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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 11:35
Christophe Bonneuil : « La dette écologique est colossale »

Face aux risques et aux injustices liés au développement capitaliste, il faut, selon l’historien Christophe Bonneuil, créer de nouveaux droits et de nouvelles responsabilités. Entretien.

La collection « Anthropocène », que dirige l’historien Christophe Bonneuil aux éditions du Seuil, a été créée en 2013 pour dresser l’état des lieux d’une planète en état d’urgence et renouveler la pensée au carrefour du social et de l’écologique. Elle s’est ouverte avec l’ouvrage qu’il a co-écrit avec Jean-Baptiste Fressoz, L’Événement Anthropocène. Pour l’édition en anglais et celle en poche [1], en 2016, ils ont ajouté un chapitre intitulé « Agnotocène », sur le déni des alertes environnementales, et un autre« Capitalocène », sur les liens entre capitalisme et transformation de la planète.

Vous donnez avec Jean-Baptiste Fressoz un cours sur l’histoire de l’Anthropocène à l’École des hautes études depuis 2012. Comment le sujet a-t-il évolué en cinq ans ?

Christophe Bonneuil : Des travaux importants ont été produits montrant les liens entre les injustices sociales et les dégâts environnementaux du modèle de développement capitaliste. Notamment deux livres sortis aux éditions Verso : Fossil Capital, d’Andreas Malm, et Capitalism in the Web of Life, de Jason W. Moore, qui a également dirigé un ouvrage collectif : Anthropocene or Capitalocene ?

L’Événement Anthropocène paru, en 2013, est le fruit de ce cours que nous avons continué à faire évoluer. Par ailleurs, est apparu en histoire des sciences un nouveau courant qui se propose, sous le nom d’agnotologie, d’étudier la production de l’ignorance. C’est-à-dire les processus sociaux par lesquels on fabrique du non-savoir, du doute, du flou, de la controverse, des zones d’ignorance, mais comme processus actifs : l’ignorance, ça n’est pas seulement les zones noires qu’on n’a pas pensé à creuser, ça peut être aussi des zones floutées par des stratégies actives. Cette proposition émane de l’historien Robert N. Proctor, qui, dans Golden Holocaust, explore les stratégies de l’industrie du tabac pour faire du brouillard autour des premiers travaux d’épidémiologie des années 1950 sur la nocivité de la cigarette.

L’agnotologie émerge-t-elle aussi dans le domaine de l’environnement ?

Cela fait longtemps que des chercheurs, des militants, des journalistes mettent au jour ces pratiques de fabrique de non-savoir sur des cas comme l’amiante, les pesticides, Monsanto, le changement climatique, etc. L’agnotologie revient à regarder les stratégies actives de pouvoirs économiques, financiers ou d’élites politiques pour retarder les régulations qui pourraient baisser la profitabilité de certaines entreprises vendant des produits nocifs… L’idée avait été lancée dans L’Apocalypse joyeuse [2012], qui étudie les controverses nées au début de la révolution industrielle à propos des accidents liés aux machines à vapeur, des effets secondaires des premiers vaccins et des nuisances industrielles. Jean-Baptiste Fressoz explique dans ce livre que, dès cette époque, il y avait des controverses scientifiques, des luttes politiques, des gens qui s’opposaient aux nuisances industrielles sur les corps et l’environnement, et que notre entrée dans l’Anthropocène ne s’est pas faite par inadvertance ou inconscience, mais bien à la suite d’une « désinhibition », c’est-à-dire d’une marginalisation active, organisée par certains acteurs, des alertes et des contestations.

Vous récusez l’idée d’un « éveil », d’une prise de conscience récente de l’impact de l’homme sur l’environnement ?

Nous nous opposons en effet à cette lecture révélationniste où, tout à coup, un sauveur – la science – vient nous dire la vérité sur notre impact : avant, on ne savait pas, on a abîmé l’environnement sans le faire exprès, donc on est pardonné. Maintenant qu’on sait, on va enfin pouvoir faire quelque chose. Ce discours pose deux problèmes. D’abord, il reproduit le grand récit moderniste : « Avant, ils étaient nuls, moins savants, moins réflexifs que nous ; maintenant on est meilleurs. » Ensuite, en effaçant des siècles de savoirs et de batailles sociales contre les dégâts industriels et colonialistes, on perd tout un patrimoine de mémoires de luttes, dont il serait intéressant de savoir pourquoi elles ont été perdues, et dont il s’agit d’hériter créativement : les luddites, les naturiens et socialistes « sentimentaux » du XIXe siècle, l’écologie anticoloniale des pauvres d’un Gandhi, la lutte syndicale anti-productiviste pour une réduction de temps de travail dans les années 1930, etc. En dépolitisant la question environnementale du passé, on se démunit aujourd’hui et on laisse croire que c’est avec simplement un peu plus de sciences et de solutions techniques que les choses vont s’arranger.

L’agnotologie donne-t-elle des outils pour lutter ?

Montrer que, dès les années 1950, Philip Morris savait très bien que le tabac était nocif et qu’il a développé des stratégies pour le cacher pèse en termes judiciaires. Peut-être qu’un jour, quand le crime d’écocide sera reconnu à la Cour pénale internationale (CPI), des victimes de catastrophes climatiques pourront attaquer les 90 entreprises responsables des deux tiers des émissions aujourd’hui. Nous rencontrons de nouveaux types de risques sur une planète de plus en plus vulnérable : les agences de l’ONU annoncent 250 millions de réfugiés en 2050. Il faut que les victimes de cette injustice, de ces véritables crimes climatiques [^2], puissent se faire entendre et réclamer des droits. Il faut donc créer de nouvelles formes de responsabilités.

Pourquoi l’écocide tarde-t-il tant à émerger ?

Comme le rappelle le récent ouvrage de Valérie Cabanes, Un nouveau droit pour la Terre, le terme d’écocide est apparu en 1972 à la conférence de Stockholm sur l’environnement à propos des Américains qui répandaient de l’agent orange sur les forêts vietnamiennes. En 1990, quand le traité du Statut de Rome créant la CPI a été négocié, plusieurs rapports préparatoires ont proposé d’intégrer un crime d’écocide. Mais des lobbys ont fait en sorte que cela soit laissé de côté. Des juristes essaient actuellement d’introduire ce cinquième chef d’inculpation à la CPI. Au train où vont le changement climatique et la mondialisation sans règle, la crise des réfugiés que nous connaissons depuis deux ans n’est qu’un avant-goût de ce que sera la situation géopolitique et migratoire dans les prochaines décennies.

Il y a eu à l’âge des Lumières une première vague de conquête de droits humains, individuels et civiques qui a fini par abolir la traite esclavagiste. Avec -l’industrialisation, sont apparus de nouveaux risques, et une deuxième vague de droits, sociaux et économiques, a alors été conquise au XXe siècle. Le XXIe siècle doit donc voir grossir un nouveau mouvement, transnational, de conquête de droits face aux nouvelles injustices et souffrances que font peser les logiques de profit et les modèles de consommation d’une minorité de la planète sur les vies de la grande majorité des êtres et des écosystèmes. C’est la « troisième vague de droits » et de responsabilités que des juristes comme Mireille Delmas-Marty ou Valérie Cabanes appellent de leurs vœux.

En quoi les questions environnementales sont-elles déterminantes dans l’ordre politique mondial ?

