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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 13:43

Par Martine Valo le 6 avril 2016 pour Le Monde, http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/04/06/planete-biodiversite_4896541_1652692.html

Un parc national au Gabon, entre la foret tropicale, la savane et les plages, surveillé par un éco-garde.

Grands lacs africains, sanctuaire népalais des derniers tigres sauvages, forêts primaires, grands récifs de corail : les trésors naturels de la planète sont en danger. L’Unesco a inscrit sur sa liste du patrimoine mondial 229 de ces sites précieux disséminés dans une centaine de pays : 34 pour leur richesse naturelle et culturelle à la fois, 197 uniquement pour la beauté de leurs paysages et la qualité de leurs écosystèmes. Chaque site présente une « valeur universelle exceptionnelle ». Mais ce classement ne constitue pas une garantie de protection.

Dans un rapport rendu public mercredi 6 avril, le WWF, le fonds mondial pour la nature, qui a recensé l’ensemble des sites, pousse un cri d’alarme. Selon l’ONG, près de la moitié de ces emblèmes de la biodiversité – 114 exactement –, est aujourd’hui soumise à des menaces émanant essentiellement de l’industrie : activités pétrolières et gazières, extraction minière, exploitation forestière illégale, construction de grandes infrastructures, surpêche, ou encore consommation excessive des ressources en eau.

Logique économique

Près d’un site classé sur cinq accueille dans son périmètre une concession d’hydrocarbure, malgré l’engagement pris à partir de 2003 par certaines grandes compagnies minières et pétrolières (notamment Shell, Total, Tullow) de s’abstenir d’y mener leurs activités. L’Afrique subsaharienne souffre de la situation la plus critique : 71 % des aires à préserver (30 sur 42) sont confrontées à un ou plusieurs de ces fléaux environnementaux, ce qui peut avoir un impact direct sur les moyens d’existence de 1,8 million de personnes. Le tableau est le même dans au moins 54 % des cas en Asie, Amérique latine, et dans les Caraïbes.

Alors qu’ils font la fierté des gouvernements concernés au moment d’être distingués par l’Unesco, les lieux élus au patrimoine mondial sont ensuite victimes des entorses aux règlements censés les protéger. Une grande route par-ci qui fragmente l’habitat de la faune locale, un permis de bétonner par-là avec son lot de pollution : c’est une vision de court terme qui s’impose au nom de la logique économique.

Pourtant « la protection des aires naturelles et des écosystèmes ne fait pas obstacle au développement, écrit Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. Au contraire, elle va dans le sens d’un développement soutenable et robuste qui profite sur le long terme à la nature et à l’Homme et contribue à la fois à la stabilité sociale, la croissance économique et le bien-être de chacun. »

Lorsqu’elles sont en bon état, les vastes aires naturelles permettent de consolider la sécurité alimentaire des communautés locales, elles contribuent à réduire la pauvreté, à lutter contre le changement climatique et à atténuer les effets des catastrophes naturelles. Selon l’ONG, plus de 11 millions de personnes dépendent de ces sites pour subvenir à leurs besoins, se soigner, travailler.

Pour améliorer la gestion des sites, le WWF suggère d’impliquer les populations alentour et de redistribuer les retombées du tourisme haut de gamme. Cependant son rapport dessine surtout une palette étendue de calamités environnementales, d’autant plus dommageables qu’elles frappent des concentrés de biodiversité.

Trafic d’ébène et surpêche

Ainsi sur l’île indonésienne de Sumatra, les trois parcs nationaux composés de forêts humides dont dépendent plusieurs millions de personnes pour l’approvisionnement en eau, sont menacés à la fois par le prélèvement excessif du bois, par des routes, des voies ferrées, sans compter 27 concessions minières, trois pétrolières et gazières… Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’exploitation forestière illégale menace gravement 25 des 106 sites naturels du Patrimoine mondial. Le rapport cite le cas de Madagascar, où le trafic de bois de rose et d’ébène favorise au passage le braconnage des lémuriens, la détérioration de l’eau, les glissements de terrain…

Un cinquième des lieux classés se situe dans le milieu marin et pâtit globalement de la surpêche. Dans la région des Caraïbes notamment, le déclin des poissons herbivores conduit à l’effondrement prévisible des récifs coralliens, progressivement recouverts d’algues.

La gigantesque station balnéaire de Puerto Azul, à Belize, projette de construire une piste de formule 1 et un aéroport sur le sable prélevé dans la baie ! Or la faune marine exceptionnelle y souffre déjà des dégâts causés par un grand terminal de croisières et par les forages pétroliers en mer. Ainsi le récif-barrière de Belize, le plus grand de l’hémisphère nord, est-il désormais inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril, comme les forêts remarquables de Madagascar et de Sumatra.

La Réserve de Selous en Tanzanie l’est aussi depuis 2014 : déjà affectée par plus de 50 concessions vouées à l’extraction d’hydrocarbures et d’uranium entre autres, elle est à présent menacée par des barrages hydroélectriques. La population d’éléphants a fondu de 90 % depuis 1982, celle de rhinocéros noirs a « été pratiquement réduite à néant ».

Plus triste encore, le sort de l’oryx arabe d’Oman, dont le territoire a été amputé de 90 % au profit du pétrole. Là encore, les routes ouvertes pour l’activité industrielle ont favorisé le braconnage. Le nombre d’individus a chuté de 87 % entre 1994 et 2007, il ne resterait que des mâles actuellement. Le sanctuaire de l’oryx a été rayé de la liste du patrimoine mondial.

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7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 13:28

Par Rémi Barroux pour Le Monde le 5 avril 2016 sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/05/notre-dame-des-landes-le-desaveu-des-experts_4896064_3244.html#wELsAZJMrkxlvD1W.99

L'aéroport Nantes-Atlantique, le 17 mars

C’est un carton rouge ou, à tout le moins, un éclairage nouveau sur le projet de construction du nouvel aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes. Et qui pourrait remettre en question le transfert de l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique vers ce petit bourg situé dans le bocage, à une quinzaine de kilomètres au nord de l’agglomération nantaise.

Dans un rapport très complet de plus d’une centaine de pages, rendu public mardi 5 avril, les trois inspecteurs généraux des ponts, des eaux et des forêts, missionnés par la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, le 13 janvier, retiennent deux possibilités : agrandir l’actuelle plate-forme aéroportuaire ou garder le site de Notre-Dame-des-Landes pour le nouvel aéroport, mais en en diminuant la surface et, de fait, l’impact environnemental. Sans préconiser un abandon, ils rejettent l’actuel projet, défendu par le gouvernement et le chef de l’Etat – François Hollande avait expliqué, le 11 février, qu’il s’agissait d’« un grand projet d’aéroport pour tout l’Ouest, engagé depuis des années » –, le jugeant « surdimensionné ».

« L’agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes-Atlantique permettraient d’accompagner la croissance du trafic. Les questions de bruit resteraient très prégnantes, précisent Pierre Caussade, Nicolas Forray et Michel Massoni. Le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes apparaît surdimensionné. Une redéfinition du projet avec une seule piste de 2 900 m de long et 45 m de large – au lieu des deux pistes de 3600 m  de long dont une de 60m de large – ré »pondrait aux besoins au-delà de 9 millions de passagers, permettant de réduire les coûts et les impacts environnementaux et fonciers.

Selon les calculs des inspecteurs, le recalibrage du projet de Notre-Dame-des-Landes permettrait de diminuer son emprise de 200 hectares, sur les 1650 que compte aujourd’hui la zone d’aménagement prévue.

Pour Ségolène Royal, la mission répond bien à la question posée : « Y a-t-il un projet alternatif ? » « C’est un très bon rapport, incontestable, qui desserre l’étau du tout ou rien, qui dit qu’on peut recalibrer le projet et que l’aménagement de l’aéroport actuel n’est pas non plus impossible », a expliqué au Monde la ministre de l’environnement. Les trois inspecteurs soulignent cependant qu’ils n’ont eu que deux mois pour accomplir leur mission. Durant ce laps de temps limité, ils ont repris l’ensemble des études et documents produits par les porteurs du projet et les opposants et auditionné tous les protagonistes.

