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27 novembre 2018 2 27 /11 /novembre /2018 09:04

Selon les rapports d’Oxfam et des Amis de la Terre, 3 ans après l’accord de Paris, les banques françaises financent encore plus massivement le pétrole et le charbon. D’après Oxfam, Les Amis de la Terre et Le Monde le 26 novembre 2018.

COP 21 + 3 ans : les banques françaises toujours au charbon

Trois ans après l’Accord de Paris pris lors de la COP21, les banques françaises continuent de financer massivement les énergies fossiles : sur 10 euros, 7 euros vont à ces énergies climaticides, et seulement 2 euros aux énergies renouvelables (l’euro restant allant aux énergies nucléaire et hydraulique).

COP 21 + 3 ans : les banques françaises toujours au charbon

Oxfam a publié le 24 novembre un nouveau rapport « Banques françaises, les fossiles raflent la mise » après avoir étudié les financements de 6 banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Banques Populaires Caisse d’épargne, le Crédit-Mutuel CIC et la Banque Postale) en direction de 290 entreprises et 89 projets d’énergies renouvelables. Et le constat est accablant.

Alors que les scientifiques s’accordent à dire qu’il est urgent d’agir, pour préserver le climat, de rester sous la barre fatidique des 1,5 °C de réchauffement climatique, les banques continuent de soutenir massivement les énergies qui produisent le plus de gaz à effet de serre, comme le charbon, le pétrole et le gaz. De 2016 à 2017, elles ont réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (moins 1,8 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (plus 1,8 milliard d’euros).

Alors que la finance mondiale se réunit à partir de lundi 26 novembre à Paris dans l’objectif affiché de construire un système financier durable, la note « COP21 + 3, les banques françaises toujours au charbon » publiée ce lundi 26 novembre par Les Amis de la Terre France révèle que les banques françaises soutiennent toujours la construction de nouvelles centrales à charbon en finançant massivement les entreprises qui portent ces projets.

La capacité mondiale de production d’électricité à partir de charbon a augmenté de 92 GW depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 et 1380 projets sont encore prévus aujourd’hui dans le monde [1].

Quelles sont les banques françaises qui nuisent le plus au climat ?

D’après de nouvelles données financières [2], BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont accordé depuis la COP21 plus de 10 milliards d’euros de financements aux 120 entreprises les plus agressives en matière de construction de nouvelles centrales à charbon [3]. C’est 52% de plus que les 6,7 milliards d’euros accordés pendant les trois années précédant la COP21.

COP 21 + 3 ans : les banques françaises toujours au charbon

BNP Paribas, arrive en tête avec 12,8 milliards d’euros de financements en 2016 et 2017, suivie de très près par le Crédit Agricole et la Société Générale, qui ont respectivement financé les énergies fossiles à hauteur de 12,6 milliards d’euros et 11,5 milliards d’euros sur la même période.

La faute aux politiques sectorielles des banques qui n’excluent de manière stricte que les financements de projets et ont au contraire des critères très faibles sur les financements d’entreprises. BNP Paribas, qui comptabilise près de 4 milliards d’euros de prêts et d’émissions d’actions et d’obligations aux 120 entreprises, a ainsi pris des mesures nettement insuffisantes pour restreindre directement ses soutiens aux entreprises très actives dans le secteur ou qui prévoient d’augmenter leur capacité charbon.

BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole ont accordé plus de 11 milliards de dollars (9,7 milliards d’euros) de financements, entre janvier 2016 et septembre 2018, aux 120 entreprises les plus « agressives » en matière de développement de centrales à charbon identifiées par l’ONG allemande Urgewald. Un chiffre en augmentation par rapport aux 6,5 milliards d’euros de financements de la période 2013-2015.

Parmi les firmes soutenues se trouvent des acteurs européens, comme les allemands RWE et Uniper ou le tchèque CEZ. « Ces entreprises étendent leurs mines et construisent de nouvelles unités, alors que les efforts devraient se porter sur la fermeture des 275 centrales actuellement en opération en Europe, dénonce Lucie Pinson, référente de la campagne sur la finance privée des Amis de la Terre et coauteure du rapport. Par ailleurs, elles intimident les gouvernements, comme lorsque RWE menace de poursuivre en justice les Pays-Bas s’ils actent une fermeture sans compensation de leurs centrales à charbon. »

Elle ajoute : « Les banques françaises refusent d’exclure un certain nombre d’entreprises au motif de les accompagner dans leurs efforts pour la transition énergétique. Nous disons que cela ne doit valoir que pour les entreprises qui s’efforcent réellement de se transformer en vue de s’aligner avec une trajectoire 1,5°C. Celles qui construisent délibérément des projets charbon que les plus hautes autorités scientifiques et politiques ont qualifiés à de multiples reprises de strictement incompatibles avec l’Accord de Paris doivent immédiatement être mises au ban. Refuser de le faire, c’est se porter responsable du développement du secteur le plus émetteur de CO2 et signer dès maintenant l’échec des objectifs climatiques adoptés en 2015 par la communauté internationale ».

Si les financements de projets ont toujours représenté moins de 10% des financements au secteur du charbon, la part des financements d’entreprises dans la construction de nouvelles centrales est amenée à croître du fait des risques réputationnels énormes associés au charbon. C’est notamment le cas en Europe où 66 projets sont toujours prévus, alors que tous les efforts devraient être tournés vers la fermeture avant 2030 des 275 centrales à charbon en opération [4].

Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France explique : « Avec respectivement 1,8 milliard et 1 milliard d’euros de financements aux développeurs européens de nouvelles centrales à charbon depuis la COP21, BNP Paribas et Société Générale sont les 3ème et 10ème banques internationales à soutenir le plus les entreprises qui bloquent l’Europe dans sa transition énergétique. Parmi leurs clients figurent l’allemand RWE et le tchèque CEZ dont les activités charbon à 500 kilomètres de Paris ou de Katowice où se tiendra la COP24, menacent notre climat, notre santé et même des villages entiers de destruction. Le rapport du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement à 1,5°C a démontré qu’il nous fallait accélérer la sortie des énergies fossiles. Il est criminel de continuer de financer les entreprises du charbon, mais aussi des sables bitumineux et des gaz de schiste comme le font Crédit Agricole et Société Générale ».

La note publiée par Les Amis de la Terre, quelques jours avant le Climate Finance Day et la COP24, appelle les banques à revoir leurs politiques. Les banques françaises doivent s’engager à aligner leurs activités avec une trajectoire + 1,5 °C, exclure immédiatement les entreprises qui étendent leurs activités dans le secteur du charbon ou y sont fortement actives ou exposées, et conditionner leurs soutiens aux autres entreprises à l’adoption d’ici 2020 d’un plan détaillé de fermeture de leurs infrastructures charbon.

« Seuils d’exclusion »

Le mécanisme est le même pour le pétrole ou le gaz. Selon Profundo, en 2016, BNP Paribas a, par exemple, souscrit à une émission d’obligations du pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell pour une valeur de 390 millions d’euros. En 2017, le Crédit agricole a octroyé un prêt de 594 millions d’euros à la société gazière russe Gazprom.

Pour réduire leurs aides aux entreprises les plus polluantes, les banques ont mis en place des « seuils d’exclusion ». Le Crédit agricole et Natixis (filiale de BPCE) l’ont fixé à 50 % pour le charbon, c’est-à-dire qu’elles écartent de leurs aides les firmes qui font plus de 50 % de leurs revenus ou de leur production à partir de cette énergie. BNP Paribas et la Société générale n’ont pris un tel engagement que pour leurs nouveaux clients.

Un seuil encore trop élevé pour les associations, qui appellent à l’abaisser à 30 % au maximum, comme le font de nombreux investisseurs, tels qu’Allianz ou Generali. « [L’anglo-suisse] Glencore, le 8e plus gros producteur de charbon au monde, tire 21 % de ses revenus de [celui-ci]. Il est indispensable que les banques excluent les entreprises en fonction de leur production absolue, et non plus seulement relative, si elles veulent réellement limiter l’impact de leurs financements sur le climat », avance Lucie Pinson, qui appelle les banques à « cesser immédiatement de soutenir toutes les entreprises qui développent de nouvelles activités charbonnières ». Oxfam, de son côté, les enjoint de « publier un plan de sortie des énergies fossiles ».

Financer les énergies renouvelables et se désengager des énergies fossiles

Force est de constater que malgré les beaux discours verts, les banques sont dans l’immobilisme face au défi du changement climatique ! Pourtant, une véritable transition énergétique ne peut s’opérer que si les banques financent les énergies renouvelables et cessent de financer les énergies fossiles.

Alors que les grands acteurs de la finance internationale se réunissent à Paris, en cette fin de mois de novembre, dans le cadre des Climate Finance Days, et que la COP 24 s’ouvre début décembre en Pologne, Oxfam demande aux banques :

  • De cesser de soutenir les entreprises qui développent de nouvelles activités charbonnières
  • De publier un calendrier de sortie des énergies fossiles
  • D’être transparentes sur leurs financements.

