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9 janvier 2019 3 09 /01 /janvier /2019 12:30

Pour répondre aux revendications des « gilets jaunes » sur le pouvoir d’achat, le plus simple serait de verser la prime d’activité et le RSA à tous ceux qui y ont droit, plaide l’économiste Jean-Eric Hyafil dans une tribune publiée le 8 janvier dans Le Monde. Lire aussi   13 départements prêts à expérimenter le revenu de base et Revenu garanti, l’invité-surprise.

François Bard. – « Cours ! », 2018 © ADAGP, Paris, 2019 - Galerie Olivier Waltman, Paris, Londres, Miami

François Bard. – « Cours ! », 2018 © ADAGP, Paris, 2019 - Galerie Olivier Waltman, Paris, Londres, Miami

Le mouvement des « gilets jaunes » est d’abord une mobilisation des travailleurs pour le pouvoir d’achat. Le coût de la vie augmente en grande partie du fait de la hausse des cours mondiaux du pétrole, mais aussi de la nécessaire progression de la taxe carbone afin d’inciter entreprises et ménages à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’augmentation du coût de la vie liée à cette fiscalité écologique peut être compensée par des mesures redistributives en faveur des familles pauvres et des travailleurs à bas salaire, par la revalorisation du revenu de solidarité active (RSA) et par une extension de la prime d’activité (à laquelle le gouvernement a déjà décidé de donner un coup de pouce), afin que celle-ci puisse bénéficier aux travailleurs gagnant jusqu’à 1 700 euros de salaire mensuel net.

L’efficacité d’une revalorisation de ces prestations est toutefois limitée par l’importance de leur non-recours. Près d’un tiers des individus éligibles au RSA socle (selon la Caisse d’allocations familiales) et 27 % des travailleurs ayant droit à la prime d’activité (selon le ministère de la santé et des solidarités) ne sollicitent pas ces allocations auxquelles ils ont pourtant droit, soit par méconnaissance des dispositifs, soit en raison de la lourdeur des démarches administratives et du stigmate associé à une demande d’aide sociale. Le non-recours empêche donc non seulement de lutter contre la pauvreté – laborieuse ou non –, mais aussi de compenser efficacement les effets antiredistributifs de l’augmentation nécessaire de la fiscalité écologique.

Il semble donc indispensable de remplacer le RSA et la prime d’activité par une allocation unique, dégressive avec le revenu, et dont le versement serait automatisé : les ayants droit n’auraient plus aucune démarche à effectuer pour toucher cette allocation, puisque la coordination des services fiscaux et sociaux permettra facilement d’identifier les individus éligibles à la prestation et de la leur verser automatiquement. Pour plus de simplification, cette allocation unique pourrait éventuellement absorber les aides au logement.

Prestation unique automatique

Le 31 janvier, l’Assemblée nationale devra se prononcer sur une proposition de loi d’expérimentation d’un revenu de base dégressif avec le revenu. Il s’agirait pour les départements candidats à cette expérimentation de tester la mise en œuvre d’une prestation unique versée de façon automatique afin d’y intégrer les ayants droit qui n’y recourent pas. Ce projet de loi fait suite à un rapport du Sénat sur le sujet (« Le revenu de base en France : de l’utopie à l’expérimentation », Daniel Percheron, 13 octobre 2016).

L’objectif de ce revenu de base n’est pas seulement de renforcer le soutien au revenu des travailleurs à salaire bas ou médian. Il est aussi de renforcer l’accompagnement social des individus en insertion professionnelle et sociale. En effet, l’automatisation du versement du revenu de base permettra de supprimer les tâches d’instruction de dossier et de contrôle des allocataires pour les travailleurs sociaux. Ceux-ci pourront alors se concentrer sur leurs tâches d’accompagnement social.

Ce revenu de base est automatique, mais il n’est pas le revenu universel – versé sans condition de ressource – que défendent certains, puisqu’il est dégressif – il n’est donc plus versé au-delà d’un certain seuil de revenu. Un véritable revenu universel ne pourrait être expérimenté sans une réforme fiscale en profondeur, ce qui semble difficilement applicable.

Pour autant, ce revenu de base constituerait un progrès indéniable pour permettre une garantie de revenu réellement efficace tant aux personnes sans revenu qu’aux travailleurs à salaire faible à médian. C’est aussi le seul outil qui puisse compenser efficacement les effets antiredistributifs de la nécessaire augmentation de la fiscalité écologique. Sans revenu de base, la fiscalité écologique, indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique, restera dans l’impasse puisqu’elle ne pourra provoquer que désastre social et blocage politique.

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7 janvier 2019 1 07 /01 /janvier /2019 14:35

Selon la philosophe Isabelle Stengers, la croissance s’est imposée comme condition de tout progrès possible, or nous ne pouvons plus penser celle-ci comme avant. Propos recueillis par Catherine Vincent publié le 5 janvier 2019 par Le Monde. Lire aussi Jouir des biens communs sans posséder et Judith Rochfeld : « La raréfaction des ressources naturelles a obligé à les envisager comme des biens communs ».

Isabelle Stengers

Isabelle Stengers

Isabelle Stengers est philo­sophe, professeure à l’Université libre de Bruxelles. Elle est l'auteure de nombreux livres sur l'histoire et la philosophie des sciences, dont Sciences et pouvoir (1997, 2002), et a reçu le grand prix de philosophie de l'Académie française en 1993. Dans son dernier ouvrage, Civiliser la modernité ? Whitehead et les ruminations du sens commun (Les Presses du réel, 2017), elle nous incite à questionner les manières d’activer les savoirs des citoyens, et à expérimenter d’autres manières d’exister.

Dans notre époque marquée par l’urgence climatique, votre dernier ouvrage invite à prolonger l’héritage d’Alfred North Whitehead (1861-1947). En quoi la pensée de ce philosophe et mathématicien britannique intéresse-t-elle l’écologie ?

Whitehead a décrit ce qu’est la défaite du « sens commun » face à l’argumentation d’autorité, qui se cache elle-même sous l’argumentation de rationalité des sciences. Réinventer le sens commun est nécessaire pour des problèmes d’intérêt commun, et pour la manière dont on traite ces problèmes. Quand rien ne peut être retenu d’autre que ce que la science a prouvé, la dynamique de ce qui fait sens est enrayée. Whitehead pense le monde comme un tissage de processus interdépendants dont nous sommes partie ­intégrante. C’est cette interdépendance que l’écologie souligne lorsqu’elle montre les conséquences de nos choix et nos actions. Il est d’autant plus essentiel de s’en souvenir que c’est sur une terre appauvrie, empoisonnée, au climat profondément perturbé que nos descendants auront à vivre : il leur faudra donc participer à la fabrique de mondes.

Face à la menace climatique, que devient ce principe fondamental de la modernité qu’est l’idée du progrès ?

Elle a du plomb dans l’aile, et cela ne date pas d’hier. Durant les grandes grèves de 1995, je me souviens avoir lu un sondage selon lequel la majorité des Français ne pensaient pas que la vie de leurs enfants serait meilleure que la leur. Je me suis dit alors que l’idée de progrès perdait de son emprise. Cela peut être inquiétant : quand une idée qui a mobilisé pendant plus de deux siècles vient à lâcher, beaucoup de choses peuvent se passer – y compris la phobie actuelle de l’immigration, qui est un des symptômes de cette rupture. Il va nous falloir réapprendre à poser les questions que le ­progrès a permis d’économiser. La croissance s’est imposée comme condition de tout progrès possible, or nous ne pouvons plus penser celle-ci comme avant. Face au progrès qui dit « nous pouvons », le sens commun, de plus en plus, répond « pour qui, et pour faire quoi ? ». Cela peut être une chance pour inventer d’autres manières d’être au monde.

Cela nous permettra-t-il d’affronter les inconnues de la catas­trophe écologique qui vient ?

Dans Les Trois Ecologies [Galilée, 1989], Félix Guattari écrivait que nous étions les héritiers d’une triple catastrophe écologique : au niveau de l’environnement ; au niveau de la capacité sociale à produire du sens ; au niveau des mentalités individuelles. Les trois niveaux communiquent, et génèrent ce que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui : un désarroi profond, mais pas d’issue. On continue d’attendre de ceux qui nous gouvernent qu’ils nous guident vers une solution, tout en étant sceptiques quant à l’idée qu’ils en sont capables – ou même qu’ils en ont la moindre volonté. Comme s’il n’y avait plus personne à la barre, et que l’impuissance ­prévalait. Sauf chez certains, que l’on pourrait qualifier d’activistes.

Ces activistes ne sont pas des militants classiques, unis et mobilisés autour d’une cause, mais plutôt des groupes de personnes capables d’intervenir dans des situations qui leur semblent importer aujourd’hui. Cela peut aller des initiatives locales pour lutter ­contre le réchauffement climatique aux tentatives de démocratie directe mises en œuvre dans certaines villes, en passant par la ZAD de Notre-Dame-des-Landes [Loire-Atlantique]. Toutes ces expériences participent à la résurgence des communs – c’est-à-dire la mise en commun d’une terre, d’un lieu ou d’une pratique qui avait été privatisée depuis si longtemps que tout s’y oppose. Cette lutte politique ouvre une inconnue de plus. Mais on a besoin d’inconnues, car le connu est désespérant.