Mme Royal, qui n’a jamais caché ses doutes sur la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, vieux de plus de cinquante ans et dont la déclaration d’utilité publique remonte à bientôt dix ans, a apliqué une méthode déjà éprouvée lors de la contestation du barrage de Sivens, dans le Tarn. Alors que le conflit s’était dramatiquement soldé par la mort d’un jeune manifestant, Rémi Fraisse, tué par les gendarmes lors d’une manifestation des opposants le 26 octobre, la ministre avait lancé une mission d’expertise qui avait proposé de redimensionner la « retenue d’eau », en la réduisant fortement et en la positionnant ailleurs.

« politique de vérité »

Une méthode clairement revendiquée aujourd’hui – un des trois inspecteurs, Nicolas Forray, a d’ailleurs travaillé sur l’expertise à Sivens. « J’ai réglé le problème de Sivens en pratiquant une politique de vérité, affirme Ségolène Royal. Il faut écouter, ne pas brutaliser les gens, établir la vérité des faits et des informations, etv arrive le moment où on met les choses sur la table, et il faut choisir. »

Le rapport, de fait, ne tranche pas, mais apporte de nouveaux éléments en ouvrant la voie à un possible réaménagement de Nantes-Atlantique, confirmant aussi le choix du site de Notre-Dame-des-Landes, « un compromis acceptable malgré les difficultés à ne pas sous-estimer ». De quoi satisfaire, espère la ministre, les deux camps, violemment opposés.

D’un côté, quelques deux cents anti-aéroport qui occupent la ZAD depuis près de 7 ans, forts du soutien de plusieurs dizaines de milliers de personnes, prêtes à rejoindre la bocage au moindre risque d’intervention policière. De l’autre, les collectivités territoriales, région, département, ville de Nantes, au Parti socialiste comme chez Les Républicains, qui ne cessent de réclamer le démarrage du chantier – annoncé par Manuel Valls pour l’automne – et, surtout, l’évacuation de la zone occupée.

« Le rapport ouvre une autre problématique, et tout le monde peut y trouver motif de satisfaction. Il devra être versé au débat. Et si les gens sont raisonnables, et en recherche d’une solution, cela peut débloquer la situation », espère Mme Royal.

Mais à la question qui devrait être posée aux électeurs du département de Loire-Atlantique, lors du référendum – « Êtes-vous favorable au transfert de l’aéroport vers Notre-Dame –de-Landes ? » chaque camp trouvera dans le rapport matière à alimenter ses thèses.

Première hypothèse, le réaménagement de l’actuel aéroport. Il faudrait rénover la piste et agrandir l’aérogare, prévoir la mise en silo des parkings, allonger la ligne de tramway qui s’arrête à quelques kilomètres de l’aéroport, ou encore mettre en place de nouveaux instruments de guidage qui permettraient de modifier les procédures actuelles pour les mouvements d’avions. Les inspecteurs soulignent, au passage, que la mise en conformité de ces procédures devra être posée, car « indépendamment de l’option retenue, il est maintenant évident que l’exploitation de Nantes-Atlantique se poursuivra bien au-delà de l’échéance de fin 2017, prévue dans le contrat de concession ».

« À partir de l’estimation de la direction générale de l’aviation civile, l’ordre de grandeur des coûts d’investissement correspondant à l’horizon « 7 millions de passagers [en 2015, le trafic était de 4,4 millions] a été évalué à 300 millions d’euros TTC, compte non tenu des conséquences financières des travaux sur l’exploitation de l’aéroport [l’activité de celui-ci pourrait être interrompue durant la réfection de la piste par exemple]. »

Polémique sur les coûts

Deuxième hypothèse, la construction d’un nouvel aéroport. Le choix de Notre-Dame-des-Landes est, bien sûr, passé au crible par les auteurs du rapport, qui regrettent que le cahier des charges initial – un aéroport international destiné à accueillir « les avions gros-porteurs des lignes intercontinentales » - n’ait pas été réévalué au fil du temps. Le projet a été conçu dans les années 1960, notamment dans la perspective d’accueillir le Concorde.

Néanmoins, la mission valide « l’utilité économique du projet » en le revoyant à la baisse. La suppression d’une piste pourrait se traduire par une réduction de 10% des coûts de ce chantier, estimé à 364 millions d’euros dans le dossier de concession. Un coût largement réévalué depuis. Les opposants au transfert évoquent, eux, un différentiel bien plus important entre les deux projets, si l’on prend en compte, notamment, la construction d’infrastructures de transport nécessaires à la desserte du nouvel aéroport : « Conserver et rénover Nantes-Atlantique coûtera huit à dix fois moins cher que de construire à Notre-Dame-des-Landes. »

Le transfert vers Notre-Dame-des-Landes signifierait-il la fin des activités aéroportuaires à Nantes-Atlantique ? Alors que l’hypothèse d’un maintien de la piste pour l’usine Airbus, en bordure du terrain, est fréquemment évoquée, la mission suggère la fermeture de la plate-forme aéroportuaire. Les inspecteurs suggèrent d’étudier d’autres scénarios, comme le transport des éléments d’avion par barge sur la Loire jusqu’à l’autre complexe d’Airbus à Saint-Nazaire, ou l’utilisation de convois routiers exceptionnels.

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Avis des experts désavouant le projet Notre-Dame-des-Landes : la France doit abandonner ce projet dépassé et inutile

Communiqué d’Europe Écologie Les Verts le 5 avril 2016

Après l’avis unanimement négatif rendu par le Conseil National de la Transition Energétique sur le projet de consultation, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes soutenu par le gouvernement vient d’essuyer un nouveau désaveu : les experts mandatés par la ministre de l’Environnement le jugent « disproportionné ».

Conçu dans les années 1960, notamment dans la perspective d’accueillir le Concorde, ce projet est daté, coûteux et représente un non-sens écologique. Il est inenvisageable que des terres agricoles et des zones humides d’une biodiversité inestimable soient sacrifiées pour un aéroport inutile. Si l’accord de la COP 21 doit signifier quelque chose, le Président de la République François Hollande doit abandonner officiellement ce projet aberrant afin d’envoyer un signal fort de la France au reste du monde sur la cause environnementale et climatique.

Ce rapport d’experts vient également conforter l’alternative proposée depuis des années par les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à savoir l’optimisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, option qui préserve les terres agricoles et la biodiversité.

En l’état et après ce rapport, la consultation citoyenne projetée par le Président de la République devient obsolète. La priorité devrait être la remise à plat du dossier.

Les écologistes continueront d’appuyer la mobilisation populaire et pacifique contre un projet absurde, symbole et symptôme du monde d’hier et de tous les grands projets inutiles et imposés.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux.

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 14:11

Un communiqué commun du 5 avril 2016  – signataires en fin de texte

Mossack Fonseca, le cabinet d'avocats panaméen au centre du scandale et dont proviennent les Panama Papers, a répondu aux requêtes des journalistes en concluant avec une mise en garde explicite : « Il semble que vous ayez eu accès de façon non autorisée à des documents et des informations appartenant à notre entreprise et les ayez présentés et interprétés hors de leur contexte. Nous ne doutons pas que vous sachiez parfaitement qu'utiliser des informations ou de la documentation obtenus illégalement est un crime, et nous n'hésiterons pas à utiliser tous les recours pénaux et civils disponibles. » (1)

Le projet de Directive UE sur la « protection des secrets d'affaires », sur lequel le Parlement Européen se prononcera en séance plénière à Strasbourg le 14 avril prochain, se propose justement de donner à de telles entreprises des moyens juridiques supplémentaires pour poursuivre des journalistes ou des entreprises de presse publiant sans leur consentement des documents et des informations internes.

Ce texte crée un droit au secret pour les entreprises qui est excessif : il menace directement le travail des journalistes et de leurs sources, les lanceurs d’alerte, les syndicalistes, la liberté d'expression des salariés et nos droits d'accéder à des informations d’intérêt public (par exemple sur les médicaments, les pesticides, les émissions des véhicules, etc.).

Une coalition européenne d'associations, de syndicats, de journalistes, de lanceurs d'alerte et de scientifiques (liste à la fin du Communiqué) demande aux membres du Parlement Européen de rejeter ce texte et de demander à la Commission Européenne d'en proposer une version conforme avec les exigences de transparence. Une pétition européenne a également été lancée et compte plus de 72.000 signatures après seulement quelques jours.

La définition du secret des affaires prévue par la directive est tellement large que presque toutes les informations internes d'une société peuvent y correspondre. Cela mettra en danger toute personne qui révèle ces informations sans le consentement de l’entreprise.