Dans Carbon Democraty, Timothy Mitchell raconte l’influence du charbon puis du pétrole sur la nature des luttes politiques et des compromis de classes depuis deux siècles en Occident. Nous avions jusqu’alors uniquement considéré la démocratie comme un arrangement entre des intérêts et des passions humaines. On s’aperçoit qu’un ordre politique n’existe que s’il y a une certaine organisation des flux de matières pour le solidifier. Dans les analyses marxistes classiques, l’échange inégal n’est compté qu’en heures de travail. Depuis une dizaine d’années, ce concept d’échange inégal a été enrichi : on peut le mesurer non pas seulement en termes de temps de travail, mais en kilogrammes, en joules, en déchets, etc. Et on peut, par conséquent, essayer de quantifier la valeur d’usage écologique de ce qui entre et sort de chaque économie nationale. L’hypothèse de l’échange écologique inégal, c’est : les pays centraux qui dominent le système monde n’ont-ils pas tendance à exporter des choses qui ont une valeur écologique faible (déchets, carbone dans l’atmosphère) et à importer pas cher des biens et des objets avec une valeur écologique très forte (énergies denses, ressources rares, matières premières agricoles obtenues au prix de dégâts environnementaux et consommateurs d’hectares…) ?

Qui quantifie cet échange écologique inégal ?

Des économistes, des historiens de l’environnement, des ONG comme le WWF et le Global Footprint Network, qui ont développé la méthodologie pour mesurer l’empreinte écologique. C’est un courant de recherche en plein essor depuis quinze ans. L’historien Kenneth Pomeranz a avancé la thèse que l’industrialisation de l’Angleterre n’a été possible au début du XVIIIe siècle que par un tel échange inégal. Dans L’Événement Anthropocène, nous mesurons à quel point la croissance occidentale des décennies d’après-guerre repose sur un gigantesque endettement écologique et climatique. Ce modèle, aujourd’hui -mondialisé, n’est pas viable, et il est injuste envers les groupes sociaux de la planète qui en subiront le plus violemment les conséquences. Dans cette perspective de mesure d’une dette écologique et d’injustices environnementale recoupant les injustices sociales, la question écologique, ce n’est pas juste « se réconcilier avec la nature », c’est penser en termes de justice, et de luttes partant des plus affectés de la planète.

Quand le concept d’Anthropocène a-t-il émergé ?

La première publication sous ce titre est un article paru en 2000 et signé Paul Josef Crutzen, qui avait reçu le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur l’atmosphère et qui n’est pas un écologiste. Ce concept est maintenant porté par toute une communauté interdisciplinaire qui s’est rebaptisée « les sciences du système Terre ». Ils viennent de la chimie de l’atmosphère, de l’océanographie, de la climatologie, de l’écologie globale, de la géologie… Ils défendent une vision de la planète comme système complexe dans lequel tous les compartiments – eau, glace, biosphère, forêts, océans – échangent énergies et matière en permanence. Si un élément bascule dans un compartiment, cela a un impact sur tout le reste. C’est une vision assez différente de la géologie seule, car l’atmosphère compte autant que les sédiments par exemple, quand la géologie établit des hiérarchies de preuves. L’holocène est une proposition qui a été faite en 1830 et validée en 1880. Que l’Anthropocène qui lui succède ne soit pas validé tout de suite dans le calendrier officiel, c’est normal... En 2009, l’Union internationale des sciences géologiques, qui fait partie de la Commission du quaternaire, a créé un groupe de travail. Au dernier congrès de l’Union, qui se tenait au Cap en septembre, ils ont présenté un rapport dans lequel ils demandent pour la première fois l’adoption de l’Anthropocène comme nouvelle époque. En attendant, chez les scientifiques de toute une série de disciplines, ce concept de travail a déjà donné lieu à des centaines de publications.

En quoi cette nouvelle époque géologique ouvre-t-elle une nouvelle époque historique, scientifique, philosophique et politique ?

Dans le pire des scénarios, où on brûle toutes les énergies fossiles actuellement identifiées, la température mondiale monte de 10 °C, et le niveau de la mer de plus de 30 mètres. Quelques dizaines de centimètres engendreraient déjà des millions de réfugiés climatiques… Avec trois mètres de hausse du niveau de la mer en un siècle, New York déménage… Face à la violence du basculement potentiel, tout l’outillage intellectuel de l’économie qui fait comme si la nature n’existait pas, était gratuite, ou se dégradait à trop long terme, est périmé. Cela remet en question tous nos champs de savoirs… On pense la liberté en Occident comme un arrachement à toute contrainte naturelle. En renouvelant notre conception de la liberté, on renouvelle celle des droits humains en réintégrant tout ce qui rend possible notre existence : liens avec les autres espèces, l’air, le territoire, les -attachements -spirituels… C’est ce qu’explique Philippe Descola dans Par-delà nature et culture. Si le modèle démocratique occidental repose sur un échange inégal et la destruction des énergies qui avaient mis des centaines de millions d’années à se rassembler, on ne peut pas dire que ce modèle est universel. Il faut donc inventer un modèle de démocratie partageable par tous.

Est-ce une forme de pensée de la catastrophe qui nourrit cette réorganisation ?

Il faut décentrer le regard de notre vision occidentale et malthusienne de la catastrophe et reconnaître qu’elle a déjà commencé : les Amérindiens, par exemple, ont connu un véritable effondrement en 1492… Par ailleurs, les discours sur la catastrophe dramatisent en centrant sur la fin de l’espèce humaine. C’est une façon de créer une peur existentielle forte qui, de plus, gomme les inégalités politiques. Il y a quand même beaucoup plus de chances pour que les quelques milliers ou millions de survivants à une catastrophe soient blancs et riches, soient ceux qui pourront partir dans un vaisseau spatial, lancer des bombes sur les autres pour garder leurs ressources ou vivront par hasard isolés sur une île. Il y a de fortes chances que l’espèce humaine ne disparaisse pas, mais la dégradation de l’état de la planète engendre déjà une recrudescence de la violence, des inégalités et des oppressions. Penser la catastrophe en termes d’extinction, c’est une façon de ne pas la penser en termes de justice sociale et environnementale. Ce qui peut arranger une vision apocalyptique, ou une vision capitalistique de l’adaptation, laquelle consiste à habituer les gens au changement sans changer les rapports de domination.

L’Anthropocène peut-il permettre de résister à l’idée de fin du monde ?

L’Anthropocène n’a pas été inventé par des décroissants irrationnels et anti-sciences qui font du macramé en Ardèche, mais par des prix Nobel et des scientifiques, pour certains assez scientistes et sûrement pas écoterroristes. D’aucuns pensent que l’on va faire un bon Anthropocène avec les technologies vertes et les marchés de l’environnement limitant le basculement planétaire dans un cadre capitaliste et technophile. En face, des mouvements comme Occupy récupèrent l’Anthropocène dans des logiques très anticapitalistes et d’autres dans des lectures éco-marxistes. « L’Antropocène, c’est le concept philosophique le plus puissant contre l’idée de modernité »,écrit aussi Bruno Latour. Dans l’idée de progrès, on pense que le passé était un monde contraint et opprimant dont on se libère. Avec le changement climatique, plus on avance dans le futur et plus on est prisonnier du passé. Le niveau de la mer en 2200 dépend de nous aujourd’hui, donc les hommes de 2200 seront moins libres que nous. C’est le contraire de l’idéologie du progrès. Déprimant ? Mais combien de corps a-t-on broyés au nom du progrès ? Et la précarité énergétique actuelle dans les quartiers à l’âge du nucléaire n’est pas réjouissante. Alors que divorcer du progrès peut être vu comme une émancipation, et un point de départ…

[^1] L’Événement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, éd. du Seuil, 334 p., 9,50 euros.

[^2] Voir le livre : Crime climatique stop !, avec 350.org et Attac.

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2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 10:19
Le bassin méditerranéen menacé d'une catastrophe climatique

Une étude scientifique, qui sonne comme un avertissement avant la COP 22 au Maroc, affirme que toute la région est d'ores et déjà en danger par Claude-Marie Vadrot le 31 octobre 2016

Si la planète continue à chauffer, le bassin méditerranéen peut rapidement devenir la proie d’une désertification importante qui le transformera en un espace n’ayant plus grand-chose à voir avec les écosystèmes qu'on lui connaît aujourd’hui. C’est la conclusion alarmante, à une semaine de l’ouverture au Maroc de la conférence climatique COP 22, d’une étude qui vient de paraître dans le dernier numéro du magazine américain Science.