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 12:05

Pour sauver le principe d’une fiscalité carbone, il faut d’abord rétablir la justice fiscale. Une taxe carbone ne peut être utile pour orienter les choix que lorsque les choix existent. L'annulation des hausses de taxe sur les carburants va générer un manque à gagner de presque 4 milliards d'euros dans le budget de l'Etat, qu'Edouard Philippe prévoit de résorber par des « économies supplémentaires ». Il suffirait de faire payer les entreprises les plus polluantes, jusqu'ici largement exonérées, pour sauver le principe même de la fiscalité carbone. D’après Maximes Combes le 5 décembre 2018 pour son Blog Sortons de l'âge des fossiles ! Lire aussi Les fin de mois et la fin du monde, Le fléau de l’assistanat … aux entreprises ! et Les émissions de gaz à effet de serre augmentent en France, en contradiction avec nos engagements climatiques.

Rétablir la justice fiscale en taxant les entreprises les plus polluantes

C'est un point aveugle du débat sur la fiscalité carbone. Si le caractère socialement injuste de la taxe carbone a été largement débattu et commenté, l'assiette sur laquelle repose la fiscalité carbone en France est largement passé sous silence. Les exemptions existantes sur le kérosène et le fioul lourd ne sont en effet que la partie émergée de l'iceberg. L'essentiel des sites industriels et des entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre en France sont en effet exonérés de la taxe carbone payée par les ménages, les artisans et les petites entreprises. Soit presque 1400 sites, industriels ou non, qui représentent environ 107 millions de tonnes de C02 relâchés dans l'atmosphère en 2017, et en hausse de 5% par rapport à 2016 (données de l' Agence environnementale européenne).

Ménages taxés – Industriels exemptés

Pour les ménages, artisans et petites entreprises, c'est assez simple : chaque fois que l'on fait son plein de carburant – ou que l'on remplit sa cuve de fioul – on paie une taxe carbone sur chaque litre acheté. Pour les 1400 sites industriels les plus polluants du pays, la situation est bien plus avantageuse. Soumis au marché carbone européen, ils profitent en effet d'un prix de la tonne carbone bien plus faible – dans les rares cas où ils doivent payer – et de facilités auxquels les ménages, artisans et petites entreprises n'ont pas accès. Un peu comme si chaque ménage ne payait la taxe carbone que pour les carburants qu'il consomme les dimanches et jours fériés, et qu'il ne la paie pas les autres jours de l'année. Les détails, parfois techniques, sont expliqués dans cette note :

Basculer la fiscalité carbone sur les entreprises les plus polluantes et jusqu'ici largement exonérées - note Attac

Faire du moratoire une opportunité pour renforcer la fiscalité carbone sur les entreprises

Cette inégalité de traitement est indéfendable : elle justifie que soit mis en œuvre un rattrapage rapide et général pour que les industries les plus polluantes paient, a minima, le même niveau de fiscalité carbone que les ménages, artisans et petites entreprises.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le moratoire annoncé par Édouard Philippe en offre l'opportunité. La hausse des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier 2019 aurait du générer un total de 3,7 milliards d'euros de recettes supplémentaires sur l'année 2019. L'annulation de cette augmentation par Emmanuel Macron, désavouant au passage son premier-ministre qui n'avait jusqu'ici évoqué qu'une suspension de six mois,  va donc constituer un manque à gagner pour l'Etat du même montant environ, soit 3,7 milliards d'euros, que le gouvernement va chercher à compenser afin de conserver un budget à l'équilibre. Deux options sont dès lors envisageables :

  • se lamenter sur la suspension de la taxe carbone comme le fait déjà une partie du mouvement écologiste et regarder le gouvernement rogner sur de nouvelles dépenses publiques importantes ;
  • ou alors, œuvrer, de manière collective, pour que le gouvernement instaure unilatéralement et immédiatement une taxe carbone complémentaire pour l'ensemble des sites industriels français soumis au marché carbone européen afin que chaque tonne de carbone relâchée soit taxée au même niveau que les carburants achetés par les ménages, artisans et petites entreprises ;
Rétablir la justice fiscale en taxant les entreprises les plus polluantes

Cette deuxième proposition, simple, a déjà été expérimentée et mise en œuvre au Royaume-Uni, pour leurs centrales électriques. Elle est donc possible. Théoriquement, une telle fiscalité carbone sur les 1400 sites indsutriels peut rapporter plus de 4,7 milliards d'euros, soit le produit de 107 millions de tonnes de CO2 (émissions en 2016) taxées à 44,6 euros la tonne, le prix que paie les ménages, les artisans et les petites entreprises.(cette proposition peut bien évidemment être accompagnée de l' exigence de supprimer les exonérations sur le kérosène et le fioul lourd).

Cette proposition va tout de suite susciter une levée de boucliers au motif qu'elle conduirait des sites industriels à fermer ou délocaliser. Si cette réserve est très largement exagérée, il existe des parades complémentaires pour éviter ces conséquences.

Cette proposition, qui a pour elle la force de l'évidence, mettrait fin au principe du "Pollueur - Payé" et d'enfin appliquer le principe du "Pollueur - Payeur" pour les entreprises les plus polluantes. Elle conduirait la France à s'équiper d'un dispositif climatique d'une toute autre ambition que le très défaillant marché carbone européen. Et elle aurait le mérite, pour toutes celles et ceux qui y tiennent, de défendre le principe même de la fiscalité carbone que certains voudraient voir emporter avec le moratoire du gouvernement. Alors, chiche ?

Maxime Combes, économiste et auteur de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015.

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 10:35

Un communiqué de Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux Europe Ecologie les Verts. Lire aussi Notre forêt publique est malade de sa course à la rentabilité. et « Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure.

Les forêts françaises ne sont pas à vendre !

Les quatre « Marches pour la forêt » à l’initiative des personnels forestiers de l’Office national des forêts et soutenues par le monde associatif et environnemental sont arrivées le 24 octobre à Cérilly en forêt de Tronçais dans l’Allier, symbole des forêts de chêne prestigieuses héritées de Colbert.

Le but de cette marche était d’alerter l’opinion sur la disparition pure et simple du service public des forêts qu’est l’ONF, en voie de privatisation, et avec un plan de 1 500 suppressions de postes en perspective, et contre l’industrialisation de la forêt et ses conséquences néfastes pour ces espaces naturels indispensables et leur gestion.

Retrouvez ici le Manifeste de Tronçais : Pour la forêt, notre bien commun.

Europe Écologie – Les Verts soutient le mouvement des forestiers et la demande d’une meilleure gestion des forêts publiques. Yannick Jadot et David Cormand se sont déplacés pour apporter le soutien des écologistes aux agents de l’ONF.

Retrouvez dans le JDD la tribune de David Cormand : « La forêt qu’on défigure ».

Alors que le climat s’emballe et que la biodiversité s’effondre, nous partageons l’idée qu’une autre gestion de la forêt est possible et nécessaire : une gestion plus écologique, essentielle pour la préservation du rôle central de la forêt dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Il est urgent de faire converger les énergies déployées, localement ou nationalement, pour défendre la forêt et les services considérables qu’elle rend à toutes et tous, indépendamment de la production de bois : elles stockent naturellement le dioxyde de carbone, permettent la rétention et la filtration de l’eau, sont un berceau pour la biodiversité végétale et animale. Les forêts naturelles représentent une valeur pour la collectivité bien supérieure à celle de la production de bois.

Les évolutions ces dernières années dans la gestion de l’ONF, avec une baisse de la dotation de l’État et un recours accru au personnel contractuel allaient dans le mauvais sens. La politique actuelle et le plan national Forêt-Bois continuent dans la même direction.

Retrouvez les propositions d’Europe Écologie – Les Verts : « Une politique forestière écologique… c’est urgent ! ».

Pour les écologistes, de nombreuses initiatives sont nécessaires pour orienter la politique forestière vers une gestion qualitative et préservant le long terme.

L’ONF doit pouvoir exercer ses missions régaliennes, sans dépendre du cours du bois ou du volume des ventes. C’est à l’État de financer la surveillance des forêts publiques, les missions de police, la gestion durable, la péréquation entre forêts pauvres et riches, la recherche, l’accueil et l’éducation.

Alors que 30% des forêts publiques ne sont pas ou peu exploitables, l’effort de production s’exerce sur des forêts « à flux tendu » : il faut desserrer l’étau productif autour des forêts pour cesser d’affaiblir les écosystèmes.

La politique de développement du bois-énergie doit être encadrée à la fois dans la prospective (véritable connaissance de la ressource, efficacité, bilan carbone global) et dans l’exécution (chartes régionales, traçabilité, certification, politique de subventionnement).

Il faut mettre en place des certifications plus exigeantes, permettant d’engager des sylvicultures plus résilientes et bénéficiant à la biodiversité.

Parce qu’il n’y a pas d’avenir sans forêts, les écologistes continuent à se mobiliser pour la protection des forêts françaises et du service public de la forêt.

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 09:02

La marche pour la forêt des agents ONF est arrivée à Cérilly dans l'Allier mercredi 24 octobre 2018. Soumises aux lois du marché, les chênaies, frênaies et autres sapinières publiques sont menacées de surexploitation. Face au risque de les voir transformées en « usines à bois », au détriment des écosystèmes, les forestiers refusent de se résigner. Lire https://marche-pour-la-foret.webnode.fr/pourquoi-cette-marche/. D'après Alexandra Chaignon le 25 octobre 2018 pour l’Humanité. Lire aussi Les agents de l’ONF marchent pour la forêt et « Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure.

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Comment se portent les forêts françaises ? « Bien », estimait en mars dernier, devant les sénateurs, le directeur général de l’Office national des forêts (ONF), en charge de la gestion. Selon Christian Dubreuil, elles seraient même « sous-exploitées ». Il semble qu’il soit le seul à y croire. De l’avis des agents forestiers de l’établissement public, ce « bien commun » est aujourd’hui en danger.

Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent en effet pour dénoncer « l’industrialisation » des forêts publiques, gérées par l’ONF, établissement sous tutelle conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie. « Protection, biodiversité et accueil du public sont sacrifiés sur l’autel de la rentabilité de court terme. Les forêts sont de plus en plus considérées comme de vulgaires usines à bois à mettre au service de l’industrie », relève ainsi une large intersyndicale, qui, mi-septembre, engageait une longue marche pour dénoncer cette marchandisation. Partis de Mulhouse, passés par Valence ou encore Perpignan, les forestiers convergent aujourd’hui dans l’Allier. Leur route prend fin en forêt de Tronçais, l’une des plus belles futaies de chênes en France, plantée au XVIIe siècle. Un rassemblement est prévu pour les accueillir, auquel plusieurs élus ont déjà annoncé leur participation – Cécile Cukierman, entre autres, ainsi qu’André Chassaigne, respectivement sénatrice de la Loire et député du Puy-de-Dôme, PCF tous les deux.

Pour être spectaculaire, l’initiative des forestiers de l’ONF ne tombe pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une lutte opposant depuis des années les agents à leur direction, sur fond de réforme contestée. La racine du problème n’est pas neuve. Elle tient au paradoxe du service public forestier français. Depuis sa création, en 1964, l’ONF tire l’essentiel de ses revenus de la vente de bois. L’établissement récolte ainsi 40 % des bois vendus en France, alors qu’il ne gère qu’un quart des forêts du pays. Sauf que le cours du bois n’a cessé de chuter depuis cinquante ans. Du coup, malgré une accélération des coupes au fil des ans et le versement d’une aide compensatoire de l’État (140 à 180 millions d’euros par an), l’ONF ne parvient plus à équilibrer son budget et accuse aujourd’hui une dette de 320 millions d’euros. « Ce mode de financement est bancal. Il accentue la pression pour toujours couper plus de bois, explique Philippe Berger, secrétaire national du Snupfen Solidaires. Le dernier contrat d’objectifs et de performance (COP) pluriannuel signé avec l’État pour la période 2016-2020 prévoit ainsi de prélever 1 million de m3 de bois supplémentaires par rapport à 2014. »

« Un système à bout de souffle »

« La vente de bois ne couvre plus les coûts, essentiellement de personnels, qui permettent d’assurer une multitude de fonctions. Le système est à bout de souffle », résume Hervé Le Bouler, responsable du réseau forêt au sein de France Nature Environnement (FNE), association qui soutient les syndicats.

« Nous posons le même diagnostic, assure François Bonnet, directeur général adjoint de l’ONF. Le modèle économique créé par Edgard Pisani (ministre de l’Agriculture en 1964 – NDLR) ne tient plus et, dans le cadre actuel, l’équilibre est difficile à trouver. Dans les années 1970, le chiffre d’affaires des ventes de bois des forêts domaniales était de 476 millions d’euros. Aujourd’hui, il a été divisé par deux. » La convergence des points de vue s’arrête là. Car la direction réfute toute « industrialisation », chiffres à l’appui : « La moyenne des volumes exploités est de 5,7 millions de m3 sur la période allant de 1966 à 2017 », rétorque ainsi François Bonnet, tout en se réfugiant derrière la réglementation. « Les coupes sont gérées dans le strict respect du Code forestier », explique-t-il, oubliant de préciser qu’en 2017 le COP venait seulement de se mettre en place…

Si l’activité s’est focalisée de plus en plus sur les activités rentables, c’est aux dépens des autres missions de service public forestier. « On se retrouve à remplir des objectifs de coupe commerciale du bois, en contradiction avec la gestion à long terme que nécessite la forêt. Accaparé par les tâches les plus rentables, on est contraint d’en délaisser d’autres, décisives, comme l’entretien, l’accueil du public et la surveillance », précise Philippe Berger.

« La baisse des effectifs amène à faire des choix », justifie sans scrupule la direction de l’ONF. De fait, depuis 2002, près d’un quart des effectifs, soit 3 000 emplois, ont été supprimés, comme l’a reconnu, en mars, le directeur de l’ONF devant le Sénat. « Nous étions 16 000 en 1986. Aujourd’hui, on est 8 500. On est à l’os », insiste le syndicaliste. « 226 suppressions sont prévues en 2019. Et 1 600 postes en moins d’ici à 2020, évalue quant à lui Gilles Quentin, de la CGT forêt. En outre, lorsqu’il remplace, l’établissement embauche des salariés de droit privé et non plus des fonctionnaires. Quand ces derniers seront minoritaires, le statut de l’établissement changera. » Cette « substitution progressive », telle que l’a qualifiée Christian Dubreuil devant le Sénat, débouchera-t-elle sur la privatisation de l’établissement, comme le redoutent les syndicats ? « La solution ne peut être une fuite en avant », réplique François Bonnet, renvoyant la balle aux ministères de tutelle.

« Cette marche, c’est le résultat d’une longue exaspération. Confronté à une dégradation de ses conditions de travail et à des réorganisations incessantes, le personnel souffre d’une perte de sens », analyse Gilles Quentin, évoquant « une période noire qui a abouti à un grand nombre de suicides ». Sans parler du climat social délétère, dénoncé par l’intersyndicale et qui a poussé, en septembre 2017, cinq syndicats à démissionner des instances représentatives du personnel. « Le dialogue est rompu avec cette direction, qui va jusqu’à mettre les syndicats au tribunal », assène le militant CGT. Le directeur de l’ONF, lui, ne semble pas voir où est le problème. Interrogé sur ce point par les sénateurs, Christian Dubreuil jugeait que « la conflictualité est consubstantielle à l’ONF, depuis sa création : il en est ainsi des milieux “rugueux”, où le conflit est de tradition ».

Les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière

Enfin, à l’exigence de rentabilité à tout prix s’ajoutent les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière. « Ce qui se met en place dans la sylviculture, c’est ce qu’a connu l’agriculture il y a cinquante ans avec le productivisme », observe Hervé Le Bouler. La demande des industriels sur des volumes de plus en plus importants de bois standardisé, homogène, plus facile à travailler, conduit à des peuplements composés d’une seule essence, ce qui est risqué d’un point de vue sanitaire car cela rend les cultures plus vulnérables face aux maladies. Sans compter que ce type de pratique ne favorise pas la biodiversité. « Pour vendre plus, on s’adapte aux demandes des industriels qui n’ont pas su évoluer avec la diversité de la forêt française (130 essences environ), et qui demandent aujourd’hui que ce soit elle qui s’adapte à leurs besoins. Alors que cela devrait être l’inverse ! Du coup, on brûle du chêne non pas parce qu’il n’est pas rentable, mais parce qu’on a perdu le savoir-faire ! » « On assiste à une fuite en avant de surproduction de bois qui va au-delà de la capacité de la forêt à se renouveler », prévient lui aussi Philippe Berger.

Pour toutes ces raisons, les forestiers entendent bien se battre. Mais la lutte s’annonce acharnée. D’autant que, début octobre, la direction de l’ONF, réunie en séminaire, a annoncé, selon la CGT, que « le retour des comptes à l’équilibre devenait l’objectif unique, quelles qu’en soient les conséquences ». Et qu’à cet effet, le volet commercial devait « prendre le pas sur les autres aspects ».

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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 09:01

Il est devenu vital de repenser, en les limitant drastiquement, les besoins de mobilité que génère notre société. Entretien avec Philippe Bihouix, auteur de Quel futur pour les métaux ? (2010) et de L’Âge des low tech (2015), suivi de La face cachée de la voiture électrique, par Olivier Chartrain pour l’Humanité le 12 octobre 2018. Lire aussi Basculer les charges sociales vers une fiscalité écologique.

Une femme conduit une voiture électrique 2 places à Rome. Reuters/Max Rossi

Une femme conduit une voiture électrique 2 places à Rome. Reuters/Max Rossi

La voiture électrique est-elle vraiment moins polluante que la voiture thermique ?

Philippe Bihouix Tout dépend de ce dont on parle. Une voiture électrique puissante et qui pèse deux tonnes est moins écologique qu’une toute petite voiture thermique. Il faut aussi parler des infrastructures de recharge et de comment on produit l’électricité nécessaire. Mais on ne sort pas du paradigme de la giga-consommation. Au contraire, on ajoute à l’extractivisme pétrolier et gazier un extractivisme minier pour se procurer les métaux nécessaires à ces voitures. Une automobile, même électrique, ne peut pas être « propre », « zéro carbone ». Même avec le recyclage il se produit une déperdition importante. Il y aura toujours un impact. La voiture électrique peut avoir un intérêt de niche, d’ordre sanitaire, pour des zones urbaines polluées aux particules par exemple – sauf que ce sont des zones où on devrait pouvoir se passer de voiture !

Il faut faire quoi ? Mettre tout le monde à vélo ?

Philippe Bihouix Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture. Au niveau mondial, c’est insoutenable – mais il est difficile d’en sortir. Il faut utiliser la réglementation pour aller vers des objets de plus en plus légers, qui consomment de moins en moins : un « pot de yaourt », qui ne dépassera pas 70 km/h mais remplira la plupart des fonctions actuelles de la voiture. De toute façon la solution n’est pas technique. Connaissez-vous ce qu’on appelle « l’effet rebond » ? L’histoire montre que, à chaque progrès technique, son efficacité supérieure entraîne une hausse des besoins qui annule les gains attendus. Prenons l’exemple du covoiturage : dans une voiture avec trois personnes, il y a peut-être quelqu’un qui aurait pu prendre le train, quelqu’un qui ne se serait pas déplacé sans le faible coût du covoiturage, et le conducteur – peut-être un étudiant qui, du fait de la baisse du coût du voyage qu’il obtient en covoiturant, rentre plus souvent voir ses parents. Au final, le gain écologique est nul.

