ils ont raison, qu’ils n’ont pas truqué les comptes », a déclaré M. Hausfather.

« Soutien à la politique extrême » d’Obama

La précision est utile. Car, dès juillet 2015, le député républicain du Texas, Lamar Smith, par ailleurs président de la Commission de la Chambre des représentants sur la science, l’espace et la technologie, demandait l’accès aux correspondances des climatologues de la NOAA, ainsi que toutes les données fondant leur publication. « La NOAA doit dire clairement pourquoi elle a altéré les données afin d’obtenir les résultats dont elle avait besoin, pour soutenir la politique extrême de l’administration [Obama] sur le changement climatique », avait déclaré M. Smith, en octobre 2015, à la revue Nature. La NOAA a fourni l’ensemble des données mais a refusé l’exigence du parlementaire de livrer les correspondances internes de ses scientifiques. M. Smith n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde.

La communauté américaine des sciences climatiques redoute que de telles situations deviennent fréquentes sous l’administration Trump. Le ministère de l’énergie, tutelle de plusieurs laboratoires de recherche sur le climat, devrait par exemple échoir à Rex Tillerson, le patron du pétrolier ExxonMobil – qui fut longtemps le principal bailleur de fonds du mouvement climatosceptique. L’Environmental Protection Agency – équivalent du ministère de l’environnement – devrait pour sa part revenir à Scott Pruitt, également climatosceptique.

En sciences du climat, cependant, rien n’est simple. Aussi certains climatologues patentés estiment que les corrections apportées par la NOAA, bien que confirmées par M. Hausfather et ses coauteurs, ne permettent pas d’expliquer la totalité du ralentissement du réchauffement observé entre 1998 et 2012. Ils invoquent des facteurs de variabilité interne de la machine climatique, en particulier l’entrée dans un cycle froid du Pacifique…

2016, année record de chaleur

D’autres chercheurs estiment de leur côté que l’affaire est, en réalité, une tempête dans un verre d’eau. « Un ajustement de moins de 0,1°C n’a, quoi qu’il en soit, pas d’implications majeures et cela n’a certainement rien à voir avec un supposé hiatus, commente le climatologue Stefan Rahmstorf (Potsdam Institute for Climate Impact Research). Il n’y a jamais eu de hiatus statistiquement significatif, comme plusieurs études l’ont clairement montré, et ce quelle que soit la version des données que l’on utilise. » Correction des données ou non, le ralentissement observé aurait de toute façon duré trop peu de temps pour remettre en cause la tendance globale à la hausse…

Surtout, quels que soient les ajustements apportés aux données de températures relevées à la surface terrestre entre 1998 et 2012, la réalité a, depuis, rattrapé les climatosceptiques. « Le ralentissement du réchauffement était temporaire, comme nous le pensions, et il est clairement fini, dit de son côté Michael Mann, directeur du Earth System Science Center de l’université de Pennsylvanie. L’année 2016 sera le troisième record de chaleur consécutif et nous n’avons jamais vu trois records être consécutivement battus. »

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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 09:41

Pour sortir de la crise sociale, redistribuons les gains de productivité issus de l’automatisation en rémunérant le travail hors emploi. Tribune de Bernard Stiegler, philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation, auteur de La Société automatique  (tome 1 : «  L’avenir du travail  », Fayard, 2015), tribune publiée par Le Monde le 4 janvier 2017.

LUCKEY_SUN/FLICKR/CC BY 2.0

LUCKEY_SUN/FLICKR/CC BY 2.0

L’avènement du Web en 1993 aura eu la même portée économique et politique que l’avènement de la chaîne de montage de la Ford T en 1913. L’une comme l’autre auront bouleversé les économies industrielles. Mais à la différence du taylorisme, qui fut la condition de l’avènement de l’« American Way of Life », l’automation fondée sur les algorithmes, la « data economy », les objets autonomes et la révolution robotique crée très peu d’emplois.

L’horizon économique et politique que verrouillent les entreprises de prédation, dont Uber est devenu le symbole, apparaît ainsi hermétiquement bouché, et c’est d’autant plus vrai que cette économie, qui est fondée sur le calcul automatisé, tend à former avec le capitalisme des plates-formes des systèmes clos sur eux-mêmes, éliminant la diversité qui seule pourrait nourrir des systèmes ouverts.

Ce que la juriste Antoinette Rouvroy (université de Namur, Belgique) a décrit comme une « gouvernementalité algorithmique » accroît ainsi les tendances au désordre entropique dont le mathématicien américain Norbert Wiener (1894-1964) analysait les dangers dès 1950 dans Cybernétique et société (1952, rééd. 2014, Seuil, « Points »). Ces tendances entropiques et court-termistes sont en outre aggravées par le fait qu’elles se combinent avec ce que les chercheurs en gestion Mats Alvesson (université de Lund, Suède) et André Spicer (Cass Business School, City University of London) ont décrit comme une « functional stupidity » managériale (la gestion par l’absurde dans les entreprises).