Enfin, l’Etat doit également prendre ses responsabilités face à l’urgence climatique en renforçant l’ambition de la Loi sur la Transition énergétique qui impose aux banques d’évaluer les risques liés aux changements climatiques.

Nous sommes à un tournant dans l’action climatique qui demande immédiatement une union et une ambition commune du secteur privé, des pouvoirs publics et des citoyens. Les financements d’aujourd’hui façonnent le modèle énergétique de demain or, et les mobilisations pour le climat l’attestent, il est temps d’agir et de prendre les bonnes décisions. Ce message sans équivoque doit maintenant être entendu des banques.

Note : Le rapport d’Oxfam montre que BNP Paribas est la banque française qui soutient le plus les énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz. En mars 2018, les Amis de la Terre ont montré que Société Générale, elle, arrivait en tête concernant les énergies fossiles considérées comme les plus impactantes pour le climat : charbon, sables bitumineux, pétrole et gaz de schiste, forages en région Arctique et eaux profondes, gaz naturel liquéfié.

Chiffres clés :

  • Plus de 1380 projets de centrales à charbon sont encore prévus dans le monde, dont 66 en Europe ; si elles sont construites, elles augmenteraient la capacité installée globale de plus de 33%.
  • 120 entreprises particulièrement agressives dans le développement de nouvelles centrales à charbon représentent 68% du pipeline mondial de nouvelles centrales à charbon et constituent la Coal Plant Developers List (CPDL).
  • BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis, ont augmenté leurs financements aux 120 développeurs de charbon depuis la COP21 et l’adoption de leurs engagements charbon, passant de 6,7 milliards d’euros entre 2013 et 2015 à 10,25 milliards d’euros entre 2016 et 2018.
  • BNP Paribas comptabilise près de 4 milliards d’euros de prêts et d’émissions d’actions et d’obligations à ces entreprises depuis la COP21.
  • Si Crédit Agricole finance majoritairement des entreprises asiatiques, BNP Paribas et Société Générale financent les développeurs de charbon européen, avec respectivement 1,8 milliard et 1 milliard d’euros de financements.
  • BNP Paribas et Société Générale financent les entreprises qui développent leurs mines et centrales à charbon au sein même de l’Europe et bloquent ouvertement la sortie du charbon sur le continent, comme les Allemandes RWE et Uniper, ou la Tchèque CEZ.

[1] Voir le communiqué de presse d’e l’ONG allemande urgewald du 4 octobre 2018 : https://coalexit.org/sites/default/files/download_public/Urgewald%20Press%20Release%20-%20Coal%20Plant%20Developers%20-%2010-04-2018_final2.pdf

 [2] Recherche financière effectuées par le cabinet indépendant Profundo aux Pays-Bas à la demande des Amis de la Terre France, urgewald, BankTrack, Re:Common et Rainforest Action Network.

[3] Liste des 120 développeurs de charbon définit par urgewald et disponible sur https://coalexit.org/database

[4] https://beyond-coal.eu

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26 novembre 2018 1 26 /11 /novembre /2018 09:09
Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Lire aussi À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale, Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre et La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes.

Des associations et citoyens s’opposent au défrichement de la forêt de Romainville, programmé par la région pour y réaliser une base de loisirs au rabais. A 2 km de Paris, cette forêt s’est développée sans intervention de l’homme sur d’anciennes carrières fermées au public.

Les citoyens ont réussi à stopper les travaux, mais depuis octobre, des centaines d’arbres cinquantenaires ont été abattus malgré leur rôle avéré pour dépolluer, rafraîchir l’air, stocker le carbone, infiltrer l’eau dans le sol, et malgré les espèces protégées qu’ils abritent.

8,5 hectares sur les 27 que comptent la forêt vont être défrichés et en partie comblés par injection de ciment, pour n’ouvrir au final que 4 hectares de prairie artificielle au public.

Aujourd’hui, les parcs qui jouxtent cette forêt sont délaissés malgré les 38 millions d’euros d’argent public engagés dans ce projet depuis les années 2000. Ces parcs ne demandent qu’à être entretenus et équipés pour accueillir les Franciliens qui ont besoin d’espaces verts, mais aussi d’une politique urbaine équitable et durable.

Les porteurs de ce projet , la Région et la mairie de Romainville, refusent une alternative écologique plus ambitieuse à leur « base de loisirs ». C’est irresponsable à l’heure des alertes répétées sur le réchauffement climatique et de l’extinction de la biodiversité, même ordinaire.

La destruction de la forêt, de son patrimoine et de son écosystème, est inscrite dans un vaste plan de spéculation immobilière qui touche Romainville et les autres villes limitrophes de la base : Pantin, Noisy-Le-Sec et Les Lilas.

Nous refusons que les choses se passent sans concertation, sans tenir compte des enjeux sociaux liés à la transformation brutale des villes, du réchauffement climatique et de la pollution qui touchent particulièrement les habitants de nos banlieues.

Collectif Les amis de la forêt de la Corniche des Forts.

Après, La marche pour le climat débute à 14h à Nation pour finir à 16h à République !

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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 15:49

Lors de son retour médiatique le 22 novembre sur France 2, Nicolas Hulot, l'ex-ministre de la Transition écologique, calme et convaincant, a martelé les mots «solidarité» et «rassemblement», cherchant à réconcilier écologie et social. D’après Coralie Schaub pour Le Monde. Lire aussi Hulot démissionne, pas nous ! et La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap.

 Nicolas Hulot lors de "L'Émission Politique" du 22 novembre 2018 Crédit : Bertrand GUAY / AFP

Nicolas Hulot lors de "L'Émission Politique" du 22 novembre 2018 Crédit : Bertrand GUAY / AFP

Prendre de la hauteur. Ne pas «ajouter de la division à la division». Mais au contraire dialoguer, rassembler, réfléchir ensemble aux solutions à apporter aux crises écologiques et sociales. Le retour médiatique de Nicolas Hulot, trois mois après sa démission fracassante du gouvernement, avait été prévu de longue date, avant la bronca des «gilets jaunes». L’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire avait envie de dire aux Français qu’il n’abandonne pas le combat. Lui qui a reçu, rien qu’à son domicile en Bretagne, des centaines de lettres de citoyens lui disant qu’ils ont compris l’ampleur du chaos climatique et de l’effondrement de la biodiversité, la menace que cela représente pour l’humanité à brève échéance. Beaucoup lui faisant part de leur envie d’agir.

Nicolas Hulot avait envie d’être constructif, de regarder de l’avant et non pas dans le rétroviseur. Il se trouve qu’entre la décision de faire cette Emission politique sur France 2 il y a plus d’un mois et ce jeudi, la France s’est couverte de gilets jaunes. Alors, Hulot a dû le dire et le répéter : oui, il a défendu la taxe carbone, et oui, il l’assume… mais seulement si celle-ci est accompagnée d’un coussin social digne de ce nom, pour aider les ménages les plus modestes, ceux qui sont aujourd’hui piégés parce qu’on les a incités à acheter des voitures diesel et vivre en zone périurbaine.

«Fin de mois et fin du monde»

Comme nous l’avons révélé, Nicolas Hulot avait averti cet été Emmanuel Macron et Edouard Philippe de cette absolue nécessité d’un accompagnement social, en vain : «Je n’ai pas été entendu.» Il avait, dit-il, tout tenté pour éviter l’opposition «caricaturale» entre les questions écologiques et sociales, alors qu’elles sont au contraire intimement liées, que ce sont les plus défavorisés qui souffrent le plus de la pollution de l’air ou des inondations. Le problème n’est pas là, a-t-il affirmé. Il est dans le fait que la fiscalité n’est plus équitable, que les impôts sur les bénéfices des sociétés ont baissé, que le kérosène des avions ou le fioul lourd des cargos n’est pas taxé… La transition ne peut être que solidaire. Et opposer écologie et social est un faux débat. Tout cela, Nicolas Hulot l’a martelé en début d’émission, l’air grave, le tic fréquent. Tout en remettant les choses en perspective, d’un ton ferme, presque excédé : «Il faut se préoccuper des fins de mois des Français mais il faut aussi se préoccuper d’un autre enjeu : la perspective de la fin du monde, ou en tout cas la fin d’un monde pacifique, qui n’est plus une hypothèse d’école.»

Las, cela n’a pas empêché un dialogue de sourds avec Benoît Julou, porte-parole des gilets jaunes de Saint Brieuc, qui a qualifié Hulot de «comique» déconnecté de la réalité, estimant que «pour l’écologie, on va laisser crever des gens sur la route». Ce à quoi Hulot a répondu, tentant de rester pédagogue et rassembleur : «Si on oppose Parisiens et provinciaux, écologie et social, on va tous dans le mur. Moi, ça ne me fait pas rire. […] Ne mettez pas tout sur le dos de l’écologie, c’est une partie infime de la fiscalité.»