Pour Patrick Kamenka, membre du comité directeur de la Fédération Européenne des Journalistes « les citoyens, les journalistes ou encore les scientifiques ont parfois besoin d’avoir accès à ces informations et de les publier dans l’intérêt général. Ils risqueraient alors, comme Antoine Deltour et Edouard Perrin dans l’affaire LuxLeaks, des poursuites judiciaires pouvant se conclure par des peines de prison et des amendes de plusieurs centaines de milliers d’euros. C’est une manière très efficace d’empêcher les gens de dénoncer des cas de mauvaise conduite des entreprises. Quel rédacteur en chef peut se permettre de risquer la banqueroute de son journal? »

Et ce n’est pas tout. Si la directive est approuvée au niveau européen, les États membres pourront encore aller plus loin quand ils l'adapteront à leurs droits nationaux, et on peut compter sur les multinationales pour les pousser en ce sens.

Pour Martin Pigeon, de Corporate Europe Observatory, « cette bataille ne sera pas facile : les multinationales mènent un lobbying acharné depuis des années pour obtenir cette directive et ont lourdement influencé la rédaction du texte, mais le grand public n’en sait presque rien. Il n'est aujourd'hui malheureusement plus possible, politiquement, d'amender le texte. Nous devons donc demander aujourd'hui aux députés européens de le rejeter en bloc, mais sans mobilisation des citoyens nous n'arriverons à rien. »

Pour Françoise Dumont, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme, « le président Hollande vient de remercier les lanceurs d'alerte et la presse pour leur travail sur les Panama Papers et les rentrées fiscales qu'elles vont permettre. Pourrait-il soutenir publiquement Antoine Deltour (Luxleaks) et exiger que ce texte dangereux pour les lanceurs d'alerte et la presse soit retiré? »

(1) http://www.irishtimes.com/business/retail-and-services/panama-papers-mossack-fonseca-responds-to-leak-1.2597622

(2) Cette directive est officiellement appelée « Directive sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites ».

(3) Voir http://corporateeurope.org/power-lobbies/2016/03/trade-secrets-protection

(4) Voir https://act.wemove.eu/campaigns/les-lanceurs-d-alerte-en-danger

Contacts presse

Patrick Kamenka, SNJ-CGT, membre du comité directeur de la Fédération Européenne des Journalistes, 0033 6 80 41 01 21

Martin Pigeon, Corporate Europe Observatory, 00 32 484 67 19 09

Sophie Binet, UGICT - CGT - Secrétaire Générale Adjointe, 06 86 87 68 45

Liste des membres de la coalition européenne

Anticor; ATTAC Spain; ATTAC France; Association Européenne pour la Défense des droits de l'Homme; Centre national de coopération au développement, CNCD-11.11.11; Correctiv.org, Germany; BUKO Pharma-Kampagne; CCFD-Terre Solidaire; CGT Cadres, Ingénieurs, Techniciens (UGICT-CGT); Collectif Europe et Médicament; Collectif de journalistes “Informer n'est pas un délit”; Comité de soutien à Antoine Deltour; Commons Network; conseil d’urgence citoyenne; Corporate Europe Observatory; Courage Foundation; EcoNexus; European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility (ENSSER); Fédération Syndicale Unitaire (FSU); Fondation Sciences Citoyennes; Force Ouvrière-Cadres; Genewatch; GMWatch; Health and Trade Network; Inf'OGM; Institut Veblen; International Society of Drug Bulletins; Les économistes atterrés; Ligue des Droits de l'Homme; Observatoire Citoyen pour la Transparence Financière Internationale (OCTFI); OGM Dangers; Peuples Solidaires-ActionAid France; Nordic Cochrane Centre; Pesticides Action Network Europe (PAN-Europe); Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires; Public Concern At Work; Solidaires; Syndicat des Avocats de France (SAF); Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (SNCS – FSU); Syndicat National des Journalistes (SNJ); Syndicat National des Journalistes CGT (SNJ-CGT); Tax Justice Network; Transparency International France; WeMove.eu; Whistleblower-Netzwerk e.V., Germany; Xnet.

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 09:37

Groundbreaking Study Confirms Link Between Fracking and Earthquakes par Steve Horn le 30 mars 2016 pour Ecowatch http://ecowatch.com/2016/03/30/link-fracking-earthquakes/ traduit par Maureen Johnson

Dans une étude révolutionnaire publiée mardi dans Seismological Research Letters, on a, pour la première fois, démontré un lien entre la fracturation hydraulique pour extraire le pétrole et le gaz, et les séismes.

Le rapport, intitulé Hydraulic Fracturing and Seismicity in the Western Canada Sedimentary Basin, confirme que la technique de forages horizontaux (qui, en fait, crée un mini-séisme souterrain pour ouvrir des fissures permettant l’extraction de pétrole et de gaz ) est responsable de séismes bien au-delà de ce qui est déjà  reconnu dans la littérature scientifique.

Nous savions déjà que l’injection des eaux usées de la fracturation dans des puits souterrains peut provoquer des séismes. Mais désormais, ce ne sont pas seulement les puits d’injection, mais le processus de fracking lui-même qui peut être lié à la sismicité.

L’étude se concentre sur une région du Canada connue sous le nom de Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, l’un des plus importants bassins de schistes et l’une des régions les plus importantes de production de  pétrole et de gaz « tight ».  On expliquait dans le communiqué de presse que les chercheurs « ont comparé le rapport entre 12 289 puits fracturés et 1 236 puits d’injection des eaux usées de la fracturation et des séismes d’une magnitude de 3 ou plus dans une zone de 454 000 kms carrés près de la frontière entre l’Alberta et la British Colombia, entre 1985 et 2015. » Ils ont « trouvé 39 puits fracturés (0,3 % de la totalité des puits fracturés étudiés) et 17 puits d’injection des eaux usées (1% des puits d’injection étudiés) qui pourraient être liés à des séismes de magnitude 3 ou plus. » 

Atkinson et ses collègues reconnaissent volontiers dans l’étude que cela peut sembler un pourcentage assez petit. Mais ils écrivent aussi que cela pourrait présager des incidents plus graves à l’avenir au fur et à mesure que de plus en plus de puits sont fracturés dans la région.

« Il est important de reconnaître qu’il  n’y a sismicité associée que pour un petit pourcentage des opérations de fracturation hydraulique, » ont-ils écrit, avant de citer un autre article écrit en 2015 par Gail Atkinson, auteur principal, professeur des sciences de la terre à l’Université de Western Ontario,  et des collègues, sur les impacts de la sismicité provoquée.  « Cependant, vu le fait que des milliers de tels puits sont forés chaque année dans le Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, la possibilité de dangers futurs est importante, surtout si de multiples opérations ont lieu tout près d’infrastructures cruciales. »

Dans le Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, on utilise moins d’eau pendant les opérations de fracturation que dans les endroits comme la Mecque actuelle des séismes dus au fracking, l’Oklahoma. Dans l’étude, les auteurs concluent également que le nombre énorme d’incidents dus aux eaux usées aux USA cache peut-être l’impact que le fracturation a eu sur la séismicité provoquée au centre du pays, qui nécessite des investigations scientifiques supplémentaires.

Ils expliquaient : «  Il est possible qu’une fraction plus importante, que l’on ne reconnaît aujourd’hui, des séismes provoqués aux USA est lié à la fracturation hydraulique, mais il se peut que leur nature soit masquée par des incidents plus nombreux dus à l’injection des eaux usées. »

L’une de leurs découvertes les plus importantes semble être le lien indiscutable trouvé par les chercheurs entre la fracturation et des séismes dans la région, plutôt que le nombre de séismes pur et simple. Ils ont également découvert qu’il n’avait pas de lien entre la quantité de liquide pompée dans le sol pendant la fracturation et la magnitude du séisme.

Dans un communiqué de presse, Atkinson déclarait :  « Plus de 60% de ces séismes est lié à la fracturation hydraulique, environ 30-35% est causé par les puits d’injection et seul 5 à 10% des séismes a une origine tectonique naturelle. »  et  « S’il n’existe pas de lien entre la magnitude maximale  et l’injection des liquides de fracturation, alors il est possible que l’on puisse déclencher des incidents plus importants si les pressions liquides arrivent jusqu’à une faille assez stressée. »

Alors, quel est, d’après l’étude,  le message le plus important ? Bien sûr,  c’est une demande pour plus d’investigation, mais en attendant, ils demandent aussi une politique publique plus réfléchie qui avance.