Ces caractères autodestructeurs – dont procédait aussi l’immense krach de 2008, dont aucune leçon n’aura pourtant été tirée – sont au sens propre précipités par la disruption qui semble de plus en plus inéluctablement conduire à la ruine des structures sociales. Dans un tel contexte, il est impossible que les populations qui subissent les conséquences de l’impuissance publique face à cette dynamique sans pilotes – mais non sans bénéficiaires – ne deviennent pas de plus en plus hostiles à ce qui est pourtant une évolution historique irréversible, en attendant de devenir proprement « furieuses ».

Processus de prolétarisation

Que faire ? Comme à l’époque du « New Deal » du président Roosevelt (1934), le monde entier – et pas seulement l’Amérique du Nord – est confronté à une mutation technologique et industrielle destructive qui requiert une transformation macro-économique de très grande ampleur. En sortir suppose une « nouvelle donne » capable de rendre durable un système industriel devenu planétaire à travers des réseaux numériques qui, faute d’une bifurcation majeure, accroîtra irréversiblement et fatalement son caractère autodestructeur.

Le développement industriel a conduit à une dégradation massive de la qualité de la vie en général et de l’espérance de la survie de l’espèce humaine, en particulier parce que depuis la fin du XVIIIe siècle, la division industrielle du travail a conduit à un immense processus de prolétarisation qui affecte désormais tous les types d’emplois, à tel point que le travail a été progressivement éliminé par l’emploi salarié. Si tant d’emplois sont susceptibles d’être remplacés par des automates logiques ou physiques, c’est parce qu’ils ne requièrent plus aucun savoir, c’est-à-dire plus aucune capacité de désautomatisation.

Au contraire de l’emploi ainsi prolétarisé, le travail est en effet ce qui produit du savoir – sous toutes ses formes : savoir vivre, savoir faire, conceptualiser… Autrement dit, le savoir est ce qui est capable de produire des bifurcations limitant l’entropie destructrice. Dès lors, il faut revaloriser le travail dans un contexte de dépérissement de l’emploi, ce qui signifie aussi qu’il faut redistribuer une part significative des gains de productivité issus de l’automatisation en rémunérant le travail hors emploi. C’est d’autant plus indispensable que faute de redistribution, le système engendrera une immense surproduction.

Revenu contributif conditionnel

Tels sont les constats et les concepts fondamentaux de « l’économie contributive », qui distingue fondamentalement travail et emploi, mais sans les opposer : il y a évidemment encore des emplois qui rémunèrent du travail – à peu près 50 % des emplois actuels si l’on en croit Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, à Oxford (The Future of Employment : how susceptible are jobs to computerisation ?, 2013) et Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson, au MIT (Le Deuxième Age de la machine, éd. Odile Jacob, 2015).

Cette économie repose sur un revenu contributif conditionnel, inspiré à la fois par un régime d’allocation de ressources hors emploi, comme le régime des intermittents du spectacle, par l’organisation coopérative du travail qui s’est déployée depuis plus de trente ans autour du logiciel libre, et par l’organisation des « communs » définis par l’économiste américaine Elinor Ostrom, en tant que communautés de savoirs. Un modèle de revenu, de travail et d’emploi que la communauté d’agglomérations Plaine Commune entend expérimenter en Seine-Saint-Denis au cours des dix prochaines années.

Conditionnel comme l’est le régime des intermittents, le revenu contributif est complémentaire du revenu minimum d’existence, qui lui est en revanche inconditionnel. La combinaison de ces deux nouvelles formes de redistribution, conçues comme deux aspects d’une nouvelle réalité macro-économique et d’une nouvelle dynamique industrielle, rendra les économies contemporaines durables, désirables et capables de retrouver la rationalité qui leur fait désormais tellement défaut. Ce faisant, elles regagneront leur crédibilité auprès de populations profondément et dangereusement désemparées.

En complément : « Le capitalisme a réduit notre champ de vision sur le travail » , « Ce n’est pourtant pas le travail qui manque ! » , et Et si on remplaçait l’emploi par le travail ?

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 14:21

L’Agence française pour la biodiversité entre en fonction mais souffre d’un budget limité, en décalage avec ses missions : inventaire et police de l’environnement, appui aux politiques environnementales, gestion des parcs. Par Audrey Garric et Pierre Le Hir pour Le Monde le 4 janvier 2017.                                      Cf. Loi sur la biodiversité : la France bannit les pesticides tueurs d’abeilles sur ce blog.

La faune et la flore ont une nouvelle alliée. Depuis le 1er janvier, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) est entrée en fonctionnement et devait faire l’objet d’une communication en conseil des ministres, mercredi 4 janvier, par la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, et la secrétaire d’Etat à la biodiversité, Barbara Pompili.
 

Ségolène Royal présentant le projet de loi biodiversité, aux côtés d’Hubert Reeves, président de l’ONG Humanité & Biodiversité et de Gilles Bœuf, président du Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris le 12 mars 2015. JACQUES DEMARTHON / AFP

Ségolène Royal présentant le projet de loi biodiversité, aux côtés d’Hubert Reeves, président de l’ONG Humanité & Biodiversité et de Gilles Bœuf, président du Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris le 12 mars 2015. JACQUES DEMARTHON / AFP

Mesure phare de la loi pour la reconquête de la biodiversité adoptée en août 2016, cet établissement public, dont l’astrophysicien Hubert Reeves est le président d’honneur et qui est placé sous la tutelle du ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, devient son « bras armé pour renforcer les politiques publiques et mobiliser la société civile dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité », explique Christophe Aubel, son directeur.