«So-li-da-ri-té»

Hulot a réussi, jeudi soir, à mettre sur la table des sujets majeurs, souvent peu débattus dans les émissions politiques : la santé environnementale, les pesticides, les 48 000 morts prématurées par an à cause de la pollution de l’air… Il a insisté, détachant bien les syllabes : «On est en train de perdre la guerre (sur le climat), on va le payer plein pot et nos démocraties vont s’e-ffon-drer.» Face à la montée des populismes, il faut davantage de «so-li-da-ri-té». Et de répéter, encore, ce nouveau mantra : «Il faut combiner les problèmes de fin de mois avec les problèmes de fin du monde.»

Face à l’agricultrice Céline Imart, vice-présidente des Jeunes Agriculteurs, proches de la très productiviste et pro-pesticides FNSEA, qui défendait coûte que coûte le glyphosate, ou face à Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, Hulot est resté calme, posé. Non, la technologie ne fera pas tout. Non, «une économie basée sur une croissance infinie dans un monde fini» n’est pas viable. Oui, l’agriculture biologique et l’agroécologie, «il faut y aller à fond». Et de citer Edgar Morin : « Puisqu’on est tous foutus, soyons frères. »

Solidarité, réconciliation, Hulot n’a cessé de répéter ces mots. «On peut continuer à s’engueuler comme ça sur les plateaux télés, on est condamnés à agir tous ensemble, ou à mourir tous ensemble comme des idiots.» Hulot en 2022 ? «Un fantasme de journaliste.» Tête de liste aux élections européennes ? Il cite plutôt les initiatives de terrain, citoyennes : Alternatiba, l’appel des coquelicots, celui de Youtubeurs. Se dit disponible, mais en tant qu'«un des porte-parole» d’un vaste rassemblement citoyen, porteur des «innovations de dingue qui existent dans la société». Le champ politique conventionnel, c’est fini. De toute façon, a-t-il martelé, encore et encore, «un homme ou une femme ne changera rien si la société ne se réconcilie pas». Résultat : 65% de téléspectateurs convaincus. Et de lancer, avec l’énergie du désespoir : «Le temps de l’utopie est décrété.

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 09:05

Générations Futures – en partenariat avec le Parisien – a rendu publiques le 20 novembre les cartes de France, détaillées et exclusives, des ventes de pesticides par département et par catégorie de pesticides. L’association profite de la publication de ces données pour remettre les « Glyph’Awards » d’or, d’argent et de bronze ainsi que leurs accessits aux départements qui arrivent en tête du classement pour les ventes de glyphosate !                                               Lire aussi Des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans notre alimentationL’agriculture bio est plus efficace que les pesticides contre les agents pathogènes, démontrent des chercheurs français, Nous voulons des coquelicots... et La France est-elle prête pour une cure de désintoxication des pesticides ?

Les cartes de la consommation française de pesticides et les Glyph’Awards de Générations Futures

Contexte

Où achète-t-on le plus de pesticides ? Et lesquels ? Ces questions nous nous les posons régulièrement et nombreux sont celles et ceux qui nous interpellent sur ce sujet. Alors nous avons décidé d’y répondre. Comment ? En utilisant les données officielles de 2017 existantes issues de la fameuse BNVD (base de données des ventes des distributeurs) qui donnent les quantités des différents produits commerciaux pesticides vendus dans chaque département sous la forme d’une feuille Excel de plus de 700 000 lignes ! De ces données nous avons déduit les quantités de matières actives vendues dans chaque département en moulinant longuement ces informations.

Cartes

Aujourd’hui grâce à ce travail nous pouvons vous proposer différentes cartes de France de la répartition des ventes des pesticides présentant de manière synthétique et visuelle ces informations.

Nous avons élaboré de nombreuses cartes (d’autres sont en préparation) :

Les cartes de la consommation française de pesticides et les Glyph’Awards de Générations Futures
Les cartes de la consommation française de pesticides et les Glyph’Awards de Générations Futures

Découvrez l’ensemble des cartes en vous rendant sur ce lien https://www.generations-futures.fr/cartes/ et en consultant les résumés présentés dans notre dossier de presse.

Glyph’Awards

De même, dans un contexte de sortie programmée du glyphosate il nous semblait intéressant de profiter de la publication de la carte des ventes de pesticides pour attirer l’attention sur les départements les plus dépendants à l’usage du glyphosate. Nous avons donc décidé de « récompenser » ironiquement ces départements les plus accros à cet herbicide le plus vendu au monde : ce sont les « Glyph’Awards » qui se verront décernés chaque année. Notre but : encourager les agriculteurs de ces départements à ne plus jamais vouloir recevoir cette ‘distinction’ et donc à diminuer ou supprimer leur utilisation de glyphosate. En 2017 les lauréats sont : le Vaucluse (1er), La Réunion (2nd),  la Martinique (3ème ), la Gironde (4ème ) et l’Aube (5ème ).

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 16:49

Dans le cadre des Rencontres de l’écologie, vendredi 30 novembre, une soirée exceptionnelle organisée par Reporterre et Le Samovar : Conférence perturbée : Climat, il n’est pas trop tard, avec Jean-Luc Vincent et Jean Jouzel.

Présence de la Coopérative Electrons solaires, cf Un coup de pouce Vert pour les Electrons solaires !

Conférence perturbée : Climat, il n'est pas trop tard

Quand le climatologue Jean Jouzel rencontre l’artiste excentrique Jean-Luc Vincent, pour interpeller sur l’urgence climatique, le débat prend une allure... un peu cocasse.

Vous aussi vous vous demandez comment limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ? Quelles sont les actions à mener ? Les changements urgents et immédiats à réaliser pour y parvenir ? Avant que la COP24 ne commence, où les pays membres devraient discuter du respect de leurs engagements, discutons ensemble de ces questions sur un ton drôlement sérieux.

Pour la deuxième fois, Reporterre et Le Samovar s’associent pour vous proposer une conférence perturbée, cette fois-ci alliant grandes questions climatiques et humour anti-oxydant.

On dit bien que l’on peut rire de tout, même du pire. Pierre Desproges ajoutait : « Oui, mais pas avec n’importe qui. » On vous attend pour réfléchir, rire et débattre avant la COP24.

Ce vendredi 30 novembre, ce sera avec vous ! Ouverture des portes à partir de 19h30 : restauration légère / stands de Reporterre, Énergie partagée avec son partenaire local, la Coopérative Electrons solaires, Fédération des usagers de la bicyclette. Conférence à 20h30.

Théâtre-Ecole Le Samovar, 165, avenue Pasteur 93170 Bagnolet. Entrée libre mais réservation indispensable sur http://www.lesamovar.net/agenda/voir/16523.

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 12:04

Soutenu par l’avocate Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, le maire EELV de Grande-Synthe (Nord) estime que la France n’agit pas assez pour lutter contre le réchauffement et que cela menace directement sa ville. D'après Frédéric Mouchon le 20 novembre 2018 pour Le Parisien. Lire aussi Les Pays-Bas sommés par la justice de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour protéger leurs citoyens et Des citoyens attaquent en justice l’Europe pour son échec à les protéger contre le réchauffement climatique.

«Grande-Synthe est sur un territoire de polder inquiété par la submersion marine en cas d'augmentation du niveau de la mer», explique Damien Carême pour justifier son recours formé devant l'Etat. PHILIPPE HUGUEN/AFP

«Grande-Synthe est sur un territoire de polder inquiété par la submersion marine en cas d'augmentation du niveau de la mer», explique Damien Carême pour justifier son recours formé devant l'Etat. PHILIPPE HUGUEN/AFP

Des parkings verts pour alimenter les nappes phréatiques et lutter contre le goudronnage, des toitures végétalisées, 62 espèces d’oiseaux nicheurs et 250 espèces végétales protégées dans ce qui constitue la plus grande réserve naturelle de la région… même si sa ville est entourée de quinze sites industriels classés Seveso, Damien Carême, le maire de Grande-Synthe (Nord) tient dur comme fer au titre gagné en 2010 par sa commune : capitale française de la biodiversité.

Alors quand il comprend que les effets du réchauffement climatique peuvent anéantir tous ces efforts et qu’il juge les pouvoirs publics inefficaces pour protéger ses administrés, il voit rouge. Il a donc décidé ce mardi de déposer un recours contre l’Etat pour exiger que la France réduise drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Et c’est à l’emblématique avocate Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Ecologie, qu’il a confié le soin de cette action en justice inédite de la part d’un élu local.

 « La France se présente aux yeux du monde comme la championne du climat , mais se montre incapable de respecter le budget carbone qu’elle s’est elle-même fixé » souligne l’avocate. « Non seulement nos émissions de gaz à effet de serre sont en constante augmentation depuis 2015, mais elles pourraient le rester jusqu’en 2023 ce qui est inacceptable », écrit Corinne Lepage dans un argumentaire de 19 pages envoyé ce mardi au ministre de l’Ecologie François de Rugy. Si l’avocate ne reçoit aucune réponse à ce « recours gracieux » d’ici deux mois, elle saisira le juge administratif pour contraindre l’Etat à agir en urgence.