Alors faut-il repenser complètement nos besoins de mobilité ?

Philippe Bihouix Il ne peut pas exister de civilisation durable si on a des dizaines de millions de personnes et de marchandises qui font des millions de kilomètres par an. L’enjeu porte bien au-delà de l’objet automobile individuel : on parle d’aménagement du territoire, de décentralisation, d’un changement culturel aussi… Il faut arrêter la course universelle à la productivité qui pousse à mettre tout au même endroit. Des exemples ? Le passage de 22 à 12 régions en France génère des déplacements ; la fermeture d’une maternité, d’un hôpital de proximité, également ; le Grand Paris et les métropoles, même chose. Il faut arrêter de pousser les gens à vivre de plus en plus loin de leur lieu de travail, redynamiser les villes moyennes, qui sont une échelle où les besoins de transports sont limités mais où une vie sociale reste possible. Au lieu de donner des milliards de subventions pour mettre sur la route des SUV électriques, il faudrait utiliser cet argent pour développer les recycleries, les politiques « zéro déchet », la durabilité et la réparabilité des objets.

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La face cachée de la voiture électrique

Ce type de véhicule est présenté comme la solution face à la pollution et au réchauffement climatique. Pas si simple. De plus en plus de voix soulignent les limites d’un tel choix.

« Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture »

Carlos Tavares, le PDG de PSA (Citroën, DS, Opel, Peugeot), dans le rôle du lanceur d’alerte ? On a un peu de mal à y croire. C’est pourtant bien lui qui a mis les pieds dans le plat concernant la voiture électrique, dès septembre 2017, au Salon de Francfort : « Quelles solutions pour la fabrication des batteries, le recyclage des batteries, l’exploitation, mais également l’approvisionnement des terres rares, la nature de la production d’électricité… » a-t-il demandé. La déclaration a fait grand bruit dans le cercle restreint des constructeurs. D’aucuns se sont empressés de la mettre sur le compte d’un patron – qui annonce pourtant 80 % de ses gammes « électrifiées » d’ici à 2022 – largué par la concurrence et pris de panique en constatant qu’il a raté le tournant de l’électromobilité.

Pas si simple. Sous le feu des annonces successives – restrictions de circulation, fin de commercialisation des véhicules thermiques en 2040 – on pourrait croire que la voiture électrique (VE) est LA réponse à la nécessité, devenue impérieuse, de réduire la pollution et, surtout, les émissions de gaz à effet de serre (GES). Rappelons que l’Union européenne vient de se fixer l’objectif, critiqué pour son manque d’ambition, de réduire ceux-ci de 30 % d’ici à 2030.

Une chose est sûre : contre la pollution atmosphérique, l’électrique, c’est fantastique. En roulant, une VE ne produit aucun des polluants que recrachent les moteurs thermiques : oxydes d’azote, monoxyde de carbone, particules fines, qui sont responsables de 48 000 morts par an en France. Autant dire que si, comme certaines projections le prédisent, les VE constituent 50 % des immatriculations d’ici à 2050 (contre 1 % aujourd’hui), on respirera bien mieux dans nos villes. Sans compter la réduction des nuisances sonores, puisque le moteur électrique est quasi muet. Bémol : selon Airparif, l’usure des pneus, des freins et de la route produit 41 % des particules fines à Paris. La voiture électrique ne les fera donc pas disparaître.

Chaque kWh de batterie génère 150 à 200 kg de CO2

En revanche, quand bien même le transport routier pèse 16 % des émissions de GES au niveau mondial, croire ou laisser croire que l’électrification du parc automobile va nous aider à réduire nos émissions aux niveaux souhaités, ce serait alimenter une dangereuse illusion. Pour le comprendre, il faut prendre en compte l’ensemble du cycle de vie de la voiture. Là, ça se gâte. Les moteurs, les batteries et l’arsenal électronique indispensable à leur fonctionnement : tout cela est bourré de métaux et terres rares. Des substances aux noms exotiques – samarium, néodyme, tantale, antimoine, germanium… – qu’on ne trouve qu’en très petite quantité dans l’écorce terrestre. Sans leurs propriétés, pas de « nouvelles technologies » : autant dire que leur consommation a explosé depuis trente ans. On creuse la terre en Chine, en RDC, en Indonésie ou au Chili pour les trouver. Extraction, raffinage, transformation, acheminement : des étapes d’autant plus émettrices de GES qu’elles se déroulent loin de nos yeux, dans des pays peu regardants sur les conséquences sociales et environnementales parce que leur développement est à ce prix. Résultat : selon la Fondation Nicolas-Hulot, chaque kWh de batterie génère 150 à 200 kg de CO2 au stade de sa fabrication. Une petite Renault Zoe a des batteries de 41 kWh, une grosse Tesla américaine affiche 98 kWh : faites le calcul…

Et il n’y a pas que les GES. Ces industries génèrent des pollutions chimiques et radioactives extrêmement graves. Dans son livre la Guerre des métaux rares (2018), le journaliste Guillaume Pitron raconte le cauchemar de la région de Baotou, en Mongolie-Intérieure (Chine). Dans ce qui est devenu le premier centre mondial de production de métaux rares, on trouve un immense lac-dépotoir où les usines déversent eaux contaminées et boues radioactives pour le malheur des populations environnantes : cancers et malformations abondent. Une donnée qui doit tempérer le bon bilan de l’électrique : la voiture à batteries ne pollue pas… chez nous. Sa pollution a été délocalisée avec la production de ses composants essentiels.

Mais une VE doit aussi être rechargée. Son bilan carbone est donc dépendant du mode de production de l’électricité qu’elle utilise. En France, grâce à son parc nucléaire, on compte 80 g de CO2 par kWh. En Allemagne, où les centrales à charbon abondent encore, on bondit à 455 g CO2/kWh. Et en Chine, on atteint 756 g CO2/kWh ! Autant dire que quand ce dernier pays annonce sa volonté d’un parc automobile électrifié à 100 % (sans toutefois fixer d’échéance), ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le climat. Ni pour nos économies, puisque cette démarche vise aussi – et peut-être surtout – à s’appuyer sur son gigantesque marché intérieur et sur les économies d’échelle qu’il engendre pour devenir le n° 1 mondial de l’électromobilité, des mines de terres rares (Pékin produit déjà 95 % de ces dernières) jusqu’aux usines qui les transforment en batteries et moteurs électriques… et peut-être même jusqu’aux voitures qui les intègrent.

En attendant cette échéance, pour qu’une électrique, sur l’ensemble de son cycle de vie, amortisse les GES émis lors de sa fabrication et émette réellement moins de CO2 qu’une thermique, il faut qu’elle roule. Beaucoup : une Zoe (ou équivalent) et ses 300 kg de batteries doit parcourir 50 000 km… en France. En Allemagne, ce sera 100 000 km. Des chiffres à doubler pour une Tesla et ses 600 kg de batteries. D’autant que son autonomie limitée (300 km au mieux aujourd’hui, 500 km demain avec des batteries plus lourdes et plus chères) n’incite pas à effectuer de longs kilométrages. Autre facteur limitant : la durée de vie des batteries. Estimée à dix ans, elle est plutôt moindre en réalité puisqu’on considère qu’elle est bonne pour le recyclage dès qu’elle perd 20 % de sa puissance maximale. Et s’il faut la changer, le bilan carbone – et le coût ! – s’alourdissent d’autant…

Si le tableau n’est pas tout noir, la voiture électrique n’a en tout cas rien de la panacée pour laquelle on essaie souvent de nous la vendre – dans tous les sens du terme. D’autant que sa complémentarité avec les énergies renouvelables ne doit pas faire oublier que celles-ci ne le sont pas vraiment, puisqu’elles dépendent, elles aussi, des si précieux métaux et terres rares – qui ne sont pas renouvelables du tout. Mais si des déplacements « propres » ne sont pas possibles, alors ce sont les besoins en mobilité qu’il faut réduire. Et changer un mode de développement qui, mondialisation des échanges et délocalisations en tête, fabrique des millions de kilomètres de déplacements inutilement coûteux et polluants.

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22 octobre 2018 1 22 /10 /octobre /2018 11:25

« Nous voulons que la gratuité soit la condition pour repenser le contenu social, écologique, démocratique du service public dans le but d’en finir avec le capitalisme et son monde. » Ci-dessous l’appel lancé à l’initiative de l’Observatoire international pour la gratuité (OIG) le 1er octobre 2018, qui rassemble plusieurs dizaines d’acteurs du mouvement social, de chercheurs de différents champs universitaires, de dirigeants et militants politiques, syndicaux et associatifs de la gauche alternative et de l’écologie antilibérale. Dans la perspective des élections municipales, une célébration des communs et du service public à laquelle nous souscrivons totalement. Lire aussi Jouir des biens communs sans posséder.

Vers une civilisation de la gratuité

Le vieux monde s’achève et ne peut prolonger artificiellement son existence qu’en sacrifiant le climat, les écosystèmes, les communs et plus d’un milliard d’êtres humains. Ce vieux monde crève de la marchandisation systématique de tout ce qui peut l’être. Il ne s’agit pas seulement d’un changement de politiques ni même de société mais de civilisation. Un autre monde existe déjà autour des expériences de gratuité qui se développent mondialement.