« L’AFB centralise et gère les problématiques liées aux milieux terrestre, aquatique et marin », poursuit-il. Elle devient ainsi le deuxième grand opérateur de l’Etat en matière d’environnement, avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Pour Ségolène Royal, la création de l’AFB, promise depuis 2012 par le président François Hollande, était « indispensable », car il y a « urgence à agir ». En France métropolitaine, 9 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens, 22 % des poissons d’eau douce et 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition, selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. La situation n’est guère plus favorable dans les départements et territoires d’outre-mer, qui abritent une faune et une flore aussi rares que diversifiées.

Fusion de quatre organismes

Dans un souci de simplification administrative, l’AFB, qui compte 1 220 agents, est issue de la fusion de quatre organismes existants – l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France – ainsi que des employés du service du patrimoine naturel (qui dépend du Muséum) et de la Fédération des conservatoires botaniques nationaux. Cet effectif inclut cinquante nouveaux emplois promis par François Hollande.

« L’AFB poursuivra les missions des quatre structures et en mènera de nouvelles », précise Christophe Aubel : gestion des parcs marins, police de l’environnement, appui technique aux politiques publiques, formation des personnels des collectivités ou des acteurs économiques, inventaire de la biodiversité ou encore lutte contre les espèces envahissantes. Au titre de ses nouveaux rôles, l’agence financera des atlas de la biodiversité communale et des campagnes de recension des espèces ultramarines. Elle s’organisera autour de trois pôles nationaux à Brest, à Montpellier, et à Vincennes, où devrait être abrité le siège administratif. Des agences régionales seront également créées au cours de l’année.

En revanche, le puissant Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) n’est pas inclus dans l’agence, résultat du lobbying actif des chasseurs, qui ont tenu à garder leur indépendance. « Un certain nombre de milieux terrestres sont laissés en dehors de son champ de compétence », déplore l’ONG Humanité & Biodiversité. Des unités communes AFB-ONCFS doivent être expérimentées, mais seulement dans quelques départements et pour un an. Loin, donc, du partenariat global qui devait être signé entre les deux organismes.

Budget étriqué

L’agence pour la biodiversité pourra-t-elle mener à bien ses différentes missions ? Les ONG s’interrogent, tant son budget leur paraît étriqué. L’AFB est dotée d’une enveloppe de 225 millions d’euros, soit la simple addition des crédits des organismes fusionnés. « On a le budget pour démarrer dans de bonnes conditions, même s’il faudra à moyen terme monter en puissance », assure Christophe Aubel.

« La création de l’AFB est une avancée, mais elle reste précaire, pense au contraire Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement. L’agence débute avec des moyens insuffisants, alors qu’elle doit faire rapidement la preuve de son utilité sur le terrain. » « Les fonds ne suivent pas, estime, lui aussi, Patrick Saint-Léger, secrétaire général adjoint du Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU). Le budget est identique à celui des quatre anciens organismes alors que les missions et les compétences sont plus nombreuses. »

La pilule est d’autant plus amère que le gouvernement a ponctionné, par l’intermédiaire du projet de loi de finances rectificative, 70 des 160 millions d’euros du fonds de roulement de l’Onema. « Cette somme aurait dû servir soit à financer de nouveaux projets, soit à honorer des subventions déjà engagées et pas encore versées, pour des travaux à venir. Dans ce cas, c’est le budget de l’AFB qui sera affecté », regrette Patrick Saint-Léger.

Reste la promesse de 60 millions d’euros tirés des investissements d’avenir, que Ségolène Royal avait présentés comme une addition au budget de l’AFB. « Rien ne garantit qu’ils seront bien affectés à des projets liés à l’eau et à la biodiversité », prévient le syndicaliste.

C’est sur ce fond d’incertitudes que le conseil d’administration de l’AFB, composé de quarante-trois membres, tiendra sa première réunion le 19 janvier, afin d’élire son président, de définir sa feuille de route et de décider de premières mesures concrètes en faveur de la nature.

Sur ce sujet, lire aussi : La France installe une immense aire de protection autour de ses Terres australes

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 10:46

La Société générale renonce à financer le projet de mégacentrale à charbon indonésienne Tanjung Jati B 2. Le Crédit agricole s'y accroche. Par Marie-Noëlle Bertrand pour l’Humanité le 5 janvier 2016 - une bonne nouvelle pour commencer l'année, que nous vous souhaitons plus écolo que 2016 !

CIREBON 2, SUR L'ÎLE DE JAVA, COMPTE AU NOMBRE DES CENTRALES À CHARBON DANS LESQUELLES LE CRÉDIT AGRICOLE ENTEND TOUJOURS INVESTIR. PHOTO ACHMAD IBRAHIM/AP

CIREBON 2, SUR L'ÎLE DE JAVA, COMPTE AU NOMBRE DES CENTRALES À CHARBON DANS LESQUELLES LE CRÉDIT AGRICOLE ENTEND TOUJOURS INVESTIR. PHOTO ACHMAD IBRAHIM/AP