Une baisse de 34% des émissions de gaz à effet de serre

La ville de Grande-Synthe s’estime légitime pour dénoncer l’inaction de l’Etat car elle a de son côté tout fait pour limiter les effets du réchauffement en cours. « La commune a d’ores et déjà réduit de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre au niveau du parc automobile et de 34 % au niveau de l’éclairage public municipal et elle s’est engagée à atteindre 20 % d’économie d’énergie et 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2020 », énumère Corinne Lepage.

Si Damien Carême, le maire EELV de Grande-Synthe, a décidé pour sa part de s’en prendre à l’Etat, c’est parce qu’il craint pour l’avenir de ses 22 000 administrés. Construite sur des terres gagnées sur la mer, située en zone inondable, la commune est particulièrement exposée aux risques de crue et de submersion marine. « Si le niveau de l’océan monte trop, nos digues ne seront pas suffisamment hautes pour l’arrêter », estime l’élu local. La commune est déjà contrainte aujourd’hui de faire fonctionner des pompes 24 heures/24 pour évacuer le trop-plein d’eau vers la mer.

« A notre niveau, nous faisons déjà beaucoup d’efforts pour lutter contre les effets du réchauffement climatique, mais l’Etat, lui, laisse complètement s’échapper ses émissions de CO2, fulmine Damien Carême. Cela met en danger ma ville, nos habitations et toutes les mesures politiques que nous avons prises pour nous protéger ».

Aux Pays-Bas, l’Etat sommé de redoubler d’efforts

Particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement climatique, car une partie du pays se trouve en dessous du niveau de la mer, Les Pays-Bas sommés par la justice de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour protéger leurs citoyens d’au moins 25 % d’ici 2020.

Une injonction qui fait suite à une mobilisation citoyenne historique : près de 900 Néerlandais avaient entamé une action en justice contre leur gouvernement avec l’aide de l’ONG Urgenda. Ils demandaient à leur gouvernement de redoubler d’efforts. Après une longue procédure, la cour d’appel de La Haye leur avait donné raison, estimant que l’Etat en faisait « trop peu pour prévenir un changement climatique dangereux ».

L’Etat néerlandais a finalement décidé de se pourvoir en cassation afin de soumettre à la Cour suprême cette question : la justice peut-elle examiner les choix politiques du gouvernement qui affirme continuer à travailler à la réduction de ses émissions polluantes.

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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 14:05

Covoiturage-Libre, 2ème site de covoiturage en France, se transforme en coopérative : Mobicoop, Société Coopérative d’Intérêt Collectif, lançe son service en ligne gratuit de mobilités partagées. Elle utilise Platform.coop, un vecteur mondial pour un coopérativisme de plateformes, qui défend la gouvernance démocratique et la propriété partagée des plateformes, et propose des alternatives aux Uber et autres Airbnb. D’après le think tank Le Labo de l’Economie Sociale et Solidaire, Stéphane Guérard et Pierric Marrisal le jeudi 22 novembre 2018 pour l’Humanité. Lire aussi à propos de coopératives  Un coup de pouce Vert pour les Electrons solaires !, Les ONG dévoilent leur projet de loi d’avenir pour les transports et la mobilité et La Louve, un modèle appétissant.

Covoiturage Libre devient une coopérative pour concurrencer BlaBlaCar, un mouvement mondial poussée par Platform.coop

Plateforme coopérative, écologique et solidaire, Mobicoop offrira des services de covoiturage et d’auto-partage pair à pair. En plaçant l’usager au centre de ses préoccupations, elle se positionne comme acteur responsable et citoyen de la transition énergétique. « Nous avons besoin que 20 000 coopérateurs nous rejoignent pour construire la mobilité durable de demain. Ces 20 000 personnes peuvent changer la donne » précise Bastien Sibille, fondateur Mobicoop.

Pour sa campagne nationale de crowdequity, Covoiturage-Libre organise son lancement vendredi 23 novembre à 9h au MAIF Social Club à Paris.

Table ronde à 9h30 avec Pascal Canfin, directeur général du WWF France (en vidéo), Patrick Viveret, philosophe, Amandine Albizatti, directrice de la Nef, Emmanuel Soulias, directeur d’Enercoop, Bastien Sibille, président de Mobicoop.

Entrée gratuite sur inscription. Pour faire partie des membres fondateurs de la coopérative, vous pouvez dès à présent réserver des parts sociales. Accédez au site de Covoiturage-Libre devenu mobicoop...

La route des mobilités partagées est déjà bien encombrée. Les Uber ou Heetch (VTC), Drivy (location de voitures entre particuliers), Blablacar (covoiturage) et autres, énormes poids lourds de l’économie dite collaborative, engorgent les accès. C’est pourtant bien sur cette voie que Mobicoop compte faire son chemin. Ce vendredi, la coopérative est mise sur les fonts baptismaux. Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) compte offrir une alternative sociale et solidaire au modèle prédateur des mastodontes du numérique, en rassemblant 20 000 sociétaires qui apporteront les 2 millions d’euros de fonds propres nécessaires pour survitaminer la plateforme covoiturage-libre.fr existante. Les principes affichés sont clairs. Côté pile : reprise en main citoyenne des questions de transport, afin d’ériger un modèle de bien commun des mobilités. Côté face : partage de la valeur économique créée par ses services en ligne, grâce à un fonctionnement démocratique de la structure qui répartit la richesse créée entre tous ses acteurs. Et ces parties prenantes ne manquent pas. Entre l’usager qui fait appel aux services de Mobicoop pour partager un mode de déplacement ; le propriétaire de voiture qui cherche à mutualiser les frais par du covoiturage ou louer son véhicule qui ne roule pas ; le travailleur indépendant de service VTC (voiture de transport avec chauffeur) qui ne veut pas être inféodé à une plateforme d’un géant du Web ; une collectivité locale cherchant à organiser les mobilités…

À voir l’actualité récente, Mobicoop tombe à pic

Au cœur de l’initiative, Bastien Sibille décrit le modèle. « Mobicoop va marcher sur deux jambes. Pour notre service gratuit de covoiturage entre particuliers, dont nous n’enregistrons aucune donnée, nous proposons à chacun de nos utilisateurs de verser une sorte de don d’un euro, sur le modèle de Wikipédia, pour nous aider à développer notre appli et les services solidaires et de lien social qui nous distingueront. Notre autre activité est la prestation de service auprès de collectivités qui veulent monter leur propre plateforme de covoiturage. » Une dizaine de salariés doivent être embauchés début 2019. Et comme la structuration en coopérative l’impose, les bénéfices attendus iront au déploiement des activités de la société épaulée par la banque éthique la Nef. « Les sociétaires qui investissent chez nous ne le font pas par appât du gain, reprend Bastien Sibille. Ce sont des ambassadeurs de la démarche, des militants qui, comme nous, croient que l’intérêt général n’est pas soluble dans la somme des intérêts privés des plateformes qui s’occupent de mobilités. Financièrement, on ne se bat pas à armes égales avec elles. Mais on est sûr de notre alternative sociale et solidaire. Elles ont l’argent. Nous avons le temps. »

À voir l’actualité récente, Mobicoop tombe à pic. Les gilets jaunes se demandent si se déplacer deviendra bientôt une activité de luxe. Quant aux poids lourds de l’économie de plateforme, leur modèle (voir notre encadré) marche au turbo diesel. Blablacar, qui a profité de la grève des cheminots pour afficher ses premiers résultats positifs, vient d’annoncer qu’il allait absorber Ouibus, les cars Macron de la SNCF, le tout financé par une levée de fonds de 101 millions d’euros, l’entreprise publique du rail devenant actionnaire de la plateforme numérique. « Le modèle d’affaires de ces plateformes, ce n’est pas le profit, mais la position dominante, selon l’adage “le vainqueur rafle tout” », décrypte Laurent Lasne. Pour l’auteur de Face aux barbares. Coopération vs ubérisation (éditions le Tiers Livre), « Uber vise une capitalisation boursière de 100 milliards de dollars, pour un modèle économique fondé sur la violation de la loi et la précarité des travailleurs qui ne génère que des pertes. La riposte sociale et solidaire au modèle imposé par la Silicon Valley imaginée par Platform.coop (lire par ailleurs), c’est l’adaptation des activités de plateforme dans un modèle coopérativiste, pour assurer la redistribution des richesses créées, la solidarité entre acteurs et l’innovation ».