Nous parlons bien sûr d’une gratuité construite, économiquement construite, mais aussi socialement, écologiquement, anthropologiquement et bien sûr politiquement construite. Le livre-manifeste « gratuité vs capitalisme » (Paul Ariès, Larousse) de l’Observatoire international de la gratuité (1) rend compte de toutes les formes de gratuité existantes et à développer dans une perspective d’égalité sociale, de préservation du climat et des écosystèmes et de démocratie réelle. Comme nous y invitait le poète Rimbaud, il y a urgence à redevenir des voyants et à prendre conscience que des milliers d’ilots de la gratuité peuvent devenir demain des archipels et après-demain de véritables continents. Nous, toutes et tous, amoureux et amoureuses de la gratuité de l’eau et de l’énergie élémentaires, des transports en commun urbain et des TER, de la restauration scolaire, des services culturels et funéraires, etc., nous clamons que l’heure est venue d’en finir avec une gratuité d’accompagnement du système, la gratuité pour les seuls naufragés, une gratuité qui ne va jamais sans condescendance ni flicage, pour passer à une véritable gratuité d’émancipation qui commence non seulement à démarchandiser, à démonétariser, mais aussi à sortir d’une conception individualiste des besoins. La gratuité est un chemin qui conduit à une société des usagers davantage maîtres de leurs usages.

Nous voulons la gratuité du bon usage face au renchérissement du mésusage. Pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et pour remplir sa piscine privée ? Ce qui vaut pour l'eau vaut aussi pour l'ensemble des communs.  

Nous voulons que la gratuité soit la condition pour repenser le contenu social, écologique, démocratique du service public dans le but d’en finir avec le capitalisme et son monde.

Au moment où les débats fleurissent à propos des prochaines élections municipales, nous vous invitons à faire de la défense et de la promotion de la sphère de la gratuité un enjeu essentiel des prochains scrutins, nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à partager les fruits des mille et une formes de gratuité et à coopérer pour faire pousser cette belle idée.

Signer l'appel : http://appelgratuite.canalblog.com

(1)   L’Observatoire international pour la gratuité (OIG) lance une mobilisation continue avec trois premiers rendez-vous : septembre 2018, la publication du livre-manifeste « Gratuité vs capitalisme » signé par Paul Ariès au nom de l’OIG, véritable état des lieux de toutes les formes de gratuité existantes et à venir ; le 1er octobre, lancement d’un appel en faveur de la gratuité comme nouveau chemin et projet de civilisation, déjà signé par la gauche de gauche et l’écologie antilibérale ; le 5 janvier 2019, l’organisation à Lyon d’un forum national de la gratuité.

Les premiers signataires de l’appel :