On aurait pu faire démarrer l'histoire en 2014, avec la bataille remportée contre le projet Alpha Coal, gigantesque complexe charbonnier envisagé en Australie. Mais ce serait nous faire voyager trop loin dans le temps et à travers les mers. La nouvelle dont il est question présentement a été validée ce 1er janvier. Et si, comme l'autre, elle s'est gagnée en France et aura un impact mondial, elle touche cette fois l'Indonésie. Après plusieurs mois de flottement, la Société générale, un pilier de l'investissement bancaire français, a officiellement confirmé son retrait du projet Tanjung Jati B 2, mégacentrale à charbon installée sur l'île de Java dont on vise le doublement de la capacité de production. Impliquant une hausse des émissions de CO2 de l'usine, l'ambition est dénoncée par les défenseurs du climat. La Société générale aura mis le temps avant de renoncer à y placer ses billes. Pour tout dire, la pression militante qui aura consisté à lui rappeler les engagements qu'elle avait pris du temps où les projecteurs de la COP21 nimbaient de vert son enseigne rouge et noire ne semble pas étrangère à sa décision.

« Répondre à l'intérêt général et non à une opportunité médiatique »

Tout commence, en fait, en mai 2015, rappelle Lucie Pinson, chargée de campagne sur les finances privées aux Amis de la Terre. « En amont de la conférence sur le climat, nous avions lancé un appel aux banques françaises, pour qu'elles s'engagent à ne plus financer le charbon », énergie entre toutes la plus émettrice de gaz à effet de serre. Aucune ne le signera. Mais à la veille du rendez-vous international, elles concéderont un geste. « La Société générale et le Crédit agricole, notamment, s'engageront à ne plus financer de nouveaux projets de centrales dans les pays riches », reprend Lucie Pinson. Un petit pas ­ il couvre au mieux 6,5 % du marché mondial du charbon au regard des projets annoncés depuis 2010. « Mais il nous offrait un argument de masse », poursuit la chargée de campagne de l'ONG. Si les banques françaises cherchaient sincèrement à répondre à l'intérêt général et non à une opportunité médiatique, où était la cohérence à ne se retirer des projets de centrales que dans les pays du Nord ? Ceux du Sud affectent tout autant le climat... » Mieux encore : dans le feu de la COP21, les banques françaises s'engagent, face aux États, à mener des politiques compatibles avec l'engagement de limiter le réchauffement « bien en deçà de 2 °C ». Or, le développement de nouvelles infrastructures charbonnières ne l'est pas. Le parc des centrales déjà en activité excéderait, à lui seul, de 150 % le quota d'émissions admises pour respecter cet objectif.

Mais, en janvier 2016, patatras ! Les ONG découvrent que deux établissements sont prêts à investir dans le projet Tanjung Jati B 2. Profitant d'un désistement de BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole ont rejoint le groupe de ses financeurs. Pour défendre leur démarche, elles font valoir la haute technologie dont bénéficie la centrale, déclarée « propre », et les besoins énergétiques de l'Indonésie.

Java, pourtant, est déjà électrifiée à 80 %, rétorquent les ONG franco-indonésiennes, et si les besoins énergétiques y demeurent réels, les énergies renouvelables semblent à même d'y répondre. Mais la Chine a réduit sa consommation de charbon, et avec elle ses importations : l'Indonésie, premier exportateur mondial du minerai, a besoin de lui trouver un débouché. Une perspective économique qui ne passe pas inaperçue. En janvier 2016, toujours, le Crédit agricole engage, en sus, des études de financement pour une autre centrale javanaise, Cirebon 2, supportée par une entreprise japonaise, comptant elle-même au nombre de ses clients.

Les Amis de la Terre, épaulés de Greenpeace Indonésie et d'Oxfam, rencontreront les deux banques, squatteront leurs assemblées générales, publieront des rapports. Elles déploieront même une banderole de 20 mètres depuis le premier étage de la tour Eiffel. C'est à l'approche de la COP22, en décembre, qu'elles marqueront leur plus gros point. Elles ont, dans leurs tiroirs, une ultime expertise portant sur le respect des engagements pris un an plus tôt par les banques françaises. « Natexis s'était déjà officiellement dégagée de tout nouveau projet, BNP Paribas n'en soutenait pas... Société générale et Crédit agricole apparaissaient comme les mauvaises élèves. » Avant de dégainer l'étude, elles préviennent les deux banques. À la veille de sa publication, chacune sort un communiqué : elles s'engagent à ne plus financer aucun nouveau projet dont les contrats n'auront pas été finalisés au 1er janvier 2017. Or ceux de Tanjung Jati B 2 sont encore à l'étude.

La pression militante n'est pas étrangère à la décision finale de la Société générale.

À la date indiquée, la Société générale y a donc définitivement renoncé, comme elle avait renoncé, deux ans plus tôt, à être la banque-conseil du projet Alpha Coal, objet d'une forte opposition de la société civile. Le Crédit agricole n'a pas eu la même lecture. Prenant pour engagement non résiliable les études de financement préalables, la banque maintient, pour l'heure, ses engagements dans Tanjung Jati B 2 autant que dans Cirebon 2. La bataille des ONG n'est donc pas close, ni en France, ni en Indonésie. Ni ailleurs : 1 400 nouvelles centrales sont en projet de par le monde. Leur finalisation induirait un dépassement de 400 % du budget carbone toléré par l'objectif des 2 °C.