D’après les auteurs, même si le réchauffement se limite à deux degrés, c'est-à-dire l’objectif affiché de la conférence climatique de Paris, les pays du pourtour de la méditerranée subiront des changements sans précédents dans l’histoire connue de la région. Par exemple, avec simplement cet accroissement de deux degrés, « le Maroc connaitra des évolutions climatiques qui agrandiront les zones désertiques vers le nord du pays, entrainant un déplacement des zones boisées. Les déserts s’étendront dans tout le Moyen-Orient, rejetant les forêts de type tempéré plus haut dans les montagnes ».

En outre, affirment les auteurs, la zone méridionale de l’Espagne se transformera également en désert et la plupart des espaces forestiers de cette zone seront remplacés par des buissons. Les effets de cette désertification sont d’ailleurs déjà perceptibles dans le sud de l’Andalousie où ils affectent à la fois le débit des cours d’eau, les cultures et la végétation.

Tous ces changements sont déjà en train de s’amorcer parce que le bassin méditerranéen se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Ce qui menace les conditions de vie d’une population globale d’environ 450 millions de personnes si des solutions ne sont pas rapidement trouvées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui semble peu probable.

Cette situation rappelle les longues sécheresses qui ont affecté cette région il y a environ 3 000 ans. Causant peut-être, explique l’étude, la fin de l’âge du bronze avant l’émergence de la civilisation grecque. Cette période montre pourtant une différence notable avec la menace actuelle : elle n’était pas la conséquence d’une élévation des températures. Les auteurs citent à l’appui de leurs craintes, la vague de chaleur, la terrible sécheresse et leurs conséquences agricoles survenues en Syrie en 2010 ; désastres qui peuvent expliquer, au moins en partie, les révoltes de la population et le déclenchement de la guerre civile.

De nombreux climatologues, qui seront présents à Marrakech, insistent sur le fait que le réchauffement climatique, s’il dépasse (ou même simplement atteint) 1,5 degrés dans ces régions, avec ses conséquences sur le brutal changement de végétation et sur les ressources en eau, entraînerait des désordres sociaux et politiques semblables à ceux qui détruisent actuellement la Syrie, l’Égypte et la Libye.

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 16:51

La pollution de l'air contribue largement à la mortalité de 600 000 enfants de moins de 5 ans chaque année, alerte l'Unicef par Rémi Barroux pour Le Monde le 31 octobre 2016.

La pollution de l'air affecte très gravement 300  millions d'enfants dans le monde, soit un sur sept, et contribue à la mortalité d'un enfant sur dix âgé de moins de cinq ans, avance l'Unicef dans un rapport publié le 31  octobre. " Environ 2  milliards d'enfants vivent dans des zones où les niveaux de pollution dépassent les standards établis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et 300  millions d'entre eux sont confrontés à un air extrêmement toxique ", selon Anthony Lake, le directeur général du Fonds des Nations unies pour l'enfance.

En présentant ce rapport à une semaine de l'ouverture de la conférence sur le climat, la COP22, qui doit se tenir à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18  novembre, l'organisation onusienne insiste sur le risque mortel que fait courir aux plus jeunes la pollution de l'air. Elle représente un fléau, qu'elle s'exerce à l'extérieur, notamment dans les milieux urbains, ou à l'intérieur, en particulier pour les enfants de familles pauvres vivant en zone rurale, dans les pays en développement où le charbon et le bois sont utilisés pour cuisiner et se chauffer.

Cet air pollué affecte plus les enfants que les adultes, car ils respirent deux fois plus rapidement et absorbent plus d'air – et donc de particules nocives – rapporté à leur poids, détaillent les auteurs du rapport. Leur système immunitaire est plus faible et leur cerveau est encore en train de se développer. Selon l'Unicef, la capacité pulmonaire des enfants vivant dans des environnements pollués serait réduite de 20  %, soit les mêmes conséquences que dans un foyer où ils subiraient le tabagisme passif.

" Développement cérébral "

" Les substances polluantes endommagent les poumons des enfants mais elles peuvent aussi franchir les barrières protectrices du cerveau et endommager irrémédiablement leur développement cérébral, compromettant leur avenir ", insiste Anthony Lake, qui estime le coût de ces dommages à plus de 0,3  % du produit intérieur brut mondial, un pourcentage en augmentation.

Sur les 7  millions de personnes dont la mort est liée à la pollution de l'air, selon l'OMS, l'Unicef estime à 600 000 le nombre des enfants de moins de 5 ans concernés. 920 000 meurent chaque année de pneumonie, et plus de la moitié de ces décès seraient liés à la pollution de l'air.

C'est dans les pays en développement que l'on trouve la situation la plus dramatique. L'Asie du Sud compte le plus grand nombre d'enfants respirant un air dépassant les normes de l'OMS (620  millions), suivie par l'Afrique (520  millions) et l'Asie de l'Est et le Pacifique (450  millions). La qualité de l'air intérieur est la principale cause des décès liés à la pollution chez les enfants de moins de 5 ans en Asie du Sud-Est (133 000 décès), en Afrique (287 000) et enAsie de l'Est et dans le Pacifique (28 000). A l'inverse, en Europe, sur les 4 000 décès recensés, 3 000 seraient en rapport avec la pollution intérieure.

C'est armée de ces chiffres que l'organisation internationale se rend au Maroc, afin de plaider pour une lutte plus efficace contre la pollution, en réduisant par exemple le recours aux énergies fossiles, et pour la protection des plus vulnérables, en évitant par exemple de construire des écoles ou des terrains de jeux à proximité d'usines polluantes. " Protéger les enfants de la pollution, ce n'est pas seulement dans leur seul intérêt, cela concerne l'ensemble des sociétés, avec le bénéfice lié à la réduction des coûts de santé, en augmentant la productivité, en proposant un environnement plus sain, en construisant un développement durable ", résume Anthony Lake.

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 11:20

L’ordonnance n° 2016-1059 fixée le 3 août 2016 relative à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables offre de nouvelles conditions de revente pour les producteurs d’énergies vertes.

Cette ordonnance permet aux propriétaires d’installations de choisir l’opérateur à qui ils souhaitent revendre leur production sans perdre pour autant les aides et subventions accordées actuellement.

Jusqu’à aujourd’hui les producteurs étaient dépendants d’un monopole d’EDF sur le rachat de leur production.

Par un arrêté du 20 septembre 2016, l’opérateur Enercoop (le seul en France à fournir uniquement de l’électricité certifiée d’origine renouvelable) est le premier a être agréé pour ce dispositif.

L’énergéticien alternatif reste limité pour le moment à 75 contrats d’achat pour une puissance maximale de 100 MW (soit environ 10% de la puissance d’un réacteur nucléaire).

Cependant ces limitations pourraient être revues à la hausse notamment en fonction du nombre d’abonnés à la coopérative actuellement en pleine croissance (de 40 000 abonnés en 2016 Enercoop espère atteindre les 150 000 clients d’ici 2020).

Dans les faits, le démarrage en 2017 de ces dispositions devrait être expérimental, pour les producteurs déjà existants, le passage sous la bannière d’Enercoop reste contraignant dans la mesure ou le transfert devra être décidé au 1er janvier de chaque année et les modalités de cette procédure ne sont pas encore toutes prévues.

Si les tarifs d’Enercoop restent pour le client (et pour le moment) légèrement au dessus que les tarifs proposés par EDF – le choix de cet opérateur reste l’une des rares alternatives qui permettent que nos besoins en électricité ne financent pas une manière de la produire qui impactera la vie de nos arrières-arrières-arrières-(*3000)...- petits enfants.