En conclusion, ils écrivent :  « On a prêté moins d’attention à la nature du danger que présente la fracturation hydraulique qu’à celui que présente la façon dont on se débarrasse des eaux usées, mais il est clair qu’il est important d’y prêter attention et sur le plan régional et sur le plan mondial. Il faut évaluer très attentivement la probabilité de séismes destructeurs et de leurs conséquences possibles quand on programme des opérations de fracturation hydraulique dans cette région. »

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 14:23

La révision du PLU a été lancée par la ville des Lilas avant l’été 2015. Dès lors, nous avons participé aux différentes étapes proposées, lors des réunions publiques, par des contributions sur la page internet dédiée, dans les ateliers participatifs que nous avions demandé et qui ont été réduits à 2 séances, évidemment trop rares pour permettre un travail véritablement collaboratif sur les hypothèses du PLU.

Le premier des 3 documents nécessaires à un PLU, c’est le Diagnostic et état initial de l’environnement (DEIE), et nous n’avons cessé de demander sa communication depuis juin dernier. Or le second document, le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), s’appuie en général sur ce diagnostic préalable. Aux Lilas, le PADD a été voté fin 2015, avant que soit disponible ce Diagnostic et état initial de l’environnement. Enfin, lors du Conseil municipal du 17 février 2016, un document provisoire a été remis à nos élus - malheureusement pas sous forme informatique, nous vous l'aurions fait partager. Il nous paraissait important de réagir, même après le vote du PADD, le PLU lui-même n’étant pas encore bouclé selon la municipalité. D’où la lettre de nos élus au Maire des Lilas, avec copie au cabinet d’études qui complète actuellement le diagnostic. Bonne lecture.

                                                                                  Les Lilas, le 24 Mars 2016

Groupe Les Lilas Autrement

                                                           Monsieur le Maire, Hôtel de Ville, 93260 Les Lilas

Objet : diagnostic environnemental PLU

Monsieur le Maire,

Veuillez trouver ici nos commentaires et propositions au regard du document provisoire « Diagnostic et état initial de l’environnement » (noté DEIE par la suite) remis lors du Conseil municipal du 17 février 2016 qui devait aussi approuver le PLH d' Est ensemble.

Remarques générales :

Un DEIE essentiellement factuel mais à ce stade sans analyse

Le document remis au Conseil municipal n’est sans doute qu’une ébauche. En effet, s’il rassemble la plupart des données et faits nécessaires à un diagnostic, il ne contient pratiquement pas d’analyse ou l'identification des enjeux principaux et  des points noirs ; de ce fait – et sans que nous confondions le DEIE avec le PADD - les priorités qui devraient être dégagées à partir des points saillants du diagnostic, sont absentes.
Dès lors, si nous pouvons partager de nombreux éléments portés au DEIE, cela renvoie pour beaucoup à son caractère purement factuel.

Sur les enjeux de logement

Le schéma directeur d’Ile de France (SDRIF), qui a force réglementaire, indique que la commune fait partie des « espaces urbanisés à optimiser », ce qui se traduit par un PLU devant permettre une augmentation de 10 % de la densité humaine et en habitats. Ceci, appliqué aux 23 000 habitants des Lilas, devrait se traduire par un objectif à 2030 de 25 300 soit légèrement plus que les 25 000 que vous avez fait inscrire au PADD, qui indique pour sa part limiter la population nouvelle supplémentaire à 2 000 habitants. Votre objectif de densification modérée, au-delà de son aspect réglementaire, nous paraît un compromis entre les besoins massifs de logement en Ile-de-France et le souhait des Lilasiens de préserver un cadre de vie de type patrimonial, et nous vous soutiendrons sur ce point

Le Programme Local d’Habitat Intercommunal (PLHi) d’Est ensemble n’identifie pas de grande zone à fort potentiel de mutabilité (p.32 du DEIE) mais la question du Fort de Romainville n’est pas évoquée. Or, comme nous avons eu l’occasion de le souligner à plusieurs reprises, il s’agit d’une réserve foncière significative pour la ville, dans laquelle un projet global d’aménagement devrait comprendre une construction significative de logements. En dehors de ce site et du programme prévu au parc Lucie Aubrac, il conviendra de travailler sur une maille très fine, pour traiter les « dents creuses » de la commune et espérer atteindre la cible des 10 % de densification. La loi Alur portée par Cécile Duflot donne des outils en ce sens. De nombreux urbanistes ont développé des méthodes d’approche et des propositions parfois très innovantes que la commune devrait solliciter à l’avenir, en complément du PLU.

Le point noir du logement aux Lilas reste celui du logement très social. Ce constat est énoncé et étayé dans le DEIE. La part de logements à bas loyers (inférieurs à 5, 70 €/m2) n'est que de 35 % contre 49 % à Est ensemble, alors que les loyers les plus élevés (> 6,76 €/m2) sont sur-représentés avec 34 % contre 24 %. Pourtant la faible mobilité des locataires (5,6 %) s'accompagne d'une hausse constante des demandeurs (près de 1 400 en 2015). Nous notons que le DEIE ne mentionne pas comment se répartissent les demandeurs entre ceux qui seraient éligibles aux PLAI, PLUS et PLS. Cette carence concernant les Lilas est d'autant plus préoccupante qu'à l'échelle d' Est Ensemble 74 % des attributions concernent des ménages   dont les ressources sont inférieures aux plafonds PLAI. Dans ces conditions, l'objectif que s'est fixé la commune (30 % de PLAI, 40 % de PLUS et 30 % de PLS dans les constructions nouvelles), ne semble pas de nature à rattraper le retard des Lilas. En effet sur les 551 projets de livraison de logements neufs pendant la période du PLH (2016-2021), seuls 30 % seraient « sociaux », soit 165, parmi lesquels seulement une cinquantaine très sociaux. Nous vous demandons de bien vouloir revoir ce point afin que des règles spécifiques soient introduites dans les orientations et règlement du PLU.

Sur les services publics :

Le DEIE note l’absence d’OPH dans la commune, caractéristique que nous avons eu l’occasion de dénoncer tant elle nous prive collectivement d’un instrument d’attribution de logements, dans un contexte d’augmentation des demandes. Nous regrettons que le PADD ne réponde pas à ce point noir signalé au DEIE.

De même en ce qui concerne l’absence de Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), alors que l'hébergement d'urgence en hôtel se développe

Les trois derniers éléments que nous pointons ici (logement très social, OPH, CHRS) font système et renforcent l’idée d’une municipalité de Seine-Saint-Denis plus préoccupée de satisfaire les besoins d’une population  au profil socio-professionnel de cadres diplômés et aisés, plutôt qu’à une gestion active de la mixité sociale.

Sur les enjeux de transport :

Nous notons (p. 58) que « aucun projet de création ou suppression de places de stationnement n’est envisagé ces prochaines années ». Pour le coup, il s’agit d’une orientation qui ne relève pas du DEIE mais du PADD et qui serait en outre particulièrement préjudiciable au développement des circulations douces. Il est en effet nécessaire de réduire la place de l’automobile sur la voirie pour répondre aux enjeux de congestion (comme tous les experts des mobilités urbaines le savent, dans les zones bien dotées en transports collectifs, limiter la circulation automobile suppose de NE PAS faciliter la venue en voiture) et aux enjeux climatiques.

Il est dit en plusieurs endroits (p. 57 et p. 61) que la requalification de la rue de Paris aurait facilité les circulations douces et sécurisé les parcours. Cette affirmation est loin de traduire la réalité, seule l’extrémité Ouest de la rue de Paris bénéficiant effectivement de voies cyclables en site propre. Le centre-ville reste, quant à lui, non aménagé et particulièrement dangereux pour les cyclistes. Ce point est d’autant plus anormal que le Schéma directeur des circulations douces (SDCD) - qu’en tant que chargé du développement durable de la métropole vous devriez considérer comme une priorité - prévoit de longue date une piste cyclable le long de la rue de Paris. Nous constatons que rien n’avance de ce côté. Nous regrettons aussi l'absence de mentions précises concernant les zones 30 applicables, et leur extension possible à toute la ville, ainsi que les  essais de contre-sens cyclistes...