Toutes ces initiatives sont en passe de se fédérer au niveau européen

Ce contre-modèle ne s’attaque pas qu’au covoiturage. Depuis un an, l’association Coopcycle propose aux coursiers unis en coopérative sa plateforme en ligne de livraison. Une quinzaine de ces collectifs s’en sont saisis en France, mais aussi en Espagne, Allemagne et Belgique. « Notre projet est double, explique Aloïs Guillopé, cofondateur de Coopcycle. La valeur doit revenir à ceux qui la produisent – les travailleurs –, structurés en organisation démocratique – la coopérative. Nous leur mettons à disposition un outil technologique sous licence de réciprocité. » À Lyon, Amélie et une dizaine d’autres coursiers que Foodora a laissé tomber du jour au lendemain s’en sont saisis. Ils viennent de lancer la Traboulotte, qui opère sur la plateforme en ligne Coopcycle. Amélie a bon espoir : « Nous, on connaît le marché des livraisons. On n’a pas d’investisseur derrière nous, mais on est sûrs qu’en tirant tous dans le même sens, on pourra, à terme, vivre de nos courses. » Toutes ces initiatives sont en passe de se fédérer au niveau européen. Depuis août, une coopérative des coursiers est en gestation afin de mutualiser les technologies, les financements et l’ingénierie juridique et de gouvernance. Et fin octobre, à Bruxelles, la « première rencontre des livreurs et riders » a débouché sur une exigence de structuration syndicale de tous ces collectifs de travailleurs.

Covoiturage Libre devient une coopérative pour concurrencer BlaBlaCar, un mouvement mondial poussée par Platform.coop

Face aux géants de l’économie collaborative, d’autres initiatives sociales et solidaires émergent avec Platform.coop, un vecteur mondial pour transformer les plateformes

Mobicoop ou Coopcycle ne sont pas seules. Une série d’entreprises coopératives se confrontent elles aussi frontalement aux sites prédateurs en train d’émerger un peu partout dans le monde, poussées par le consortium pour un coopérativisme de plateformes Platform.coop, fondé par Trebor Scholz. Le consortium pour un coopérativisme de plateformes défend la gouvernance démocratique et la propriété partagée des plateformes, et propose des alternatives aux Uber et autres Airbnb. Ainsi, Fairbnb, au nom évocateur, offre un autre modèle au site de location entre particuliers Airbnb. Resonate s’en prend à la plateforme de musique en ligne Spotify. Ride Austin, Cotabo ou Green Taxi Cooperative s’élèvent face à Uber et compagnie. Des plateformes agrègent aussi des travailleurs, salariés dans des coopératives autogérées locales, pour des services à domicile, telle Up & Go. « Sur ce même modèle, nous sommes en train de créer une plateforme pour un groupe de femmes en Inde qui souhaite monter une coopérative afin de vendre des services de manucure et coiffure à domicile », explique Michael McHugh, responsable de projet au sein de Platform.coop. À Chicago et dans sa banlieue, ce sont des nourrices qui s’organisent en coopérative autogérée. Le syndicat SEIU les avait fédérées dans un premier temps pour revendiquer une hausse des aides de l’État pour la garde des enfants à destination des foyers à bas revenus. Stocksy, de son côté, permet à des photographes de vendre leurs clichés à prix juste et au régime de propriété intellectuelle qui leur chante.

Toutes ces initiatives collectives sont nées d’un constat. Les plateformes en ligne, telles qu’elles sont conçues dans la Silicon Valley, ne sont pas soutenables. « Elles sont élaborées pour la maximisation des profits de quelques-uns, c’est inscrit dans leur design », explique Michael McHugh. La conviction au cœur du mouvement Platform.coop est que le code, la conception même d’un outil informatique, déterminera ses vertus comme sa nocivité. Face aux Facebook et autres Airbnb, qui captent toute la valeur et les données et entretiennent une opacité problématique sur le fonctionnement de leurs algorithmes, Platform.coop propose à l’inverse de créer des plateformes dont l’ADN et le code même sont marqués par l’économie sociale et solidaire. « Le principe est de pousser à la création d’outils numériques les coopératives dotées d’une réelle gouvernance démocratique, où la propriété est partagée, où l’outil de travail est co-conçu et n’utilise que des logiciels ouverts, libres ou open source », énumère Michael McHugh. Le fonctionnement même d’une plateforme ainsi créée empêche que la valeur générée soit accaparée.

Platform.coop met ainsi à disposition des coopératives de travailleurs une bibliothèque de logiciels, comme une carte interactive ou des outils de gouvernance démocratique, mais aussi des conseils légaux et des aides au financement. Une plateforme coopérative ponctionne en moyenne moins de 5 % des transactions réalisées pour son budget de fonctionnement, tandis que les Airbnb, Uber ou Task Rabbit dépassent les 25 % voire les 30 % de commission. Il s’agit aussi de lutter contre le recours massif à la sous-traitance, particulièrement des travailleurs indépendants, utilisés pour maximiser les profits. 36 % des Américains ont une activité de travailleur à la tâche, que ce soit à plein-temps ou pour améliorer l’ordinaire. Pour Platform.coop, le capitalisme de plateformes augmente de manière dramatique les inégalités. Ces sites organisent une concurrence des revenus vers le bas, tout en privant les travailleurs de droits tels que le salaire minimum, les allocations de chômage et la négociation collective.

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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 09:04

Les aléas climatiques affectent irrémédiablement six aspects cruciaux de la vie humaine : santé, alimentation, eau, économie, infrastructures et sécurité. D'après Audrey Garric le 19 novembre 2018 pour Le Monde.Un autre éclairage sur l'étude de Nature Climate Change, cf. Des catastrophes cumulées entraînées par le dérèglement climatique, selon Nature Climate Change.                                                   Lire aussi Dérèglement climatique : quels effets sur notre santé ?         et Ne pas dépasser +1,5 °C ? Une question politique alors que le climat de la France se dérègle.

Inondation

Inondation

Ceux qui croient que les effets du changement climatique se résument aux incendies en Californie ou aux inondations dans l’Aude, aussi meurtriers soient-ils, n’ont qu’une mince idée de la gravité de la situation. Selon la vaste étude publiée dans Nature Climate Change lundi 19 novembre, l’humanité fait les frais du dérèglement climatique de 467 façons différentes.

Côté santé, les aléas climatiques sèment la mort, en raison d’hyperthermies (plus de 780 événements de surmortalité ont été recensés dans le monde entre 1980 et 2014 sous l’effet de vagues de chaleur), de noyades (3 000 personnes sont mortes dans des inondations en Chine en 1998), de famines (800 000 décès après les sécheresses qui ont frappé l’Ethiopie dans les années 1980), de traumatismes contondants durant des tempêtes ou d’asphyxies lors d’incendies.

La morbidité est également en augmentation, par exemple lorsque des troubles cardiaques ou respiratoires surviennent lors de pics de chaleur. Les blessures sont légion sous l’effet d’incendies, d’inondations ou de tempêtes. Ces deux derniers aléas, de même que les changements de températures et de précipitations, favorisent la recrudescence d’épidémies, telles que le paludisme, la dengue, le choléra ou des diarrhées. Les risques climatiques touchent également la santé mentale : des dépressions et des stress post-traumatiques ont été recensés après des tempêtes aux Etats-Unis, comme l’ouragan Katrina en 2005, des inondations au Royaume-Uni en 2007 et ou la canicule en France en 2003. En Australie, dépression et suicides guettent les fermiers, alors que le pays connaît la pire sécheresse de son histoire.

Sécheresse

Sécheresse

Faramineuses pertes économiques

Le dérèglement climatique affecte par ailleurs la production agroalimentaire de manière directe (un tiers de la production de céréales russe a été perdue en raison des incendies et de la sécheresse de 2010 ; les trois quarts du bétail ont succombé à la sécheresse au Kenya en 2000) ou indirecte (chaque journée où la température dépasse 38 0C réduit les rendements annuels de 5 % aux Etats-Unis ; l’acidification des océans augmente le blanchissement des coraux, limitant ainsi l’habitat des poissons). La quantité et la qualité de l’eau potable sont un autre enjeu crucial, avec des pénuries, des pollutions et des maladies entraînées par les vagues de chaleur, des inondations, des feux et des sécheresses.

Dans les autres secteurs, l’approvisionnement en électricité, les transports, les infrastructures et les constructions sont les plus sévèrement touchés. Les inondations et les tempêtes ont ainsi détruit 13 millions de maisons au Bangladesh, 9 millions en Chine ou 2 millions au Pakistan depuis 1980. On ne compte plus les routes ou voies ferrées inondées, les ponts, ports ou digues démolis.

En découlent de faramineuses pertes économiques, de productivité, de revenus et d’emplois. Pour ne citer qu’un exemple, l’ouragan Katrina, qui avait fait 1 800 morts aux Etats-Unis en 2005, avait entraîné 130 milliards de dollars (113 milliards d’euros) de dégâts. De manière indirecte, les aléas climatiques augmentent aussi le prix des marchandises. La chute de la production de céréales russes, en 2010, avait provoqué un doublement du cours mondial du blé. Le tourisme est également très sensible au climat : des hivers plus chauds signifient en général moins de neige, et donc de touristes, dans les Alpes ; le blanchissement des coraux a limité le nombre de plongées de loisir en Thaïlande et en Australie.