Comme les modèles que l’on retrouve dans la production alimentaire (AMAP) cette petite révolution du secteur énergétique va tout de même permettre de favoriser les circuits courts sans intermédiaires pour nos consommations électriques.

C'est pour cela que des citoyens préoccupés par le dérèglement climatique ont créé Électrons solaires 93 (avec le soutien d'Énergie Partagée) dans la perspective de construire ensemble une coopérative citoyenne d'énergie renouvelable sur Le Pré Saint-Gervais, Les Lilas, Bagnolet,... qui pourra revendre sa production photovoltaïque à Enercoop !  Plus d'informations sur www.electrons-solaires93.org !

Sortir du Nucléaire & Pierre Stoeber.

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 16:52

Un film de Fisher Stevens produit par Leonardo DiCaprio, 1h35', Sous-titres FR TR, avec Leonardo DiCaprio, Barack Obama,... disponible en lecture depuis le 30/10/2016 pendant une semaine sur http://www.dailymotion.com/video/x4yfbbt malheureusement en américain sans sous-titre.

Pour le film, Leonardo DiCaprio a parcouru le monde pendant deux ans. Photo Ratpac Documentary Films.

Pour le film, Leonardo DiCaprio a parcouru le monde pendant deux ans. Photo Ratpac Documentary Films.

Un film suivant Léonardo Di Caprio dans son mandat d'ambassadeur de l'ONU pour le climat, jusqu'à la ratification de l'accord de Paris.

Quelques images impressionnantes.

La violence des eaux de fonte des glaces.

Un film de vulgarisation scientifique américain de 1958 ! qui expose l'alternative solaire pour laisser dans le sol les carburants fossiles.

Une démonstration : changer notre régime alimentaire du bœuf vers le poulet changerait notre impact climatique.

Un film pas très différent de ceux d'Al Gore, ou Nicolas Hulot, mais tout aussi intéressant en faisant le point en 2016. Un film qui vise un public de consommateurs nord-américains, et conclut par quelques recommandations claires.

Pierre Stoeber

Ci-dessous, une critique par Coralie Schaub pour Libération.

Contre l’effet de serre, Leonardo DiCaprio sort de sa bulle

Dans son documentaire diffusé dimanche sur National Geographic, l’acteur délaisse les paillettes d’Hollywood pour alerter sur le réchauffement climatique et inciter les citoyens à agir.

Il a du mérite et du cran, Leonardo DiCaprio. La superstar américaine aurait pu rester tranquillement planquée, à savourer sa célébrité et sa fortune d’acteur de fiction sans s’impliquer dans les affaires du monde. Rien ne l’obligeait à se lancer dans la production d’un documentaire sur le changement climatique, encore moins à s’y livrer sans fard et à s'y mettre en scène en questionnant avec humilité des acteurs de la vie réelle, qu’il s’agisse de personnalités (Barack Obama, le pape François ou Ban Ki-moon), mais aussi de scientifiques ou de représentants d’ONG. Rien ne l’obligeait à parcourir la planète pendant deux ans pour nous livrer ce film ambitieux, sérieux, limpide et d’utilité publique : Avant le déluge, diffusé dimanche par la chaîne de télévision National Geographic dans 171 pays et 45 langues, et hélas parfois desservi par des erreurs de traduction dans les sous-titres français (1).

Pédagogie. Il n’avait que des coups à prendre, une image assez lisse et consensuelle à froisser. Surtout qu’il y va fort, «Leo». Sans doute parce qu’il a compris de longue date l’importance, l’ampleur et l’urgence du sujet : «Il n’y a pas de menace plus grave pour l’avenir de nos sociétés que le changement climatique», martèle-t-il. Son documentaire fait bien sûr d’abord œuvre de pédagogie, et particulièrement bien. Les interviewés rappellent les faits, rien que les faits. N’en déplaise à ceux qui le nient, la température moyenne du globe s’emballe depuis quelques années alors qu’elle était restée stable depuis douze mille ans.

Les effets sont déjà là, flagrants, dramatiques. Et les images, à la fois belles et effrayantes, sont là pour le prouver. La glace des pôles fond à toute vitesse. Les habitants des îles du Pacifique doivent abandonner leurs maisons envahies par les flots. En Floride, le maire de Miami Beach, sorte de Shadok des temps modernes, doit faire surélever les chaussées et installer des pompes pour évacuer l’eau de mer, le tout à grands frais (400 millions de dollars, soit plus de 366 millions d’euros) et pour une durée de protection estimée à «quarante ou cinquante ans» seulement. Les récoltes des paysans indiens sont détruites par des pluies diluviennes, les coraux meurent, les poissons se font rares…

Et c’est bien l’homme qui en est responsable. Lui qui libère des quantités massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, surtout en consommant des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), mais aussi en rasant ou brûlant les forêts d’Asie du Sud-Est ou d’Amazonie, pour cultiver de l’huile de palme ou du soja destiné à nourrir le bétail. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy qui, ô surprise, reprend ces temps-ci les mêmes éléments de langage, quasiment au mot près, que James Inhofe, l’un des membres du Congrès américain les plus climatosceptiques : «Certains sont tellement arrogants qu’ils pensent pouvoir changer le climat. L’homme ne peut pas faire ça», assène ce dernier. Il se trouve que James Inhofe reçoit une fortune de l’industrie des énergies fossiles, souligne le film. Et de donner un chiffre : 1 837 427 dollars - petit reproche : il n’est pas précisé s’il s’agit là d’une somme annuelle. Suivi d’autres montants du même ordre empochés par tel ou tel sénateur, noms et photos à l’appui.

C’est là que DiCaprio y va fort. Il n’hésite pas à dénoncer nommément, à citer les multinationales responsables de la catastrophe en cours. Celles qui organisent et financent une campagne massive de désinformation dans les médias, pour instiller le doute dans les esprits et diviser le public, en achetant politiques et pseudo-experts. Voire (indirectement et anonymement) qui font envoyer de charmantes menaces de mort aux climatologues. «Vous devriez être flingué, écartelé et donné à manger aux cochons, vous et toute votre satanée famille», a reçu l’un d’eux par mail. Le tout dans le seul but de protéger leurs intérêts privés, au mépris des plus pauvres et des générations futures. Les noms qui font partie du «lobby fossile» défilent à l’écran : ExxonMobil, Shell, BP, Chevron, Koch Industries, The Heartland Institute, Americans for Prosperity… Dans le cas de l’huile de palme, le film pointe Burger King, PepsiCo et ses marques Quaker et Doritos, Kraft…

Mode de vie. Il pose, in fine, la question de notre mode de vie occidental. Mais propose des solutions à la portée de tous. Par exemple, manger moins de viande de bœuf - un hamburger de 450 grammes équivaut à deux cents heures d’éclairage d’une ampoule à 60 watts. Ou voter pour des dirigeants qui combattront le changement climatique «en supprimant les subventions aux énergies fossiles, en laissant celles-ci dans le sol, en investissant dans les énergies renouvelables ou en imposant une taxe carbone». Sur ce dernier point, un éminent professeur à Harvard, républicain et ex-boss des conseillers économiques de George W. Bush, décrypte ce que nombre de politiques ne prennent pas la peine d’expliquer, par peur des sondages : non, il ne s’agit pas d’un nouvel impôt qui s’ajouterait aux autres, mais d’un rééquilibrage de la politique fiscale permettant de nous inciter, collectivement, à choisir les énergies renouvelables plutôt que les fossiles. Et il suffirait d’un minimum d’information du public pour que celui-ci en comprenne l’intérêt… et que les politiques suivent. DiCaprio aura fait sa part.

(1) Réalisé par Fisher Stevens. Diffusé en France dimanche à 20h40, puis jusqu’au 5 novembre sur Natgeotv.com et sur Dailymotion.

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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 09:20

La baie qui borde le continent blanc est une des rares zones sauvages restées intactes sur Terre. La plus grande aire maritime protégée du monde va y être créée par Martine Valo le 29 octobre 2016.