Sur le métro-câble : vous connaissez notre opposition à ce projet onéreux – en période de disette budgétaire - et proclamé sans qu’aucune étude des alternatives n’ait été faite. Or vous devez aussi savoir, au vu de votre expertise du développement durable, que le principal point d’achoppement des « grands projets inutiles » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le tunnel du Lyon-Turin, le barrage de Sivens, renvoie toujours à une décision d’élus pressés d’annoncer un projet sans jamais analyser les solutions de substitution possibles. Une extension des dessertes par autobus ou par un réaménagement du Tillbus, voire d'autres transports internes à Est Ensemble, pourraient sans doute à moindre coût, et à faible impact écologique, améliorer la desserte entre le quartier de l' Avenir et les trois communes de l’agglo que sont Pantin, Les Lilas et Romainville. Il serait aussi réalisable à plus court terme que ce fantômatique projet.

Sur les enjeux climatiques :

Alors que vous avez indiqué à plusieurs reprises l’importance que vous accordez à la transition énergétique, le DEIE est très pauvre sur ce sujet, ne faisant que quelques allusions au PCET d’Est Ensemble en cours de rédaction. L’absence d’analyse précise de la situation des Lilas ne permettra pas d’en déduire des mesures fortes pour le PADD et les documents d’orientation et réglementaires. A ce sujet, nous notons avec regret l’absence des conclusions et cartes détaillées de l'étude du SIPPEREC sur les perspectives de géothermie pour le CG93 (juillet 2010). La carte du DEIE est notamment inexploitable alors que le « groupe 2 » étudié (les Lilas, le Pré-St-G et Romainville) montre des opportunités à condition de regrouper ces 3 communes. Les potentiels solaire et éolien sont cités sans étude fine sur certains usages domestiques, par ex. en toiture. L’analyse ne peut en effet se limiter au « taux d’effort énergétique des ménages » mais doit aussi inclure les émissions globales de la ville, identifier les zones et bâtiments les plus émetteurs – dont les bâtiments publics - et les points d’amélioration possible, et ce afin d’être à la hauteur des engagements de la COP21. L'adhésion à la compétence « Développement des énergies renouvelables » du SIPPEREC (mars 2016) devra être un tremplin pour la mise en œuvre de projets réels sur notre commune.

Sur les enjeux de biodiversité et trame verte :

Le DEIE nous semble à ce stade encore très pauvre sur cet enjeu, essentiel pourtant pour le développement durable. En effet, s’il cite à juste titre le Schéma régional de Cohérence écologique de la Région (SRCE) et le Schéma environnemental vert du département (SEVES), il est évident que la déclinaison au niveau d’une commune des enjeux de biodiversité suppose d’adopter une granulométrie plus fine que celles des échelles régionale et départementale. Ainsi, il serait nécessaire d’être plus précis sur la forme que prend et pourrait prendre la trame verte communale. Nous proposons ainsi pour le PADD que deux aspects innovants soient particulièrement développés, la végétalisation des toits (supposant des aides financières de la commune, en l’absence d’autres dispositifs de soutien) et le verdissement des trottoirs par les habitants, comme d’autres communes l’ont développé via des formes contractuelles souples.

En en restant au SRCE et SEVES , il est particulièrement frappant de voir que, comme pour les pistes cyclables du SDCD, la situation n’a pas progressé dans la commune sur l’axe identifié comme vert qu’est la RD20 (avenue Maréchal Juin + rue Léon Renault, etc.). Dans ces deux documents, la RD 20 apparaît structurante et voie à privilégier : elle fait partie des « liaisons reconnues pour son intérêt écologique » au SRCE et figure comme élément du « chemin des parcs » sur le SEVES. Or, le DEIE n’évoque ni sa situation actuelle qui reste encore toute virtuelle du point de vue biodiversité, ni les efforts spécifiques qu’il conviendrait de réaliser. Force est de constater qu’il y a loin entre les orientations réglementaires ou indicatives déjà adoptées et les réalisations concrètes de la mairie.

Remarques de détail : en page 107 du DEIE, il est évoqué « 23 ICPE » alors qu’il n'en existe que 2.

Souhaitant que ces remarques puissent être prises en compte pour faire évoluer le DEIE et les documents du PLU,

Nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, en l’assurance de toute notre considération.

Marie-Geneviève LENTAIGNE                                           Mathieu AGOSTINI

Nous vous remercions de bien vouloir transmettre la copie de ce courrier à M. ALBAREDE pour le Cabinet qui a établi le DEIE.

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 13:00

Un communiqué d'Europe Ecologie Les Verts du 31 mars

Les modifications des règles applicables à l’élection présidentielle ne constituent en rien une quelconque «modernisation». Il s’agit au contraire d’un verrouillage en règle du système par la loi du plus fort et une atteinte au pluralisme démocratique pour un temps de la vie politique très suivi par les français.

Ainsi le principe des cinq semaines d’égalité du temps de parole entre les candidats est supprimé pour un principe d’«équité» pendant la période dite «intermédiaire» dont le calcul s’établira à partir de la représentativité des candidats et des précédents scores électoraux. Cette disposition affaiblira naturellement les candidats éventuellement issus de la société civile et hors du système des partis dit de gouvernement. Cette règle donnera en revanche un boulevard au parti d’extrême droite et cantonnera le débat dans un huis clos à trois (LR, PS et FN) qui verrouillera toujours plus notre démocratie.

Les parrainages, véritable verrou imposé à la candidature des organisations ne disposant pas de suffisamment d’élus, seront également plus compliqués à obtenir.

Au-delà du fond, la méthode est choquante avec une modification des règles à un an de la prochaine échéance, et votée en toute confidentialité par 11 députés socialistes malgré l’opposition de tous les groupes parlementaires à la veille d’un long week-end de Pâques.

Alors que la crise démocratique s’aggrave, ce coup de force ne peut qu’alimenter la défiance. Il illustre également la difficulté d’une Ve République à bout de souffle, incapable de se renouveler et revenant aux pires tactiques électorales du siècle dernier plutôt que de répondre aux aspirations du 21e siècle.

EELV demande aux parlementaires de revenir sur ces dispositions, en toute conscience, le 5 avril prochain, au nom de l’égalité et de la démocratie.

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 12:45

Par Thomas Poupeau pour Le Parisien le mercredi 30 Mars 2016

EuropaCity, projet mêlant 230 000 m2 de commerces, espaces culturels et loisirs, prévu à Gonesse (Val-d’Oise), prévoit la création de 11 500 emplois... ce que réfute une étude commandée par la ville voisine du Blanc-Mesnil. (DR.)

A qui va profiter EuropaCity, pharaonique centre commercial prévu d’ici quelques années à Gonesse (Val-d’Oise), en frontière de la Seine-Saint-Denis ? Pas à ses riverains, selon une étude commandée par la ville du Blanc-Mesnil.

« Nous avons voulu sortir du débat politique et nous appuyer sur des chiffres, qui démontrent clairement que les promesses faites par EuropaCity ne seront pas tenues », résume Vijay Monany, conseiller départemental (LR). Dans son viseur : les 17 500 emplois engendrés par le chantier et le site lui-même, dont 11 500 pérennes, promis par EuropaCity. Le document de 60 pages, dont les chiffres ont été collectés par le cabinet Lafayette & associés, va être versé au débat public, procédure officielle de concertation qui dure jusqu’en juin. Porté par le groupe Auchan, qui investit 3,1 Mds€, EuropaCity prévoit 230 000 m2 de commerces, des espaces culturels et de loisirs.

Des métiers déjà en tension. C’est le principal enseignement : les emplois promis présentent, pour la plupart, de « fortes difficultés de recrutement dans la région ». Par exemple, selon l’étude, dans le secteur de l’est du Val-d’Oise, les employeurs ont rencontré des difficultés à embaucher des artistes (musiciens, danseurs...), des jardiniers, des vendeurs en produits alimentaires... dans plus de la moitié des cas. Idem au centre de la Seine-Saint-Denis, où les patrons galèrent dans 77,9 % des cas pour trouver des artistes, dans 97,9% des cas en cherchant des cuisiniers et 73,9% des cas pour recruter des agents de maintenance... A l’ouest du 93, il est compliqué dans 100% des cas de recruter dans les métiers de « maîtrise des magasins » (animateur, chef de rayon ou grossiste) ! Cette étude conclut que l’arrivée du géant « n’entraînerait pas de création mais un déplacement géographique des emplois ».