Paul Ariès (Observatoire International de la gratuité, OIG, rédacteur en chef de la revue Les Zindigné.e.s), Gabriel Amard (co-président d'une association nationale de soutien à la gestion citoyenne et publique de l'Eau, orateur national de la France insoumise), Ian Brossat (chef de file du PCF aux élections européennes, maire adjoint de Paris), Danielle Simonnet (coordinatrice du PG, conseillère municipal de Paris), Clémentine Autain (députée FI, Ensemble !), Jean Ziegler (ancien rapporteur spécial auprès de l'ONU sur la question du droit à l'alimentation, vice-président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU), Pierre Zarka (Observatoire des Mouvements sociaux, OMOS, ACU/Ensemble !), Olivier Besancenot (dirigeant national du NPA), Pierre Laurent (secrétaire national du PCF), Marjolaine Rauze (maire PCF de Morsang-sur-Orge, conseillère départementale de l’Essonne), Emilie Hache, Marc Dufumier (agronome), Jean-Marie Harribey (économiste), Eric Coquerel (coordinateur du PG, député FI), Nathalie Perrin-Gilbert  (maire du 1er arrondissement de Lyon, conseillère municipale et métropolitaine de Lyon), Jean-Michel Drevon, (Institut de recherche de la FSU), Alain Coulombel (secrétaire national adjoint EELV), Thomas Coutrot (économiste, ATTAC-France), Laurence de Cock (historienne), André Chassaigne (député PCF, président du groupe GDR à l'Assemblée nationale), Alain Bruneel (député PCF du Nord),  Christophe Aguiton (sociologue, militant syndical et politique), Agnès Sinaï (président de l’institut Momentum), Aurélie Trouvé (économiste et ingénieure, ATTAC-France), Francine Bavey (Coopérative Ecologie sociale), Myriam Martin (Ensemble !, conseillère régionale FI d’Occitanie), Viktor Dedaj (administrateur du site Le Grand Soir), Magali Giovannangeli (présidente de la communauté d'agglomération d'Aubagne de 2011  à 2014),  Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Willy Pelletier (Fondation Copernic), Julien Bayou (conseiller régional EELV île-de-France), Maud Assila (secrétaire national du PG), Claudio Calfuquir, Laurence Pache (PG),  Sarah Legrain (secrétaire nationale du PG), Emilie Marche (conseillère régionale RCES, PG-FI), Jean-Christophe Sellin (secrétaire national du PG et membre du conseil régional d’Occitanie), Benoît Schneckenburger (Philosophe, FI), Mounia Benaili (PG), Corinne Morel-Darleux (Secrétaire national du PG et Conseillère régionale), Leila Chaibi (oratrice nationale de la FI, Co-fondatrice des collectifs jeudi noir et Génération précaire), Julien Poix (PG), Sophie Rauszer (PG), Theophile Malo (PG), Marie Laure Darrigade (PG), Hélène Le Cacheux (PG), Fabienne Grebert (élue régionale RCES), Andréa Kotarac (conseiller régional FI), Patrick Le Moal (Fondation Copernic), Noël Mamère (ancien député EELV), Patrick Farbiaz (Coopérative Ecologie sociale), Jean-Francois Pellissier (co porte-parole d’ Ensemble !), Vincent Buard  (Ensemble ! français de l’étranger), Serge Latouche (professeur émérite d’économie politique, courant de la décroissance), Germain Sarhy (village Emmaüs Lescar-Pau), Philippe Boursier (Fondation Copernic), Christine Poupin (porte-parole du NPA), Denis Vichérat (co-président de la maison d’édition Utopia) , Marc Humbert (professeur émérite d’économie politique, vice-président de l’association des amis des convivialistes),  Pierre-François Grond, Sophie Wahnich (historienne), Jean Gadrey (économiste, ATTAC), Gustave Massiah (économiste, altermondialiste), Roger Martelli (historien, directeur de la revue Regards), Fabrice Flipo (philosophe), Alain Véronèse, Jean-Louis Sagot-Duvauroux (homme de théâtre, penseur de la gratuité), Jacques Testart, Christian Vélot, Florent Bussy (philosophe et rédacteur les Zindigné.e. s/OIG), Thierry Brugvin (OIG, courant antiproductiviste), Bernard Gensane (administrateur du site Le Grand Soir), Maxime Vivas (administrateur du site Le Grand Soir), René Ollier et Catherine Marc (collectif "Rouen Métropole transports gratuits"),  Corinne Iehl (conseillère du 7° arrondissement e Lyon et conseillère métropolitaine, Ensemble !), Laurence Boffet (conseillère du 1° arrondissement de Lyon, Ensemble !), Anne Charmasson-Creus (présidente du collectif Services Publics de la Croix-Rousse, Lyon), Gilbert Dumas (responsable syndical retraités, Lyon), Armand Creus (Ensemble ! 69), Alain Touleron (Ensemble ! 69). Yvon Quiniou (philosophe), Raymond Zaharia (ATTAC, réseau Semences paysannes),  Isabelle Granjon (conseillère municipale et conseillère du 1er arrondissement de Lyon), Elliott Aubin (adjoint à la maire du 1er arrondissement de Lyon), Laurence Boffet (Conseillère du 1er arrondissement de Lyon), François Geze, Geneviève Azam (économiste, ATTAC), Christine Bergé, Jean-Luc Flavenot (assistant de conservation aux Archives Départementales du Rhône, élu CGT des personnels du département du Rhône, membre du PCF), Gilbert Rist, Didier Harpagès, Brigitte Giry (EELV), Sandrine Larizza (militante CGT, membre de la coopération intégrale du lyonnais), Tony Ferri, Laurence Lyonnais, Laurent Paillard (philosophe, rédacteur les Zindigné.e.s), Yann Fiévet (socio-économiste, rédacteur les Zindigné.e. s), Michel Husson (économiste), Lauro Silvio (adhérent à l'April pour la liberté de l'informatique, de l'information pour la coopération), Sylvie Larue (ACU/Ensemble !), Makam Rafatdjou (ACU/Ensemble !), Pierre Goldberg (ACU/Ensemble !), Catherine Bottin-Destrom (ACU/Ensemble !), Pierre Cours-Salies (ACU/Ensemble !), Luc Quinton (ACU/Ensemble !), Christiane de Dryuer (ACU/Ensemble !), Patrick Daré (ACU/Ensemble !), Michel Mourereau (Observatoire des mouvements sociaux, OMOS),  Bénédicte Goussault (OMOS), Benoit Borrits (OMOS), Daniel Vergnaud (OMOS), Josiane Zarka (OMOS), Laure Pascarel (co-présidente de la maison d’édition Utopia), David Flacher (porte parole du mouvement Utopia), Jean-Pierre Hardy (membre d’Utopia, conseiller municipal d’Auzeville (31)), Franck Pupunat (co-animateur du mouvement Utopia), Jean-Luc Pasquinet (Objecteur de croissance), Enzo Traverso, Cyril Cineux (adjoint PCF au maire de Clermont-Ferrand en charge des transports), Martin Rieussec Fournier (cofondateur LJH et Generations Cobayes), Gilles Lemaire, Jean-Pierre Hardy (Conseiller municipal), Gérard Leras (ancien vice-président de la région Rhône-Alpes, vice- président d'AGTER), Pascal Franchet (président du CADTM France), Bruno Della Sudda  (militant altermondialiste et autogestionnaire, membre d'Ensemble!-Nice), Pascal Boissel (psychiatre, Union syndicale de la psychiatrie),   Catherine Samary (économiste, membre du Conseil scientifique d'Attac), Jérémie Nestel (fondateur de Libreacces), Patrice Grevet (économiste, professeur honoraire à l'université Lille 1), Josef Zisyadis (ancien député national suisse, président de Slow food Suisse), Catherine Gonnet (OIG), Luc et Christian Terras (revue Golias), Simon Lecomte (OIG), Charlotte Belge (OIG), Michel Guibert (OIG), Maurice Levy (OIG), Camille Lecomte (OIG), Christian Sunt (objecteur de croissance, Décroissance Occitanie), Christian Causse (FI et militant CGT),  Eliane Vioennot (linguiste), Benoit Reiss (codirecteur des éditions Cheyne et poète), Pierre Lafond (PCF), Michel Lepesant (Maison commune de la décroissance), Baptiste Mylondo, Chloé Landriot (enseignante, poétesse),  Paul Zveguinzoff (psychologue clinicien, formateur et coordinateur de l’association Agir pour sa santé), Jean-Pierre Garnier (sociologue urbain), Jean-Luc Roques (maître de conférence Université de Perpignan), Christopher Pollmann (Professeur des universités agrégé de droit public), Vincent Lhuillier (maître de conférence en Economie),  Sophie Ozanne (ancienne élue municipale NPA à Louviers), Olivier Tonneau (enseignant-chercheur à l'université de Cambridge), Christian David (altermondialiste, ATTAC), Roger Winterhalter (maire honoraire de Lutterbach, ancien conseiller régional et représentant de la Maison de la citoyenneté mondiale), Alain Desjardin,  Jacques Bidet (philosophe, professeur émérite à l'université de Paris-Nanterre), Alima Boumédienne Thiery (avocate), Didier Epsztajn, Renda Belmallem (étudiante, objectrice de croissance), Willy Gianinazzi, Bernard Duterme (Centre Tricontinental), Abderrahim Afarti (bibliothécaire Paris), Emmanuelle Vibert (journaliste), Eliane Viennot (chercheuse et féministe), Benoit Reuss (éditeur et poète), Jean-Pierre Siméon, Nelly Pégeault, Loiseau Pierre., Antoine Math, chercheur,  Janie Arnéguy (conseillère Municipale Ensemble! Nîmes), Noémie Moreaux (luthier), Gilbert Guilhem (CGT), Sylvie Colin, Lysianne Cavallo, Alice Grinand (coordonnatrice des communications au Comité de Solidarité/Trois-Rivières),  Monique Kaiser, Pascal Taine, Guillaume Tanneux (FI), Anne Quecy (retraitée EN), Caroline Chateaux, Elise Lowy, Olivier Montigny, Martine Auzou (enseignante retraitée), Didier Epsztajn (animateur du blog « entre les lignes entre les mots »),  Germain Anne (docteur en médecine),  Catherine Peltier (Alternatiba et Attac 14), Dominique Bouchery (musicien, FI), Martin Rieussec-Fournier (co-fondateur #LesJoursHeureux et Générations Cobayes), Serge Seninsky, Jean-Luc Flavenot (assistant de conservation aux Archives Départementales du Rhône, Élu CGT des personnels du Département du Rhône, Membre du PCF), Stef Vincent, Juliette Bouchery (comédienne et auteure, Insoumise et membre de collectifs citoyens),  Danielle Montel, Pierre Fauconnier (retraité, projets open source et apiculture de loisir), Aurélien Murith (musicien, membre de la Fédération anarchiste), Sylvie Giosa (salariée précaire, membre de la SFEPM et du GMHL, associations pour la protection de l'environnement),  Chrysis Caporal (élue EELV à Champigny sur Marne), Françoise Boireaud (citoyenne engagée et défenseuse syndicale CGT), Chantal Zamblera  (psychologue à la retraite, membre de la France insoumise), Axel Bony (professeur d'EPS, militant Snep-FSU 91), Philippe Gastrein (agrégé en SVT, animateur de groupe d'action FI), Christophe Didion (employé de la fonction publique, adhérent d'associations comme Attac, l'April et Sortir du nucléaire), Amandine Touzeau (docteure en biologie), Alain Aumont, Pierre Goldberg, Hervé Gatignol (animateur bénévole de Lab'idouillerie, ressourcerie autogérée et atelier participatif de l'association Rien Ne Se Perd), Michèle Kiintz (ACU), Jean Brafman (FI), Guillaume Dubourg,  Brunet Marc (Attac 84), Hubert Nadin (collectif citoyen du pays de Dieulefit), Monique et Jean-Pierre Jeannin,  Claire Hilgers (Belgique),  David Lemuhot (ingénieur formation), Clémence Dethier, Sylvain Bernard, Pierre Namur, Jeanine Fradin, Bérangère Toussaint, Héléna Aerts, Michel Barthélémy, Michel G. Dehon (Belgique, Membre mpOC et du CADTM), Pauline Oppé, Jean-Pierre Quayret, Benjamin Roy, Cécile Daude (maître de Conférences de Grec, retraitée), Damien Pennetreau, Rosemarie Oster-Grellety, Robin Pringels, Danielle Montel (OMOS, ACU, technicienne pharmacologue, retraitée de Sanofi), Brigitte Bonnefille, Eric Soriano, Robin Gérard, Daniel Vergnaud (technicien, OMOS), Maxence Gallice, Bruno Thiery, Pierre Sarramagnan-Souchier, Gérard Bertre (FI), Tereza Estarque (Institut d’Étude de la Complexité),  Bruno Cadez (militant communiste), Jean-Jacques Pascal (Utopia), Jean Pires, Christian Demey, Anne Querrien, JP Denotte,  Antoine De Santis (retraité),   Damienne Derreumaux,  Lionel Darriet, Patrick flambard, Vincent Bruyère,   Brun Ludovic, Marcel Lopez, Eric Goujot, Christophe Blanckaert, Liliane Guillerm , Franck Barske (anarchiste, décroissant, délégué syndical CGT),Valérie Carlenc, Gilles Guiniot, Jocelyne Prudhon, Joaquin Valdivielso (Université de les îles Baléares, Majorque, Espagne),  Jean-Michel Cléricali, Karinne Grennier, Michel Peyrache, Eole Bonneault, Jocelyne Guillochet, Simon Olivieri (ingénieur commercial, Norvège),  Fanny Dulin,  Agnès Ricciardi, Maxime Malecki, Jean-Pierre Cattelain, Dominique Liot (ex-Robin des bois de l'énergie, monteur eRDF à la retraite ), Bertrand Dubard de Gaillarbois, Angela Bovo, Marco Candore, Cédric Azière, François Roux (FI Briançon), Chantal Behar, Odile Veillerette, Claudie Blanc Urbita, Marie Pichevin, Pascal Bonnefond (chercheur), Bernard Lombardo, Hafid El Mehdaoui, Patrice Moingeon, Jean-Pierre Gay (retraité, FI),  Jean Lafont (membre du Comité exécutif de Mouvement Ecolo), Lucile Daumas (retraitée), Isabelle Catalan,  Yves Jean, Nicole Roger (militante associative),  Jean Paul Vanhoove, François Bonnes, Etienne Adam (syndicaliste militant des droits de l'homme Caen),  Jean Rouveyrol, Alain Steinberg, Bernard Clément, Marie-Line Clément, Anne Lamouille, Xavier Sengelen, Pierre-Yves Chatagnier, Catherine Peltier  (retraitée, militante associative), Régine Pactat, Mohand Acherar (écologue et militant altermondialiste), Philippe Bayer, Gwenhaël Blorville (docteur en sociologie et rédacteur en chef de La Gazette de Gouzy), Agnès Bonnaud , Valérie Dessey, Didier Coupeau, Marie-Christine Callet, Jean-Michel Masson, Louis Moreau de Bellaing (membre du Mauss), Laurent Eyraud-Chaume (comédien), Benoît de Cornulier, Caroline Guibet Lafaye (CNRS, centre Émile-Durkheim), Richard Larmenier, Pascal Paquin (militant associatif), Bernard Clément (Ensemble ! 52), François Caussarieu (Ensemble !), Monique Demare, Vincent Buard, Claude Layalle, Daniel Lessard, Denys Piningre (cinéaste documentariste), Sylvie Faye-Pastor (Ensemble !), Pierre-Yves Pira (Ensemble !), Christiane Dedryver (ACU), Dominique Blanchard (ACU), José Tovar (ACU), Michèle et Roland Scheer (ACU), Daniel Rome (ACU).

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5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 09:08

Le Parlement a adopté mardi 2 octobre la loi Alimentation, censée notamment améliorer le revenu des agriculteurs en relevant le seuil de vente à perte. Cela va surtout augmenter les bénéfices de l'agro-industrie. D'après Bénédicte Alaniou et Séverine Cazes le 2 octobre 2018 pour Le Parisien. Lire aussi L’Agriculture au glyphosate reste en Travert de la gorge des consommateurs et Un rapport parlementaire contre la malbouffe industrielle : « Reprendre le pouvoir sur nos assiettes ».

Les étiquettes risquent de flamber dans les rayons… Mais les agriculteurs en profiteront-ils ? Rien n’est moins sûr. (Illustration) LP/Olivier Lejeune

Les étiquettes risquent de flamber dans les rayons… Mais les agriculteurs en profiteront-ils ? Rien n’est moins sûr. (Illustration) LP/Olivier Lejeune

Michel-Édouard Leclerc qui traite le ministre de l’Agriculture de « politicard de première ». Ledit ministre, Stéphane Travert, qui la veille accusait le président des centres Leclerc de « prendre en otage les consommateurs ».