Un manchot Adélie sur la mer de Ross. JOHN WELLER / AFP

Un manchot Adélie sur la mer de Ross. JOHN WELLER / AFP

« Le dernier océan », c’est ainsi que les scientifiques appellent la mer de Ross, une baie profonde qui borde le continent Antarctique. Dernier écosystème marin intact, ou presque, elle a gardé quelque chose de l’Eden aux yeux des naturalistes. Un tiers des manchots Adélie vivent là. Le krill – ces petites crevettes essentielles qui nourrissent poissons, phoques, baleines et oiseaux de mer – y abonde.

Réunie à Hobart, en Australie, la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR), s’est penchée sur son cas pendant deux semaines, comme chaque année depuis 2012. Après cinq ans de négociations, les vingt-quatre États qui siègent avec l’Union européenne dans cette organisation ont annoncé, vendredi 28 octobre, la création d’une très vaste aire maritime protégée (AMP) dans la mer de Ross. Proposée par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, elle couvre 1,57 million de kilomètres carrés (l’équivalent de la surface de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne) dont 1,12 million totalement protégés, où tout prélèvement, la pêche notamment, sera interdit. C’est le plus grand sanctuaire marin du monde.

Pour parvenir à cet accord historique, les membres de la CCAMLR ont dû vaincre les réticences du gouvernement chinois, ce qui fut fait en 2015, puis celles des Russes lors de cette session. Avec un bémol : cette AMP atypique s’est vu fixer une durée limitée à trente-cinq ans.

L’Antarctic Ocean Alliance (AOA), une coalition d’une vingtaine d’ONG, se réjouit sans réserve d’une avancée qu’elle attendait avec optimisme. « Voilà des mois que John Kerry en discute avec Sergueï Lavrov, les deux ministres des affaires étrangères [américain et russe] en ont parlé à Genève et à Washington en septembre lors de la conférence “Our Ocean”, expliquent Mike Walker, directeur de l’AOA, et Andrea Kavanagh, de Pew Charitable Trusts. John Kerry a un engagement très personnel en faveur de l’océan, il se devait d’obtenir quelque chose pour les eaux de l’Antarctique avant de partir. »

D’autres projets repoussés

Les défenseurs de l’environnement ne montrent pas tous autant d’enthousiasme. « C’est un véritable pas en avant, mais c’est insuffisant pour préserver des poissons comme la légine, qui vivent plus de quarante ans », regrette Carl Gustaf Lundin, directeur du programme marin et polaire de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). En septembre, Moscou – qui a déclaré 2017 « année de l’écologie en Russie » – a signé aux côtés de 62 autres pays une résolution de l’UICN appelant à protéger intégralement « au moins 30 % des océans afin d’inverser les effets néfastes actuels et d’accroître la résilience du milieu marin face au changement climatique ». Pour M. Lundin, les États doivent s’engager davantage en faveur de la protection de l’océan, en particulier dans les eaux internationales de l’océan Austral.

La CCAMLR a été créée pour veiller à la gestion des pêches dans cette zone du globe tout autant que pour garantir la sauvegarde des écosystèmes marins autour de l’Antarctique. Or, d’autres projets de sanctuaires au sud du 60e parallèle ont été repoussés à plus tard. La France et l’Australie proposent depuis plusieurs années de créer une autre vaste AMP dans l’est de l’Antarctique, tandis que l’Allemagne et les Etats-Unis en défendent une troisième dans la mer de Weddell. A elles trois, ces aires couvriraient 4,8 millions de km² et pourraient représenter un solide maillage de l’océan Austral, actuellement bien moins protégé que le continent Antarctique.

Chargée d’assurer la « conservation » de la biodiversité marine tout en facilitant l’« usage rationnel » des ressources autour de l’Antarctique, la CCAMLR est tiraillée par des enjeux contradictoires depuis sa création, en 1982. Chaque année, face à la gourmandise des ministres de la pêche, les ONG tentent de faire contrepoids. Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, est ainsi allé à Hobart présenter son rapport sur le continent blanc et sur les eaux qui l’entourent.

En Antarctique, la mer de Ross sera sanctuarisée

Lextrême sud n’est plus épargné, on y trouve désormais des polluants persistants, des particules de plastique. Avec 7 000 scientifiques et 33 000 touristes par an, l’augmentation du nombre de visiteurs constitue une nouvelle menace, souligne le WWF. Cette fréquentation accrue entraîne son lot d’intrus envahissants dans un milieu fragile : plus de 200 plantes et graines sont nouvellement arrivées en Antarctique. Plusieurs espèces de manchots sont classées comme quasi menacées, tandis que leur nourriture principale, le krill, est elle-même à la fois victime du réchauffement climatique et de la convoitise des pêcheurs.

Après avoir connu des pics de plus de 550 000 tonnes dans les années 1980, suivis par de très sérieuses réductions imposées par la CCAMLR, la pêche au krill est récemment repartie à la hausse pour atteindre 225 000 tonnes en 2015. Elle est surtout destinée à nourrir volailles, poissons d’élevages, chiens et chats, mais apparaît aussi comme une source appréciable de protéines pour l’alimentation humaine et la cosmétique. « Nous aimerions avoir de nouvelles estimations scientifiques des stocks de krill ; il n’y en a pas eu in situ depuis 2000, avance Isabelle Autissier, présidente du WWF France. Celui-ci se développe sous la glace ; or l’océan Austral s’est réchauffé de 1,5 degré depuis les années 1950. Je l’ai vu changer, moi qui ai eu la chance d’y naviguer. »

La légine, dont il existe deux espèces dans les profondeurs des eaux froides, constitue l’autre dossier emblématique de la commission d’Hobart. Qualifié d’or blanc, ce gros prédateur est à la mode dans les restaurants chics, de New York et Tokyo surtout. A 40 euros le kilo au moins, il est l’un des poissons les plus chers et suscite du braconnage.

« Laisser respirer »

Pour une ONG comme le WWF, lutter contre la pêche illégale ne suffit pas. Il est nécessaire d’établir des aires protégées qui peuvent permettre aux écosystèmes d’affronter le changement climatique avec plus de ressources afin d’être en mesure de s’y adapter « Pendant l’année 2013-2014, qui a été très chaude, une colonie de manchots Adélie n’a eu aucune descendance. Les poussins de ces 25 000 couples géniteurs – régulièrement observés – n’ont pu résister à la pluie, ils sont tous morts, rapporte Mme Autissier. Nous devons faire en sorte de ne pas ajouter d’autres menaces à celle-là. Créer des AMP contribue à renforcer la résilience des milieux naturels. Nous devons laisser de grandes zones respirer. »

Ce discours semble être entendu au ministère de l’environnement. Dans la partie de l’Antarctique qui est sous juridiction française, Ségolène Royal souhaite établir rapidement une importante AMP en étendant la réserve autour des îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam. La ministre de l’environnement a décidé d’en faire une vaste aire réglementée de 581 000 km² (dont 120 000 km² en protection renforcée), quoique morcelée en plusieurs parties. Le dossier est en bonne voie, n’ayant pas à affronter d’inextricables négociations géopolitiques.

Cependant, même inachevé, le mouvement enclenché lors de cette conférence de la CCAMLR pourrait indiquer une évolution positive en faveur de la sauvegarde de l’océan. La Russie elle-même ne vient-elle pas de décider d’étendre son AMP de l’archipel François-Joseph ? Dans l’Arctique, celle-là.

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 16:58

Les cargos et porte-conteneurs utilisent un carburant chargé en soufre, l’un des plus sales au monde par Eric Albert, correspondant à Londres pour Le Monde le 28 octobre 2016.