Un parc à neige pourrait voir le jour sur EuropaCity (DR)

Des clients venus d’ailleurs ? Si les futurs employés ne sont pas les riverains, cette étude veut montrer que les clients ne le seront pas non plus. Pouvoir d’achat trop faible, selon le document. Qui indique, par exemple, que 24,6% des habitants de Gonesse (Val-d’Oise) vivent sous le seuil de pauvreté, ce chiffre grimpant à 25,1% à Aulnay. Par ailleurs, dans la plupart des villes situées aux abords du triangle de Gonesse, le taux de chômage est particulièrement élevé... Conclusion : « Ce projet n’est pas en adéquation avec les revenus faibles et le fort taux de pauvreté des habitants des villes voisines ».

Plus de 30 millions de visiteurs sont attendus chaque année à EuropaCity. (DR)

Quid des autres centres ? L’étude soulève aussi la présence, dans un rayon de 20 km, d’autres gros centres commerciaux, tous dotés d’au moins 150 boutiques et d’une surface de plus de 80 000 m2 : Rosny 2 (Rosny-sous-Bois), O’Parinor (Aulnay), Qwartz (Villeneuve-la-Garenne), Aéroville (Tremblay)... Ce dernier, ouvert en 2013, vise d’ailleurs la même clientèle qu’EuropaCity, à savoir les « touristes transitant par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ». Une « clientèle qu’Aéroville n’a toujours pas réussi à attirer plus de 2 ans après son ouverture », précise l’étude. Selon ses derniers chiffres, Aéroville a attiré 8,5 millions de visiteurs en 2015... encore loin des 12 millions espérés chaque année.

Contacté, EuropaCity n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette étude qu’ils n’ont pas encore consultée.

Les gros groupes privés s’organisent contre EuropaCity

Le centre commercial O’Parinor, situé à Aulnay, pourrait souffrir de l’arrivée d’EuropaCity à quelques kilomètres de là. (DR)

En privé, ils l’appellent la « task force », comme les commandos militaires dédiés aux contre-attaques rapides. Plusieurs gros groupes privés, promoteurs de centres commerciaux du nord de Paris, avaient rendez-vous jeudi dernier en mairie d’Aulnay-sous-Bois.

Parmi eux : Unibail, la Compagnie de Phalsbourg, Carrefour, Hammerson, Klépierre, la direction d’O’Parinor, la galerie commerçante d’Aulnay... Des élus de Paris, terres d’envol*, le territoire frontalier avec le Val-d’Oise, présidé par Bruno Beschizza (LR), étaient présents. L’idée : mettre tout le monde autour de la table pour organiser la résistance au projet EuropaCity. Car celui-ci, avec ses 230 000 m2 de commerces, risque fortement de perturber les affaires des centres commerciaux des alentours, propriétés des groupes cités plus haut.

Rapidement, ils vont mobiliser leurs services pour enquêter sur les effets négatifs d’EuropaCity, notamment sur l’emploi, et exposer ces résultats lors du débat public — procédure officielle de concertation publique qui dure jusqu’en juin. Enfin, raison de plus pour les acteurs privés de s’organiser : le soutien tacite de l’Etat au projet. Récemment, il a été décidé que la future gare du Grand-Paris Express du triangle de Gonesse (Val-d’Oise), qui desservira le futur site, serait un des « hubs » (pôle de transport) principaux du Grand Paris.

*Dugny, Le Bourget, Drancy, Tremblay-en-France, Sevran, Villepinte, Blanc-Mesnil, Aulnay

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 20:16
Grande balade printanière le 10 avril

De parcs en parcs, entre coteaux et plateau, participez à la première grande balade printanière à vélo de MBD Est ensemble (environ 18 km).

L'antenne Est ensemble de l'association francilienne Mieux se déplacer à bicyclette organise une balade familiale le dimanche 10 avril après-midi à la découverte des parcs et jardins du territoire d'Est ensemble. Sous forme de boucle à travers les communes des Lilas, Pantin, Romainville, Noisy-le-Sec, Montreuil-sous-Bois, Bagnolet, Le Pré-Saint-Gervais et Paris (portes 19 et 20e arrondissements),

Nous irons à la découverte des espaces verts qui s'étendent sur les coteaux du plateau de l'Est parisien et offrent des vues spectaculaires sur le Grand Paris. Au programme, le parc Lucie-Aubrac des Lilas, le parc Henri-Barbusse de Pantin, le parc communal de Romainville, le glacis (talus) du fort de Noisy (avec des animaux de la ferme comme ouvriers !), les parcs de Montreau et des Beaumonts à Montreuil, le parc départemental Jean-Moulin et des Guilands, le square des Fougères et le jardin Serge-Gainsbourg sur les couvertures du périphérique à Paris.La plupart des parcs pourront être traversés à vélo mais avec quelques surprises ! Des haltes sont prévues dans chacun de ces espaces verts et quelques courts passages en montée sont à prévoir.

Rendez-vous sur le parvis de la mairie des Lilas à un horaire facile à retenir : 14 h 14 ! Départ à 14 h 30 au plus tard. Durée totale estimée à 3 heures, pauses comprises.

Rendez-vous d'étape pour les personnes voulant nous rejoindre à Noisy-le-Sec : rendez-vous à 15 h 00 à l'Hôtel de ville de Noisy-le-Sec et départ à 15 h 15.

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 16:42

Le Monde.fr avec AFP, le 29 mars 2016

La carte de l'USGS, qui indique tous les séismes, naturels et résultant de la fracturation, survenus entre 1980 et 2015 dont la magnitude était égale ou supérieure à 2,5 sur l’échelle ouverte de Richter.

Environ sept millions de personnes vivent dans des régions du centre et de l’est des États-Unis où la fracturation hydraulique peut causer des secousses telluriques risquant d’endommager les constructions, selon un rapport de l’Institut américain de géophysique (USGS – United States Geological Survey) publié lundi 28 mars. L’Oklahoma, le Kansas, le Texas, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l’Arkansas sont, dans l’ordre, les plus exposés. L’Oklahoma et le Texas abritent la population la plus importante exposée à ce risque.

Dans certains endroits, des destructions peuvent être provoquées à la fois par des séismes naturels et par des activités de fracturation. Cette technique consiste à extraire pétrole et gaz naturel par injection d’eau à haute pression dans des puits très profonds, sous les nappes phréatiques. Dans ces régions, le risque de tremblement de terre toutes causes confondues est similaire à celui de séisme naturel en Californie – qui est très élevé.

« Secousses puissantes »

« Le fait d’inclure les secousses telluriques résultant d’activités humaines a fortement accru dans notre évaluation le risque dans plusieurs parties des États-Unis », a souligné Mark Petersen, responsable de la cartographie sismique à l’USGS. C’est la première fois que l’USGS publie une carte des risques sismiques résultant de la fracturation hydraulique. Auparavant, seuls les risques de tremblement de terre naturel étaient concernés par ses prévisions.

Lire aussi :   Primaires américaines : le gaz de schiste, fracture entre Bernie Sanders et Hillary Clinton

« Au cours des cinq dernières années, l’USGS a rapporté des secousses puissantes et des dégâts dans des endroits situés dans les six États les plus à risques, et ces tremblements de terre ont résulté pour la plupart d’activités de fracturation », a précisé Mark Petersen. Les scientifiques ont identifié 21 endroits ayant connu ces dernières années un accroissement des séismes provoqués par la fracturation.

Leur carte montre tous les séismes, naturels et résultants de la fracturation, survenus entre 1980 et 2015 dans le centre et l’est des États-Unis, et dont la magnitude était égale ou supérieure à 2,5 sur l’échelle ouverte de Richter.

Lire aussi :   Le gaz de schiste américain débarque en Europe

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 14:39

par Jade Lindgaard pour Mediapart le 26 mars 2016

C’est l’un des plus gros projets d’aménagement en Île-de France : un méga centre commercial et de loisirs entre les aéroports de Roissy et du Bourget. La construction d’un palais de la consommation peut-elle sauver une banlieue pauvre du chômage ? C’est ce que promet le groupe Auchan, avec le soutien de l’État, malgré les engagements de la COP21. 

C’est une bataille de chiffres, de superficie aménagée, de volume d’investissements, de création d’emplois. Une course à la rentabilisation de l’hectare de terre sur l’une des dernières vastes zones non construites de la petite couronne.
C’est surtout la guerre de deux récits : la construction d’un palais de la consommation et du divertissement peut-elle sauver une banlieue pauvre du chômage et du stigmate social ou va-t-elle détruire le cadre de vie de ses riverains et aggraver irréversiblement le dérèglement climatique ? C’est ce conflit d’interprétations que doit éclairer
le débat public qui vient de s’ouvrir sur un giga projet, à la notoriété modeste, sans doute plus pour très longtemps : EuropaCity.