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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 13:48

Préserver l’intérêt général contre les entreprises… et contre l’État

Revivifiée dès les années 1980, la notion de « communs » ou de « biens communs » connaît une popularité croissante chez les militants de gauche. Qu’il s’agisse de la fourniture d’eau potable ou des logiciels libres, la gestion collective fait un sort au mythe selon lequel la privatisation serait garante d’efficacité. Mais ses partisans se défient aussi de l’État, auquel ils n’attribuent qu’un rôle circonscrit. Par Sébastien Broca pour Le Monde Diplomatique de décembre 2016.

Jean Dubuffet. – « Empressement », 1980 © ADAGP, Paris, 2016 / Photo : Christie’s / Bridgeman Images

Jean Dubuffet. – « Empressement », 1980 © ADAGP, Paris, 2016 / Photo : Christie’s / Bridgeman Images

Le 11 janvier 2016, le secrétaire national du Parti communiste français Pierre Laurent présentait ses vœux pour l’année qui commençait et décrivait « la société que nous voulons » : « Un nouveau mode de développement où social et écologie se conjuguent pour l’humain et la planète, pour une société du bien-vivre et du bien commun. » « Bien commun » ? De l’autre côté de l’échiquier politique, le dirigeant du Mouvement pour la France, M. Philippe de Villiers, se réfère au même concept, mais pour justifier le recul de l’État auquel il souhaite œuvrer : « L’État n’existe plus comme fournisseur du bien commun. Il n’a aucun droit sur nous (1).  »

En mai 2016, quelques mois après l’annonce du Retour des communs par l’« économiste atterré » Benjamin Coriat (2), le libéral Jean Tirole publiait Économie du bien commun (3). À la rubrique « Nos idées » de son site, l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac) dit vouloir « promouvoir les alternatives et récupérer les biens communs ». Quant à l’Institut de l’entreprise, il affirme, sous la plume de son délégué général, que « les initiatives privées se préoccupent du bien commun (4)  ».

Rarement concept se sera montré aussi malléable. Ses déclinaisons dans les champs politique et universitaire sont multiples : « bien commun », « biens communs », « commun », « communs »… D’un côté, l’expression « bien commun » — plus ou moins synonyme d’« intérêt général » — s’est érigée en élément de langage pour les dirigeants de tous bords. De l’autre, la notion de (biens) communs apporte un renouveau intellectuel et militant à un mouvement social parfois caractérisé par son ronronnement conceptuel. Difficile de s’y retrouver… Mais pas impossible.

Avril 1985, Annapolis (États-Unis). Lors d’une conférence financée par la National Research Foundation, des universitaires du monde entier présentent leurs recherches sur les « communs ». Le terme n’évoque en général qu’une histoire ancienne : celle de la transformation, à l’aube de l’ère industrielle, des terres dévolues au pâturage et gérées de façon collective en propriétés privées délimitées par des clôtures. Ce mouvement des enclosures est considéré comme un moment fondateur pour le développement du capitalisme. Il symbolise l’émergence de la propriété comme droit individuel : une « révolution des riches contre les pauvres », écrit Karl Polanyi (5). Les chercheurs réunis à Annapolis reprennent le fil de cette histoire et montrent qu’il existe encore de nombreux endroits dans le monde où des terres, des pêcheries ou des forêts sont gérées comme des communs : des ressources partagées au sein de communautés qui organisent collectivement leur exploitation.

Les chercheurs soutiennent que ces systèmes de communs sont souvent efficaces et qu’ils évitent la surexploitation des ressources (6). Il y a là un renversement total des thèses développées par Garrett Hardin dans son célèbre article sur la « tragédie des communs (7)  ». Au-delà, c’est toute l’orthodoxie économique libérale qui est attaquée, puisque pour elle la propriété privée exclusive est toujours le meilleur système d’allocation des ressources rares.

L’Italie en pointe

En 1990, l’économiste Elinor Ostrom synthétise les principaux acquis des recherches exposées à Annapolis. Elle insiste notamment sur les conditions institutionnelles qui permettent de pérenniser les systèmes de communs. Elle montre qu’un commun ne peut exister durablement sans règles pour encadrer son exploitation. Elle souligne aussi que ces règles peuvent être produites et appliquées par les communautés concernées, sans faire appel à la puissance surplombante de l’État. Parmi de nombreux exemples, elle cite le cas d’une pêcherie en Turquie, où « le processus de surveillance et d’exécution des règles (…) est pris en charge par les pêcheurs eux-mêmes (8)  ». Ces travaux lui valent en 2009 le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel — souvent considéré comme le « prix Nobel d’économie ».

En Italie, le renouveau de l’intérêt pour les biens communs s’étend au champ politique lorsqu’une commission créée par le gouvernement de M. Romano Prodi dévoile ses conclusions en 2008. Présidée par le juriste Stefano Rodotà, elle propose de les définir comme des « choses dont dépendent l’exercice des droits fondamentaux et le libre développement de la personne ». « Personnes juridiques publiques ou privées », le statut des titulaires de ces biens — leurs « propriétaires » — importe peu (9). La commission insiste en revanche sur le fait que les ressources doivent être gérées conformément à leur fonction, pour permettre l’exercice d’un droit. Qualifier l’eau de « bien commun » signifie ainsi que sa distribution, quel que soit l’acteur qui l’organise, doit garantir l’accès de tous à une eau saine et en quantité suffisante.