Un bateau brisé par une tempête répand son carburant dans le port de Kavkaz (Russie), en novembre 2007. Oleg KLIMOV/PANOS-REA / Oleg KLIMOV/PANOS-REA

Un bateau brisé par une tempête répand son carburant dans le port de Kavkaz (Russie), en novembre 2007. Oleg KLIMOV/PANOS-REA / Oleg KLIMOV/PANOS-REA

Certains l’ont surnommé « le sang impur de la mondialisation ». Les énormes cargos porte-conteneurs qui sillonnent les océans fonctionnent avec ce carburant, l’un des plus sales au monde, un résidu visqueux du pétrole, lourd et difficile à brûler. Ce pétrole « bunker » est ce qui reste après avoir raffiné les autres produits pétroliers – essence, naphta ou encore diesel – qui sont plus légers. Dans ce magma noir se trouvent des résidus de métal, de la cendre, et surtout beaucoup de soufre. « C’est vraiment un truc dégoûtant », résume John Maggs, de Seas at Risk, une coalition d’associations environnementales. Mais c’est aussi le produit le moins cher de tous, qui permet d’assurer le commerce mondial à moindre coût.

Jeudi 27 octobre, l’industrie maritime a décidé de s’attaquer à la pollution de ce carburant. Réunie à Londres, l’Organisation maritime internationale (OMI), une entité des Nations unies, a adopté une résolution pour réduire sa teneur maximale en soufre de 3,5 % à 0,5 % à partir de 2020. La tentative du lobby pétrolier de repousser la date d’application à 2025 a finalement été rejetée. « Pour l’industrie maritime, c’est la première fois que sont adoptées des normes sur la pollution atmosphérique qui vont avoir un vrai effet », se félicite Bill Hemmings, de l’association Transport & Environment.

Selon une étude de James Corbett, professeur à l’université du Delaware, cette limitation va réduire la mortalité précoce due aux maladies cardiovasculaires et aux cancers du poumon de 40 000 personnes par an à travers le monde. « Avec une date d’application dès 2020, ce sont cinq ans de gagné, soit 200 000 morts précoces évitées », explique-t-il.

Le pétrole bunker a longtemps été très utilisé, notamment pour faire tourner certaines centrales électriques. Mais en Europe, les pluies acides, chargées de soufre, ont poussé les pays à réagir dans les années 1980. Les Etats-Unis ont fait de même, prenant conscience que les émissions de particules fines de ce carburant étaient très dangereuses pour la santé.

Progressivement, l’industrie maritime est devenue la dernière à utiliser ce fuel à grande échelle. Le produit est tellement visqueux qu’il faut dans un premier temps le chauffer avant de le brûler dans les énormes moteurs des cargos. Pour les populations, le danger est réel : les navires ne se contentent pas d’émettre leur pollution au milieu des océans. La grande majorité du trafic passe près des côtes, et les particules fines peuvent être transportées à des centaines de kilomètres par les vents.

Montrée du doigt, l’industrie a commencé à réagir. En 1997, un standard à 4,5 % de soufre au maximum a été adopté, abaissé à 3,5 % en 2012. Mais ce taux reste 3 500 fois supérieur aux normes actuelles pour les voitures diesel. Ce qui signifie qu’un gros porte-conteneurs peut polluer autant que… 50 millions d’automobiles.

L’Europe a été la première à aller plus loin. Dans la mer Baltique, la mer du Nord et la Manche, où le trafic maritime est dense et proche de côtes très peuplées, la norme a été abaissée à 0,1 %. L’Amérique du Nord et quelques régions de Chine ont fait de même.

Restait à imposer un standard à l’ensemble de la planète. Dès 2008, l’OMI s’est entendu sur le plafond de 0,5 %. Mais la date d’application demeurait incertaine. Sous l’impulsion de l’industrie pétrolière, qui possède plusieurs sièges d’observateurs à l’OMI, une offensive a été lancée pour la repousser à 2025. L’argument-clé : il n’y aura pas assez de carburant répondant aux nouvelles normes pour fournir les quelque 50 000 navires commerciaux de la planète.

L’objection n’est pas absurde. « Pour produire assez de carburant de ce type, les raffineries vont avoir besoin de beaucoup investir », reconnaît l’ambassadeur de l’un des pays occidentaux de l’OMI. Elles doivent mettre à jour leurs équipements, nécessitant de lourdes dépenses.

Pour trancher, l’OMI a commandé une étude sur la disponibilité de ce carburant. Ses conclusions sont claires : dans toutes les circonstances, il devrait y en avoir suffisamment d’ici à 2020. Jeudi, plusieurs grands pays émergents ont tenté une dernière contre-attaque. La Russie, le Brésil, la Thaïlande ou encore l’Inde ont plaidé pour cinq années supplémentaires. Ils ont abandonné, leur position étant trop minoritaire.

L’adoption de nouvelles normes concernant le soufre n’est qu’un petit pas de l’industrie maritime dans la lutte contre la pollution. Sur le plan climatique, ses émissions de CO2 ne représentent aujourd’hui que 2 % des émissions mondiales, mais elles risquent de fortement augmenter avec le développement du commerce mondial. Le secteur n’est assujetti à aucune taxe carbone. Certains pays, Europe en tête, appellent à s’atteler à cette question. Mais l’OMI n’a proposé que l’engagement de présenter une feuille de route détaillée en 2018.

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 11:32

Grâce aux éoliennes et aux panneaux solaires, la capacité de production des énergies renouvelables à dépassé celle du charbon, annonce l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
par L'Express selon AFP sur http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/pour-la-premiere-fois-les-energies-renouvelables-detronent-le-charbon_1844759.html
le 27 octobre 2016.

C'est la fin d'une domination sans partage. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) https://www.iea.org/newsroom/news/2016/october/iea-raises-its-five-year-renewable-growth-forecast-as-2015-marks-record-year.html, la capacité de production des énergies renouvelables  a, pour la première fois dans l'histoire, dépassé celle du charbon, comme le rapporte Le Monde <http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2016/10/26/le-soleil-plus-fort-que-le-charbon_5020565_3234.html> ce mercredi. En 2015, 500 000 panneaux solaires ont ainsi été installés chaque jour dans le monde.

Le phénomène a été rendu possible grâce aux économies émergentes, dans lesquelles les énergies renouvelables ont connu une formidable croissance. En Chine , qui réunit à elle seule 40% des nouvelles installations, le rythme d'installation des éoliennes a atteint les deux turbines... par heure. A tel point que l'AIE a revu à la hausse ses prévisions de développement à cinq ans des énergies vertes utilisées pour la production d'électricité. Quelque 825 gigawatts de nouvelles capacités électriques renouvelables devraient ainsi être installées d'ici 2021, soit une progression de 42% par rapport à 2015, une prévision relevée de 13% depuis les précédentes estimations.

Baisse du coût de l'éolien et du solaire

Pour expliquer cette accélération inattendue du renouvelable dans le monde, l'AIE met en avant la baisse des coûts de l'éolien et du solaire. Cette diminution était déjà forte ces dernières années et devrait encore s'intensifier, rendant ces énergies toujours plus compétitives. Dans cinq ans, les coûts du solaire devraient encore baisser de 25%, et de 15% pour l'éolien terrestr , prédit l'agence.

Le phénomène est lié à trois facteurs, analyse l'AIE dans son rapport annuel de moyen terme sur les énergies renouvelables: "une concurrence exacerbée, des politiques de soutien plus importantes sur les marchés clefs et des innovations technologiques". En Asie, le phénomène se double d'une préoccupation croissante des autorités locales sur le problème de la pollution de l'air . Les pays asiatiques aspirent également à diversifier leur sources pour améliorer leur sécurité énergétique, explique l'AIE.

De fait, "l'Asie prend définitivement la tête" du développement des énergies vertes. "La concurrence entre les renouvelables et le gaz et surtout le charbon en Asie est le facteur déterminant qui fera que la lutte contre le changement climatique sera gagnée ou perdue", prévient d'ailleurs Paolo Frankl, directeur du secteur à l'AIE.