Alors que la loi Alimentation, censée permettre de mieux rémunérer les agriculteurs et d’alimenter plus sainement les Français, a été définitivement adoptée ce mardi à l’Assemblée nationale, l’une de ses dispositions phare divise : c’est le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte, c’est-à-dire le prix en deçà duquel les commerçants n’ont pas le droit de vendre.

Augmenter ce prix plancher va-t-il, par ricochet, faire augmenter les prix en caisse ? « Pas du tout. Nous demandons que les distributeurs puissent diminuer leurs marges sur les produits agricoles, tout simplement pour mieux rémunérer » les agriculteurs, martèle le ministre de l’Agriculture.

Michel-Édouard Leclerc, qui a même écrit au Premier ministre ce mardi, n’y croit absolument pas. Il a aussi rappelé dans son courrier à Edouard Philippe que la hausse des prix sur les grandes marques n’avait rien à voir avec les revenus des agriculteurs et a demandé au Premier ministre de reporter au minimum l’application de ces hausses après les fêtes de Noël pour ne pas pénaliser les consommateurs. « Cette hausse des prix de 1 % à 10 % touchera de 3 000 à 3 700 articles et portera sur les grands produits d’appel qui ne sont pas des produits agricoles » comme le Coca-Cola, le Nutella, le Nescafé, affirmait-il dans une interview au « Parisien »- « Aujourd’hui en France ». Selon lui, « cet enfumage » va coûter 1 milliard d’euros aux consommateurs.

«C’est une tartufferie !»

L’UFC-Que choisir va encore plus loin. « Le gouvernement a missionné une étude d’impact qui fait état d’une augmentation des prix de 0,7 % à 2 %, indique Alain Bazot, son président. Ce qui, en monnaie sonnante et trébuchante, représente une hausse de 1,7 milliard à 5 milliards d’euros sur deux ans. »

La future flambée des étiquettes ne fait donc aucun doute pour lui. Alors même que « rien dans la loi ne garantit que cela profitera aux agriculteurs », assure-t-il. Il dénonce une forme de « culpabilisation : on dit aux Français payez plus cher, et les agriculteurs vivront mieux. C’est une tartufferie ! ».

L’autre grande association de consommateurs, la CLCV (Confédération de la Consommation, du Logement et du Cadre de Vie) reste plus prudente quant à l’impact de la loi sur le porte-monnaie. « On ne sait pas de combien cela fera augmenter les prix car leur mécanisme de fixation est extrêmement complexe », estime François Carlier, délégué général de la CLCV.

Mais si l’objectif était vraiment d’améliorer le sort des agriculteurs en difficultés, il regrette que « la FNSEA ait dès le début écarté l’idée d’une répartition plus équitable des aides européennes de la PAC. C’est ça le gros tabou ! »

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 09:21

Le documentaire de François-Xavier Drouet décrit le double visage de l’exploitation forestière française, du spectacle accablant de la gestion industrielle grâce à des machines démesurées, à la sylviculture « qui ne soit pas hors sol » d’hommes et de femmes attachés à remettre un peu de « raison » sous le couvert forestier. Il dénonce la mal-forestation et la monoculture du « douglas ». D’après Clarisse Fabre pour Le Monde et Jean-Pierre Tuquoi pour Politis.                                          Lire aussi « L’Arbre-monde » de Richard Powers, ...                                              et Le monde est un champignon sauvage dans une forêt détruite !

Ça sent le sapin. Il flotte une atmosphère de mort latente, pas visible à l’œil nu, dans le documentaire de François-Xavier Drouet, sobrement intitulé Le Temps des forêts. Les arbres sont bien là, dans le Limousin, le Morvan, les Vosges ou les Landes. Mais cette verdure rassurante – surtout pour les citadins – devrait pourtant nous inquiéter. Il faut dessiller les yeux du spectateur. Toute la force et l’originalité du film résident dans la déconstruction de l’image de la forêt authentique, au fil d’une enquête patiente et tenace dans la veine des films de Dominique Marchais – Le Temps des grâces (2009) et La Ligne de partage des eaux (2014).

Comme pour démasquer les faux-semblants, le film s’ouvre sur l’image d’une forêt sur le plateau de Millevaches. L’instant d’après apparaît une carte postale ancienne du même paysage, mais dénudé. A l’origine, les arbres n’existaient pas. Ils ont été plantés pour des raisons industrielles, et le paysage s’est assombri, explique en voix off une vieille dame, qui, telle une conteuse, ajoute : « Les sapins m’ont fait partir. » La promenade commence, et on entre petit à petit dans ce sujet touffu et paradoxal, où le tapis d’aiguilles peut être un signe de mauvais présage.

Le danger, explique François-Xavier Drouet, n’est pas la déforestation mais la « mal-forestation » : on ne laisse plus le temps aux arbres de grandir. On plante ceux qui poussent le plus rapidement en vue de les couper le plus vite possible. Dans cette course à la compétitivité, qui se conjugue avec l’engrais, le sapin sort gagnant. Victoire du « douglas » et de la monoculture au détriment de la diversité des feuillus. On coupe l’arbre, rien ne reste en ­travers du chemin et il n’y a plus de nichoirs pour les oiseaux. D’ailleurs, on ne les entend plus chanter.

Car « raisonnable », l’exploitation actuelle de la forêt ne l’est plus. Les travers qui accablent l’agriculture se retrouvent dans le monde forestier comme décalqués. Ce sont les deux faces d’un phénomène unique. De la même façon que l’on désherbe les champs avec force pesticides, on maltraite le couvert forestier à coup de glyphosate. De la même façon que les variétés de céréales cultivées se réduisent comme peau de chagrin, les essences d’arbres cultivées elles aussi se comptent sur les doigts de la main. Ici, le pin triomphe. Là, ce sera le douglas. Tous alignés, tirés au cordeau, à la façon d’un champ de maïs. Malheur au chêne ou au bouleau que le hasard a fait germer dans une plantation industrielle de douglas. Il est condamné d’avance. Des images choquantes montrent des chênes splendides, en pleine force de l’âge, couchés le long des sentiers forestiers et promis à finir dans un poêle sous forme de plaquette forestière. C’est un beau gâchis que ne soupçonnent sans doute pas les adeptes de ce type de plaquettes de bois.

« Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure

Un défilé de machines monstrueuses, démesurées

D’autres images, tout aussi spectaculaires, s’arrêtent sur l’exploitation d’une parcelle forestière. C’est un défilé de machines monstrueuses, démesurées. Certaines coûtent un demi-million d’euros. Les premières à intervenir dans la forêt sont les abatteuses. En quelques secondes, elles ont abattu, ébranché, tronçonné et déposé sur le sol un arbre adulte. Elles font en une journée le travail d’une centaine de bûcherons. D’autres engins, à la puissance phénoménale, se chargeront de broyer et de transformer tout aussi rapidement les souches en copeaux de bois. Viennent derrière les camions chargés de transporter les grumes en bordure de route. Ce sont des monstres d’une trentaine de tonnes. Visiblement, les sols gorgés d’eau des Vosges, tels que nous les montre François-Xavier Drouet, auront beaucoup de mal à se remettre de leur passage. Ensuite, pour les grumes, ce sera le chemin de la scierie. Celle sur laquelle s’attarde le réalisateur fait en une journée autant de travail qu’une petite scierie en une année.

C’est le « désert vert », dit l’auteur. L’une des images les plus saisissantes du film est la vision d’agents forestiers qui, tels des Playmobil, plantent des minisapins selon un geste répétitif, quasi chorégraphique. On a pourtant assez d’essences (bouleau, châtaignier…) pour faire la route dans l’autre sens, pour paraphraser Alain Souchon. La forêt durable est compatible avec les enjeux économiques, affirment des forestiers « résistants ». La sonnette d’alarme avait déjà été tirée dans une étude réalisée en 2013 par des habitants du plateau de Millevaches (dont François-Xavier Drouet fait partie), Rapport sur l'état de nos forêts, téléchargeable sur internet.

À ces images extravagantes, le réalisateur oppose d’autres images, plus rafraichissantes (celles d’un bûcheron travaillant à l’ancienne, d’une propriétaire adepte d’une régénération naturelle des sols) et des propos bienveillants tenus par tous ceux qui défendent une sylviculture qui ne serait pas hors sol. Deux mondes s’opposent. La caméra de François-Xavier Drouet les a saisis au plus près.

On coupe et on replante

Récompensé le 11 août du Grand Prix à la Semaine de la critique du Festival de Locarno, Le Temps des forêts arrive en salle avec de nombreuses séances-débats en perspective. Car ce film engagé laisse la parole à ceux qui assument la gestion actuelle : les arbres, affirment-ils, ça se récolte. On coupe et on replante. Le transport des marchandises, la mondialisation nécessitent de l’emballage. Faire pousser des arbres pour qu’ils finissent en palette ? Nul doute que l’Office national des forêts enverra dans les salles obscures des représentants de la direction. Dans le cadre de leur mandat syndical, des agents de l’ONF ne cachent pas en effet leur profond désarroi.

Sans provoquer ni chercher à contredire son interlocuteur, le réalisateur pose des questions simples. Quel est le quotidien du conducteur de l’abatteuse ? L’un d’eux répond que l’engin coûte cher et qu’il faut l’amortir. Il travaille « dix à douze heures par jour » afin de couper ses « deux cents mètres cubes » quotidiens. « On est un peu esclaves de nos machines », reconnaît-il.