Sur la base des travaux de la commission Rodotà, de nombreux mouvements sociaux et politiques transalpins s’emparent de la notion de bien commun pour dénoncer le secteur privé et l’État néolibéral, également incapables de satisfaire les besoins collectifs fondamentaux (10). Forts de ce principe, 25 millions d’Italiens (sur 27 millions de votants) se prononcent en juin 2011 par référendum contre la privatisation des services publics locaux de fourniture d’eau potable.

Mais la redécouverte des communs ne se limite pas aux ressources naturelles. En 1983, Richard Stallman, jeune informaticien du Massachusetts Institute of Technology (MIT), poste un appel à contributions sur un groupe de discussion Usenet : il propose de développer un système d’exploitation distribué librement. Ainsi apparaît le mouvement du logiciel libre, en réaction à l’émergence d’une florissante industrie du logiciel qui transforme les programmes informatiques en biens marchands soumis au droit d’auteur (copyright) et protégés par des conditions d’utilisation restrictives (11). Ici, le code informatique n’est plus considéré comme la propriété exclusive d’un acteur privé ; il constitue une ressource librement accessible que chacun peut contribuer à améliorer. De nombreux communs numériques ont repris ces principes d’ouverture et de partage pour les appliquer à la production d’encyclopédies (Wikipédia), de bases de données (Open Food Facts) ou à des créations artistiques collectives placées sous des licences Art Libre ou Creative Commons.

En dépit de leurs différences, les diverses composantes du mouvement des communs opèrent une même remise en question de la propriété privée exclusive. Le mouvement italien des beni comuni réagit à la privatisation des services publics ; l’intérêt pour les communs dits « physiques » répond à l’accaparement massif des terres. Quant au développement des communs numériques, il s’oppose à la privatisation de l’information et de la connaissance : celle-ci a pris une telle ampleur que certains juristes ont pu évoquer un « deuxième mouvement des enclosures (12)  ».

Les communs portent ainsi le fer au cœur d’une des institutions centrales du néolibéralisme, en s’attaquant à la croyance selon laquelle davantage de propriété privée garantirait un surcroît d’efficacité économique. Les travaux d’Ostrom invalident ce postulat, et l’essor de nombreuses ressources partagées le contredit en pratique. S’agissant des ressources physiques, les communs reposent souvent sur des formes de propriété collective et s’appuient par exemple, en France, sur des structures coopératives ou des groupements fonciers agricoles (GFA). Les communs numériques sont quant à eux protégés par des licences spécifiques, qui subvertissent les formes classiques de propriété intellectuelle afin de permettre la circulation et l’enrichissement des créations collectives : General Public License (GPL), Open Database License (ODbL)…

Si les militants des communs remettent en question la propriété privée, ils critiquent également le dévoiement de la propriété publique dans un contexte de libéralisation massive. Lorsque l’État a toute latitude de brader les ressources dont il dispose pour équilibrer ses finances, la propriété publique offre-t-elle vraiment davantage de garanties que la propriété privée ? Ne se réduit-elle pas à un simple déplacement de la propriété privée entre les mains d’un acteur qui n’agit pas nécessairement dans l’intérêt de tous (13) ?

On comprend mieux, dès lors, la définition proposée par la commission Rodotà. En insistant sur la fonction sociale des biens communs, les juristes italiens ont voulu substituer à la logique classique de l’État-providence — la propriété publique comme gardienne de l’intérêt général — la garantie inconditionnelle de certains droits. Ce changement de perspective va de pair avec une lutte contre la bureaucratisation des services publics, vue comme la principale cause de leur incapacité à défendre l’intérêt de tous. La critique des faiblesses de la propriété publique se double ainsi d’une exigence de participation citoyenne, dont l’expérience d’Acqua Bene Comune (ABC) à Naples offre un exemple intéressant. Dans la foulée du référendum de 2011, la gestion de l’eau de cette ville a en effet été remunicipalisée et confiée à un « établissement spécial » de droit public nommé ABC. Ses statuts ont été pensés pour permettre une gestion démocratique et participative, grâce à la présence de deux citoyens au conseil d’administration et à la création d’un comité de surveillance où siègent des représentants des usagers et des associations.

Le retentissement politique de la notion de beni comuni en Italie signale le rapport ambigu des défenseurs des communs avec l’État. Né d’une critique percutante de la propriété privée et des renoncements de l’État néolibéral, le mouvement des communs aboutit parfois à un éloge sans nuance des capacités d’auto-organisation de la « société civile ». Avec un risque : celui de devenir les « idiots utiles » du néolibéralisme, en ne critiquant la sacralisation de la propriété privée que pour favoriser de nouveaux reculs de l’État social. Nombre de chercheurs et de militants sont toutefois conscients de ce danger. Comme le rappelle Benjamin Coriat, « les communs ont besoin de l’État pour se développer, car il doit créer les ressources (à commencer par les ressources juridiques) dont les commoners [les producteurs des biens communs] ont besoin pour exister (14)  ». Interdire la vente forcée d’ordinateurs avec certains logiciels — l’achat d’un PC correspondant en pratique à l’achat d’un ordinateur et de Windows — favoriserait par exemple le développement des logiciels libres.