Les effets des aléas climatiques sur la sécurité mondiale, enfin, sont plus discutés mais les scientifiques jugent qu’ils contribuent à exacerber les conflits et les violences, notamment autour de l’accès aux ressources. Les événements climatiques extrêmes ont en outre déjà poussé à l’exode des centaines de millions de personnes.

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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 13:28

Une étude inédite, originale et très inquiétante, publiée dans « Nature Climate Change » lundi aborde les risques cumulés entraînés par le dérèglement climatique. D'après Audrey Garric le 20 novembre 2018 pour Le Monde.                                                                                                                           Un autre éclairage sur l'étude de Nature Climate Change, cf. La vie humaine totalement perturbée par le changement climatique : décès, famines, pénuries d’eau, migrations…                                                                                                                       Lire aussi Dérèglement climatique : quels effets sur notre santé ?         et Ne pas dépasser +1,5 °C ? Une question politique alors que le climat de la France se dérègle.

Mémorial contre la famine, Dublin, par Rowan Gillespie

Mémorial contre la famine, Dublin, par Rowan Gillespie

Dans la Bible, Dieu a puni l’Egypte en lui infligeant dix plaies. L’humanité actuelle, elle, a subi les foudres du changement climatique d’au moins 467 façons différentes. Surtout, ces châtiments vont redoubler, puisqu’en 2100, la moitié de la population pourrait être menacée par trois à six catastrophes climatiques (sécheresses, vagues de chaleur, inondations, etc.) d’intensité maximale de manière simultanée si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites drastiquement. Voilà les deux conclusions d’une étude inédite, originale et très inquiétante, publiée dans Nature Climate Change lundi 19 novembre, qui aborde pour la première fois les risques cumulés entraînés par le dérèglement climatique.

Pour estimer le danger qui pèse sur la population, les auteurs – une vingtaine de chercheurs internationaux, essentiellement issus de l’université d’Hawaï – ont commencé par étudier le passé en passant au peigne fin près de 3 300 études scientifiques publiées depuis 1980 relatives au changement climatique, qu’il soit dû à l’action des hommes ou à la variabilité naturelle du climat – sachant que les émissions de gaz à effet de serre sont déjà responsables de l’augmentation de la température de la planète de près d’un degré.

Des catastrophes cumulées entraînées par le dérèglement climatique, selon Nature Climate Change

Ils ont retenu dix aléas climatiques (réchauffement, inondations, sécheresses, vagues de chaleur, incendies, montée du niveau des eaux…) qui touchent six aspects cruciaux de la vie humaine : la santé, l’alimentation, l’eau, l’économie, les infrastructures et la sécurité, ces thèmes étant déclinés en 89 sous-rubriques. En croisant ces données, ils ont découvert que l’humanité avait déjà été affectée par le climat sous 467 formes différentes, exemples détaillés à l’appui.

Ainsi des décès ou des maladies provoquées par les inondations, les incendies ou les vagues de chaleur ; des dégâts sur l’agriculture, l’élevage ou les pêcheries après des précipitations ou des sécheresses ; des effets néfastes sur la qualité et la quantité d’eau douce ; des destructions d’infrastructures à la suite de tempêtes et de la montée des eaux ; des pertes économiques et d’emplois, de la diminution de la productivité et de la crise du tourisme causées par l’acidification des océans et la déforestation. Tout cela sur fond de violences accrues et de migrations multipliées.

« Immense vulnérabilité de l’humanité »

« Cette revue de littérature montre l’immense vulnérabilité de l’humanité au risque climatique, constate Camilo Mora, professeur associé au département de géographie de l’université d’Hawaï et premier auteur de l’étude. La situation va encore empirer car les émissions de gaz à effet de serre intensifient simultanément de nombreux dangers. »

C’est là une deuxième originalité de ces travaux, qui étudient dans quelle mesure nous sommes menacés par la survenue concomitante et combinée de multiples risques climatiques. Jusqu’à présent, les conséquences de chaque aléa étaient examinées séparément. L’an dernier, Camilo Mora avait par exemple mené une étude sur les vagues de chaleur, qui concluait qu’une personne sur trois risque de mourir de chaud dans le monde.

« Nos émissions de gaz à effet de serre déclenchent un effet domino, dans lequel nous ne changeons pas seulement la température. L’augmentation de la chaleur favorise l’évaporation de l’eau du sol, ce qui entraîne des sécheresses, des feux de forêt et des vagues de chaleur dans des endroits normalement secs ou des pluies massives et des inondations dans des zones généralement humides », décrit Camilo Mora. Et de rappeler que nous sommes déjà confrontés à ces risques climatiques concomitants : « La Californie connaît actuellement des feux de forêt féroces et l’une de ses plus longues sécheresses, en plus des vagues de chaleur extrêmes de l’été dernier. »

Trois à six risques climatiques cumulés

A quoi ressemblera notre futur sous l’effet d’une crise climatique généralisée ? Selon les modélisations de l’équipe de chercheurs, si les émissions de gaz à effet de serre continuent sur leur trajectoire actuelle, la moitié de la population sera soumise à trois dangers climatiques simultanés à la fin du siècle (et jusqu’à six pour certaines régions côtières tropicales), d’une intensité maximale, qui produiront de nouveau des centaines d’effets sur les vies humaines. Si, en revanche, des actions significatives sont déployées pour limiter l’envolée des températures à + 2 °C, comme le prévoit l’accord de Paris, les citoyens ne subiraient qu’un seul aléa.

Toutes les nations sont concernées, quel que soit leur niveau de revenus, mais la nature des effets devrait varier en fonction des différentes capacités d’adaptation : comme aujourd’hui, les pays en développement devraient enregistrer la majorité des pertes humaines tandis que les Etats développés pâtiront davantage de dégâts économiques.

Tous ces résultats sont consignés sur une carte interactive qui permet d’identifier pour n’importe quel endroit du monde les risques cumulés jusqu’à la fin du siècle en fonction de trois scénarios d’émissions (réduction forte, moyenne ou nulle). En 2100, en cas de poursuite des émissions de CO2 à leur rythme actuel, Marseille devrait par exemple faire face à une augmentation du réchauffement, des sécheresses, des vagues de chaleur et des incendies, une hausse du niveau de la mer, une réduction de l’eau potable et des changements océaniques (de température, d’acidité et de quantité d’oxygène), dont la force cumulée équivaudra à trois des dangers les plus extrêmes jamais enregistrés n’importe où sur terre. Ailleurs dans le monde, Sydney et Los Angeles seront confrontés à la même situation, Mexico à quatre aléas cumulés d’intensité maximale, et la côte atlantique du Brésil à cinq.

« Travail considérable et inédit »

« La force de cette revue de littérature réside dans son ampleur, son côté systématique et le fait qu’elle se base sur des faits réels plutôt que des modèles, qui ont forcément des incertitudes. Ses résultats sont donc incontestables. Il s’agit d’un travail considérable et inédit, dont nous nous inspirerons », s’enthousiasme Robert Vautard, directeur de recherches au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, qui travaille sur le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), prévu pour 2021.

« Cette nouvelle méthode des risques croisés va prendre de l’ampleur dans les années à venir, prédit quant à elle la climatologue Valérie Masson-Delmotte, également membre du GIEC. Il est intéressant d’adopter une démarche interdisciplinaire, en tenant compte de données sociales, économiques ou géographiques. » Reste maintenant à aller plus loin, juge-t-elle, et « à affiner les projections » pour connaître les domaines d’activité qui seront affectés à l’avenir, « les expositions et vulnérabilités précises », qu’il s’agisse de santé, de nourriture, d’économie ou de sécurité.

Robert Vautard relève toutefois deux limites liées aux biais de la littérature scientifique examinée : les études couvrent davantage les pays occidentaux que le reste du monde, et les chercheurs sont plus prompts à décrire les effets négatifs liés aux risques climatiques que l’inverse. « Pourtant, il est important de publier des études lorsqu’il n’y a pas d’impact du changement climatique, mais dans ce cas, on est moins cités et repris », constate Robert Vautard. A la suite de la série de tempêtes qui ont balayé la France cet hiver (Ana, Bruno, Carmen, Eleanor), le chercheur a par exemple montré que le changement climatique n’entraîne pas de hausse significative de leur nombre ni de leur intensité en Europe de l’Ouest.

Parfois, ses conséquences sont même positives. Au Sahel, les sévères sécheresses ont réduit la propagation des moustiques et donc la prévalence du paludisme entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1990. L’augmentation des précipitations a régulièrement favorisé les rendements de maïs ou de riz en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. « Il reste toutefois peu probable qu’un effet positif réussisse à contrebalancer la longue liste d’effets négatifs », juge Camilo Mora.