Pendant le débat public à Gonesse, le 17 mars 2016. ©Yann Guillotin

Le géant de la distribution Auchan veut ouvrir en 2024 un gigantesque centre commercial (230 000 m2) doublé d’un parc d’attractions, d’une piscine sous bulle et d’une station de ski sur neige artificielle à l’est du Val-d’Oise, entre Gonesse, Roissy et Aulnay-sous-Bois. Porté par Alliages et Territoires, filiale d'Immochan, branche immobilière du géant de la grande distribution, le projet « EuropaCity » est hors normes : plus de 3 milliards d’euros de dépenses envisagées, 800 000 m2 de constructions sur 80 hectares, 30 millions de visiteurs espérés (le double de Disneyland Paris en 2013, pourtant première destination touristique privée en Europe aujourd’hui). Selon la maquette du futur site, conçue par l’agence BIG – auteure du nouveau « campus » de Google à Mountain View et d’une tour sur l’ancien site du World Trade Center de New York –, il ressemblerait à une soucoupe spatiale molle sortant de terre, recouverte d’humus, de plantations et de panneaux photovoltaïques.
Plus que les Center Parcs dont il semble s’inspirer, les parcs à thèmes ou les galeries marchandes qui essaiment autour de la capitale, EuropaCity affiche une ambition anthropologique : donner corps à « une nouvelle conception du temps libre » et porter une « utopie urbaine ». Pas seulement un alignement de boutiques, d’aires de jeux et de salles de spectacles mais « la nouvelle destination de loisir du Grand Paris », la volonté d’incarner la « société du temps libre » et « l’économie expérientielle », selon son directeur, Christophe Dalstein. Car d’après le groupe Auchan, « la dernière révolution de la consommation est aussi celle du temps libre ». Autrefois, les révolutionnaires voulaient prendre le Palais d’Hiver. Aujourd’hui, les grands aménageurs veulent construire un palais du divertissement au nom de l’utopie des loisirs.

Vue aérienne d'EuropaCity, extraite du dossier du maître d'ouvrage.

Selon ses promoteurs, EuropaCity devrait aussi héberger un cirque, une halle culturelle, des magasins collaboratifs, des hôtels, des espaces de coworking, un fablab géant, du pair à pair, une recyclerie. Dans Play, son magazine promotionnel, on peut lire des interviews de Jean Blaise, le fondateur du Festival des Allumés de Nantes et du Lieu unique à Nantes, de Diana Filippova, l’une des coordinatrices de OuiShare, de Stéphane Distinguin, membre du Conseil national du numérique et ancien président de La Cantine, et du designer Erwan Bouroullec. « On va fabriquer un laboratoire à partir duquel on retiendra et extraira des formes, des codes, des valeurs qui vont ensuite servir pour le commerce du XXIe siècle. Comme lieu de laboratoire, c’est passionnant », y explique le sociologue Jean Viard. Au total, l’espace promis à la culture ne représenterait qu’un cinquième de tout ce qui est prévu pour le commerce, mais selon David Leblon, directeur du développement d’EuropaCity : « 50 000 m2 d’équipement culturel, c’est l’équivalent de Beaubourg. Ce n’est pas du saupoudrage. » Si bien que pour Jean-Pierre Blazy, maire PS de Gonesse, grand soutien d’EuropaCity, « pour moi, le cœur, c’est le projet culturel. Il peut faire du triangle de Gonesse, considéré comme répulsif, un endroit où on va comme on va au Grand Palais ». Le projet dépend de la mise en place de la future ligne 17 du Grand Paris Express, qui doit relier les villes de banlieue franciliennes. Pour Auchan, EuropaCity n'est pas un lieu de villégiature, c'est « un quartier » à vivre.

Dominique et Robin Plet, agriculteurs sur le triangle de Gonesse. ©Yann Guillotin

Tiré entre les aéroports de Roissy et du Bourget, le triangle de Gonesse, où veut se construire EuropaCity, est un territoire particulier. Près de 700 hectares s’y étendent, inconstructibles à cause du plan d’exposition au bruit des deux aérogares. Dix-sept agriculteurs y cultivent blé, maïs, colza et betteraves en régime intensif. Axa possède une partie des parcelles. « Quand le vent vient du sud, on sent le kérosène » des avions, explique Dominique Plet, exploitant aujourd’hui à la retraite.
Au loin, les plus hauts monuments de Paris se dessinent sur la ligne d’horizon. EuropaCity en a fait un argument publicitaire : le parc d’attractions avec vue sur la tour Eiffel. Tout autour, des centres commerciaux à la pelle : O’Parinor à Aulnay-sous-Bois, Aéroville (avec le multiplex EuropaCorp de Luc Besson) entre Roissy et Tremblay, My Place à Sarcelles. Et au sud, la friche industrielle de PSA : c’est ce qu’il reste de l’usine d’Aulnay, fermée en 2013. Elle s’étend sur 180 hectares, plus du double de ce que projette d’occuper EuropaCity, qui n’a pourtant pas choisi de s’y installer. Au nord du triangle, un golf est en construction sur 90 hectares, un centre d’affaires est en projet (l’International trade center), une gare du Grand Paris Express est prévue et une ZAC est en cours d’aménagement. Sarcelles, Villiers-le-Bel, Le Blanc-Mesnil : les villes environnantes sont pauvres et leurs habitants parmi les plus démunis d’Île-de-France. À Gonesse, le taux de chômage atteint 16,7 %, le taux de pauvreté 25 %, selon l’Insee. 23 % des jeunes du Val-d’Oise entre 18 et 21 ans cherchent un travail. Dans ce contexte, la promesse d’EuropaCity de créer 4 200 emplois pour sa construction et 11 800 emplois en phase d’exploitation résonne comme un coup de tonnerre.

« Un privé veut proposer trois milliards d’euros et on refuserait ? »

Ce choc de cultures, de moyens et d’attentes s’est manifesté lors de la première soirée du débat public sur le méga projet d’Auchan, jeudi 17 mars à Gonesse. À la tombée du jour, quelques dizaines de personnes commencent à faire la queue devant la salle de spectacles Jacques-Brel. Elles seront près de 500 en tout à suivre la réunion. À l’entrée, les vigiles cherchent des banderoles et des gaz lacrymogènes dans les sacs. Le maître d’ouvrage craint les perturbations d’opposants. C’est un tout autre spectacle qui va se dérouler pendant près de 3 h 30. Après une première salve de critiques sur les modalités du débat par plusieurs militants, les habitants et élus locaux ont plébiscité EuropaCity.

   Pendant le débat public à Gonesse, le 17 mars 2016. ©Yann Guillotin

« On ne peut pas faire la fine bouche devant un tel investissement », considère une conseillère municipale. « C’est une chance extraordinaire », déclare le président de Roissy entreprises. Pour le président d’une amicale sarcelloise : « C’est un projet grandiose. Ça va changer l’image de notre région. Ou on avance, ou on dort. » Un étudiant : « C’est une chance pour les jeunes, pour l’emploi et la formation à l’emploi. Quand on veut emmener les enfants au musée, il faut un car. Là, on aura un musée à côté de chez nous. » Un lycéen, membre du conseil municipal des jeunes, se moque de la moyenne d’âge supposée des opposants qui ont pris la parole, la plupart aux cheveux blancs, « pas concernés par ce projet car c'est un projet d’avenir ». Un autre lycéen s’affirme « totalement pour ce projet ». Une femme : « J’habite à Gonesse, je travaille à Roissy. Gonesse doit vivre. EuropaCity va apporter du travail. »