Production en deçà du charbon

Toutefois, "les énergies renouvelables n'y représentent qu'une part limitée de la croissance de la production d'énergie", toujours dominée par les énergies fossiles, relève-t-il. Et c'est bien là le problème. Si la capacité de production progresse, la production effective reste toujours aux mains du charbon, qui atteint les 40% à l'échelle mondiale. En face, les énergies renouvelables comptent pour 23%. D'ici 2021, cette part devrait grimper à 28% de la production d'électricité mondiale, se félicite toutefois l'AIE.

La faculté d'atteindre ces nouveaux objectifs restera toutefois liée aux politiques mises en place dans chaque pays. L'AIE relève notamment des incertitudes politiques dans "trop de pays", une impréparation des réseaux électriques pour intégrer les énergies renouvelables, par exemple en Chine et en Afrique du Sud, ou encore des conditions de financement pénalisantes dans les pays émergents.

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 14:17

La programmation pluriannuelle de l’énergie, qui doit être publiée vendredi 28 octobre, prévoit une forte hausse des renouvelables d’ici à 2023

par Pierre Le Hir le 27 octobre 2016 pour Le Monde.

Avec dix mois de retard, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la France devait enfin être publiée vendredi 28 octobre. Le décret, signé depuis une semaine par la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, et paraphé par ses collègues de l’économie, de l’agriculture et du logement, n’attendait plus que le sceau du premier ministre, Manuel Valls, pour paraître au Journal officiel.

« C’est un travail considérable que j’ai tenu à finaliser avant la COP22 [la conférence sur le climat qui se tiendra du 7 au 18 novembre, au Maroc, à Marrakech], comme promis », se félicite Mme Royal. En réalité, le document était initialement attendu fin 2015. Plusieurs fois reporté, il a finalement été présenté début juillet, puis soumis à une multiplicité d’organismes (Conseil national de la transition écologique, Comité d’experts pour la transition énergétique, Conseil supérieur de l’énergie, Autorité environnementale), ainsi qu’à une consultation publique en ligne.

Ce très long processus d’élaboration a abouti à un cadrage énergétique qui annonce une embellie pour les filières renouvelables, mais n’en déçoit pas moins fortement les associations environnementales, de même que des parlementaires, de la majorité comme de l’opposition. Car il passe quasiment sous silence la question cruciale de l’évolution du parc nucléaire.

Prévue par la loi de transition énergétique promulguée en août 2015, la PPE constitue la feuille de route qui permettra à la France de se mettre en phase avec les grands objectifs de cette loi : quatre fois moins d’émissions de gaz à effet de serre en 2050 (par rapport à 1990), deux fois moins d’énergie consommée au milieu du siècle, moins 30 % de fossiles en 2030 dans le mix énergétique, 32 % de renouvelables à la même échéance. Le tout assorti d’une baisse à 50 % [contre 77 % en 2014] de la part de l’électricité d’origine nucléaire « à l’horizon 2025 ». Cette planification porte pour l’instant sur deux périodes successives, 2016-2018 et 2019-2023.

Electricité et chaleur vertes

Si elle est suivie, la trajectoire fixée pour les énergies vertes donnera à celles-ci un essor sans précédent. Il est prévu d’atteindre une capacité totale installée de 52 gigawatts (GW) en 2018, contre 41 GW en 2014, pour grimper entre 71 et 78 GW en 2023. Soit, par rapport à la situation présente, un bond spectaculaire, de 73 % dans l’hypothèse basse et 90 % dans l’hypothèse haute.

Une embellie pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque - Ministère de l'environnement.

Une embellie pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque - Ministère de l'environnement.

Certes, cette progression s’effectuera en partant d’un niveau très bas, les renouvelables ne constituant que 14,3 % du mix énergétique hexagonal en 2014. Il n’en s’agit pas moins d’un cap ambitieux pour ces filières, notamment pour le solaire photovoltaïque, dont la capacité doit presque quadrupler (de 5,3 GW à 20,2 GW dans l’hypothèse haute) et l’éolien terrestre, dont le potentiel doit presque tripler (de 9,3 GW à 26 GW).

En revanche, pour l’éolien en mer, il n’est visé que 3 GW en 2023, ce qui correspond aux parcs déjà programmés au large des côtes normandes, bretonnes et vendéennes. Quant aux nouvelles énergies marines (éolien flottant, hydroliennes), moins matures, elles ne pèseront que pour 0,1 GW à cette échéance. Des possibilités de développement sont toutefois prévues dans ces deux filières, en fonction du retour d’expérience de fermes pilotes et de la compétitivité de ces technologies.

Parallèlement au secteur électrique, la PPE va aussi donner un coup d’accélérateur à la production de chaleur d’origine renouvelable. Entre la biomasse, les pompes à chaleur, le solaire thermique, le biogaz et à la géothermie, cette production devrait croître de 50 %, pour atteindre 19 mégatonnes équivalent pétrole (Mtep) en 2023.

La biomasse au coeur de la chaleur renouvelable - Ministère de l'environnement

La biomasse au coeur de la chaleur renouvelable - Ministère de l'environnement

« Socle » nucléaire

Prolixe sur les renouvelables, la PPE est en revanche très laconique sur le volet nucléaire. Elle reprend bien l’objectif de réduction à 50 % de la part de l’atome dans le bouquet électrique à l’horizon 2025. De même que le plafonnement de la capacité nucléaire française à son niveau actuel de 63,2 GW, comme en a décidé la loi de transition énergétique. La fermeture des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, par décret abrogeant l’autorisation de leur exploitation, est elle aussi entérinée, en prévision de l’entrée en service, fin 2018, de l’EPR de Flamanville (Manche).

Mais, au-delà de ces deux unités, combien de réacteurs seront-ils mis à l’arrêt – et quand – pour organiser la décrue du nucléaire ? Le document n’en dit mot. Il avance seulement une fourchette de réduction de la production annuelle d’électricité nucléaire allant de 10 à 65 térawattheures (TWh), en 2023. Ce qui, rapporté à une production de 417 TWh en 2015, équivaut à la déconnexion de deux réacteurs, dans l’hypothèse basse, et d’une dizaine, dans l’hypothèse haute.

« Cette fourchette pourra être révisée, en fonction de l’augmentation de la production renouvelable et des efforts d’efficacité énergétique », souligne Mme Royal. La ministre, qui refuse toute « posture idéologique » sur l’atome, dit ne pas vouloir « opposer les énergies » entre elles. « Le nucléaire restera le socle de notre mix électrique, précise-t-elle, mais il sera progressivement réduit dans le respect des prescriptions de l’Autorité de sûreté nucléaire et des enjeux de sécurité d’approvisionnement. »

Les décisions sur le dimensionnement du parc nucléaire, sur les réacteurs appelés à fermer et ceux maintenus en activité, sont donc remises à plus tard. Elles seront prises « au cours de la deuxième période de la PPE ». C’est-à-dire après 2019… sous un autre gouvernement. Cela, même si EDF devra, dans « un délai maximal de six mois » à compter de la publication de la PPE, établir « un plan stratégique compatible avec les orientations de [cette] programmation », en respectant l’objectif de 50 % de nucléaire.

« Sujet tabou »

Pour les ONG, le compte n’y est pas : « Si la PPE donne des orientations ambitieuses concernant le développement des énergies renouvelables, elle reste muette sur le nucléaire, sujet tabou, déplore Anne Bringault, du Réseau action climat et du Réseau pour la transition énergétique. En ne faisant pas, dans les faits, la place aux renouvelables et à l’efficacité énergétique, le gouvernement met en péril la tenue des objectifs de transition énergétique et la création de milliers d’emplois locaux associés. »

Les associations ne sont pas seules à rester sur leur faim. La mission parlementaire sur l’application de la loi de transition énergétique, dans un rapport présenté mercredi 26 octobre par Jean-Paul Chanteguet, député (PS) de l’Indre et président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, regrette « que la PPE ne joue pas son rôle programmatique, en n’anticipant aucune piste ».