« Cette recherche confirme que le coût de l’inaction l’emporte largement sur celui de la lutte contre les changements climatiques », affirme dans un communiqué Michael Mann, climatologue à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis). Nous pouvons encore limiter les dommages et les souffrances à venir si nous agissons rapidement et de manière spectaculaire pour réduire les émissions de carbone. » Mais face à des gouvernements qui « risquent à tout moment de faire marche arrière », la solution pourrait venir de la base, considère Camilo Mora : « Les normes sociales nous rendront tous plus conscients de nos émissions et de la nécessité de les limiter ensemble, tandis que les hommes politiques devront s’aligner pour trouver des solutions sans quoi ils ne seront pas élus. »

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16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 11:09

Un appel à lire ci-dessous, suivi de " Violences sexuelles et sexistes : l’urgence d’une mobilisation ", un communiqué du 14 novembre de la Ligue des Droits de l’Homme qui soutient cette journée d’actions, et d’un entretien avec Laure Murat pour l’Humanité : « Érotiser l’égalité plutôt que la violence et la domination ». Lire aussi Manifestation contre les violences faites aux femmes samedi 25 novembre, Violences sexuelles, violence à la Terre, une même culture et #Monvotesi : après l’affaire Baupin, les élues écolo lancent une campagne sur les droits des femmes.

Des millions de femmes et d’enfants ont subi et subissent encore des violences sexistes et sexuelles, en France et dans le monde.

Dans l’espace public, au travail, à la maison, nous exigeons de vivre en liberté, sans injures, ni menaces, sans sifflements ni harcèlement, sans persécutions ni agressions, sans viols, sans blessures, sans exploitation de nos corps, sans mutilations, sans meurtres.

Aucune femme ne doit souffrir de violences et d’attaques à l’intégrité corporelle parce qu’elle est femme. Aucune femme ne doit cumuler les violences car elle cumule les discriminations. Nous exigeons que les enfants soient protégés de ces violences.

Nous voulons montrer notre force, notre nombre et notre détermination.

Nous voulons affirmer haut et fort notre solidarité avec les victimes.

Nous voulons en finir avec l’impunité des agresseurs.

Nous exigeons des mesures ambitieuses et des moyens financiers suffisants pour que l’action publique mette la lutte contre les violences en top des priorités : éducation dès le plus jeune âge, formation obligatoire des professionnel-le-s, application de l’ordonnance de protection, augmentation des moyens pour accueillir les femmes victimes…

Nous allons marcher pour montrer notre nombre, notre force et notre détermination.

Après #MeToo, devenons #NousToutes.

Nous invitons toutes celles et ceux qui veulent comme nous, mettre fin aux violences sexistes et sexuelles à marcher avec nous. Rendez-vous le 24 novembre !

Le rendez-vous parisien sera à 14h30 place de la Madeleine.

Consultez la liste des rassemblements organisés partout en France

Rejoignez la Marche et son organisation

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Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme 

Paris, le 14 novembre 2018

Le 24 novembre auront lieu, à Paris et partout en France, des marches à l’appel du mouvement « Nous Toutes ». Cette journée d’actions s’inscrit dans le prolongement des prises de parole courageuses des femmes, de la pression des mouvements féministes, de la vague médiatique #Metoo qui contribuent à sortir les violences sexistes et sexuelles du silence, du déni et de l’occultation. L’opinion publique est alertée et sensibilisée. Alors même que ces violences sont unanimement reconnues comme une atteinte massive aux droits fondamentaux, en particulier au droit à l’intégrité physique et psychique, il reste encore beaucoup à faire pour que la légitimité de cette parole soit reconnue et, surtout, suivie d’effets.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) appelle à participer massivement à cette journée qui doit contribuer à une mobilisation effective des pouvoirs publics et de la société tout entière, pour que celle-ci se dote d’outils lui permettant de mieux identifier, pour mieux prévenir, ces violences. Il s’agit aussi de mieux accompagner les victimes qui trop souvent ne sont pas protégées ou ne font l’objet d’aucune prise en charge adaptée. Enfin, il faut améliorer le dispositif pénal et le mettre en conformité avec les normes internationales, notamment la convention d’Istanbul, en définissant le viol et autres agressions sexuelles en référence à l’absence de consentement sexuel. Sur ce point, la loi votée le
3 août 2018 n’apporte aucune amélioration.

Les violences sexuelles et sexistes qui touchent les femmes de tous les milieux, de toutes les nationalités, dans toutes les sphères de la société (maison, travail, espaces publics…) constituent un des symptômes majeurs d’un ordre patriarcal et machiste qui perdure. A ce titre, elles doivent être combattues sans relâche et avec opiniâtreté. Au-delà de cette urgence, la LDH en appelle à une prise de conscience qui concerne l’ensemble des droits des femmes. Elle réaffirme sa volonté de lutter contre toutes les injustices, les inégalités et les discriminations qui frappent les femmes parce qu’elles sont femmes, et son exigence d’une société fondée sur une égalité réelle entre toutes celles et tous ceux qui la constituent.

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Laure Murat : « Érotiser l’égalité plutôt que la violence et la domination »

Entretien réalisé par Sophie Joubert pour l’Humanité du Vendredi 16 Novembre 2018.

Laure Murat

Laure Murat

Historienne et professeure à l’université de Californie-Los Angeles (UCLA), Laure Murat publie un an après #MeToo Une révolution sexuelle ? (Stock), un essai sur les suites de l’affaire Weinstein, du point de vue américain et français. Elle analyse la persistance de la domination masculine et la construction du regard, notamment dans le cinéma.

Votre livre s’intitule Une révolution sexuelle ? , le point d’interrogation signifie-t-il que la révolution sexuelle est inachevée ?

LAURE MURAT Est-ce la continuation de la première révolution sexuelle, celle des années 1970, ou s’agit-il d’un mouvement connexe, certes, mais différent dans sa nature ? Nous sommes beaucoup trop près, temporellement, de l’événement pour évaluer l’impact du mouvement #MeToo sur le changement en profondeur qui semble se dessiner dans la société. Il me semble néanmoins que cette « révolution sexuelle ? » contemporaine s’attaque très précisément à une citadelle que le féminisme n’a pas réussi à faire tomber, malgré les avancées considérables depuis cinquante ans : la persistance de la domination masculine. Pourquoi ? J’avance cette hypothèse (mais il y en a bien d’autres) : l’urgence à remporter certains acquis cruciaux (avortement, loi Neuwirth, etc.) a autorisé une circulation des désirs qui libéraient les femmes et dont les hommes ont largement profité. Cette priorité donnée à « l’amour libre » a relégué au second plan le problème politique plus insidieux de la domination masculine, dont on voit partout la persistance, des inégalités salariales à la « charge mentale » liée aux travaux domestiques, qui incombent encore, à 80 %, aux femmes. En s’attaquant au harcèlement, aux abus de pouvoir, #MeToo s’attaque frontalement à un problème systémique et universel, qui pose aussi, inévitablement, celui de la soumission et du consentement.

L’affaire Weinstein n’est pas une mèche qui s’est soudain enflammée. Quelles étapes, en France et aux États-Unis, ont-elles permis la prise de parole (Geneviève Fraisse) massive des femmes ?

LAURE MURAT Je crois que l’affaire Weinstein est surtout la cristallisation d’un problème systémique qui remonte… à la nuit des temps. J’ai reçu récemment un article, publié en 1986, sur une grève des ouvrières de Limoges en 1905 contre le « droit de cuissage ». Mais qui entendait ces femmes ? Car c’est là que le bât blesse : les femmes prennent la parole depuis longtemps, mais qui les écoute ? En France, il faudra attendre les travaux pionniers de Michelle Perrot, fondatrice du Groupe d’études féministes en 1974, pour que les questions du viol, de l’avortement, de la prostitution, du travail domestique, etc., entrent finalement, des années plus tard, à l’université. Aux États-Unis, Catharine MacKinnon, juriste, est longtemps restée controversée dans son combat contre le « harcèlement sexuel », dont la notion est néanmoins entrée dans la loi. Quel est le chemin parcouru depuis lors ? En 1991, le juge Clarence Thomas avait été nommé à la Cour suprême, malgré les accusations de harcèlement par Anita Hill. En 2018, le juge Kavanaugh est lui aussi nommé à la Cour suprême, malgré les accusations d’agression sexuelle portées par le Dr Christine Blasey Ford. Est-ce la preuve que rien ne change ? On pourrait le penser. Néanmoins, j’observe qu’Anita Hill avait été massivement conspuée, y compris en France par Élisabeth Badinter, quand Christine Blasey Ford, dont la parole a été partout prise au sérieux, a été massivement soutenue. En France, l’affaire DSK a marqué un tournant. Ce qui n’a pas empêché une tribune du Monde, dite tribune Deneuve, d’encourager au maintien d’une « liberté d’importuner » les femmes. Malgré tout, on sent bien que la barque prend l’eau et qu’il devient de plus en plus compliqué de maintenir un système dysfonctionnel et indigne. Les mentalités changent, mais avec une lenteur dont il ne faut pas désespérer.