Un homme, le cou ceint d’une écharpe rouge : « C’est un projet d’avenir, il faut donner de l’espérance, créer des emplois. »Le maire d’Arnouville, commune proche : « Un privé veut proposer trois milliards d’euros et on refuserait ? C’est un suicide collectif. S’il n’y avait pas eu le Stade de France, il n’y aurait pas la Plaine Saint-Denis. Ça va changer notre secteur. On ne dira plus : “l’est du Val-d’Oise”, mais : “je vais à EuropaCity”. » Il est très applaudi. Un élu de Gonesse ajoute : « Il ne faut pas laisser passer cette chance. » Les applaudissements redoublent. « Bravo ! » Un membre du conseil citoyen de Sarcelles tempère l’ardeur qui semble s’étendre dans la salle : « J’invite les élus à arrêter les applications où on peut créer des villes en deux jours… Si ça ouvre en 2024, et que les travaux démarrent en 2018, faut commencer tout de suite les formations de maçon et en langues étrangères. Quand on sait le temps qu’il faut pour remplacer un prof de français. Je suppose que tout le monde à Sarcelles et à Gonesse est polyglotte. Mais est-ce que ce sont les bonnes langues ? »
Parmi les élus, les voix critiques sont rares. Et forment un ensemble pour le moins hétéroclite, du maire (LR) d’Aulnay, Bruno Beschizza, au président du groupe EELV à la région Île-de-France, Mounir Satouri, en passant par le conseiller à la culture de Marine Le Pen, Karim Ouchikh, ancien adjoint socialiste du maire de Gonesse, qui prend deux fois la parole contre « un projet scandaleux d’un point de vue économique et détestable d’un point de vue écologique »
La séance ne peut avoir valeur de sondage. Impossible de jauger la représentativité des intervenants. Plusieurs jeunes orateurs saluent cordialement l’édile en fin de réunion. Des habitants disent s’être déplacés à l’invitation de la mairie. L’influence de la municipalité est manifeste. Dans les rues de Gonesse, une affiche annonçant le débat public proclame : « Ouverture du débat public : pour construire ensemble EuropaCity. » De quelque origine qu’ils soient, les habitants ont exprimé l’envie de croire aux promesses d’Auchan, à sa vision du développement et à la force de son argent.

En face, les écologistes ont beau dénoncer la destruction de terres agricoles – parmi les plus fertiles d’Île-de-France –, le bilan carbone catastrophique d’EuropaCity et l’incertitude du nombre d’emplois réellement créés, ils cassent l’ambiance avec leurs chiffres froids et leur contre-expertise terre-à-terre. Les dirigeants d’Auchan quittent la salle tout sourire. Bernard Loup, du collectif pour le triangle de Gonesse, opposé au projet, explique que « sur la place publique, on ne se fait pas jeter par les habitants. On n’est pas à contre-courant de la population mais elle ne se mobilise pas ».

Christophe Dalstein, directeur d'EuropaCity, pendant le débat public à Gonesse. ©Yann Guillotin

Son fils, Robin, 22 ans, aurait voulu reprendre la ferme familiale. « Le problème, c’est qu’une entreprise doit s’agrandir. Ça va remettre en cause nos activités. » C’est le seul jeune agriculteur à travailler les parcelles. Les autres approchent de la retraite et se motivent peu contre le projet d’aménagement. « Les gens sont plutôt contre, ils disent que c’est une connerie de faire ça, mais ils s’en foutent. » Selon Dominique Plet : « Ici, la terre est extraordinaire. Elle garde l’humidité. Quand on fait du maïs, on n’a pas besoin d’arroser. Elle est profonde, facile à travailler. Il n’y a pas de cailloux. »

Quinze réunions publiques sont prévues jusqu’à fin juin. Le maître d'ouvrage doit annoncer sa décision finale en novembre. Le débat public n’est pas décisionnaire. La commission qui l’anime ne rendra pas d’avis mais livrera un compte-rendu des opinions exprimées.

Ce processus obligatoire de démocratie environnementale doit conduire le maître d’ouvrage à justifier son projet et inciter les citoyens à l’interroger. Mais les moyens ne pourraient pas être plus inégaux entre d’un côté, le groupe Auchan (54 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015), ses lobbyistes et ses obligés, allié au chinois Dalian Wanda, leader mondial des exploitants de salles de cinéma, et de l’autre, les opposants qui n’ont pour eux que leur expertise personnelle, leur temps libre et leur travail bénévole. Le dossier du maître d'ouvrage distribué aux participants du débat est imprimé sur un épais papier glacé, et fourmille de visuels spectaculaires anticipant le futur site.
Ce rapport de force inégal est accentué par le rôle de la puissance publique, qui soutient ouvertement le projet de centre commercial. Quand il était ministre des affaires étrangères et du tourisme,
Laurent Fabius a défendu EuropaCity, « un projet majeur ». Jeudi soir à Gonesse, tout le monde se connaît, tout le monde se tutoie. Christian Leyrit, président de la commission nationale du débat public, est l’ancien préfet du Val-d’Oise. Son successeur, Yannick Blanc, est présent. Il présente EuropaCity comme « un projet exceptionnel, innovant et audacieux ». Et explique que « la décision est prise d’urbaniser le triangle de Gonesse et de densifier cette région. C’est une action volontaire de l’État ». Pour le président du conseil départemental du Val-d’Oise, Arnaud Bazin, « trois schémas directeurs régionaux ont ouvert l’urbanisation du triangle de Gonesse. C’est un coup parti ». Les corridors aéroportuaires de Francfort, Kuala Lumpur, Denver… sont tous urbanisés, explique-t-il. « Je sais bien qu’en France, on ne peut rien faire comme tout le monde, mais… » Premier vice-président de la région Île-de-France, Jérôme Chartier annonce que « la région ne reviendra pas sur la nature urbanisable du triangle de Gonesse ». Pour Auchan, Christophe Dalstein, le directeur d’EuropaCity, leur renvoie la balle : « Nous ne serions pas venus si cette décision d’urbaniser n’avait pas été prise. Il y a une chaîne de responsabilités. Cette
opération d’aménagement est en cours, qu’EuropaCity se fasse ou pas. »

Signature de l'accord de partenariat entre Immochan et Daiwan Wanda, en présence de Jean-François Carenco, préfet de la région Île-de-France. (©EuropaCity)

Lors d’une autre réunion publique sur le Grand Paris, le préfet de région, Jean-François Carenco, se lâche : « Le soutien du gouvernement est fort à ce projet » (voir ici à partir de 45'46, des opposants en ont fait un montage). Il reconnaît que « ça mange de la terre agricole, mais il vaut mieux qu’elle soit mangée par ça que par autre chose ». Et glisse en passant : « Je croyais qu’il y avait trop d’agriculteurs, on m’a dit, mais bon… » À ses yeux, l’enjeu c’est « l’attractivité de la France au niveau international. Ça fait des milliards d’investissement ». Il ajoute que « c’est la société française qui est en cause dans ce projet-là ». Une phrase qui rappelle celle d’André Vallini, secrétaire d’État à la réforme territoriale : « Pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme. »
Cet entremêlement d’intérêts privés et publics laisse perplexe Dominique Plet, agriculteur sur le triangle de Gonesse, désormais retraité. « Comment peut-on être exproprié, pourquoi est-ce d’utilité publique alors que ce sont des intérêts privés ? Pour des chemins de fer ou une route, je comprends. Mais pour faire un cirque et des boutiques, je ne comprends pas. » Il dit que sa famille cultive ces terres depuis cinq générations. « C’est un scandale de faire ça. Quand Citroën est venu construire son usine, ils ont promis des milliers d’emplois. Regardez, il ne reste plus rien. »
Le schéma directeur régional demande de conserver 400 hectares de terres agricoles sur la zone. Mais
pour l’Autorité environnementale, la préservation des espaces agricoles « n’est pas garantie », alors que l’aménagement de la ZAC va détruire 210 hectares « de sols de très grande valeur agronomique ». Les experts s’inquiètent : EuropaCity « génère des émissions nouvelles de gaz à effet de serre particulièrement fortes, qui ne semblent pas a priori cohérentes avec l’objectif national de leur réduction ». Ils doutent également des promesses d’Auchan d’autoproduire son énergie à 100 % propre. Selon eux, « les besoins en froid et en électricité ne pourront être couverts qu’au mieux aux deux tiers par une production renouvelable » sur le triangle de Gonesse.
Les Plet reçoivent sur leur champ jeudi après-midi, quelques heures avant la séance du débat public. Leur voix est couverte en partie par le bruit des voitures qui foncent sur la quatre voies, en contrebas. Le regard du père balaie les terres qui commencent à brunir dans les prémices du crépuscule. « Vous auriez dû venir hier. Il y avait des lièvres partout. Une cinquantaine au moins. C’est la saison des amours. »

Les prochaines dates du débat public sur EuropaCity : https://europacity.debatpublic.fr/calendrier-du-debat

et surtout Donner votre avis sur https://europacity.debatpublic.fr/

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