Membre lui aussi de la commission du développement durable, Bertrand Pancher, député (UDI) de la Meuse, est encore plus sévère. Il dénonce « une absence totale de trajectoire claire pour le nucléaire » et, plus largement, une « incapacité à enclencher une véritable transition énergétique ».

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 08:44

L'humanité consomme chaque année l'équivalent de 1,6 Terre pour satisfaire ses besoins par Audrey Garric pour Le Monde le 27 octobre 2016.

Un biologiste capture des grenouilles de l’espèce arlequin pour les étudier, en 2011, à Panama. REUTERS

Un biologiste capture des grenouilles de l’espèce arlequin pour les étudier, en 2011, à Panama. REUTERS

Partout, les écosystèmes sont menacés, et rien ne semble pouvoir enrayer la tendance. Alors que les pressions humaines sur l'environnement ne cessent de s'aggraver, plus de la moitié du -vivant, parmi les vertébrés, a disparu ces quarante dernières -années. C'est sur ce nouveau constat alarmant que s'ouvre la -onzième édition du rapport " Planète vivante ",un vaste bilan de santé de la Terre et de sa biodiversité, publié jeudi 27 octobre par le Fonds mondial pour la nature (WWF).

L'étude, réalisée tous les deux ans en partenariat avec la société savante Zoological Society of London et l'ONG Global Footprint Network, se fonde sur deux indicateurs principaux, tous deux au rouge. Le premier, l'indice Planète vivante, mesure l'abondance de la biodiversité à partir du suivi de 14 152 populations (groupes d'animaux sur un territoire) appartenant à 3 706 espèces vertébrées de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, d'amphibiens et de poissons répartis aux quatre coins du globe. Les invertébrés, eux, n'ont pas été étudiés. S'il ne consiste pas en un recensement exhaustif de la vie sauvage, il indique en revanche l'évolution de ses effectifs au fil du temps.

Clairement, la tendance est à la régression. Les populations de vertébrés ont ainsi chuté de 58 % entre 1970 et 2012 (dernières données de terrain disponibles), contre ? 52 % dans le précédent rapport. Dans le détail, les milieux d'eau douce sont les plus affectés, avec un effondrement de 81 % sur la période, devant les espèces terrestres (? 38 %) et celles marines (? 36 %). Si rien ne change, ces populations pourraient avoir diminué en moyenne des deux tiers (67 %) d'ici à 2020, en l'espace d'un demi-siècle seulement. " Ces chiffres matérialisent la sixième extinction des espèces : une disparition de la vie sur la planète dont nous sommes en partie responsables ", dénonce Pascal Canfin, le directeur général du WWF France.

Les causes de ces reculs sont connues : ils sont imputables, en premier lieu, à la perte et à la dégradation de l'habitat, sous l'effet de l'agriculture, de l'exploitation forestière, de l'urbanisation ou de l'extraction minière. Viennent ensuite la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), la pollution, les espèces invasives et les maladies et enfin, de manière plus marginale pour l'instant, le changement climatique.

L'impact de notre système alimentaire est majeur. " A elle seule, l'agriculture occupe environ un tiers de la surface terrestre totale, est la cause de 80 % de la déforestation mondiale et pèse pour près de 70 % de la consommation d'eau, rappelle Arnaud Gauffier, responsable du programme agriculture du WWF France. Enfin, 30 % de l'empreinte carbone en France est liée à l'alimentation. "

Deux planètes en 2050 ?

Le second indicateur sur lequel se base le rapport " Planète vivante " est l'empreinte écologique, qui mesure la pression qu'exerce l'homme sur la nature. Elle calcule ainsi les surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire chaque année les biens et services que nous consommons (nourriture, combustible, espaces bâtis, etc.) et pour absorber les déchets que nous générons (en particulier nos émissions de CO2), puis les compare à la biocapacité de la Terre, c'est-à-dire la surface disponible. Ces superficies se mesurent en hectares globaux (hag).

En 2012, l'empreinte écologique de l'humanité atteignait 20,1 milliards d'hectares globaux, soit 2,8 hag par personne. Elle excédait ainsi largement (de 61 %) la biocapacité totale de la Terre, qui s'élevait à 12,2 milliards de hag (1,7 hag par personne). Au final, cette année-là, l'humanité a utilisé l'équivalent de 1,6 planète pour vivre et a donc entamé son " capital naturel ".

La majeure partie (60 %) de cette surconsommation est imputable aux émissions de CO2, essentiellement dues à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel). Ce " dépassement écologique ", qui intervient depuis le début des années 1970, est possible car nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous prélevons plus de poissons dans les océans qu'il n'en naît chaque année, et nous rejetons davantage de carbone dans l'atmosphère que les forêts et les océans ne peuvent en absorber. Or, le " jour du dépassement ", la date à laquelle l'humanité a consommé toutes les ressources que la Terre peut produire en un an, est chaque année plus précoce : il a eu lieu le 8 août cette année contre le 14 octobre en 1992 et le 1er novembre en 1986. A ce rythme, en 2050, avec une population mondiale qui frôlera les 10 milliards d'humains, nous aurons besoin de 2 planètes.

" Le franchissement du seuil de biocapacité de la Terre n'a qu'une durée limitée, prévient Pascal Canfin. C'est comme un compte en banque : si tous les ans on puise dans son épargne de plus en plus tôt, sans la reconstituer, un jour elle aura disparu. " Les retombées de cette vie à crédit sont d'ores et déjà palpables, comme en témoignent l'effondrement des pêches, les pertes d'habitats et d'espèces ou encore l'accumulation du carbone dans l'atmosphère à des niveaux inédits.

" Inventer un nouveau modèle "

De manière globale, les pays qui exercent la plus grande pression sur les écosystèmes sont ceux qui émettent le plus de CO2 : la Chine, les États-Unis, l'Inde, la Russie et le Japon. A eux cinq, ils pèsent la moitié de l'empreinte écologique mondiale.

Mais, ramené par habitant, cet indice donne un classement différent. Cette fois, ce sont les pays aux revenus les plus élevés qui sont les plus fautifs. Ainsi, l'empreinte record par tête est détenue par le Luxembourg (15,8 hag par habitant, soit 9 fois ce que la Terre peut produire), suivi de l'Australie (9,3 hag), des États-Unis et du Canada (8,2 hag) et de Singapour (8 hag) – sans compter les pays du Golfe, classés parmi les plus polluants en 2014, mais pour lesquels aucune donnée n'est disponible dans le rapport 2016. La France se classe à la 28e position, avec 5,1 hag. Le Pakistan, le Bangladesh, Haïti, le Timor oriental et l'Erythrée possèdent quant à eux l'empreinte la plus faible, avec environ 0,6 hag par habitant.

Une lueur d'espoir, toutefois : l'empreinte écologique par habitant des pays à haut revenu (ceux de l'Organisation de coopération et de développement économiques) a légèrement diminué entre 1985 et 2012. Un déclin qui peut être attribué à des gains de productivité et aux nouvelles technologies, mais aussi aux effets de la crise économique.

" Il ne s'agit pas de vivre comme il y a cinquante ans, mais d'inventer un nouveau modèle ", assure Pascal Canfin. Pour cela, le rapport appelle à préserver le capital naturel, à réorienter les flux financiers pour notamment valoriser la nature, à instaurer une gouvernance équitable des ressources et à produire mieux et à consommer plus raisonnablement. " Si tout le monde réduisait d'une demi-portion par jour sa consommation de protéines animales, tout en augmentant sa consommation de légumineuses et de céréales, nous pourrions baisser de 25  % les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation, assure Arnaud Gauffier. C'est à la portée de tous. "

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