Il s’agit donc de réaffirmer le rôle de l’État tout en réfléchissant à l’évolution de ses interventions. Cela implique de concevoir un cadre juridique propre à favoriser les communs et les structures — coopératives, par exemple — les mieux à même de les porter, y compris dans un cadre marchand. Cela suppose aussi de considérer que la propriété publique ne se résume pas à un patrimoine dont l’État peut faire un usage discrétionnaire, mais comprend l’ensemble des biens et des services destinés à l’usage public, qui doivent par conséquent être gérés dans l’intérêt de tous. Cela nécessite enfin de rappeler que l’État social a vocation à fournir aux individus les moyens temporels et financiers de développer des activités hors du seul champ de la propriété privée et de la recherche du profit.

Les communs invitent donc à revoir l’articulation entre la sphère marchande, les missions de l’État et ce qui peut être laissé à l’auto-organisation de collectifs librement constitués. Un beau sujet de philosophie politique, et peut-être aussi quelque espoir.

Sébastien Broca

Sociologue, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-VIII (Cemti). Auteur d’Utopie du logiciel libre. Du bricolage informatique à la réinvention sociale, Le Passager clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2013.

(1) « Parlez-vous le Philippe de Villiers ? », BFMTV.com, 7 octobre 2016.

(2) Benjamin Coriat (sous la dir. de), Le Retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire, Les Liens qui libèrent, Paris, 2015.

(3) Jean Tirole, Économie du bien commun, Presses universitaires de France, 2016.

(4) Frédéric Monlouis-Félicité, « Pour une élite économique engagée », L’Opinion, Paris, 16 avril 2015.

(5) Karl Polanyi, La Grande Transformation, Gallimard, Paris, 1983.

(6) Cf. National Research Council, Proceedings of the Conference on Common Property Resource Management, National Academy Press, Washington, DC, 1986.

(7) Garrett Hardin, « The Tragedy of the Commons », Science, vol. 162, no 3859, Washington, DC, 13 décembre 1968.

(8) Elinor Ostrom, Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, De Boeck Supérieur, Paris - Louvain-la-Neuve, 2010 (1re éd. : 1990).

(9) Commission Rodotà, conclusions citées par Ugo Mattei, « La lutte pour les “biens communs” en Italie. Bilan et perspectives », Raison publique, 29 avril 2014.

(10) Lire Ugo Mattei, « Rendre inaliénables les biens communs », Le Monde diplomatique, décembre 2011.

(11) Lire « L’étrange destin du logiciel libre », Le Monde diplomatique, juillet 2014.

(12) Cf. James Boyle, « The second enclosure movement and the construction of the public domain », Law and Contemporary Problems, vol. 66, no 1-2, Durham (États-Unis), hiver 2003.

(13) Cf. Pierre Crétois et Thomas Boccon-Gibod (sous la dir. de), État social, propriété publique, biens communs, Le Bord de l’eau, Lormont, 2015.

(14) « Ne lisons pas les communs avec les clés du passé. Entretien avec Benjamin Coriat », Contretemps, 15 janvier 2016.

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29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 13:31

Depuis novembre, la couverture mondiale de glace de mer accuse une perte de plus de trois millions de kilomètres carrés par rapport à la moyenne 1981-2010. Par Stéphane Foucart le 29 décembre 2016 pour Le Monde.

Une équipe américaine pour la ICESCAPE mission, le 12 juillet 2011 dans l’Océan Arctique. © NASA / REUTERS

Une équipe américaine pour la ICESCAPE mission, le 12 juillet 2011 dans l’Océan Arctique. © NASA / REUTERS

La chute est si spectaculaire qu’on croit d’abord à une erreur. Nulle confusion pourtant : au cours des quatre derniers mois de l’année, la couverture mondiale de banquise a accusé un effondrement inédit en plus de trente ans d’observations. En novembre et décembre, un déficit presque constant de plus de 3 millions de kilomètres carrés de glaces de mer a été enregistré par rapport à la moyenne 1981-2010, selon les données du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain. A s’en tenir à cette moyenne, près de 20 % de la banquise mondiale manquait, fin décembre, à l’appel.

En Arctique, ce sont les fortes températures, relevées en fin d’année, qui contribuent à ralentir l’englacement de l’océan. « Sur la quasi-totalité de l’année, on est très au-dessous de la variabilité naturelle et cela surprend beaucoup de collègues, dit le climatologue Anders Levermann (Potsdam Institute for Climate Impact Research, Allemagne). C’est une situation époustouflante. »

L’ampleur du repli des banquises surprend les scientifiques

Dans l’autre hémisphère, autour de l’Antarctique, l’entrée dans le printemps austral a, de son côté, vu une réduction abrupte des surfaces de glace qui enserrent le continent blanc.

Aux deux extrémités du monde, les phénomènes à l’œuvre sont différents. « La situation de la banquise arctique est cohérente avec les températures exceptionnelles relevées dans la région en novembre et décembre, avec des anomalies pouvant ponctuellement atteindre 20 °C au-dessus des normales, explique Christophe Cassou, chercheur (CNRS) au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique. L’anticyclone bloqué sur la Scandinavie a contribué à faire remonter des masses d’air chaud sur l’Arctique, et à faire descendre des masses d’air polaire sur l’Eurasie, où les températures ont été, à l’inverse, inférieures aux normales. »

Mais, à cause du réchauffement en cours, ce système de vases communicants n’est pas un jeu à somme nulle. « Une configuration identique faisait remonter beaucoup moins de chaleur vers les hautes latitudes dans les années 1960 », dit ainsi Christophe Cassou.