On apprend qu’un arbre a besoin de temps, disons quarante ans, pour puiser sa force dans le sol. Ce n’est qu’ensuite qu’il peut « lui » rendre à son tour des éléments nutritifs – la chute des feuilles et leur décomposition participent à la formation d’un humus protecteur. Le couper avant, c’est un peu un crime. Une forestière le dit : « C’est une ­société, une forêt. »

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:55

Pour l'économiste Daniel Cohen, le numérique donne aux consommateurs les moyens de " s'autœxploiter ". Propos recueillis par Elise Barthet, et Philippe Escande pour Le Monde le 10 septembre 2018. Ecouter aussi Comment conjuguer économie libérale et urgence environnementale ? et lire Pour un service public des données.

Daniel Cohen est directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure et membre fondateur de l'Ecole d'économie de Paris. Il est aussi membre du conseil de surveillance du Monde. M. Cohen vient de publier Il faut dire que les temps ont changé… Chronique (fiévreuse) d'une mutation qui inquiète (Albin Michel, 230 pages, 19 euros). Il explique pourquoi la croissance s'est envolée dans nos sociétés avancées et pourquoi elle pourrait revenir dans la civilisation numérique qui s'annonce.

Daniel Cohen est directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure et membre fondateur de l'Ecole d'économie de Paris. Il est aussi membre du conseil de surveillance du Monde. M. Cohen vient de publier Il faut dire que les temps ont changé… Chronique (fiévreuse) d'une mutation qui inquiète (Albin Michel, 230 pages, 19 euros). Il explique pourquoi la croissance s'est envolée dans nos sociétés avancées et pourquoi elle pourrait revenir dans la civilisation numérique qui s'annonce.

Dans votre livre, vous revenez sur les cinquante dernières années en analysant l'évolution des idées, des cultures, des comportements et des technologies qui nous ont fait basculer dans une nouvelle ère. Quelle place l'économie tient-elle dans cette mutation ?

Elle en est le fil conducteur. L'errance politique et sociale des cinquante dernières années tient à un facteur décisif : l'effondrement de la société industrielle, et l'immense difficulté où l'on s'est trouvé de comprendre ce qui était en train de la remplacer. La gauche, dans les années 1960, a rêvé d'une sortie du capitalisme. La droite, avec la révolution conservatrice, prônait un retour aux valeurs morales du travail et de l'effort. Toutes les deux se sont trompées. Le capitalisme n'est pas mort, et il n'est pas devenu moral…

Le titre Il faut dire que les temps ont changé est ironique. Un pacte faustien avait été signé durant la société industrielle qui consistait à faire accepter aux gens, au nom de la croissance, une déshumanisation du travail, illustrée par le taylorisme et la chaîne de production. Or, ce pacte-là, nous sommes en train de le signer à nouveau, dans la société algorithmique qui s'annonce, pour renouer avec la croissance perdue. Au travail à la chaîne et à la consommation de masse, on est en train de substituer un nouveau système tout aussi déshumanisant, celui qui nous installe derrière nos tablettes et nos ordinateurs, au bureau et chez soi. Le livre est une réflexion sur ce nouveau modèle de croissance.

Mais pourquoi la croissance manque-t-elle aujourd'hui ?

Parce que nous sommes parvenus à ce que Jean Fourastié avait prévu dès 1948 dans Le Grand Espoir du XXe siècle : une société de services. L'objet qu'elle manipule n'est plus la terre ou la matière, mais l'homme lui-même. Et comme Fourastié l'avait parfaitement anticipé, une telle société a, par nature, beaucoup de mal à générer de la croissance. Si le bien que je produis est un service aux personnes âgées, aux malades, aux enfants que j'éduque, alors la croissance bute sur la finitude du temps que je peux leur consacrer.

Pour en dégager, nous nous sommes lancés dans la chasse aux temps morts, à ce que l'économiste Philippe Askenazy appelle un nouveau stakhanovisme. Dans les années 1980, puis 1990, la reprise en main des entreprises par les actionnaires et la financiarisation de l'économie ont été à l'origine de cette nouvelle ère. Uber en est finalement l'expression parfaite. C'est toujours un chauffeur et une voiture pour aller d'un point A à un point B, mais avec un logiciel qui optimise les temps morts et organise la sortie du salariat de ses employés. Mais une fois rogné tous les temps morts, que faire ? Presser le citron et travailler toujours plus ?

Vous dites que vous vous êtes trompé sur l'interprétation du phénomène…

En effet. Fourastié croyait que le développement d'une société de services entraînerait une revalorisation du travail de l'infirmière, de l'instituteur, du restaurateur, de tous ceux dont le métier est d'être tourné vers l'homme. Développant cette idée, j'ai écrit, dans mon livre Trois leçons sur la société post-industrielle, que la valeur se créerait dans le face-à-face du prestataire avec le client. Dix ans plus tard, je constate que c'est exactement le contraire qui s'est passé. Le numérique capte la richesse et c'est le service de proximité qui tend vers la gratuité. Netflix détourne les spectateurs des salles de cinéma et les fournit en ligne.

Pour vous, la réponse est pourtant dans le numérique et les gains de productivité qu'il apporte. Pour l'instant, on ne les voit pas beaucoup…

La limite de la croissance dans une société de services, c'est l'absence de ce que les économistes appellent des économies d'échelle. Je m'occupe d'une personne à la fois, ou en tout cas d'un nombre limité d'entre elles, comme un comédien dans un théâtre. Pour toucher un nombre démultiplié de spectateurs, il faut le cinéma et la télévision. La révolution numérique engage la même transformation pour la société de services dans son ensemble.

Le développement de l'intelligence artificielle va favoriser ces économies d'échelle. L'une des plus belles illustrations de cela apparaît dans le film Her. Le héros tombe amoureux d'un logiciel qui a la voix de Scarlett Johansson. Il l'aime parce qu'elle sait tout de lui et sait répondre à ses désirs. Quand le corps devient nécessaire, elle recrute une femme " réelle " pour lui faire l'amour, pour un temps limité. Et puis, un jour, il découvre qu'elle est amoureuse de milliers de types comme lui… C'est ce que l'économiste appelle des rendements d'échelle ! Ils ont un prix : une profonde déshumanisation de la société.

N'est-ce pas aussi parce que le consommateur fait le travail à la place d'autres humains, ce qui, à terme, menace tous les emplois ?

Oui, nous faisons gratuitement nombre de tâches qui étaient autrefois salariées. Mais attention, ce n'est pas vraiment le consommateur qui a remplacé le guichetier de la gare, mais le logiciel qui lui permet de le faire. Le numérique donne aux consommateurs les moyens de s'autœxploiter…

Faut-il en conclure que les robots et l'intelligence artificielle vont détruire le travail rémunéré ? Force est de constater que tout le monde s'est trompé dans ce domaine depuis le début du XIXe  siècle avec les luddites qui cassaient leurs machines, ou l'économiste Jean de Sismondi qui craignait que " le roi, en tournant constamment une manivelle, fasse produire par des automates tout l'ouvrage de l'Angleterre ". Les pessimistes ont eu tort, mais les optimistes aussi en sous-estimant constamment les progrès de la machine. Il y a dix ans, personne ne pensait qu'un logiciel serait capable de conduire une voiture.

Quel impact cela pourrait-il avoir sur la structure de l'emploi ?

Nous sommes face à deux scénarios dont un seul est rassurant. Le premier est celui d'une société profondément inégalitaire où la valeur est captée tout en haut, dans les entreprises qui bénéficient d'économies d'échelle massives, comme Google, Facebook ou Amazon. La richesse créée se concentre au sommet. Les Bill Gates et autres auront toujours autour d'eux des médecins, des coachs, des avocats très bien payés. Mais plus on s'éloigne du centre, plus la richesse percole difficilement, vers des emplois raréfiés et mal payés.

Un autre scénario est possible, qui verra surgir, comme ce fut souvent le cas dans l'histoire, des complémentarités inédites entre les technologies et le travail humain. Par exemple, les infirmiers ou les éducateurs qui pourront offrir un bien meilleur service avec les nouveaux outils de l'intelligence artificielle. L'enjeu est de faire émerger une nouvelle classe moyenne avec des personnes qui ne seront pas forcément les plus qualifiées. Je crois ce scénario possible, mais il ne viendra pas tout seul. Il faut s'en donner les moyens. Il faut que les écoles et les hôpitaux puissent développer des instruments qui leur permettent d'offrir des services nouveaux utilisant les savoirs et la présence de leur personnel.

La présidence Macron s'engage-t-elle dans cette voie ?

Pour l'instant, j'ai l'impression qu'il veut surtout revaloriser le travail à la façon de Sarkozy, " travailler plus pour gagner plus ". C'est un discours profondément daté. Comme dans les années 1980, la seule solution serait le néostakhanovisme, la lutte contre les temps morts ? Le gouvernement veut revaloriser le travail, mais quel travail ?

Nous sommes à un moment où s'instaurent de nouveaux rapports entre l'homme et la technique. Il faut retrouver de la respiration, comprendre pourquoi nos sociétés ne semblent pas plus heureuses qu'il y a cinquante ans, alors que le revenu par tête a doublé depuis 1968. On ne peut pas se contenter des vieilles recettes de Reagan et Thatcher. La désocialisation des heures supplémentaires coûtera 3 milliards d'euros et n'aura pas d'impact sur l'emploi alors que le budget de l'enseignement supérieur est de 13  milliards d'euros et aurait grand besoin de ressources nouvelles. Les nouvelles générations doivent pouvoir s'approprier à leur profit les technologies nouvelles, mais sans les subir, en disposant à leur égard d'une distance critique qui n'en fasse pas les esclaves.

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