La tribune Deneuve, parue en France, a presque coïncidé avec le mouvement Time’s Up aux États-Unis, porté par Oprah Winfrey, star noire, née dans un milieu très modeste et victime du racisme. Que disent ces deux événements des différences entre les deux pays ?

LAURE MURAT Time’s Up et la tribune Deneuve sont les deux faces presque caricaturales d’une différence culturelle qui s’enracine dans un problème politique. Aux États-Unis, l’absence d’un État providence encourage un modèle communautariste solidaire, militant, diversifié et inclusif pour pallier les défaillances du libéralisme, d’une forme de dérégulation et de cette fameuse liberté individuelle qui se confond un peu trop souvent avec le chacun pour soi. En France, la tradition universaliste, jacobine, centralisée veut porter un regard non différencié sur les discriminations, où « le citoyen » serait ce sujet neutre, sans appartenance religieuse ou ethnique, et sans couleur de peau. Mais l’on sait bien que cette fiction politique, tout admirable qu’elle soit dans sa visée, revient toujours à favoriser un modèle masculin, blanc et hétérosexuel. J’ajoute que si les deux pays ont une histoire commune dans l’avènement de la démocratie et de l’élaboration du contrat social, leurs rapports au racisme, à la tolérance religieuse et à l’antisémitisme sont radicalement différents. Quand les États-Unis prennent en compte la singularité des communautés et la communauté des singularités, la France, terrorisée par l’idée de « ghettoïsation », en appelle à un modèle supposément impartial – qui en réalité reconduit les privilèges d’une classe ou d’un groupe. La diversité du monde dans lequel nous vivons, l’accélération du temps et des mouvements migratoires, les nouvelles technologies, appellent à constamment repenser ces luttes politiques, qui s’avèrent, c’est un fait inéluctable, beaucoup plus efficaces et pragmatiques aux États-Unis. Le mouvement #MeToo l’a montré. Aux États-Unis, il y a eu réactivité. En France, réaction.

Dans quel contexte historique faut-il entendre ce que vous appelez la « dissidence française » au mouvement #MeToo ?

LAURE MURAT Elle s’ancre dans plusieurs problèmes, dont les racines sont historiques. Si je voulais les résumer d’une formule brutale et un peu trop dense, je dirais ceci : l’hétérosexualité comme régime politique s’est construite sur la croyance militante en la différence des sexes comme donnée naturelle, que la religion, l’anthropologie, l’ordre symbolique lacanien et le mythe de la galanterie ont servi, théoriquement et culturellement, à justifier. Remettre en question la hiérarchisation des sexes et analyser leur construction dans l’espace social, en bref, interroger la norme, c’est bien sûr faire s’écrouler ce château de cartes, qui a pour mission et résultat d’essentialiser, artificiellement, les rapports de pouvoir. D’où les résistances françaises, quasi hystériques, aux études de genre et au mariage pour tous et toutes.

Comment faire entrer l’égalité dans le champ des rapports amoureux ?

LAURE MURAT C’est une question passionnante. J’aime beaucoup cette injonction de la féministe américaine Gloria Steinem : « Eroticize equality .» Érotiser l’égalité, sous-entendu : plutôt que la violence et la domination. Or ceci est plus simple à dire qu’à faire, la sexualité étant ce continent trouble où la violence peut être consentie, le malaise revendiqué, les provocations recherchées. C’est un chantier considérable et très excitant, en ceci qu’il raffine et complexifie, bien plus qu’il ne réduit et simplifie, les relations entre les êtres, quel que soit leur sexe, dans tout ce qu’elles ont de passionné, d’impur et d’exaltant. Il me semble même que c’est le nœud et le pivot, qui nouent et organisent le rapport de la sexualité à l’amour – l’amour, un mot qu’on n’entend pas beaucoup dans ces débats, et qui est pourtant la seule chose intéressante de l’existence.

Comment expliquer que, malgré une extrême réglementation des rapports entre les sexes, les États-Unis n’aient pas endigué le harcèlement sexuel et les viols ? On en est au même point de part et d’autre de l’Atlantique.

LAURE MURAT Cela a été une des grandes découvertes de mon enquête. Aux États-Unis comme en France, malgré un système juridique très différent, les chiffres sont à peu près les mêmes sur les pourcentages de femmes harcelées ou violées. Dans les deux pays, 1 % des violeurs sont derrière les barreaux. Se pose une très vieille question : est-ce la loi qui change les mentalités ou les mentalités qui changent la loi ? La nécessité d’un débat national sur ces questions de violences sexuelles est plus que jamais d’actualité.

L’affaire Weinstein n’a pas seulement mis en lumière des pratiques, mais aussi des représentations, notamment dans le cinéma. Que peut apporter une critique féministe de l’histoire du cinéma et de l’art ?

LAURE MURAT Beaucoup. Car elle peut nous permettre de nous déssiller les yeux sur des problèmes pourtant évidents. Il suffit de vous reporter au site de Geneviève Sellier, « Le genre et l’écran ». C’est un peu l’histoire de la Lettre volée d’Edgar Poe : ne pas voir ce qui est pourtant sous vos yeux. Cela porte un autre nom : le déni. Je vais vous faire ici une confidence, à la fois indiscrète et immodeste. Il y a peu, j’ai reçu une lettre d’Annie Ernaux, à qui j’ai envoyé mon livre. À propos de mon chapitre sur le cinéma, elle me remercie « de nous ouvrir les yeux sur ce qui pourtant les crève ». C’est une formule admirable. Car le cinéma a pour fonction – entre autres – de montrer. Mais on peut montrer en dissimulant, notamment sous des sophistications esthétiques… Une relecture des films des années 1970 est à cet égard fascinante : tout notre arsenal imaginaire des rapports très inégalitaires entre hommes et femmes est exposé de façon exponentielle. Comment cela nourrit-il nos fantasmes ? Quel impact cela a-t-il dans nos vies ? Que cela nous dit-il de la société et de notre propre comportement ? Le cinéma n’a pas de responsabilité morale. Mais il a une responsabilité politique. Tout loge, je crois, dans cet interstice très subtil.

Quels risquent pèsent aujourd’hui sur #MeToo ? Doit-on craindre un « backlash », un contrecoup ? Les récentes affaires qui ont mis en cause Asia Argento, accusatrice de Weinstein, et l’universitaire Avital Ronell vont-elles dans ce sens ?

LAURE MURAT Les risques sont considérables, et le backlash déjà très bien installé. J’ai été très frappée, lors de mon séjour en France pour la promotion de mon livre, que tous les entretiens, notamment à la radio, commençaient par : « Que pensez-vous des dérives du mouvement #MeToo ? » Un scandale hollywoodien provoque une onde de choc mondiale, des millions de femmes à travers le monde dénoncent une situation inique et universelle qu’il est urgent de traiter, et on commence par me parler des débordements, des femmes qui peut-être ont menti ou ont profité de la promotion canapé… L’une des premières émissions à laquelle j’ai participé s’est achevée sur une chanson dont le refrain répétait : « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Pigalle… ». Une façon de dire : racontez ce que vous voulez, vous n’êtes que des putes. Ce que révèle #MeToo, c’est aussi l’extraordinaire et incurable misogynie du monde. Marie Laguerre, cette jeune femme frappée pour avoir répondu à un agresseur, a reçu un tombereau d’injures sur son site. Patti Davis, fille de Ronald Reagan, vient de se faire incendier après avoir raconté l’agression sexuelle qu’elle a subie trente ans plus tôt. En ce qui concerne Asia Argento et Avital Ronell, je remarque que, aussitôt les faits connus, l’actrice Rose McGowan (l’une des premières femmes à avoir témoigné contre Harvey Weinstein) et la philosophe Judith Butler ont pris leurs distances avec le dossier. Bien évidemment, les femmes sont capables de mensonges et d’abus de pouvoir. Une fois encore, l’essentialisation de la violence est une aporie théorique. Mais soyons sérieux et traitons les urgences dans l’ordre. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon.

Entretien réalisé par Sophie Joubert, Spécialiste de l’histoire culturelle

Diplômée de l’Ehess, docteure en histoire, Laure Murat est spécialisée dans l’histoire culturelle. Elle a notamment publié la Maison du Dr Blanche (Lattès), un livre sur la maison de santé où ont été soignés Nerval, Van Gogh et Maupassant ; Passage de l’Odéon (Fayard), sur Sylvia Beach et Adrienne Monnier ; la Loi du genre (Fayard), une histoire du « troisième sexe ». Elle a également écrit sur la relecture ( Relire, une passion française, Flammarion) et sur Los Angeles ( Ceci n’est pas une ville, Flammarion), où elle vit six mois par an.

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