« Rôle d’isolant thermique »

La banquise arctique est un élément important du système climatique. « D’une part elle réfléchit le rayonnement solaire, au contraire de la surface sombre de l’océan qui en absorbe la plus grande part, explique le glaciologue Mathieu Casado, chercheur (CNRS) au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. D’autre part, elle joue un rôle d’isolant thermique entre l’atmosphère et l’océan. »

Elle limite ainsi la quantité de chaleur qui est stockée dans les mers. En se réduisant comme peau de chagrin, la banquise arctique contribue donc à un phénomène régional d’amplification du réchauffement – aux hautes latitudes, les températures grimpent environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La diminution rapide, depuis trois décennies, de la surface des glaces de mer arctiques cache une réalité plus sombre encore. « Ce n’est pas seulement la surface qui rétrécit mais aussi le volume, précise en effet Mathieu Casado. Les glaces pérennes, celles qui persistent d’un hiver à l’autre, ont tendance à disparaître… »

Les étendues blanches de l’océan le plus septentrional du monde ne sont pas déconnectées des régions tempérées. « Les gens pensent que l’Arctique est très lointain et qu’il ne nous concerne que peu, mais ce n’est pas vrai, dit Anders Levermann. Les différences de températures entre l’Arctique et les tropiques peuvent modifier la circulation atmosphérique et favoriser les événements extrêmes sur l’Europe et l’Amérique du Nord. » En particulier, un Arctique chaud est suspecté d’affaiblir le jet-stream – ce courant atmosphérique d’altitude qui circule autour des régions polaires. « Or, cet affaiblissement du jet-stream est une condition favorable à l’installation de situations météorologiques dites de blocage », poursuit Anders Levermann.

Ces configurations, où de hautes pressions stagnent sur une même zone, favorisent les canicules ou les épisodes de pollution atmosphérique – comme celui qui a touché la France début décembre –, voire, en hiver, des excursions d’air polaire aux latitudes moyennes… Toutefois, rappelle Christophe Cassou, le lien de causalité avec l’élévation des températures arctiques demeure « discuté ».

« On est clairement hors des clous »

Plus encore qu’en Arctique, la réduction brutale, en novembre, des surfaces de glaces de l’océan austral a pris de court les scientifiques. « Là, on est clairement hors des clous », commente Mathieu Casado. En effet, au cours des dernières années, la banquise antarctique a eu plutôt tendance à augmenter légèrement, en dépit du réchauffement en cours. « Les mécanismes qui régissent la banquise antarctique sont très différents de ceux du Nord, explique le glaciologue Nicolas Jourdain, chercheur (CNRS) au Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement. En particulier, les eaux de fonte des glaciers terrestres du continent réduisent la salinité des eaux, favorisant ainsi leur gel. »

D’autres phénomènes sont aussi avancés, comme l’intensification du régime des vents autour des régions polaires australes, qui permettent à la banquise de s’étendre. « En fin d’année, ce régime de vent a changé, et a eu au contraire tendance à rapprocher les glaces du continent », explique M. Jourdain.

L’effondrement de la banquise antarctique ouvre des questions sur un possible changement de régime. « A ce stade, les scientifiques se grattent la tête, et se demandent s’il s’agit simplement d’une excursion erratique, ou du début de la tendance à la baisse à laquelle nous devons nous attendre », confie Axel Schweiger, directeur du Polar Science Center de l’université de Washington. « Il est actuellement impossible de savoir s’il ne s’agit que d’un point aberrant sur la courbe ou d’un début de tendance », renchérit Mathieu Casado.

Comportement capricieux

Le comportement des banquises antarctique et arctique face à l’élévation des températures est l’une des clés du réchauffement à venir ; il est très délicat à prévoir. « La banquise fait partie de ce que nous avons le plus de mal à modéliser, confie Jérôme Weiss, chercheur (CNRS) à l’Institut des sciences de la Terre de Grenoble, spécialiste des modèles de glace de mer. En particulier, nous ne parvenons pas à bien simuler les propriétés mécaniques de la glace, ni à représenter les mares de fonte qui se forment en été à sa surface et qui, en absorbant plus de rayonnement solaire, accélèrent sa disparition. »

Signe des difficultés à simuler le comportement capricieux de ces grandes plaques de glace flottantes, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a fait évoluer ses projections de manière importante. Dans son rapport de 2007, il anticipait la disparition de la banquise arctique, à la fin de l’été, pour la fin du XXIe siècle, en l’absence de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Six ans plus tard, le GIEC ramenait cette prévision vers le milieu du siècle. « Les prévisions des modèles, donnant le premier été sans banquise [dans l’Arctique] entre le milieu et la fin du siècle, sont encore ce que nous avons de mieux comme estimation, conclut Axel Schweiger. Mais si les taux de pertes que nous observons actuellement se poursuivent, nous y serons plus tôt. »

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